Les agnosies tactiles

Le Cortexsomesthésiquecortex somesthésique assure la réception des messages extéroceptifs et proprioceptifs nécessaires à la reconnaissance par le palper des objets placés dans la main. Ce processus est essentiellement le fait des Sensibilitélemniscalesensibilités lemniscales transmettant le tact et la proprioception : elles sont faites de fibres myélinisées, de vitesse de conduction rapide, disposant d’une Somatotopiesomatotopie précise tout au long de leur trajet, des cordons postérieurs de la moelle au noyau ventro-postéro-latéral du Thalamusthalamus jusqu’au Gyruspostcentralgyrus postcentral où se projette l’homunculus sensitif. Les sensibilités extralemniscales n’ont qu’une fonction accessoire dans ce dispositif : transmettant la douleur, le chaud, le froid, elles sont faites de fibres de petit diamètre, peu ou pas myélinisées, de vitesse de conduction lente, de somatotopie imprécise, se projetant dans le thalamus « aspécifique » (noyau réticulaire et noyaux thalamiques intrinsèques), faisant aussi relais dans de multiples cibles (réticulée, Noyaugrisnoyaux gris centraux, hypothalamus et Systèmelimbiquesystème limbique) avant d’atteindre le cortex somesthésique mais aussi le Cortexassociatifcortex associatif non spécifique et le Lobefrontallobe frontal.


Le cortex somesthésique est constitué de deux aires. L’AireSIaire SI est l’aire primaire du Gyruspostcentralgyrus postcentral (aires Aire11, Aire22, Aire33 de Brodmann). L’AireSIIaire SII, située sur la berge supérieure de la Scissurede Sylviusscissure de Sylvius, sans Somatotopiesomatotopie précise reçoit des afférences extralemniscales mais aussi lemniscales et ces deux aires sont connectées entre elles ainsi qu’avec l’Aire4aire 4 et l’Airemotrice supplémentaireaire motrice supplémentaire. La région pariétale postérieure semble impliquée dans la discrimination tactile des formes, dans l’analyse spatiale (discrimination des cercles du Compas de Webercompas de Weber, localisation des sensations, direction des stimulations cutanées et des mouvements passifs) et dans la précision de la prise manuelle indépendamment des sensibilités élémentaires. Les afférences de SII sont bilatérales et il existe un chevauchement entre les aires somesthésiques et la région précentrale justifiant une vision globale d’un cortex sensori-moteur. Le mot « palper » indique d’ailleurs bien l’interrelation entre le mouvement et la sensation. Il y aurait une supériorité de l’hémisphère droit pour les tâches d’exploration spatiale.


Une ou des astéréognosies ?


L’Astéréognosieastéréognosie désigne l’incapacité de reconnaître les objets par la palpation et sans le secours de tout autre canal sensoriel, en particulier visuel. L’astéréognosie est donc banale quand il existe des troubles sensitifs élémentaires dont elle n’est qu’une conséquence attendue. L’astéréognosie est dite pure quand elle existe en dehors de toute perturbation sensitive comme si les sensations ne pouvaient accéder à leur signification. Malgré le débat qui a surgi sur la nécessaire minutie de l’examen des sensibilités préalable au diagnostic d’astéréognosie voire même sur la négation du concept au motif que toute astéréognosie procéderait d’un déficit, même minime, des sensibilités élémentaires, l’existence d’authentiques astéréognosies est généralement admise.

Lors de la palpation d’un objet, quatre niveaux de traitements (figure 12.1) peuvent être distingués : le niveau des sensations élémentaires (froid, chaud, lisse, rugueux, mou…), le niveau des perceptions (de la forme : une sphère, un cube… et de la matière : du métal, du plastique…), le niveau d’identification ou associatif au cours duquel l’objet est reconnu donc nommé, mais il peut être reconnu mais non nommé s’il existe un déficit du niveau tactiloverbal. L’atteinte du premier niveau est réalisée par les syndromes déficitaires sensitifs périphériques ou centraux jusqu’au Cortexpariétalcortex pariétal. L’atteinte des 2e et 3e niveaux correspond aux astéréognosies, l’atteinte du 4e niveau aux Anomietactileanomies tactiles. Bien entendu le sujet n’effectue pas un traitement analytique séquentiel strict car il n’est pas nécessaire qu’une étape soit terminée pour que l’autre commence, et la reconnaissance paraît immédiate d’autant qu’un minimum d’informations peut être suffisant à la reconnaissance d’objets usuels. Néanmoins, quand l’objet est petit ou peu courant, on constate en clinique que le sujet se livre à une analyse déductive, essayant de déduire la nature de l’objet de renseignements aussi précis que possible sur ses caractères perceptifs.

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May 29, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on Les agnosies tactiles

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