Antiparasitaires

7 Antiparasitaires




Les antiparasitaires constituent la classe médicamenteuse la plus utilisée en dermatologie canine, compte tenu de la fréquence des ectoparasites et des dermatoses engendrées dans cette espèce. Ils visent à tuer les parasites responsables, essentiellement des acariens et des insectes (particulièrement les puces), mais aussi à prévenir leurs infestations. Ces antiparasitaires qui appartiennent à des familles médicamenteuses variées, peuvent agir sur les formes adultes, mais aussi immatures (cas, par exemple, des stades non parasitaires de la puce Ctenocephalides felis qui vivent dans l’environnement de l’animal atteint).


Depuis 10 ans, ont été développées des molécules de plus en plus efficaces, qui agissent en surface ou par voie systémique, qui possèdent des modes d’action et des propriétés biologiques différentes et complémentaires. Par ailleurs, la recherche pharmaceutique s’est orientée vers des molécules de plus en plus rémanentes et de moins en moins toxiques pour les mammifères dont l’homme. Enfin, il convient aussi d’insister sur la grande diversité des formes galéniques que le vétérinaire peut utiliser variablement en fonction de critères bien précis (cf. chapitre 16 § : stratégie de lutte contre les puces, par exemple). Compte tenu de leur grande diversité d’action, le vétérinaire a désormais les moyens de bâtir de véritables stratégies de lutte contre ces parasites.


Dans ce chapitre, ne sont envisagées que les molécules les plus récentes et qui font partie de l’arsenal thérapeutique employé quotidiennement par le vétérinaire.



Avermectines et milbémycines




Les avermectines et les milbémycines sont des macrolides antiparasitaires utilisés depuis plus de 20 ans dans le traitement antiparasitaire, endectocide des animaux de rente. Elles sont toutes issues de la fermentation de bactéries du genre Streptomyces (Streptomyces avermitilis pour les avermectines et Streptomyces hygroscopicus et Streptomyces cyaneogriseus pour les milbémycines). Depuis 10 ans, on a vu apparaître des molécules dont l’utilisation peut se faire chez le chien avec AMM. D’autres sont employées dans cette espèce sans AMM sous la responsabilité du vétérinaire prescripteur.






Toxicité


D’une manière générale, les avermectines et les milbémycines peuvent interférer au niveau de la transmission nerveuse chez les mammifères.



Ivermectine


Une distinction doit être établie entre les intoxications, rares, qui sont dose-dépendantes et les idiosyncrasies raciales ou individuelles qui ne le sont pas et peuvent apparaître dès l’administration d’une faible dose de 0,05 à 0,1 mg/kg SID. Ces prédispositions sont à relier à une plus grande perméabilité de la barrière hématoméningée à ces substances ou à un nombre plus important de récepteurs à ces molécules. Récemment, il a été démontré que tous les Colley ne manifestent pas forcément une idiosyncrasie et que ceux qui la présentent, possèdent une mutation du gène MDR1. Ces prédispositions raciales sont décrites chez le Colley, le Shetland, le Bobtail, le Berger australien, le Bearded Colley.


Les symptômes liés à la toxicité se caractérisent par des signes dépressifs : ataxie, mydriase, tremblements, prostration, vomissements, hypersalivation et, dans les cas graves, par un coma, puis la mort. Plus les signes apparaissent rapidement après l’administration du produit, plus ils sont sévères. S’ils ne se déclarent pas avant 10 ou 12 heures, un coma n’est pas à craindre.


Le traitement symptomatique repose sur une réanimation classique. La distribution de charbon activé (2 g/kg BID pendant 3–4 jours) permet une élimination plus rapide de l’ivermectine qui s’élimine dans la bile, suite à un cycle entérohépatique. L’administration de physostigmine et de picrotoxine, qui bloque les canaux chlore des cellules nerveuses et peut constituer un antagoniste spécifique, a été également proposée dans le traitement des intoxications graves.







Indications – posologie


L’utilisation de l’ivermectine et de la moxidectine (injectable) se fait hors AMM dans ces indications chez le chien.



Gale sarcoptique


La sélamectine possède une AMM pour le traitement de la gale sarcoptique. La dose est de 6 mg/kg. Deux applications spot-on à 1 mois d’intervalle sont recommandées. Il est souvent nécessaire d’en augmenter la fréquence d’administration ; dans certains cas, 3 à 4 applications à 2 à 3 semaines d’intervalle sont nécessaires pour obtenir une guérison. La tolérance est excellente.


La moxidectine à 2,5 % sous forme spot-on en association avec l’imidaclopride à 10 % dispose d’une AMM pour cette indication. Deux applications spot-on à un mois d’intervalle sont recommandées à la dose de 2,5 mg/kg de moxidectine. Les essais ont montré 100 % de guérison parasitaire et une régression quasi totale des lésions cliniques un mois après la seconde application mensuelle. Cette présentation spot-on assure une excellente diffusion systémique de la moxidectine avec un relargage continu dans la peau à partir du tissu graisseux pendant le mois qui suit l’administration. La tolérance est excellente même dans la races à risque idiosyncrasique (Colley, Shetland, Bobtail, Bearded Colley, Berger australien).


La moxidectine injectable hors AMM est efficace à une posologie de 0,2 à 0,4 mg/kg par voie sous-cutanée 2 fois à 2 semaines d’intervalle. Un autre protocole utilisant la moxidectine à une posologie de 0,25 mg/kg par voie sous-cutanée 3 fois à une semaine d’intervalle est aussi efficace. Toutefois, l’utilisation de la moxidectine injectable doit être extrêmement prudente compte tenu du risque d’idiosyncrasie raciale possible. Cette utilisation se fait sous la responsabilité du vétérinaire prescripteur.


La milbémycine oxime hors AMM s’est avérée variablement efficace avec divers protocoles:






Sa toxicité reste très faible notamment chez les races à risque idiosyncrasique.


L’ivermectine injectable hors AMM est utilisée avec succès à une dose de 0,4 mg/kg par voie sous-cutanée 2 fois à 2 semaines d’intervalle. La présentation pour une dose de 0,5 mg/kg, 2 fois à 2 semaines d’intervalle, s’avère tout aussi efficace. Les avantages de l’ivermectine sont évidents ; practicabilité surtout chez les chiens de grande race, agressifs ou encore appartenant à un effectif. La diminution du prurit réduit façon significative dans les 2 semaines qui suivent la première injection ; parfois, une exacerbation des démangeaisons est possible dans les premiers jours. Elle semble être en relation avec la mort des sarcoptes. Toutefois, l’utilisation de l’ivermectine doit être extrêmement prudente compte tenu du risque d’idiosyncrasie raciale. Cette idiosyncrasie est en relation avec la présence d’une mutation du gène mdR1 désormais identifiable par une analyse ADN. Cette utilisation se fait sous la responsabilité du vétérinaire prescripteur.






Démodécie


La milbémycine oxime est une molécule d’action systémique qui possède une AMM approuvée dans le traitement de la démodécie. Sa toxicité très faible fait qu’elle peut être utilisée chez les races sensibles à l’ivermectine (Colley, Bobtail, Shetland, Bearded Colley, Berger australien…) aux posologies recommandées.


La posologie habituelle est de 0,5 mg/kg à 1 mg/kg SID. Sa distribution dans l’alimentation ou dans un corps gras augmente de façon notable sa biodisponibilité. Nous recommandons de commencer le traitement à une posologie de 1 mg/kg SID. Celle-ci peut être doublée en cours de traitement si le nombre de demodex ne diminue pas.


Un protocole hors AMM recommande récemment l’utilisation de la milbémycine oxime à une posologie moyenne de 1 mg/kg SID jusqu’à la guérison clinique puis à celle de 3 mg/kg, 1 fois par semaine jusqu’à la guérison parasitaire. Ce protocole réduit le coût de traitement de 15 à 40 % en fonction du poids de l’animal.


L’ivermectine est une avermectine qui ne possède pas d’AMM validée chez le chien dans cette indication, si bien qu’elle est utilisée sous la responsabilité du vétérinaire prescripteur.


La posologie habituellement recommandée est de 0,4 à 0,6 mg/kg SID par voie orale. Dans notre expérience, une posologie de 0,4 mg/kg SID est suffisante. On utilise la présentation injectable à 0,1 % (destinée aux animaux de rente) donnée par voie orale. En raison de son amertume, il est intéressant de la laisser au réfrigérateur et de la sortir au moment de son utilisation.


Par ailleurs, il faut connaître les risques extrêmement graves d’idiosyncrasie raciale en relation avec la présence d’une mutation du gène MDR1 désormais identifiable par une analyse ADN.


Une autre milbémycine, la moxidectine donne des résultats tout aussi bons que ceux obtenus avec l’ivermectine. La moxidectine injectable ne possède pas d’AMM validée chez le chien ; elle est utilisée sous la responsabilité du vétérinaire prescripteur. Le risque d’idiosyncrasie raciale semble plus faible mais existe cependant. La posologie recommandée varie de 0,4 à 0,6 mg/kg SID par voie orale. Là encore, une posologie de 0,4 mg/kg SID est suffisante dans notre expérience.


La moxidectine peut désormais être utilisée sous une présentation spot-on à 2,5 % pour laquelle une AMM existe dans cette indication à raison d’une application mensuelle grâce à une biodisponibilité cutanée bien plus supérieure que celle lors d’administration orale ou parentérale. Toutefois, les résultats semblent inconstants dans notre expérience.





Amitraze


L’amitraze est un acaricide puissant appartenant à la famille des foramidines.






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May 4, 2017 | Posted by in DERMATOLOGIE | Comments Off on Antiparasitaires

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