63: Suites de couches immédiates et plus lointaines

Chapitre 63 Suites de couches immédiates et plus lointaines



Suites de couches normales et pathologiques



Les suites de couches débutent 2 heures après l’accouchement, durent environ 6 semaines en se terminant par le retour de couches (retour des menstruations). Leur prise en charge initiale s’effectue généralement en maternité.



Suites de couches normales


Elles sont marquées par des bouleversements physiques et biologiques [1].






Suites de couches pathologiques



Complications hémorragique [2]



Complications précoces (dans les premières 48 heures)


C’est essentiellement l’inertie utérine et la rétention placentaire. Cette hémorragie précoce peut succéder à une hémorragie de la délivrance que l’on pensait maîtrisée. Elle survient donc dans les premières heures du postpartum. Elle est favorisée par la multiparité, l’accouchement dystocique, la surdistension utérine (macrosomie, hydramnios, gémellarité). L’utérus est mal involué et mou. Il faut bien sûr s’assurer qu’il est vide par une révision utérine et traiter par utérotoniques (Syntocinon ou Nalador). Il existe un traitement préventif à ces inerties utérines secondaires que l’on peut instituer si l’on a mis en évidence des facteurs de risques : garder plus longtemps ces femmes en salle de travail, laisser en place plus de 2 heures une perfusion d’ocytociques et peut-être dans l’avenir utiliser des ocytociques à action prolongée.


Le thrombus vaginal est plus rare ; il s’agit de collections sanguines des tissus cellulaires de la vulve, du vagin ou du paramètre, ayant tendance à diffuser, qui se constituent dans les suites immédiates du dégagement. Le plus souvent diagnostiqué en salle de naissance, le thrombus est en général extrêmement douloureux. La patiente se plaint d’envies de pousser. Il peut parfois être découvert en suites de couches… à la condition de soulever les draps. S’il est volumineux, très douloureux, extensif ou responsable d’une déglobulisation, il impose un traitement chirurgical. L’hématome est évacué, un saignement actif est recherché pour en réaliser l’hémostase. L’embolisation, lorsqu’on en dispose, a sa place en préopératoire. En fin d’intervention, un drainage est laissé en place 48 heures ainsi qu’un tamponnement et un traitement antibiotique.



Complications tardives






Complications infectieuses [3]



Endométrite


Il s’agit de la première cause de fièvre dans le post-partum. Elle est favorisée par la rupture prolongée des membranes et le travail long, la chorioamniotite, les manœuvres endo-utérines (délivrance artificielle et révision utérine), l’accouchement dystocique et surtout la césarienne.


Les germes les plus fréquemment en cause sont les streptocoques (notamment le B responsable de 20 % à lui seul), les staphylocoques et les colibacilles.


Le diagnostic est clinique. Les signes d’appel sont des douleurs pelviennes modérées associées à des lochies abondantes malodorantes apparaissant vers les 4-5e jours et une température supérieure à 38,5 °C. On réalise une numération formule sanguine et des hémocultures (si la température dépasse 38,5 °C). À l’examen, l’utérus est mal involué et douloureux, le col est béant. Un prélèvement vaginal est réalisé afin d’identifier le germe responsable.


La patiente est hospitalisée. Une antibiothérapie à large spectre est instaurée en intraveineux type amoxicilline et acide clavulanique (Augmentin), adaptée secondairement aux résultats du prélèvement vaginal. Un relais per os est réalisé après 48 heures d’apyrexie.


Certains proposent l’utilisation d’utérotoniques pour favoriser la rétraction utérine (Méthergin ou Syntocinon). L’allaitement ne doit pas être interrompu.


L’évolution est généralement très rapidement favorable ; en cas contraire, il faut rechercher une rétention placentaire ou une thrombophlébite pelvienne suppurée.



Complications de l’allaitement (tableau 63.1)


L’engorgement mammaire, survenant au 3e jour, n’est pas une complication septique de l’allaitement. Il engendre des douleurs et tensions mammaires bilatérales, voire des crevasses mammelonnaires. Le traitement comprend des massages mammaires associés à des douches chaudes. Des topiques locaux (huile d’amande douce, lanoline) ainsi que l’utilisation de « bouts de seins » ont déjà fait la preuve de leur efficacité. Deux unités de Syntocinon suivies d’une tétée 20 min après peuvent être utiles.



La lymphangite est une inflammation du réseau lymphatique superficiel secondaire à une crevasse. Elle survient brutalement entre le 5e et le 10e jour et fait souvent suite à un engorgement mammaire (fébricule lors de la montée laiteuse à J3 associé à des douleurs mammaires bilatérales). La fièvre est à 39-40 °C, la patiente se plaint de douleurs mammaires violentes unilatérales. À l’examen, il existe un placard rouge, chaud, douloureux du sein avec parfois une traînée rosâtre vers l’aisselle et une adénopathie axillaire douloureuse. Le lait recueilli sur une compresse est propre sans pus (signe de Budin négatif). Le traitement comprend notamment une hygiène rigoureuse, des antalgiques de niveau 1 plus ou moins associés à des anti-inflammatoires. La guérison est rapide, en 24-48 heures.


L’allaitement est poursuivi.


La galactophorite survient généralement dans les suites d’une lymphangite vers le 10e ou 15e jour du post- partum. De début progressif, elle est révélée par une fièvre modérée à 38,5 °C et des douleurs mammaires unilatérales. À l’examen, le sein est douloureux dans son ensemble et le lait recueilli sur une compresse est souillé de pus (signe de Budin positif). L’allaitement est suspendu. Une antibiothérapie est rapidement instaurée après un bilan bactériologique.


En cas d’abcès mammaire, les douleurs mammaires sont pulsatiles et insomniantes. Une masse fluctuante est palpée. Le traitement est chirurgical et consiste en un drainage.


L’allaitement est définitivement contre-indiqué mais pas pour une grossesse ultérieure.

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Sep 24, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 63: Suites de couches immédiates et plus lointaines

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