Chapitre 3 Les greffons osseux autogènes et leurs substituts
Les traitements implantaires ont bénéficié des progrès en biologie osseuse et en biomécanique [1]. Ces progrès concourent à un meilleur pronostic des réhabilitations implantaires étroitement liées à la qualité et à la quantité osseuse [2, 3].
Devant une insuffisance des structures osseuses maxillaires et mandibulaires, le recours aux greffes osseuses autogènes ou aux substituts osseux est nécessaire pour rétablir un volume osseux compatible avec une thérapeutique reconstructrice implanto-portée.
Plusieurs types de greffons sont utilisés en chirurgie pré-implantaire. Le volume osseux résiduel et la qualité osseuse indispensable à l’ostéo-intégration des implants orientent le choix de l’opérateur vers un greffon osseux autogène ou un substitut à l’os autogène. L’os autogène reste à l’heure actuelle le matériau de référence dans le cadre des reconstructions osseuses maxillofaciales pour ses propriétés ostéo-inductrices et ostéogéniques [4]. Il permet de guider une consolidation rapide du site greffé.
Dans le cas d’insuffisances osseuses circonscrites, l’emploi d’autres matériaux de greffe, qualifiés de substitut à l’os autogène, ne peut-être ignoré [5].
Techniques membranaires
L’association des techniques membranaires avec de l’os autogène ou un substitut osseux pour obtenir une régénération osseuse guidée a été largement décrite au cours de la dernière décennie [6-9]. La régénération osseuse guidée est un processus biologique par lequel l’architecture et la fonction d’un tissu osseux lésé sont entièrement restaurées. Une membrane joue le rôle de barrière en évitant une recolonisation de l’os autogène ou du substitut osseux par les cellules conjonctives, laissant ainsi les cellules mésenchymateuses se différencier en cellules osseuses.
Rôle de la membrane
Ces membranes sont soit résorbables, soit non résorbables et requièrent trois conditions essentielles pour être utilisées convenablement :
Les indications faisant appel aux techniques membranaires sont actuellement de plus en plus restreintes en raison de la variabilité des résultats obtenus, du temps nécessaire à une cicatrisation osseuse (9 à 10 mois) et des problèmes infectieux résultant de l’exposition des membranes [10].
L’absence de stabilité d’une membrane, son plissement sous le lambeau ou son contact avec des dents adjacentes expliquent les lésions inflammatoires qui en résultent et qui aboutissent à un échec et à une contamination bactérienne du site greffé.
Choix de la membrane
Différents modèles de membranes sont disponibles et généralement classés, selon le but recherché, en deux catégories d’utilisation :
L’avantage principal de ce type de membrane consiste en leur biodégradation par activité enzymatique ou leur bioabsorption par hydrolyse, ayant pour effet d’éviter au patient une seconde intervention pour leur retrait.
Les inconvénients majeurs de ces membranes résident dans le fait que leur exposition va nécessiter une plastie tissulaire pour réparer la brèche tissulaire causée. La phase de résorption est variable selon leur composition : de quelques semaines à quelques mois, sans prévisibilité quant au début de la néoformation osseuse.
La technique membranaire est évoquée dans ses applications les plus essentielles au sein des différents chapitres du présent ouvrage.
Greffons osseux autogènes
Prélèvements intra-oraux
Les sites intra-oraux sont utilisés pour traiter les insuffisances osseuses de faible ou moyenne étendue avec deux types de prélèvements prééminents :
Le prélèvement symphysaire, encore appelé « prélèvement mentonnier », et le prélèvement de l’angle mandibulaire ont comme intérêt majeur de pouvoir être réalisés sous anesthésie locale (par exemple chlorhydrate d’articaïne adrénaline à 1/100 000) et, par suite, de faire intervenir un seul opérateur.
Ces deux prélèvements ont une origine embryologique commune de type membraneuse identique à celle du site receveur avec un faible taux de résorption par rapport à un os d’origine endochondrale [17].
Site symphysaire : procédure chirurgicale [18]
Incision du site symphysaire
Elle s’effectue en deux plans :
Deux autres sortes d’incisions sont publiées [19] :
L’ostéotomie, faite sous irrigation continue au sérum physiologique, doit garantir l’intégralité de la taille du greffon : une fraise boule ou une fraise de Lindemann de 2,35 mm de diamètre délimite le prélèvement par des perforations à intervalles réguliers traversant l’os cortical jusqu’à l’os spongieux.
L’ostéotomie débute soit à la scie micro-oscillante avec des lames sagittales, soit à la scie circulaire, soit également avec des inserts coupants montés sur une pièce à main reliée à un appareil produisant un effet piézo-électrique pour obtenir deux traits d’ostéotomie horizontaux et deux traits d’ostéotomie verticaux qui séparent le greffon de son site de prélèvement [20].
L’ostéotomie s’achève au ciseau-burin droit pour séparer le bloc osseux cortical.
Ces méthodes permettent une coupe plus fine que si les prélèvements étaient réalisés avec une fraise à os et respectent la totalité du greffon. L’os spongieux est alors récupéré à la curette dans les couches profondes (figure 3.14).
Limites du prélèvement symphysaire
Elles sont assujetties à des considérations anatomiques :
La suture se fait en deux plans :
Les points discontinus préviennent un lâchage de la suture et une exposition du site.
Avantages du prélèvement symphysaire
Complications
Conclusion
La distance qui sépare les deux foramen mentonniers est d’environ 5 cm, ce qui permet d’obtenir deux greffons parasymphysaires couvrant un déficit osseux correspondant à l’absence de trois à quatre dents.
L’os cortical est très dur et l’os spongieux, en faible quantité, est quant à lui très dense du fait des nombreuses travées architecturales qui le constituent.
MODE OPÉRATOIRE 1 : ABORD CHIRURGICAL DU SITE SYMPHYSAIRE

Figure 3.1 Un scanner 3D donne en mesure réelle la localisation des trous mentonniers et la distance séparant les apex du bord basilaire pour fixer les limites de l’ostéotomie.
Traits d’incisions :

Figure 3.2 L’incision est oblique d’arrière en avant en forme de V à pointe allongée vers le fond du vestibule.
Ostéotomie :
Le praticien dispose de différentes méthodes pour l’ostéotomie.

Figure 3.7 Ostéotomie verticale à la scie oscillante : généralement, l’épaisseur de la scie est de 0,35 mm avec différentes longueurs et largeurs de coupes. Pour obtenir la meilleure coupe possible, la rotation du moteur, auquel est reliée la pièce à main micro-oscillante, ne doit pas dépasser 20000 tours/minute.

Figure 3.8 Ostéotomie à la scie oscillante : le prélèvement est délimité par les deux traits d’ostéotomie verticaux et horizontaux avec une finesse de coupe permettant d’exploiter la totalité du greffon.

Figure 3.9 Ostéotomie à la microscie circulaire, employée avec un carter pour protéger les tissus mous.

Figure 3.10 Ostéotomie à la microscie circulaire : sonefficacité dépend de l’épaisseur de la corticale.
Séparation du greffon :

Figure 3.12a et b Clivage du bloc osseux au ciseau droit le long des traits verticaux et horizontaux, et au ciseau courbe pour les bords angulaires.
Site de l’angle mandibulaire : procédure chirurgicale [24]
Une incision de type Dautrey vestibulaire basse est réalisée. Elle débute en arrière du bord antérieur de la branche montante, suit la ligne oblique externe jusqu’en avant à l’aplomb de la première molaire. Le buccinateur est discisé et le décollement sous-périosté est effectué en arrière et haut du tendon du temporal et en avant jusqu’à la face distale de la deuxième prémolaire.
Le lambeau mucopériosté est récliné du corps mandibulaire au bord inférieur et expose la face latérale du ramus. En bas, sur une hauteur variable suivant la hauteur du prélèvement, une lame malléable protège le nerf lingual en dedans.
Les traits d’ostéotomie sont réalisés sous irrigation constante de sérum physiologique à la microscie sagittale avec une lame ronde d’une épaisseur de 0,35 mm. Seul le trait inférieur est effectué à la microscie oscillante avec une lame de 90° modèle Sachse qui accomplit ainsi une ostéotomie verticale et oblique. Actuellement, ce trait peut également être réalisé avec une scie coudée de piézochirurgie. Ces techniques évitent l’utilisation de fraises à os qui endommage le greffon. Comme pour le site symphysaire, l’introduction nouvelle d’appareils piézo-électriques, avec des inserts tranchants et coudés, permet une précision de coupe et une sécurité préservant les tissus environnants. Quatre traits d’ostéotomie sont réalisés, deux verticaux et deux horizontaux ; l’ostéotomie inférieure joignant la coupe horizontale supérieure par les traits verticaux. Le ciseau-burin droit ou courbe pour les angles finit le clivage du bloc osseux pour séparer une pièce rectangulaire corticale attachée à du tissu spongieux d’une moyenne de 3 à 6 mm d’épaisseur avec environ 4 cm de longueur et une hauteur comprise entre 1 et 2 cm. L’os spongieux est récupéré dans les couches profondes avec une curette, notamment dans la région du trigone rétromolaire.
Limites du prélèvement de l’angle mandibulaire
Les limites du prélèvement tiennent compte de la morphologie de l’angle mandibulaire et des éléments vasculonerveux régionaux. Il est impératif d’inclure, dans les examens radiologiques du bilan préchirurgical, un scanner du site de prélèvement pour lever les obstacles anatomiques :
Après contrôle de l’hémostase et comblement du site prélevé, la suture est faite en un ou deux plans selon l’importance du décollement.
Avantages du prélèvement de l’angle mandibulaire
Complications
Les complications pouvant survenir sont vraisemblablement celles qui affectent le nerf alvéolaire inférieur et le nerf lingual. Les précautions préet péri-opératoires (scanner, protection du nerf lingual par une lame malléable) permettent de les contourner.
La littérature fait état d’un nombre très restreint en postopératoire [32, 33] :

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