Interaction des rayonnements ionisants avec la matière


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Interaction des rayonnements ionisants avec la matière



Les effets des rayonnements ionisants sur les êtres vivants résultent dun transfert d énergie, ou interaction, entre les rayonnements et la matière. Si les résultats de ce transfert d énergie sont relativement stéréotypés, lintensité des effets dépend de la nature du rayonnement. En effet, selon que ce rayonnement est électromagnétique ou corpusculaire, chargé ou neutre, la quantité d énergie transférée par unité élémentaire de volume sera différente et les conséquences biologiques seront dautant plus importantes que ce transfert d énergie sera plus concentré. Le mode de transfert d énergie varie selon la nature du rayonnement et du milieu. Il en résulte toujours une atténuation du faisceau incident. Nous verrons successivement les mécanismes qui entrent en jeu pour les différents rayonnements ionisants, puis les effets sur le milieu.

Mécanismes datténuation en fonction du rayonnement


Rayonnement électromagnétique


Les photons X ou γ qui rencontrent un milieu matériel peuvent être absorbés, être diffusés ou créer, après matérialisation et dématérialisation, un rayonnement photonique naissant dans le milieu lui-même. Seule la fraction du rayonnement qui ninteragit pas avec le milieu peut être captée par un détecteur (fig. 2-1 ).

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Figure 2-1 Interactions des rayonnements électromagnétiques avec un milieu biologique : les rayons X et γ peuvent être absorbés, diffusés ou inchangés par la traversée du milieu.
Dans le premier cas, ils sont absorbés par effet photoélectrique, sans ionisation, avec dissipation de l énergie par un rayonnement électromagnétique de plus grande longueur donde.
Dans le deuxième cas, ils sont diffusés lors dune collision, par effet Compton, avec perte d énergie. L énergie perdue, transférée à un électron, est absorbée sur place par collision électronique selon le même schéma que sur la figure 2-2. Dans le troisième cas, ils traversent le milieu sans subir dinteraction. Cest le rayonnement transmis, direct, porteur de limage virtuelle en radiologie. Enfin, pour les RX ou les Rγ d énergie supérieure à 1,02 MeV, se produit le phénomène de matérialisation. Limpact du rayonnement dans le milieu crée une paire d électrons de signe opposé. L électron négatif interagit dans le milieu selon le modèle de la figure 2-2, le positon, après dissipation de son énergie cinétique par collisions, sannihile en rencontrant un électron négatif du milieu. Il résulte de cette annihilation l émission de deux photons de 510 keV, de direction opposée, qui peuvent, à leur tour, interagir avec le milieu ou sortir du milieu sans interaction. Ce phénomène dannihilation dun positon avec émission de photons opposés est à la base de la tomographie à émissions de positons mais ceux-ci proviennent dans ce cas dun radionucléide émetteur β + (fluor 18). Notez l échelle centimétrique du champ des interactions des rayonnements électromagnétiques.

Effet photoélectrique


Un photon cède toute son énergie à un électron dune couche profonde de latome et disparaît. L énergie communiquée à l électron mobilisé est dissipée dans le milieu. Le remplacement de l électron éjecté par un électron dune couche plus périphérique, puis, en cascade, de chaque électron ainsi récupéré par une couche plus interne, dissipe de l énergie sous forme dun rayonnement de fluorescence (fig. 2-1, premier cas). Il ny a donc pas de photon X diffusé. La probabilité de cet effet est proportionnelle au cube du numéro atomique des éléments du milieu et inversement proportionnelle au cube de l énergie du rayonnement incident :

Effet     Ph- é l.     #     Z 3 . E 3


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Cet effet sera donc prépondérant pour les RX et Rγ d énergie faible et moyenne dans les milieux lourds (efficacité du plomb pour protéger des RX en diagnostic par exemple). Dans les milieux biologiques, aux énergies du radiodiagnostic, cet effet intervient presque exclusivement dans los et les calcifications. Il explique pourquoi, en radiologie osseuse et en mammographie, on doit utiliser de faibles tensions d émission des RX.

Effet Compton


Un photon cède une partie de son énergie à un électron, l énergie restante étant emportée par un photon diffusé (fig. 2-1, deuxième cas). Ce photon diffusé peut être émis dans nimporte quelle direction à partir du point de collision. L énergie cinétique fournie à l électron lui permet de quitter son orbite mais elle s épuise rapidement dans le milieu. Cette énergie est donc absorbée au voisinage du point où a eu lieu la collision (voir fig. 2-3). Le rapport de l énergie ainsi absorbée à l énergie emportée par le photon diffusé est dautant plus important que l énergie du photon incident est plus grande. À 50 keV, énergie moyenne du faisceau pour de nombreux actes de radiodiagnostic, ce rapport est de 1/10°, 10 % seulement de l énergie de chaque collision étant absorbée au voisinage de celle-ci, tandis qu à 1,25 MeV (cobalthérapie), le rapport est voisin de 1, la moitié de l énergie étant communiquée à l électron puis absorbée, lautre moitié étant diffusée. La probabilité de leffet Compton est inversement proportionnelle à l énergie du rayonnement incident :

Effet     Compton     #     1 /E


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Matérialisation


Pour des énergies du photon incident supérieures à 1,02 MeV, il peut se produire, au voisinage du noyau, une création de matière, sous forme dune paire d électrons de signes opposés, dont la masse individuelle représente l équivalent énergétique de 510 keV (fig. 2-1, quatrième cas). Lexcédent d énergie du photon, au-dessus de 1,02 MeV, est partagé en énergie cinétique entre les 2 électrons. L énergie cinétique de l électron négatif est absorbée au voisinage du point de collision, ainsi que l énergie cinétique du positon mais, en fin de parcours, ce dernier sannihile avec un électron négatif du milieu, en émettant deux photons de 510 keV, de direction opposée. La matérialisation nexiste quau-delà de 1 MeV, cest-à-dire uniquement pour les énergies de radiothérapie, où cet effet augmente proportionnellement à l énergie et au numéro atomique du milieu.

Importance relative de ces différents effets


La probabilité de leffet Compton dépend peu du milieu, elle est inversement proportionnelle à l énergie du rayonnement incident. La probabilité de leffet photoélectrique est très dépendante du numéro atomique et diminue très rapidement avec l énergie du rayonnement incident. Aux énergies du radiodiagnostic, leffet Compton prédomine dans tous les tissus sauf pour los à des tensions inférieures à 100 kV où le calcium (Z = 20) rend prédominante labsorption par effet photoélectrique. Pour des tensions d émission plus élevées, leffet Compton redevient prédominant, doù lintérêt dutiliser des hautes tensions (120 à 140 kV) pour le cliché thoracique, ce qui « efface » les structures osseuses. La prédominance de leffet Compton en diagnostic implique que lessentiel de latténuation du faisceau primaire se fait avec émission de rayonnement diffusé.

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Apr 26, 2017 | Posted by in RADIOLOGIE | Comments Off on Interaction des rayonnements ionisants avec la matière

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