14 Dermatoses prurigineuses
Prurit
Présentation
Le prurit correspond à une sensation désagréable entraînant le désir de se gratter. Chez le chien, de très nombreuses dermatoses peuvent engendrer un prurit, qui est le premier motif de consultation en dermatologie vétérinaire. Il apparaît donc primordial d’aborder ce symptôme en recherchant sa cause, afin de mettre en place un traitement étiologique, plutôt que d’utiliser un traitement symptomatique qui permet un soulagement immédiat, mais s’accompagne de rechutes quasi systématiques qui lassent le propriétaire.
Les principales causes de prurit sont rassemblées dans l’encadré 14.1.
Encadré 14.1 Principales causes de prurit



Principes du traitement
Conduite diagnostique
Il faut toujours face à un prurit chez le chien se poser trois questions :
Des examens complémentaires simples permettent de répondre à ces questions : raclages et examens cytologiques cutanés sont toujours indiqués.
En présence d’une de ces dermatoses, un traitement spécifique acaricide, antibiotique et/ou antifongique est justifié.
Même en l’absence de mise en évidence de sarcoptes, si la gale sarcoptique n’est pas exclue, un traitement d’épreuve acaricide est justifié (cf. chapitres 7 et 16).
Traitement local
Le recours aux shampooings est toujours intéressant : ils permettent de réhydrater la peau, d’éliminer les poils morts et les croûtes. Par ailleurs, ils possèdent un effet antiprurigineux non spécifique en refroidissant la peau. Certains ont incorporé des substances qui possèdent des propriétés calmantes et astringentes : aloe vera, extraits colloïdaux d’avoine, piroctone olamine, pralidoxime.
Pour les lésions localisées, il est également possible d’utiliser localement des dermocorticoïdes sous forme de lotion, de pommade ou de gel. Il faudra alors être attentif aux possibles effets secondaires (atrophie, effet rebond, télangiectasie, alopécie, dermatite de contact, etc.).
Traitement systémique
En règle générale, il ne faut utiliser les antiprurigineux qu’en cas de crises ou après avoir fait un diagnostic précis.
Les antiprurigineux les plus puissants sont les glucocorticoïdes et la ciclosporine ; les antihistaminiques, les antileucotriènes et les acides gras essentiels sont beaucoup moins efficaces.
Corticothérapie
Il faut utiliser les molécules les moins puissantes, qui ont le moins d’effets secondaires, à la posologie la plus faible possible.
Il faut toujours privilégier l’administration par voie orale par rapport aux corticoïdes injectables.
En pratique, la predniso(lo)ne à la dose de 0,25 à 0,5 mg/kg BID ou la méthylprednisolone à la dose de 0,2 à 0,4 mg/kg BID par voie orale est administrée pendant quelques jours, avant de diminuer la dose et/ou la fréquence d’administration.
Le recours à la corticothérapie n’est indiqué qu’en début d’une crise, en attendant que le traitement étiologique fasse effet (exemple : dermatite pyotraumatique secondaire à une dermatite par allergie aux piqûres de puces). En pratique, il faut prescrire pendant des durées courtes : quelques jours, jamais plus de 2 semaines.
Il faut prévenir les propriétaires des effets secondaires : augmentation de l’appétit, polyuropolydipsie, sensibilité accrue aux infections.
Antihistaminiques
Les antihistaminiques présentent peu d’effets antiprurigineux : leur utilisation est donc très discutable dans le traitement d’une crise aiguë de prurit.
Leur indication majeure réside dans leur possible effet préventif.
Ciclosporine
L’utilisation de la ciclosporine comme antiprurigineux est indiquée dans la dermatite atopique à la posologie de 5 mg/kg SID par voie orale en une prise éloignée des repas.
Il s’agit d’un traitement aussi efficace que la corticothérapie.
Les effets de la ciclosporine sont plus longs à apparaître que ceux des corticoïdes : il faut attendre plusieurs jours avant de noter une diminution significative du prurit.
Autres immunomodulateurs
Le recours aux autres immunomodulateurs (azathioprine, chlorambucil, sels d’or…) est rarement indiqué dans le cadre du traitement symptomatique du prurit.
L’effet de ces molécules est relativement lent à s’installer : il faut attendre plusieurs semaines avant de noter un effet sur le prurit.
Antibiothérapie
En présence d’une infection cutanée prurigineuse, l’utilisation d’antibiotiques adaptés permet de faire régresser le prurit de façon spectaculaire en quelques jours.
Antifongiques
Le prurit associé à la dermatite à Malassezia est souvent violent. L’utilisation des azolés permet là aussi de faire diminuer le prurit en quelques jours, sans nécessité d’une corticothérapie associée.

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