endocriniennes

9 Thérapeutiques endocriniennes




Nombreuses dysendocrinies du chien se manifestent entre autres symptômes, par des signes cutanés facultatifs. En pratique, par ordre de fréquence, c’est le cas du syndrome de Cushing, de l’hypothyroïdie, des dysendocrinies sexuelles et d’un ensemble de dermatoses mal comprises, regroupées sous la dénomination « alopécies X » dont l’origine hormonale est d’ailleurs discutée.


Chacune de ces dysendocrinies bénéficie d’un traitement spécifique visant à corriger le déséquilibre hormonal. Dans certains cas, des traitements non spécifiques ont été proposés, sans que l’on connaisse avec précision leur mécanisme d’action.



Thérapeutique du syndrome de Cushing




Le traitement du syndrome de Cushing dépend de l’étiologie de la maladie. Il est donc primordial de différencier, par des examens complémentaires adéquats, le syndrome de Cushing iatrogène du syndrome de Cushing spontané et pour ce dernier, de déterminer s’il s’agit d’un dysfonctionnement hypophysaire ou d’une tumeur surrénalienne.




Syndrome de Cushing hypophysaire


Plusieurs options thérapeutiques peuvent être proposés lors d’hypercorticisme hypophysaire : réduction de la capacité sécrétoire des glandes surrénales (op’DDD), destruction chimique des corticosurrénales (op’DDD), réduction des signes cliniques par des traitements hypocortisolémiants (trilostane, kétoconazole), utilisation de neurotransmetteurs, destruction d’un adénome hypophysaire par radiothérapie après visualisation par examen tomodensitométrique (± associé à un hypophysectomie partielle), hypophysectomie chirurgicale.



op’DDD (MITOTANE ND)


L’op’DDD agit en détruisant sélectivement les zones fasciculées et réticulées surrénaliennes et en épargnant la zona glomerulosa (maintien de l’activité aldostérone) aux doses habituelles. L’op’DDD est théoriquement réservé à l’usage hospitalier ce qui rend très difficile son approvisionnement. Certaines pharmacies peuvent commander à la pharmacie centrale des hôpitaux cete molécule, qui est livrée sous forme de poudre et doit ensuite être reconditionnée dans des gélules, adaptées au poids de l’animal.


Plusieurs protocoles thérapeutiques sont possibles.




Protocole à 50 mg/kg


Un protocole utilise l’op’DDD à une dose de 25 mg/kg BID avec un repas supplémenté en graisse pendant 5 à 16 jours (en moyenne 10 jours). Le suivi se fait en fonction de la quantité d’eau bue (retour à moins de 60 mL/kg/j), de la réapparition d’éosinophiles circulants ou de la diminution de la polyphagie. Une grande coopération propriétaire–vétérinaire est indispensable. Il est conseillé d’obtenir des nouvelles de l’animal tous les 2 jours pendant la première semaine.


Dès qu’une réponse au traitement est obtenue, un test de stimulation à l’ACTH de contrôle est effectué et le traitement journalier suspendu. Dans tous les cas, cet examen est réalisé 10 jours après le début du traitement. Si le test de stimulation à l’ACTH est « plat » (objectif : t0 + 1 h 30 < 150 nmol/l), il convient d’entamer le traitement d’entretien avec une dose de 25 mg/kg BID, 1 à 2 jours par semaine en fonction de la rapidité de la réponse. Puis, un test de stimulation à l’ACTH de contrôle est effectué tous les 3 à 4 mois, car les échappements thérapeutiques sont fréquents (57 % environ des animaux traités présentant des récidives en cours de traitement). Ces nombreux échappements pourraient être causés par un abaissement de l’absorption intestinale de l’op’DDD, parallèlement à la diminution de l’absorption des graisses consécutive à la baisse de la cortisolémie.


Par ailleurs, il est important de surveiller l’appétit de l’animal ; toute baisse d’appétit peut être indicatrice d’un surdosage imminent. Une supplémentation corticoïde est alors réalisée. Des intolérances gastriques sont signalées dans 15 % des cas environ.




Trilostane


Le trilostane est un stéroïde synthétique sans aucune activité hormonale. Il agit comme hypocortisolémiant en inhibant par compétition le système de la 3β-hydroxystéroïde-déhydrogénase, ce qui entraîne un blocage de la synthèse surrénale des glucocorticoïdes mais également des minéralocorticoïdes et des hormones sexuelles surrénales. Cette molécule possède une AMM pour l’hypercorticisme canin en Grande-Bretagne et en France (Vétoryl, gélules à 10, 30, 60 et 120 mg) et représente donc le traitement de première intention légal dans ces pays.


Le trilostane doit idéalement être administré le matin avec un peu de nourriture à la dose de 6 mg/kg/SID par voie orale. Le pic d’action de la molécule est de 2 à 6 heures et son action dure moins de 24 heures. Cependant, il semble qu’une dose quotidienne soit suffisante pour amender correctement les symptômes.


L’amélioration clinique peut être rapidement constatée. Un premier contrôle à 1 et 10 jours après le début de traitement est effectué afin d’associer la réponse clinique et les résultats biochimiques. Le contrôle se fait par un test de stimulation à l’ACTH idéalement 4 à 6 heures après la prise du médicament. Le ratio cortisol/créatinine urinaires (RCCU) est également proposé pour ce contrôle, ce qui permet d’avoir une vision globale plutôt que ponctuelle du traitement. Le test de stimulation à l’ACTH est surtout important en début de traitement pour dépister les risques d’hypocortisolisme au pic d’action et le RCCU en suivi au long cours pour adapter les doses vers la diminution ou l’administration tous les 2 jours.


Les résultats globaux sont assez comparables à ceux obtenus avec l’op’DDD avec environ 70 % de bonne amélioration clinique. La dose d’entretien peut cependant varier énormément, de 5 à 50 mg/kg SID.


Les effets secondaires – troubles digestifs, hypocortisolémie possible mais rare – sont peu fréquents. Des décès brutaux chez des Teckels insuffisants cardiaques sont signalés ainsi qu’une nécrose surrénale aiguë.


L’effet hypocortisolémiant rend le trilostane intéressant lors de tumeur surrénale non opérable afin de réduire les symptômes liés à l’hypercortisolémie chronique. Sur un chien, les auteurs ont obtenu une bonne amélioration clinique sur au moins 80 semaines.


Cependant, le coût de ce traitement doit être pris en compte, d’autant qu’il s’agit d’un traitement pérenne.




L-déprenyl (ou sélégiline)


L-déprenyl ou sélégiline est un IMAO-B utilisé dans le traitement de la maladie de Parkinson chez l’homme. Il facilite la transmission dopaminergique, augmente la synthèse et la libération de la dopamine dans les synapses et inhibe la recapture de la dopamine ; il pourrait augmenter le relargage d’autres neuromédiateurs comme la noradrénaline. Le L-déprényl a également une action neuroprotectrice.


Dans une première étude, ce produit semblait intéressant dans les cas de HCH tant par son action inhibitrice de la sécrétion de l’ACTH provenant de la pars intermedia que sur l’inhibition de la stimulation de la pars distalis par le CRH. Cette étude a montré un succès à la dose de 2mg/kg SID puis 1 mg/kg SID sans effets secondaires ; sur 90 chiens, 83 % ont été améliorés cliniquement. Le contrôle se fait par un test de fuination faible à la dexaméthasone (et non par un test de stimulation à l’ACTH), voire éventuellement par RCCU, mais cela n’a pas été évalué. L’amélioration est progressive, mais est déjà sensible après 1 mois de traitement.


Cependant, des études indépendantes ont montré un intérêt biologique dans seulement 20 % des cas, ce qui correspond à la réalité puisque ce traitement ne semble agir que sur les problèmes liés à un dysfonctionnement de la pars intermedia et que cela ne survient que dans 30 % des cas d’hypercorticisme. En revanche, une amélioration du comportement général est bien remarquée par les propriétaires dans un plus grand nombre de cas.


Le L-déprényl ne peut pas être conseillé dans le traitement de l’HCH.







Avantages et inconvénients des différents traitements – suivi thérapeutique


Les avantages et inconvénients de chaque option thérapeutique sont résumés dans le tableau 9.1.


Tableau 9.1 Avantages et inconvénients des différents traitements




































































Traitement Avantages Inconvénients
Op’DDD Bonne efficacité Coûteux
Effets secondaires
Surveillance thérapeutique étroite
Médicament difficile à se procurer
Trilostane Bonne efficacité Coûteux
Effets secondaires minimes Médicament difficile à se procurer en France
Kétoconazole Facilité d’administration Efficacité moyenne
Facile à se procurer Coûteux
Effets secondaires
Sélégiline Facilité d’administration Efficacité limitée
Facilité à se procurer Coûteux
Absence d’effets secondaires
Hypophysectomie Efficacité Coûteux
Absence théorique de rechute Dangereux
Nécessite un centre spécialisé
Adrénalectomie bilatérale Efficacité Coûteux
Absence théorique de rechute Dangereux
Nécessite un centre spécialisé
Radiothérapie Absence d’effets secondaires si bien conduit Coûteux
Efficacité moyenne
Nécessite un centre spécialisé

Le suivi du traitement est important. Seule la réalisation d’un test de stimulation à l’ACTH permet de juger le statut biologique de l’animal : dosage isolé du cortisol et test de freinage à la dexaméthasone n’ont aucun intérêt dans le suivi thérapeutique. Ce test doit être réalisé d’autant plus que le diagnostic différentiel avec une crise addissonienne est difficile et que seule, la stimulation à l’ACTH permet d’en faire le diagnostic.

Stay updated, free articles. Join our Telegram channel

May 4, 2017 | Posted by in DERMATOLOGIE | Comments Off on endocriniennes

Full access? Get Clinical Tree

Get Clinical Tree app for offline access