70: Législation du diagnostic prénatal

Chapitre 70 Législation du diagnostic prénatal



Le terme de « diagnostic prénatal » pour définir toutes les activités anténatales est devenu trop réducteur. En effet, il ne concerne que les fonctions de dépistage et de décision d’interruption de grossesse, ce qui est très loin de résumer tout ce qui peut être discuté en centre pluridisciplinaire. Le terme de « diagnostic et médecine prénatals » serait plus complet, intégrant la dimension thérapeutique de plus en plus performante au sein des centres spécialisés.



Définitions, principaux organismes et missions



Définitions


Le dictionnaire permanent de bioéthique et des biotechnologies donne la définition suivante : « Diagnostic porté sur l’embryon ou le fœtus humain in utero, qu’il s’agisse de déceler une anomalie morphologique ou une maladie génétique ou chromosomique actuelle, ou une prédisposition à développer une maladie dans le futur ».


L’origine de la législation du diagnostic prénatal (DPN) remonte à la loi n° 75-17 du 17 janvier 1975 et la loi n° 79-1204 du 31 décembre 1979 dite loi Veil-Pelletier relatives à l’interruption volontaire de grossesse et particulièrement l’article 162-12 qui stipule : « L’interruption volontaire d’une grossesse peut à toute époque être pratiquée si deux médecins attestent, après examen et discussion que la poursuite de la grossesse met en péril grave la santé de la femme ou qu’il existe une forte probabilité que l’enfant à naître soit atteint d’une affection d’une particulière gravité reconnue comme incurable au moment du diagnostic. » [1] L’évolution des techniques, le développement de l’échographie et des connaissances en génétique ont conduit à constituer une nouvelle prise en charge du fœtus, la médecine fœtale, pour laquelle il fallait établir des bases et des limites. Les lois de bioéthique de 1994 ont permis de fixer un cadre de loi pour cette nouvelle discipline.


L’article L. 162-16 de la loi du 29 juillet 1994 relative au don et à l’utilisation des éléments et produits du corps humain, à l’assistance médicale à la procréation et au diagnostic prénatal propose : « Le DPN s’entend des pratiques médicales ayant pour but de détecter in utero chez l’embryon ou le fœtus une affection d’une particulière gravité. »


L’échographie, les prélèvements maternels de dépistage ou à visée diagnostique, les prélèvements ovulaires constituent la base des pratiques du DPN. Les centres pluridisciplinaires de diagnostic prénatal, dont la constitution est réglementée par l’Agence de la biomédecine, examinent les dossiers soumis à leur expertise de façon très rigoureuse.


Les lois de bioéthique doivent être réévaluées tous les 5 ans ; celles de 1994 ont été révisées en 2004 et les décrets d’application sont parus le 22 décembre 2006. En 2010, les nouvelles lois sont à l’étude ; il serait prévu de les rééditer non plus tous les 5 ans mais au besoin.




Centres pluridisciplinaires


L’institution des centres pluridisciplinaires de diagnostic prénatal par le décret du 28 mai 1997, faisant suite aux lois de bioéthique du 29 juillet 1994, a répondu à l’attente des différents acteurs (échographistes, obstétriciens, pédiatres, généticiens, sages-femmes) de diagnostic prénatal qui, devant les questions soulevées par les possibilités et les difficultés de diagnostic échographique, avaient déjà commencé à se concerter et à se réunir, afin de répondre à leurs interrogations ainsi qu’à celles de leurs patientes.






Méthodes diagnostiques et thérapeutiques



Échographie



Formation


Par son développement constant depuis son arrivée sur le marché (fin des années 1970), l’échographie est devenue l’élément essentiel du diagnostic prénatal. La législation concernant cette discipline est assez pauvre et ce n’est que depuis peu que les échographistes et gynécologues-obstétriciens commencent à s’organiser afin de proposer un meilleur suivi des patientes.


La formation initiale en échographie fœtale ne faisait pas partie intégrante du programme des diplômes d’études spécialisées des disciplines pratiquant l’échographie, hormis l’échographie générale pour la radiologie. Par l’article 18 du code de déontologie des sages-femmes, celles-ci sont autorisées à pratiquer l’échographie dans le cadre de la surveillance de la grossesse. Depuis 1997, les différentes spécialités se sont regroupées pour proposer une formation diplômante reconnue par le conseil de l’ordre des médecins et celui des sages-femmes sous la forme d’un diplôme interuniversitaire pour les médecins et d’une attestation correspondante pour les sages-femmes.


Les médecins, comme les sages-femmes, ont un devoir de formation continue (art. 11 du code de déontologie médicale et art. 4 du code de déontologie des sages-femmes). Le décret du 29 juillet 2004 confirme pour les médecins cette obligation de formation continue organisée par les différents conseils nationaux de la formation médicale continue de médecins. La loi du 13 août 2004 de réforme de l’assurance-maladie soumet tous les médecins, quel que soit leur mode d’exercice, à une évaluation des pratiques professionnelles (EPP). La loi du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique étend la procédure d’EPP aux sages-femmes. Le décret du 14 avril 2005 indique que l’EPP fait partie intégrante de la formation médicale continue. Fin 2006, cette nécessité de formation continue et de démarche qualité a conduit l’HAS à décerner au Collège français d’échographie fœtale (CFEF) le statut d’organisme agréé pour l’EPP en matière d’échographie prénatale. L’arrêté du 23 juin 2009 impose aux échographistes effectuant les mesures de longueur craniocaudale et de clarté nucale fœtale afin de permettre le dépistage de trisomie 21 par les marqueurs sériques d’adhérer à un programme d’assurance qualité dans le cadre de l’évaluation des pratiques professionnelles.



Recommandations pour les praticiens et informations des usagers









Évolutions juridiques et assurantielles


L’inflation des démarches procédurières et le nombre croissant de dossiers jugés chaque année font craindre à tout échographiste de devoir comparaître un jour devant les tribunaux. La loi du 4 mars 2002 (2002-303), relative aux droits des malades, tente de mettre un terme à cette demande croissante d’indemnisation, en mentionnant que nul ne peut demander réparation du fait d’être né : « lorsque la responsabilité d’un professionnel ou d’un établissement de santé est engagée vis-à-vis des parents d’un enfant né avec un handicap non décelé pendant la grossesse à la suite d’une faute caractérisée, les parents peuvent demander une indemnité au titre de leur seul préjudice. Ce préjudice ne saurait inclure les charges particulières découlant tout au long de la vie de l’enfant de ce handicap. La compensation de ce dernier relève de la solidarité nationale ».


Cette loi du 4 mars 2002 notifie que la responsabilité des conséquences des actes de diagnostic ou de soins est imputable au praticien en cas de faute. Les établissements de santé sont tenus responsables des dommages résultant des infections nosocomiales, sauf s’ils apportent la preuve d’une cause étrangère. « Lorsque la responsabilité d’un professionnel ou d’un établissement n’est pas engagée, un accident médical, une affection iatrogène ou une infection nosocomiale ouvre droit à la réparation des préjudices du patient au titre de la solidarité nationale, lorsqu’ils sont directement imputables à des actes de prévention, de diagnostic ou de soins. »


Les demandes d’indemnisation de plus en plus fréquentes et conséquentes en matière de diagnostic prénatal ont amené les compagnies d’assurance à augmenter de façon très marquée les primes d’assurance des praticiens. Devant ce surcoût de fonctionnement, de nombreux échographistes ont préféré cesser cette activité trop risquée. Par le décret 2006-909 du 21 juillet 2006, le gouvernement a tenté de soulager les praticiens d’activité médicale à risque élevé (obstétrique, échographie, etc.). Ceux-ci sont invités à demander une accréditation de leur pratique médicale auprès de l’HAS. Cette accréditation, délivrée pour une période de 4 ans, permet une prise en charge d’une partie de la prime d’assurance par la caisse primaire d’assurance-maladie.


L’échographie est donc une clé du diagnostic prénatal (tableau 70.2) où les praticiens doivent s’organiser en réseau, avoir une démarche qualité en matière de formation et de matériel, afin de proposer aux patientes un diagnostic le plus pertinent possible.


Tableau 70.2 Échographie : textes législatifs et recommandations.






























  Décrets, lois, circulaires, textes Contenus
Formation 1997, annexe de l arrêté du 23 juin 2009 DIU, attestation pour les sages-femmes
Formation continue (FC)

Obligation de formation continue pour les médecins
Art. 4 du code déontologie des sages-femmes Pour les sages-femmes
Loi 2004-810 du 13 août 2004 relative à l’assurance-maladie Évaluation des pratiques professionnelles pour les médecins
Loi du 2004-806 du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique Pour les sages-femmes
Décret 2005-346 du 14 avril 2005 relatif à l’évaluation des pratiques professionnelles L’EPP fait partie de la FC
Recommandations Obligations

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Sep 24, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 70: Législation du diagnostic prénatal

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