Exposition naturelle et artificielle


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Exposition naturelle et artificielle



« La radioactivité, cest naturel ! » Lénoncé de cette évidence paraît incongru au public et souvent même aux médecins non spécialistes, tant le discours antinucléaire, abondamment relayé par les médias, a réussi à faire associer, dans linconscient collectif, radioactivité et nuisance. Nous verrons dans ce chapitre que la radioactivité est omniprésente et nous en détaillerons limportance relative selon les sources, naturelles ou artificielles, en soulignant demblée que le rayonnement naturel est de même nature et a les mêmes effets biologiques que le rayonnement artificiel.

Sources dexposition naturelle


Elles sont dorigine terrestre, cosmique et interne.

Origine terrestre (tellurique)


Le rayonnement tellurique est la source principale de lexposition des êtres vivants et il actuellement très inférieur à ce quil était lors de lapparition de la vie. En effet, parmi les radionucléides naturels primitifs, tous les éléments initialement présents dont la période (T) était inférieure au million dannées ont disparu par désintégration naturelle. Seuls persistent les éléments à période longue, en deux familles principales selon leur poids atomique : les éléments lourds et les éléments légers. Lautre composante de la radioactivité naturelle est constituée déléments produits en permanence par laction des neutrons dorigine cosmique sur des éléments stables terrestres et atmosphériques : ce sont les radionucléides naturels secondaires.

Éléments lourds


Ce sont luranium, sous la forme de ses isotopes 238 (T = 4,5.109 ans) et 235 (T = 0,7.109 ans) et le thorium 232 (T = 14.109 ans). Le mécanisme de la filiation qui conduit de luranium au plomb, par un jeu de désintégrations α et β  est schématisé sur la figure 4-1. La désintégration de luranium 235 et du thorium 232 produit dautres isotopes des mêmes éléments intermédiaires et aboutit à dautres isotopes du plomb.

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Figure 4-1 Tableau de filiation de luranium 238 : la désintégration α, émission dun noyau dhélium, soit deux neutrons et deux protons, fait « descendre de deux cases » (perte de deux protons) lélément dans la classification périodique, ce qui transforme lélément initial en lélément de numéro atomique situé deux cases en dessous.
Cest une échelle à barreaux espacés, descendante. La perte de ces quatre nucléons allège de quatre son nombre de masse. La désintégration β , transformation dun neutron en proton, le fait « remonter dune case » en gardant le même nombre de masse et en émettant une charge négative. Cest une échelle à barreaux rapprochés, ascendante.

Éléments légers


Ce sont le potassium 40 (T = 1,3 milliard dannées) et le rubidium 87 (T = 4,5 milliards dannées). Le potassium 40 est à lorigine de lessentiel de la radioactivité interne des êtres vivants. Chez un homme de 75 kg, il représente 6 000 Bq, cest-à-dire que, chaque seconde, se produisent 6 000 désintégrations, avec émission de rayonnement β et γ très énergétique (cf. chapitre 1). Notons que le césium, situé dans la même colonne de la classification de Mendeleïev que le potassium, a des propriétés chimiques voisines, la même distribution que lui dans lorganisme et quil émet le même type de rayonnement β et γ, dénergie plus faible. Ce point est important pour relativiser les conséquences de lincorporation de cet élément, notamment après un accident nucléaire.

Origine cosmique


Le rayonnement cosmique provient des réactions nucléaires dans les étoiles de forte activité ou des explosions de supernovas, il baigne continuellement le système solaire. Le soleil lui-même émet des rayonnements, essentiellement protoniques, dont lintensité varie cycliquement avec lactivité solaire. Le rayonnement cosmique entraîne une exposition externe directe et interagit avec des éléments terrestres ou atmosphériques pour former des radionucléides secondaires.

Exposition directe par le rayonnement cosmique


Elle est, au niveau de la mer, denviron 0,4 mSv par an. Elle augmente avec laltitude, à cause de la moindre filtration atmosphérique, à raison denviron 0,5 mSv tous les 1 000 m. Elle est ainsi de 2 mSv à 3 900 m (La Paz, Bolivie). Durant les vols longs courriers à une altitude de 10 000 m, le débit de dose est, en moyenne, de 5 μSv/h. À 15 000 m, en vol supersonique (Concorde, avions de chasse), le débit de dose est de 10 μSv/h. Les astronautes en station orbitale reçoivent quotidiennement 0,8 mSv.

Radionucléides naturels secondaires


Ils sont très nombreux et résultent de laction du rayonnement cosmique sur les atomes présents dans la planète et dans son atmosphère. Ils peuvent être des éléments lourds (comme le plutonium 239, produit naturellement par capture dun neutron par un atome duranium 238) ou des éléments légers, comme le tritium, H 3, émetteur β de très faible énergie (19 keV) ou le carbone 14, émetteur β de 157 keV. Ce dernier est également présent dans tout organisme vivant. Chez un homme de 75 kg, il représente environ 4 000 Bq.

Origine interne


Lexposition interne est endogène ou intrinsèque, lorsquelle provient disotopes radioactifs déléments constitutifs de lorganisme, exogène lorsquelle provient de radionucléides incorporés par inhalation, ingestion ou injection. On parle alors de contamination, sauf sil sagit dune substance administrée à des fins médicales de diagnostic ou de traitement.

Exposition endogène


Elle est constituée essentiellement du potassium 40 qui produit un rayonnement β denviron 1,3 MeV et un rayonnement γ denviron 1,4 MeV et du carbone 14, émetteur β pur dénergie 157 keV, pour une activité moyenne totale denviron 10 000 Bq chez un homme de 75 kg.

Exposition exogène


Elle est due principalement à linhalation de radon 222 et à la radioactivité naturelle des aliments.

Radon

Cest un gaz omniprésent dans lair. Cest un produit de filiation de luranium 238. Émetteur α de période courte (4 jours), il se désintègre en dautres émetteurs α (polonium et plomb) qui irradient lépithélium bronchique et alvéolaire au contact. Lactivité totale résultant de la désintégration dun atome de radon et de celle de ses descendants est de 5 Bq. La concentration en radon est très variable selon les endroits et les conditions dhabitat. Elle est en moyenne, en France, de 65 Bq/m3 et lon estime (UNSCEAR) que la dose annuelle résultante est denviron 10 nSv. h-1/Bq. m-3, ce qui conduit, selon le taux de présence dans les bâtiments, à des doses annuelles de 1 à 2 mSv par an. Dans certaines conditions, où la concentration dans lair ambiant dépasse 1 000 Bq/m3, la dose annuelle peut dépasser les 20 mSv. Le polonium 210, mis en vedette à loccasion de la contamination criminelle dun résident russe au Royaume-Uni est un émetteur α de forte énergie (5,3 MeV) et de forte activité massique. Il est omniprésent, comme le radon dont il descend, mais se concentre dans certains végétaux (tabac) et crustacés (moules, à raison de plusieurs centaines de Bq par kg de produit sec). En contamination volontaire, on estime que quelques dizaines de microgrammes, correspondant à quelques GBq, suffisent à induire des effets graves, potentiellement mortels, chez lhomme.

Radioactivité des aliments

Lalimentation est également source de radionucléides exogènes. Le tableau 4-1 donne quelques exemples dactivité de notre environnement alimentaire. Signalons à ce propos, que lirradiation des aliments afin de les stériliser ou dempêcher leur germination se fait à dose très forte (plusieurs milliers de grays) mais quelle naugmente pas leur radioactivité spontanée.


Tableau 4-1


Quelques valeurs de radioactivité en rapport avec lalimentation








































Activité en Bq/kg
Sol 2 000
Engrais phosphatés 5 000
Pomme de terre 150
Lait de vache 60
Viande 100
Huile de table 180
Eau minérale 1 à 5
Eau de mer 13
Poisson 120
Crustacés 150*
*essentiellement due au210Po
Moyenne de la ration alimentaire 100

Contribution à lexposition humaine


Il découle de ce qui précède que le rayonnement naturel varie considérablement dune région à une autre, selon la composition du sous-sol et selon laltitude. Par exemple, si lon prend comme référence la valeur de 2,4 mSv, correspondant à lexposition moyenne annuelle au rayonnement naturel de régions au sol sédimentaire, contenant peu d éléments radioactifs, comme le centre de la France ou la Belgique, on constate que la dose totale de rayonnement reçue en Bretagne (sol granitique) est augmentée de 50 %, soit 3,5 mSv environ. En montagne (Alpes), la dose individuelle est augmentée par le rayonnement cosmique et elle est en moyenne de 3 mSv par an à 1 500 m daltitude (fig. 4-2 ). Cette variation connaît des amplitudes encore plus grandes de par le monde, et peut même dépasser, dans certaines régions, la dose maximale admissible annuelle des professionnels de catégorie A (tableau 4-2 ).

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Figure 4-2 Variation de lexposition moyenne annuelle au rayonnement naturel selon les régions (en mSv) : on constate que la variation par rapport au niveau de base (Île-de-France) peut aller jusqu à 50 %, soit 1 mSv supplémentaire par an pour certaines régions (Bretagne).
Pour les régions du monde les plus exposées, le niveau dexposition correspond aux zones contrôlées vertes, voire jaunes, de la réglementation française.


Tableau 4-2


Valeurs dexposition annuelle de populations fortement exposées



































Cause Total annuel (mSv)
Montagne (3 500 m) altitude 4,0
Personnel navigant altitude 4,0

Régions à forte radioactivité tellurique

Bretagne, massif central, Vosges granite 3,5
Inde, province de Kerala thorium 10 à 70
Brésil (Espirito Santo) thorium 30
Iran, ville de Ramsar uranium, thorium 130



La dose reçue par unité de temps du fait de lexposition au rayonnement naturel représente une « échelle de valeurs » commode pour apprécier les niveaux de dose, en particulier dans le domaine des faibles doses (tableau 4-3 ).


Tableau 4-3


Mémento d équivalence des faibles doses et des doses reçues naturellement






















Dose Correspondance en durée dexposition au rayonnement naturel
2,4 mSv 1 an
0,2 mSv 1 mois
40 μSv 1 semaine
μSv 1 jour
0,2 μSv 1 heure

Sources dexposition artificielle


Elles résultent de lactivité médicale, des retombées des essais nucléaires aériens et de lactivité nucléaire civile.

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Apr 26, 2017 | Posted by in RADIOLOGIE | Comments Off on Exposition naturelle et artificielle

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