Chapitre 32 Pathologies digestives et grossesse
« Petits maux » digestifs
Vomissements
Épidémiologie [1]
C’est un symptôme très courant puisque la fréquence varie de 50 à 89 % pour les nausées et de 37 à 57 % pour les vomissements. Néanmoins, toutes ces situations ne nécessitent pas une prise en charge. Seules 10 % des patientes ont recours à un traitement.
Traitement [2,3]
La prise en charge des nausées et vomissements bénins repose dans un premier temps sur des conseils hygiéno-diététiques (encadré 32.1). Lorsque les mesures diététiques ou non pharmacologiques (acupuncture, homéopathie) qui ont pu être associées se sont révélées inefficaces, un traitement allopathique peut être proposé. Les antihistaminiques (antagonistes des récepteurs H1) sont le traitement qui, dans la littérature, a montré la plus grande efficacité, associé à une innocuité chez la femme enceinte. Au Canada, la Société des obstétriciens et gynécologues canadiens recommande un traitement associant la doxylamine et la pyridoxine. Il n’existe en France que la doxylamine (Donormyl) en comprimés sécables (15 mg) que l’on peut prescrire à raison de 15 à 30 mg/jour ou 1 ’hydroxyzine (Atarax) mieux connue.
Encadré 32.1 Conseils pratiques contre les nausées et les vomissements
En France, le traitement repose en première intention sur le métoclopramide (Primpéran) à raison de 5 à 10 mg 3 fois/jour. Sa prescription sous forme à libération prolongée (Anausin) permet à la patiente de mieux gérer la somnolence, inconvénient classique de cette thérapeutique. On peut également utiliser le dimenhydrinate 50–100 mg (Dramamime, Nausicalm) (4 à 5 fois/jour). L’association à ces antiémétiques de traitements visant à réduire le reflux gastro-œsophagien doit être proposée. Les troubles de l’humeur souvent associés peuvent être pris en charge par des antidépresseurs. On choisira de préférence, quel que soit le terme de la grossesse, un antidépresseur inhibiteur de la recapture de la séroto- nine : fluoxétine (Prozac), sertraline (Zoloft), citalopram (Seropram) ou escitalopram (Seroplex).
Constipation
Clinique
La constipation est définie par l’association d’un ralentissement du transit et d’une déshydratation des selles se traduisant par moins de 3 selles par semaine, difficiles à exonérer. Elle concerne au moins 30 % des femmes enceintes.
Traitement
Conclusion
Ces « petits » maux digestifs de la grossesse ne doivent pas égarer sur de fausses pistes (décompensation d’un diabète, urgence chirurgicale), ils ne doivent pas non plus être négligés. En fin de grossesse, la survenue de vomissements doit absolument faire rechercher une pathologie organique grave au premier rang desquelles la stéatose aiguë gravidique.
[1] Arsenault M.Y., Lane C. Prise en charge des nausées et vomissements pendant la grossesse. Directives cliniques de la Société des Obstétriciens et Gynécologues du Canadaxs. 2002:120.
[2] Dufour P., Boruchowicz A., Subtil D., et al. Maladies de l’appareil digestif et grossesse (excepté la pathologie hépatobiliaire). EMC. Gynécologie/Obstétrique. Paris: Elsevier. 1997. 5-045-C-10
[3] Prescrire Rédaction. Nausées et vomissements de la grossesse. Rev Presc. 2001;21:823. 46
[4] Thoulon J.M. Petits maux de la grossesse. EMC. Gynécologie/Obstétrique. Paris: Elsevier. 2005. 5-012- A-20
Cholestase intrahépatique gravidique
La survenue d’une cholestase en cours de grossesse impose une surveillance et un traitement spécifiques. En l’absence d’antécédents hépatobiliaires, il s’agit le plus souvent d’une cholestase intrahépatique gravidique, c’est-à-dire d’une cholestase liée à la grossesse. Plus rarement, la cholestase peut être due à une hépatopathie intercurrente ou à l’aggravation d’une hépatopathie chronique jusque-là méconnue [1,2].
Physiopathologie
Facteurs exogènes
Les variations saisonnières et annuelles de la prévalence de la cholestase intrahépatique gravidique observées au Chili et en Scandinavie suggèrent l’existence de facteurs exogènes (alimentaires ou/et environnementaux) s’additionnant aux facteurs hormonaux et génétiques. Un déficit en sélénium, cofacteur de plusieurs enzymes dans le métabolisme oxydatif, a été suggéré comme cofacteur de la cholestase intrahépatique gravidique hépatique sans que son implication dans la sécrétion biliaire ait pu être démontrée.