32: Pathologies digestives et grossesse

Chapitre 32 Pathologies digestives et grossesse



« Petits maux » digestifs




Vomissements




Clinique


Le diagnostic des vomissements gravidiques ne peut être porté qu’après avoir éliminé, par l’interrogatoire et l’examen clinique complet de la patiente, certaines pathologies en particulier digestives (occlusion, appendicite, hépatite virale). Éventuellement l’orientation de ces patientes vers les psychologues et les travailleurs sociaux concourt au dépistage des facteurs favorisants psychosociaux.


Le retentissement sur l’état général est évalué par la perte de poids, les signes cliniques et biologiques de déshydratation et l’apparition dans les cas sévères de signe de carence en vitamine B1 (ataxie, paraparésie, nystagmus).


Les nausées et vomissements bénins apparaissent dès les premiers jours de retard de règles, permettant à la femme le plus souvent d’évoquer la survenue de cette grossesse. Ils surviennent habituellement au réveil mais peuvent se produire à tout moment de la journée. Ils disparaissent généralement dès la fin du 1er trimestre. Ils n’ont le plus souvent aucune conséquence grave sur la santé de la mère et de l’enfant.


Les vomissements incoercibles se traduisent par des nausées et vomissements prolongés sévères et compliqués de perte de poids, de signes cliniques de déshydratation et de cétose. Les examens complémentaires montrent une hyponatrémie, une hypokaliémie une baisse de l’urémie et une alcalose métabolique avec cétose. Les urines sont concentrées. Il peut s’associer des troubles de la fonction hépatique, des anomalies thyroïdiennes sous la forme d’une thyrotoxicose avec augmentation de thyroxine libre et baisse de la TSH. La survenue d’une telle pathologie impose l’hospitalisation pour la mise en place de mesures de réanimation hydroélectrolytique et de réalimentation.


La survenue des vomissements aux 2e et 3e trimestres impose d’évoquer certaines pathologies gravidiques (pré-éclampsie, stéatose hépatique aiguë gravidique) ou digestives justifiant une prise en charge spécialisée.



Traitement [2,3]


La prise en charge des nausées et vomissements bénins repose dans un premier temps sur des conseils hygiéno-diététiques (encadré 32.1). Lorsque les mesures diététiques ou non pharmacologiques (acupuncture, homéopathie) qui ont pu être associées se sont révélées inefficaces, un traitement allopathique peut être proposé. Les antihistaminiques (antagonistes des récepteurs H1) sont le traitement qui, dans la littérature, a montré la plus grande efficacité, associé à une innocuité chez la femme enceinte. Au Canada, la Société des obstétriciens et gynécologues canadiens recommande un traitement associant la doxylamine et la pyridoxine. Il n’existe en France que la doxylamine (Donormyl) en comprimés sécables (15 mg) que l’on peut prescrire à raison de 15 à 30 mg/jour ou 1 ’hydroxyzine (Atarax) mieux connue.



En France, le traitement repose en première intention sur le métoclopramide (Primpéran) à raison de 5 à 10 mg 3 fois/jour. Sa prescription sous forme à libération prolongée (Anausin) permet à la patiente de mieux gérer la somnolence, inconvénient classique de cette thérapeutique. On peut également utiliser le dimenhydrinate 50–100 mg (Dramamime, Nausicalm) (4 à 5 fois/jour). L’association à ces antiémétiques de traitements visant à réduire le reflux gastro-œsophagien doit être proposée. Les troubles de l’humeur souvent associés peuvent être pris en charge par des antidépresseurs. On choisira de préférence, quel que soit le terme de la grossesse, un antidépresseur inhibiteur de la recapture de la séroto- nine : fluoxétine (Prozac), sertraline (Zoloft), citalopram (Seropram) ou escitalopram (Seroplex).


La prise en charge des vomissements graves impose une hospitalisation permettant d’éliminer une cause organique à ce symptôme et, en l’absence d’étiologie, de mettre en place une surveillance clinique régulière, en particulier neurologique dépistant les signes cliniques de carence en vitamine B décrits plus haut. La réanimation repose sur une réhydratation modulée sur la perte de poids et les données de l’ionogramme sanguin. Une supplémentation en vitamines B et K est nécessaire. Le repos intestinal est indispensable durant quelques jours. Il est classiquement décrit la nécessité d’isoler la patiente dans le calme. Le traitement pharmacologique est discuté : chlorpromazine (Largactil) intraveineuse (25 à 50 mg 4–5 fois/jour) pour certains malgré sa médiocre efficacité et son risque d’hépatite cholestatique. L’association à la méthylprednisolone (15 à 20 mg, 3 fois/jour) a été proposée dans les cas très sévères tout comme le recours exceptionnel et en courte cure à l’ondansétron (Zophren).






Constipation




Traitement


La prudence est de règle car le choix thérapeutique doit prendre en compte la toxicité éventuelle pour le fœtus (certaines spécialités de phytothérapie n’ont pas l’AMM) et le caractère aigu ou chronique. Les habitudes d’automédication doivent être connues :







Ces traitements sont, naturellement, complémentaires des mesures hygiéno-diététiques nécessaires au transit (boissons abondantes, régime riche en fibres, exercices physiques modérés et réguliers).




Hémorroïdes [4]




Traitement


Les hémorroïdes non compliquées bénéficient d’un traitement symptomatique qui fait appel aux veinotoniques à fortes doses et aux topiques locaux. Il s’associe à un traitement préventif ou curatif de la constipation qui est souvent le facteur déclenchant ou aggravant (conseils hygiéno-diététiques, laxatifs). Le traitement des hémorroïdes compliquées est d’abord celui de la douleur. Il fait appel aux antalgiques compatibles avec la grossesse et le post-partum en fonction de l’existence ou non d’un allaitement maternel. Le paracétamol est le chef de file de ces traitements. Son association au dextropropoxiféne est possible en cures courtes. Les AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens) sont contre-indiqués au 3e trimestre et certains le sont pendant l’allaitement. La prescription de morphine est possible et parfois nécessaire en cures courtes. Les complications relèvent de l’incision en cas de thrombose hémorroïdaire unique et marginale. En cas de thrombose intéressant plusieurs paquets, le traitement est local et général associant topiques locaux à base de corticoïdes, phlébotoniques à hautes doses et anti-inflammatoires en dehors des contre-indications. Le traitement du prolapsus œdémateux au décours de l’accouchement consiste en plus des traitements décrits ci-dessous en la réintroduction douce du prolapsus après lubrification du canal anal avec un topique local, après infiltration à la l idocaïne et application de gel à base de corticoïdes (Colofoam).





Cholestase intrahépatique gravidique



La survenue d’une cholestase en cours de grossesse impose une surveillance et un traitement spécifiques. En l’absence d’antécédents hépatobiliaires, il s’agit le plus souvent d’une cholestase intrahépatique gravidique, c’est-à-dire d’une cholestase liée à la grossesse. Plus rarement, la cholestase peut être due à une hépatopathie intercurrente ou à l’aggravation d’une hépatopathie chronique jusque-là méconnue [1,2].




Physiopathologie


La cholestase intrahépatique gravidique est une maladie multifactorielle, avec surtout des facteurs hormonaux et génétiques, mais probablement également des facteurs exogènes.




Stay updated, free articles. Join our Telegram channel

Sep 24, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 32: Pathologies digestives et grossesse

Full access? Get Clinical Tree

Get Clinical Tree app for offline access