Chapitre 9 « Une lecture de l’articulation des professionnels de la santé et de la justice à travers la mise en place des Commissions Pluridisciplinaires Uniques. » Les soignants sont étrangers à la prison mais ne peuvent exercer leur métier sans un minimum de coopération mutuelle. La nécessaire clarté dans la répartition des fonctions et des tâches de chacun est un véritable impératif catégorique de la pratique en milieu pénitentiaire [1]. Les Rpe ne constituent pas le premier texte supranational traitant spécifiquement de la situation des personnes privées de liberté. Dès 1955, l’Organisation des nations unies avait en effet adopté l’ensemble des règles minimales pour le traitement des détenus, qui avait directement inspiré le texte européen en 1973 [2]. Le texte de 1987 révisé détaille certains points, afin de « prendre en compte les besoins et les aspirations des administrations pénitentiaires, des détenus et du personnel pénitentiaire au moyen d’une approche systématique en matière de gestion et de traitement qui soit positive, réaliste et conforme aux normes contemporaines »[3]. L’objectif est de proposer aux États un corpus de règles relatives à la vie en prison, les autorités pouvant toujours aller plus loin que ce qui est proposé dans le sens d’une « humanisation » des conditions de détention. Ces règles visent à harmoniser les pratiques pénitentiaires des États membres du Conseil de l’Europe et à faire adopter des pratiques et des normes communes. Le 11 janvier 2006, le comité des Ministres du Conseil de l’Europe a adopté la recommandation sur les Rpe, révisant la recommandation n° 87 de 1987. Issues d’un long processus de négociations entre les 46 états membres du Conseil de l’Europe, ces nouvelles règles posent des principes fondamentaux que l’ensemble des services pénitentiaires des États membres doivent connaître et appliquer. Sans valeur contraignante pour les États, elles ont une autorité certaine et engagent les administrations pénitentiaires à développer une politique et une gestion fondées sur ces principes [3]. L’adoption et la mise en application des Rpe sont donc un événement important et positif du point de vue de l’encadrement de la prison par le droit. Si les Rpe sont des principes directeurs fondamentaux, il s’agit plus d’une incitation à suivre certains standards, au sens du modèle minimal, que d’une véritable obligation juridique imposée aux États en matière pénitentiaire. Un « catalogue » de bonnes pratiques est proposé aux autorités nationales concernées. La proclamation des principes n’étant pas nécessairement suffisante pour aboutir à une véritable amélioration des pratiques [2]. La CPU est présidée par le chef d’établissement, ou son représentant. Le directeur des services pénitentiaires d’insertion et de probation, ou son représentant en font obligatoirement partie. Elle comprend, en fonction de l’ordre du jour préalablement communiqué, un membre du personnel du service pénitentiaire d’insertion et de probation, des personnels pénitentiaires notamment des responsables des secteurs de détention, des acteurs de la formation, du travail, de l’enseignement, le psychologue employé par l’administration pénitentiaire et intervenant dans le cadre du parcours d’exécution de la peine (PEP) des personnes détenues, un représentant des équipes soignantes de l’unité de consultations et de soins ambulatoires, un représentant du service médico- psychologique régional.
Introduction
La formalisation d’une instance comme point d’articulation : la commission pluridisciplinaire unique (CPU)
Retour sur la composition de la CPU
Stay updated, free articles. Join our Telegram channel
Full access? Get Clinical Tree