Doses délivrées au patient en radiodiagnostic. Quantification et optimisation


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Doses délivrées au patient en radiodiagnostic. Quantification et optimisation



La connaissance des doses délivrées lors des examens radiologiques est un impératif absolu de la pratique radiologique, préalable obligatoire de la démarche de justification et doptimisation, et obligation réglementaire depuis la transposition en droit français de la directive Euratom 97-43. Larticle R. 1333-66 du Code de santé publique dispose en effet que « le médecin réalisateur de lacte indique sur un compte-rendu les informations au vu desquelles il a estimé lacte justifié, les procédures et les opérations réalisées ainsi que toute information utile à lestimation de la dose reçue par le patient. »

Mesure et expression des doses délivrées


Les grandeurs et unités à employer en pratique radiologique ont été détaillées au chapitre 3. Nous ne rappellerons que les éléments essentiels à la mise en conformité des pratiques avec la réglementation. Le but est lestimation de la dose reçue par chaque individu sous la forme de dose efficace mais la mesure et la mention de la dose sur un compte-rendu ne peuvent faire appel quà des grandeurs mesurables. La dose efficace pourra toujours être calculée a posteriori, à partir de ces données. On pourra ainsi faire la somme dexpositions hétérogènes dans lespace et dans le temps.

Paramètres à mesurer et dispositifs de mesure ou de calcul


Indicateurs de dose


En radiologie conventionnelle, les indicateurs pertinents de la dose délivrée sont le produit Dose.Surface (PDS) et la dose dentrée. En pratique, hormis pour la radiologie interventionnelle, où le risque à prendre en compte est déterministe et cutané, la dose dentrée est un paramètre moins utile, qui peut dailleurs être estimé à partir du PDS. Quant à la dose absorbée en profondeur, elle nest généralement pas mesurable in vivo et sa mesure se réalise sur fantôme anthropomorphe, par exemple pour estimer la dose délivrée par une procédure générique ou pour comparer des protocoles dexploration.

Chambre dionisation


Cest linstrument principal de mesure du rayonnement ionisant (RI). Elle est constituée dune enceinte contenant un gaz et de deux électrodes entre lesquelles est établie une différence de potentiel. Lorsquun RI traverse lenceinte, il ionise le gaz. Lélectron et lion positif se dirigent respectivement vers lanode et la cathode et un courant sétablit, dont lintensité est proportionnelle au flux de RI. Les appareils de mesure de produit Dose.Surface sont constitués dune telle chambre, fixée en sortie de tube, après la collimation primaire (fig. 10-1).

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Figure 10-1 Chambre dionisation pour mesure du produit Dose.Surface en sortie de tube (PTW-Diamentor).

Ils indiquent, pour chaque exposition (graphie ou scopie), la quantité de rayonnement produit et la surface sur laquelle il se répartit à lentrée du patient. Le produit Dose.Surface est indépendant de la distance source-peau (cf. fig. 3-1).

Il faut connaître deux causes derreur éventuelle, surestimant lexposition réelle du patient :

 une collimation (« diaphragme ») insuffisante, en dehors des contours du patient ;

 lemploi dun localisateur placé au-delà de la chambre de mesure, sans adapter la collimation.

Calculateur de dose


Beaucoup de tables de radiologie conventionnelle modernes nont pas de chambre dionisation en sortie de tube mais un logiciel intégré calculant le PDS daprès les paramètres du générateur et louverture du collimateur. Ce mode destimation est suffisant pour les tables ne disposant pas de scopie télévisée, sous réserve dun étalonnage régulier du calculateur de dose avec une chambre dionisation.

Dosimètre radiothermoluminescent


Il permet des mesures directes (mais différées) de la dose in vivo en radiologie. Soumis au RI, le matériau utilisé (fluorure ou borate de lithium) est excité, puis désexcité par chauffage au moment de la lecture. Il émet lors de cette désexcitation un photon lumineux. La mesure de luminescence permet de quantifier lexposition à laquelle a été soumis le détecteur.

La taille des détecteurs ne crée pas dartefacts significatifs sur limage radiologique, ce qui permet leur utilisation sur des patients. Ces détecteurs sont utilisés notamment pour mesurer les doses dentrée lors des campagnes de mesure destinées à établir des niveaux de référence.

Détecteur à scintillations


Il est destiné à la mesure directe de la dose à la peau. Le capteur (scintillateur) est à base de phosphore et mesure 1 à 2 mm de diamètre. Il est solidaire dune fibre optique. La lumière émise par le capteur lorsquil est exposé aux RI est guidée par la fibre optique jusquà un semi-conducteur photosensible. Lintensité du signal lumineux capté par le semi-conducteur est proportionnelle à la dose. Chaque détecteur peut servir pour cinquante mesures environ. Radiotransparents, ils se fixent très facilement par un adhésif à la peau du patient et sont parfaitement adaptés à la mesure de la dose en temps réel lors de procédures de radiologie interventionnelle.

Quantification et mention de la dose


En radiologie conventionnelle


Les paramètres dosimétriques qui caractérisent un examen sont la dose dentrée (en milligray) et le produit Dose.Surface (PDS) en gray.cm2 ou centigray.cm2. Larticle R. 1333-66 du Code de santé publique impose de faire figurer sur le compte-rendu dun examen radiologique « toutes les informations nécessaires à lestimation de la dose » (cf. chapitre 13). Larrêté dapplication du 22 septembre 2006 qui précise la nature de ces informations distingue deux cas, selon que léquipement radiologique dispose ou non dun dispositif de mesure.

Salles télécommandées et salles dos et poumon

Pour les appareils indiquant le PDS, il suffit de reporter ce PDS ou la somme des PDS résultant de lexploration dune même région sur le compte-rendu (fig. 10-2), en Gy.cm2 ou cGy.cm2 (noter que certains appareils indiquent la dose en μGy.m2 unité égale au cGy.cm2 puisque 10-2Gy × 10-4 m2 =  10-6Gy × 1 m2). La mention obligatoire sur le compte-rendu de linformation de dose ne porte que sur les expositions significatives au plan de la radioprotection, cest-à-dire le tronc (thorax, abdomen et pelvis) et la région cervico-céphalique. Les clichés des extrémités, nombreux en pratique courante (traumatologie, rhumatologie) ne sont pas concernés. En fait, pour des questions dorganisation, il est plus simple de relever tous les PDS, ce qui crée une habitude dans un service et évite les oublis. Tous les appareils installés en France depuis juin 2004 doivent être équipés dun dispositif de mesure (décret 2004-254 du 15 juin 2004, cf. chapitre 13).

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Apr 26, 2017 | Posted by in RADIOLOGIE | Comments Off on Doses délivrées au patient en radiodiagnostic. Quantification et optimisation

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