Chapitre 8 Procédures chirurgicales chez l’édenté partiel
Zones non esthétiques (de 5 à 7)
Édentement unitaire
REMPLACEMENT D’UNE MOLAIRE MANDIBULAIRE TERMINALE
Une patiente de 33 ans consulte pour le remplacement de sa deuxième molaire inférieure gauche.
Au niveau muqueux, l’intervention va s’attacher à modifier cet environnement muqueux et à créer un état gingival compatible avec la bonne santé des tissus péri-implantaires. Une fois ce résultat obtenu, les manœuvres d’hygiène pourront s’accomplir aisément (fig. 1 à 5).
REMPLACEMENT D’UNE MOLAIRE MANDIBULAIRE INTERCALAIRE
Une patiente âgée de 47 ans est adressée en urgence pour un accident infectieux concernant la première molaire mandibulaire gauche (fig. 6). Une fracture radiculaire est à l’origine d’une lésion parodontale qui, de chronique, est passée à un stade aigu. La dent n’est pas conservable et la patiente a accepté le traitement par un implant. L’exacerbation inflammatoire des tissus parodontaux va accentuer leur destruction, d’où l’importance de mettre en place un plan de traitement dans lequel la dent condamnée sera extraite rapidement et l’infection maîtrisée. La pose d’un implant n’est ici pas contre-indiquée.
Après administration d’un antibiotique par voie générale et passage à un mode quiescent de la lésion, la chirurgie parodontale d’extraction est accomplie, qui aboutit après cicatrisation à un aspect muco-gingival et parodontal parfaitement sain, mais avec une déficience dans le sens vestibulo-lingual, appréciée dans une vue occlusale (fig. 7).
C’est ce défaut ostéo-muqueux qui doit être corrigé. La quantité de ce lambeau pédiculé récliné est importante et peut être une source donneuse intéressante (fig. 8). Ce lambeau muco-périosté est épais du fait de l’extraction récente et de la cicatrisation incomplète de l’alvéole (le lambeau est récliné en emportant avec lui une partie du conjonctif sous-jacent, qui correspond en partie à celui situé en intra-alvéolaire). Le lambeau lingual est décollé sur une hauteur de 5 à 10 mm pour permettre une exploration visuelle et tactile. Elle se fait à l’aide de la sonde parodontale, qui permet d’explorer le profil osseux le plus apicalement possible pour détecter une éventuelle concavité.
L’implant à surface SLA (Wide Neck de 9 mm) est posé muni de sa pièce intermédiaire dans une situation idéale d’un point de vue prothétique. Cet implant large, parfaitement adéquat quant à ses dimensions, trouve sa place dans cet os mandibulaire (fig. 9). La partie de transmission est déposée à l’aide d’une clé à cliquet, de l’adaptateur pour clé à cliquet et de la clé de maintien, en faisant tourner la clé à cliquet dans le sens inverse des aiguilles d’une montre (sens inverse de celui du vissage). Une coiffe de cicatrisation est vissée dans l’implant à l’aide d’un tournevis. Ce vissage doit être renforcé éventuellement à l’aide de la clé à cliquet, surtout s’il s’agit d’une vis volumineuse (supérieure à 3 mm de hauteur), car ces vis peuvent facilement se dévisser du fait de l’inertie qu’elles acquièrent par les mouvements de la langue, ce qui aboutit quelquefois à leur dévissage complet.
Le lambeau est suturé en le retournant sur lui-même (éversion), de façon à situer la surface épithélialisée contre la surface verticale de la coiffe. Dès ce stade, l’accroissement gingival est notable (fig. 10).
Édentement plural
Une proposition astucieuse de guide chirurgical a été faite par Gallucci et al. [13], validant le bridge provisoire. Le guide chirurgical et le bridge provisoire sont élaborés en répliquant la prothèse complète immédiate dans le cas de restaurations complètes implanto-portées maxillaires supérieures (fig. 17 et 18).
Une fois l’indication de traitement posée, le nombre et la taille des implants sont déterminés (voir chapitre 4).
Répartition des implants
Des règles ont été précisées quant à la répartition des implants. Des espacements ont été proposés [8,10] :
La règle qui justifie la répartition des implants est la disposition 5-12-19, qui correspond à un espacement de 5 mm-12 mm-19 mm [9]. Pour des dents postérieures prémolarisées, la distance du centre des implants à la dent adjacente suit ce modèle, avec un premier espacement à 5 mm, puis (avec une progression de 7 mm en 7 mm) à 12 mm, 19 mm, etc.
UNE RÈGLE EN VOIE DE DISPARITION : 3 IMPLANTS POUR 3 DENTS
L’implant en position 44 est mésialé et l’implant en position 45 est distalé pour ne pas risquer d’interférer avec le foramen mentonnier, tout en gardant les implants parallèles entre eux (fig. 19 à 21).
Remplacement de deux dents par un implant
Dans les cas où les conditions osseuses, occlusales, de dimension verticale, fonctionnelles et celles inhérentes au patient (absence d’habitudes parafonctionnelles, de consommation tabagique, état dentaire et parodontal favorable) sont optimales, certains types d’édentation correspondant à deux dents peuvent être traités avec un seul implant. L’édentation doit être encastrée et l’implant d’appui de ce bridge de 2 éléments bordé distalement par une dent naturelle afin d’induire à proximité une proprioception (tableau 1, p. 68). La règle à retenir est qu’un implant peut remplacer deux prémolaires (une en extension), ou une molaire et une prémolaire (en extension). Dans la situation correspondant à l’absence d’une canine (13, 23, 33 ou 43) et d’une incisive latérale (12, 22, 32 ou 42), l’implant est positionné sur le site canine pour un bridge de 2 éléments (13-12, 22-23, 33-32 ou 43-42). Dans ces cas de figure, un implant large (4,8 mm) et long sera si possible choisi.
De même, pour le remplacement d’une première prémolaire supérieure ou inférieure (14, 24, 34 ou 44), un implant positionné sur le site de la deuxième prémolaire supérieure ou inférieure (15, 25, 35 ou 45) est à même de supporter un bridge de 2 éléments : 15-14 ou 25-24 ou 35-34 ou 45-44 (voir chapitre 4, fig. 18c). Cette attitude thérapeutique, fondée sur la spécificité même et la caractéristique propre des implants à surface rugueuse, représente un atout majeur.
REMPLACEMENT DE DEUX UNITÉS OCCLUSALES PAR UN IMPLANT
Une patiente âgée de 49 ans consulte pour le remplacement des dents 45 et 46. La mesure de l’espace disponible est de 14 mm (fig. 22) en dimension mésio-distale, ce qui est supérieur à la dimension d’une molaire mandibulaire mais inférieur à la dimension d’une molaire et d’une prémolaire. Le remplacement des dents dans les espaces d’édentation postérieurs, lorsqu’ils sont anciens, demande un plan de traitement et une planification rigoureux car souvent des migrations dentaires secondaires compliquent la démarche thérapeutique (fig. 22 à 35).
Figure 33 Sutures de l’incision verticale. Les sutures de l’incision verticale doivent permettre de repositionner les lambeaux en minimisant les risques de récession gingivale et doivent pouvoir être déposées facilement sans douleurs pour le patient [3].
Figure 34 Sutures de l’incision horizontale. La technique de gain gingival simultanément à la pose implantaire est appliquée (voir chapitre 3) autour d’une vis de fermeture RN grande. Les points en « X » stabilisent les lambeaux et les maintiennent fermement contre la coiffe de guérison.
Une autre disposition dentaire est possible avec une extension distale, par ailleurs à éviter (voir supra). Il s’agit du cas clinique de la prémolaire supérieure représentant une dent terminale, avec difficulté ou impossibilité à implanter postérieurement à cette dent. Dans ces cas, la transformation d’une prémolaire en molaire, que l’on nomme « molarisation », représente une option supplémentaire de traitement, dont les conditions occlusales doivent être bien évaluées (fig. 36).
Implants en situation clinique
REMPLACEMENT DE QUATRE DENTS MAXILLAIRES
Les trois implants sélectionnés sont deux implants SLA RN standard plus de 12 et 10 mm sur 4,1 mm sur les 24 et 25, et un implant WN de 9 mm sur la 27. Le parallélisme entre les implants doit toujours être recherché, avec comme objectif une prothèse scellée. Ce parallélisme est plus facile à obtenir avec des implants courts. Les deux premiers implants correspondent à des prémolaires et seront très proches l’un de l’autre, de façon à obtenir au stade de la prothèse un rendu morphologique qui soit cohérent. Le site de 27 est préparé pour la technique de l’ostéotome de Summers, après la pose des deux premiers implants (fig. 37 à 44 et fig. 47 à 49).
Figure 48 Résultat de la cicatrisation. Aspect de la gencive à 2 mois autour des coiffes de cicatrisation. Noter l’accroissement gingival vestibulaire : comparer notamment le site gingival de la 26 en vestibulaire avec l’état initial concave montré sur la Figure 37.
La pose d’un implant n’a de logique qu’au travers de la pertinence prothétique. Il est souvent judicieux dans des situations d’axe implantaire atypiques de vérifier à l’aide de piliers usinés que la prothèse sera gérable le moment venu. Ce propos est illustré par les deux clichés suivants, qui concernent un autre patient que le cas en cours (fig. 45 et 46 a et b).