Chapitre 6 Cystographie rétrograde chez l’enfant Exemple de situations
1 Indications
La cystographie rétrograde est un examen d’imagerie médicale permettant l’étude morphologique et fonctionnelle de la partie basse de l’appareil urinaire.
Le principe est de remplir la vessie, par l’intermédiaire d’une petite sonde, avec un produit de contraste radio-opaque, puis d’étudier la morphologie et le fonctionnement de la vessie ainsi que des jonctions vésico-urétérales en phase de remplissage comme en phase per-mictionnelle.
– le reflux vésico-urétéral (RVU) ;
– les malformations : de l’urètre, de la paroi vésicale, de la jonction urétéro-vésicale.
Pour plus de précisions
– Le reflux vésico-urétéral à l’âge pédiatrique est souvent lié à une immaturité transitoire de l’abouchement des uretères dans la vessie. « En situation normale les uretères ont à leur extrémité distale un trajet sous-muqueux très oblique dans leur traversée de la paroi vésicale. Cette disposition fait normalement office de « clapet anti-reflux ». Lorsque la vessie se remplit, la portion intrapariétale des uretères est collabée sous la pression des urines » – (cf. Radiopédiatrie Guide pratique de Jean Nauwelaërs, Éditions Heures de France).
– Cette disposition anatomique empêche normalement les urines déjà présentes dans la vessie de refluer vers les uretères et les cavités pyélocalicielles rénales. Si pour diverses raisons (malformation, immaturité), cette jonction urétéro-vésicale ne joue pas son rôle de « clapet anti-reflux », les urines ayant séjourné dans la vessie peuvent refluer dans les uretères, voire jusque vers les cavités calicielles rénales, entraînant vers le haut de l’arbre urinaire stérile les éventuels germes recueillis lors de leur séjour dans la vessie.
– Ainsi, le reflux vésico-urétéral est la principale cause d’infections urinaires à l’âge pédiatrique. La recherche et le traitement de ces RVU posent l’indication fréquente de la cystographie.
– En général, la cystographie est prescrite dès la première infection urinaire chez le garçon et la deuxième chez la fille.
Dans le cadre de cet examen, le manipulateur devra donc veiller à ce que le champ des images couvre impérativement l’ensemble de l’arbre urinaire, sous peine de rater les éventuels RVU remontant jusqu’aux cavités rénales (figure 6.1).
2 Préparation de l’examen
2.1 Le matériel de contention
Pour que l’examen se déroule dans les meilleures conditions, un matériel et une technique adaptés à l’âge de l’enfant (barquette de contention, « barquettage » à l’aide de bandes Velpeau® et Velcros®,…) seront nécessaires, afin d’immobiliser de manière sécurisée l’enfant et d’éviter les mouvements, source de flou cinétique.
La contention pédiatrique, si possible de type motorisée, ou à défaut de type cadre inspiré de la roue d’Aimé, permet surtout d’éviter l’irradiation inutile d’une tierce-personne (parents, personnels soignants) sollicitée pour sécuriser, tenir l’enfant (figures 6.2 et 6.3).
2.2 Les documents nécessaires
– une ordonnance datée, signée par le médecin demandeur ;
– une autorisation parentale ;
– un résultat d’analyse d’urine (ECBU) datant d’une semaine maximum.
Le manipulateur s’attachera à la recherche de la presque unique contre-indication pour cet examen qui doit être réalisé en-dehors de tout épisode infectieux.
Pour plus de précisions
– L’ECBU (examen cytobactériologique des urines) consiste en une analyse cytologique et bactériologique d’un échantillon d’urine prélevé dans des conditions stériles.
– Cet examen de laboratoire est un examen indispensable pour le diagnostic d’une infection du tractus urinaire ; cas dans lequel la cystographie par voie rétrograde serait contre-indiquée (l’examen n’est pas contre-indiqué si l’ECBU atteste des taux < 105 germes/mL et 104 leucocytes/mL).
– À noter : dans certains cas particuliers, la cystographie peut être réalisée sous couverture antibiotique.
2.3 La prise en charge de l’enfant
Le manipulateur leur reprécisera (puisque ces informations pouvaient déjà être transmises lors de la prise de rendez-vous) :
– que la durée d’examen est en général de 30 minutes, voire un peu plus, suivant la coopération de l’enfant ;
– qu’ils peuvent jouer un rôle positif dans cette coopération ;
– qu’ils peuvent s’associer à l’examen en prenant en charge la 1re toilette par exemple. Cette association, volontaire, permet d’impliquer les parents dans la démarche, souvent gage de meilleure coopération et de facilitation de l’examen ;
– que le remplissage de la vessie se fait grâce au passage d’une petite sonde dans la vessie par les voies naturelles ; que ce geste sera réalisé par un médecin-radiologue ; que ce geste est un peu désagréable, mais peu douloureux ;
Pour plus de précisions
– Le MEOPA (mélange équimolaire d’oxygène et de protoxyde d’azote) est un mélange de deux gaz inodores et incolores (50 % d’oxygène et 50 % de protoxyde d’azote). Ce gaz, aux effets analgésiques et anxiolytiques, permet au patient d’être détendu, de ne plus enregistrer la douleur, tout en restant conscient.
– Il s’agit d’une analgésie par l’inhalation d’un médicament gazeux à l’aide d’un masque. Les effets s’installent rapidement dès les premières minutes d’inhalation (3 min), restent présents durant toute la phase d’administration (plateau), et sont réversibles sans rémanence dès l’arrêt de l’inhalation (3 min).
– Cette technique nécessite la collaboration active du patient ; elle permet de prévenir, réduire la douleur lors de mini-gestes invasifs diagnostiques ou thérapeutiques de courte durée (< 1 h).
– La proportion de protoxyde d’azote ne dépassant pas les 50 % autorise son administration par un personnel soignant non qualifié en anesthésiologie ; une proportion supérieure à 50 % classerait ce produit dans le champ de compétence du médecin-anesthésiste.
Néanmoins, l’administration de MEOPA est soumise à des règles (assouplies récemment) :
– peut être réalisée par tout personnel médical ou paramédical formé et entraîné aux gestes d’urgence, et dont les connaissances sont régulièrement réévaluées ;
– administration sur prescription médicale pour le personnel paramédical ;
2.4 L’installation de l’enfant (figure 6.4)
– On préconisera de faire uriner le grand enfant au préalable pour éviter une trop importante vidange vésicale à effectuer lors du sondage.
– Cet examen contrasté se pratique dans une salle équipée d’une table télécommandée à fluoroscopie numérisée, ou mieux à capteur-plan dynamique lorsque cette dernière technologie est présente dans le service (figure 6.4 ➀).
– Après la désinfection avec un détergent-désinfectant (DD) de surface, la barquette ou le plateau de table au contact du jeune patient seront protégés au moyen d’alèses absorbantes de type Molinea® ou Absorbex®. Celles-ci permettent également d’améliorer le confort de l’enfant, en particulier lors des phases mictionnelles (figure 6.4 ➁+➂).
– Pour les nourrissons, une immobilisation de type « barquettage » sera nécessaire. Un dispositif de chauffage additionnel (lampe infrarouge sécurisée) est indispensable pendant l’examen pour éviter le risque d’hypothermie pour le nouveau-né qui n’est pas encore capable de bien réguler sa température corporelle (figure 6.4 ➃).
– Pour les enfants, la mise en confiance est indispensable ; en effet, trop grands pour être immobilisés par des moyens de contention, une explication des différentes phases de l’examen permettra une bonne coopération. La coopération positive des parents doit être recherchée et peut être utile.