1 Anti-infectieux1
Infection cutanée
Les infections cutanées d’origine bactérienne (pyodermites bactériennes) sont banales chez le chien. Il s’agit d’un des premiers motifs de consultation en dermatologie vétérinaire. Les aspects cliniques de ces infections cutanées sont variés (tableau 1.1). On distingue des pyodermites superficielles, peu graves, qui nécessitent un traitement pendant 2 à 4 semaines dans la plupart des cas, et des pyodermites profondes, moins fréquentes mais plus graves, pour lesquelles le traitement doit souvent être administré pendant 6 semaines, voire plus.
Tableau 1.1 Classification des pyodermites du chien (modifié par Bensignor d’après Fourrier P, Carlotti DN, Magnol JP. Classification des pyodermites. Prat Méd Chir Anim Comp 1988 ; 23 : 473–84)
Profondeur | Type |
---|---|
Pyodermites de surface et superficielles | IntertrigosPyodermite cutanéomuqueuseSyndrome de prolifération bactérienneImpétigosFolliculites |
Pyodermites profondes | FuronculosesCellulitesAbcès |
Pseudo-pyodermites | Dermatite pyotraumatiqueCroûtes de laitCellulite juvénileFuronculose éosinophilique nasalePanniculite podale stérile idiopathique |
De nombreuses espèces bactériennes peuvent être responsables d’infections cutanées (voir encadré 1.1). On distingue classiquement des agents pathogènes primaires, les staphylocoques qui sont le plus souvent mis en cause chez le chien, et des agents pathogènes secondaires dont la multiplication, toujours pathologique, vient compliquer la présence des staphylocoques (Escherichia coli, Pseudomonas, Proteus …).
Encadré 1.1 Principales bactéries responsables d’infections cutanées chez le chien
St. aureus, St. schleiferi, St. simulans, St. hyicus, St. xylosus, St. hominis, St. epidermidis, Streptococcus sp., Pseudomonas sp, Proteus sp., Escherichia coli
Chez le chien, Staphylococcus intermedius est l’agent pathogène isolé dans plus de 90 % des cas. Cette bactérie est un organisme résident au niveau des muqueuses anales, nasales et buccales, d’où elle est passivement transportée par le léchage sur le pelage et la peau. Staphylococcus intermedius est considéré selon les auteurs comme un organisme transitoire ou nomade au niveau cutané, qui n’est pas, à l’état normal, capable de s’établir, ni de se multiplier sur la peau du chien. On doit cependant considérer, comme pour Staphylococcus aureus chez l’homme, qu’il existe des chiens porteurs sains de Staphylococcus intermedius, au sein de certains microbiens.
Les pyodermites n’apparaissent qu’avec l’association de bactéries pathogènes et de facteurs permettant leur prolifération et leur pénétration dans l’épaisseur de la peau. Dans la grande majorité des cas, les infections cutanées sont donc secondaires. C’est pourquoi le diagnostic et le traitement de la maladie sous-jacente sont des étapes indispensables en présence d’une pyodermite chez le chien, afin de rétablir l’écosystème cutané et d’éviter les rechutes.
Le traitement des infections cutanées d’origine bactérienne fait appel à l’utilisation de molécules qui éliminent, inhibent la croissance ou tuent les bactéries pathogènes. Il s’agit en pratique des antiseptiques et des antibiotiques. Pour éviter l’apparition de rechutes, le diagnostic et le traitement de la (des) cause(s) à l’origine des lésions infectieuses est (sont) également indispensable(s). Enfin, il faut éviter l’utilisation des anti-inflammatoires stéroïdiens, qui permettent une diminution marquée de l’inflammation et du prurit, mais qui sont également à l’origine d’un effet rebond, responsable de rechutes fréquentes, et parfois du passage en profondeur de l’affection.
Le traitement des pyodermites est le plus souvent double : local (antiseptiques et/ou antibiotiques) et général (antibiotiques). Dans ce chapitre, ne sont traités que les antibiotiques administrés par voie systémique. Pour les traitements topiques, le lecteur est appelé à se référer au chapitre 8.
Pharmacologie
La plupart des antibiotiques recommandés dans les pyodermites du chien sont administrables par voie orale. Lors d’utilisation d’antibiotiques par voie injectable, les produits à longue durée d’action sont recommandés (ex. : céfovécine) afin d’éviter le risque de mauvaise observance, les traitements étant le plus souvent longs.
Les antibiotiques sont absorbés par le tractus digestif et distribués dans la peau. Du fait de sa vascularisation, la peau n’est généralement pas un organe dans lequel les antibiotiques ont un fort pouvoir de concentration, sauf exception. Les données sont relativement peu nombreuses quant à la distribution cutanée des principaux antibiotiques chez le chien. Les fluoroquinolones et les lincosamides ont une bonne diffusion dans la peau.
La prise en compte du caractère concentration–dépendant ou temps–dépendant est importante pour déterminer le rythme d’administration.
Antibiotiques utilisables
Il faut choisir un agent actif contre le germe responsable des lésions. Staphylococcus intermedius est responsable de plus de 90 % des pyodermites chez le chien, ce qui justifie, en cas de pyodermite superficielle, l’utilisation empirique d’un antibiotique actif contre cette espèce. Le recours à l’antibiogramme est indiqué en cas de pyodermite profonde ou récidivante, ou lors de la mise en évidence de bacilles à l’examen cytologique des lésions (voir encadré 1.2).

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