Chapitre 1 Les techniques de soins en imagerie médicale Introduction et argumentaire
1 Le contexte
1.1 La place de l’imagerie médicale dans la structure de soins
Il suffit d’observer la configuration et le fonctionnement d’un service d’imagerie médicale pour comprendre rapidement qu’il s’agit d’une unité de soin bien particulière, d’abord parce que le patient n’y « séjourne » pas et ensuite parce que l’on y accueille tous les malades, quels que soient leur âge (y compris les âges extrêmes de la vie), leur provenance (en situation d’hospitalisation ou en ambulatoire), leur pathologie (toutes les spécialités médicales ou chirurgicales) (figure 1.1).
1.2 Les performances des équipements
Elle permet, surtout, dans certains cas, des actes thérapeutiques, véritable alternative à des interventions chirurgicales (figures 1.2, 1.3, 1.4).
Il faut rappeler à ce stade que l’ensemble des examens nécessite la préparation, la surveillance et l’accompagnement des patients. Dans tous les cas, les patients seront en attente de disponibilité et d’écoute de la part des soignants ; de plus, la majorité d’entre eux bénéficiera de l’administration de substances médicamenteuses. C’est pourquoi, l’imagerie médicale ne relève pas de simples acquisitions photographiques, mais nécessite de parfaites connaissances et savoir-faire techniques, de même qu’elle exige des compétences en termes de raisonnement clinique et de soins dispensés au patient.
1.3 La prise de conscience des équipes soignantes
Il ne faut pas nier que, si les aspects relationnels et sécuritaires ont toujours fait partie des priorités sur les plateaux techniques, les aspects techniques ont souvent supplanté les notions de confort pour le patient, ils comportaient des contraintes obligatoires – « le prix à payer » – pour la production de bonnes images et l’obtention d’un diagnostic. La douleur, les effets secondaires faisaient souvent partie intégrante des techniques d’examen notamment lors des examens avec injection en radiologie de projection (figure 1.5).
1.4 Les priorités dans la réalisation des examens
– En premier, le confort du patient qui doit bénéficier des investigations ; il constitue la condition absolue pour obtenir son adhésion à la démarche et sa coopération, celles-ci étant indispensables au bon déroulement et donc à la qualité des examens ou des traitements. Le confort qui, dans toute sa dimension, doit intégrer les notions de psychologie et de sécurité.
– En second, la préparation somatique du patient qui doit être adaptée à la technique d’exploration et au résultat attendu.
Sans ces deux conditions réunies, tout acte d’imagerie serait improductif.
Dans le contexte des activités en imagerie médicale, il convient donc de mettre en avant l’ensemble des actes de soins prodigués au patient par le binôme médecin, manipulateur ; ces derniers étant déterminants pour la réussite de l’examen et le respect des critères de qualité définis.
Les soins prodigués au patient, très spécifiques, et bien entendu adaptés aux exigences du diagnostic ou de la thérapeutique, comportent schématiquement, l’accueil, l’information, l’installation et le positionnement du patient, l’introduction de matériels, l’injection de produits médicamenteux, la gestion de l’examen, l’acquisition des images, la surveillance ; mais ils comportent surtout, à chaque niveau la gestion des risques, ces derniers nécessitant de la part des soignants une vigilance permanente.
Le questionnement soulevé par la prise en charge des malades en imagerie médicale ouvre un angle de vue différent de la technologie, davantage centré sur les techniques de soins, mais totalement parallèle et indissociable des techniques de réalisation des examens.
Les différentes parties qui vont suivre tenteront d’appréhender ce point de vue.
2 Les soins en imagerie médicale
L’imagerie médicale est, de ce point de vue, légèrement atypique ; bien entendu, tout acte d’imagerie est un soin mais du fait de l’environnement et des contextes, celui-ci demande une logique appropriée (figure 1.6).
Pour plus de précisions
– Selon les définitions généralistes : Les soins regroupent tous les moyens par lesquels on s’efforce de préserver ou de rendre la santé à quelqu’un.
– Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) : « Les soins de santé primaires sont des soins de santé essentiels rendus universellement accessibles aux individus et aux familles au sein de leur communauté par des moyens acceptables pour eux et à un coût que les communautés et le pays puissent assumer. Ils font partie intégrante tant du système de santé national, dont ils sont la cheville ouvrière, que du développement économique et social d’ensemble de la communauté. »
2.1 La spécificité des soins en imagerie médicale
La durée de présence du patient au niveau des plateaux d’imagerie est relativement courte car limitée au temps nécessaire à sa préparation, puis à l’acquisition et à la vérification des images ; néanmoins au vu de l’augmentation du nombre de malades atteints de pathologies chroniques, de nombreux patients sont connus et reconnus dans les services dans un contexte de suivi au cours duquel s’installe une relation de proximité.
Les soins « de base », relatifs au confort, à la sécurité et aux besoins de la personne soignée, ne sont pas d’emblée mis en exergue dans la description de la prise en charge du patient en imagerie, pourtant ils sont omniprésents, dispensés de manière continue naturellement et discrètement par les manipulateurs qui y veillent consciencieusement.
La programmation de l’examen est un paramètre clé dans la prise en charge des patients. L’idéal (pour le patient) serait que l’examen soit réalisé dans la foulée de la prescription médicale, ce qui dans la réalité n’est pas (sauf urgence) le cas.
– les délais de rendez-vous sont d’abord le résultat de la disponibilité des équipements (nombre d’appareils/nombre d’habitants) et de l’organisation du travail ;
– dans un deuxième temps, avant le rendez-vous, il faut compter le temps nécessaire pour la préparation du patient et la vérification de l’absence de contre-indications à l’examen si besoin ;
– le choix du créneau horaire doit également prendre en compte, l’état général du patient, le risque infectieux, les ressources humaines et matérielles disponibles ;
– à noter que pour les malades hospitalisés, les délais de rendez-vous impactent directement le temps de séjour, ce qui représente en plus un facteur économique.
2.2 La sécurité pour les patients
2.2.1 L’identito-vigilance
Que fait le manipulateur en premier pour assurer la sécurité du malade dans le soin ? | |
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Il procède à la vérification des nom et prénom, de la date de naissance, du numéro d’identification, du motif de sa venue | L’objectif est de prévenir les confusions de personnes |
Il procède à la vérification de la prescription sur le plan des données administratives (date, nom du médecin) et de la situation clinique | L’objectif est de détecter les éventuelles incohérences dans les données administratives ou cliniques |
Comment ? (recommandation) | |
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Le manipulateur sollicite le patient, en lui demandant de formuler lui-même les détails de son identité et du contexte clinique ; il ne se satisfait pas de réponses de type oui/non | L’objectif est d’éviter les méprises dans les situations où le patient est malentendant, impressionné, désorienté ou non réactif à une confusion d’identité ou de cas clinique |
Jeux de rôles et analyse
Jeux de rôles
– Le soignant : Bonjour Monsieur, vous êtes bien Monsieur X et vous avez 82 ans ?
– Le soignant : Votre médecin est le docteur K ?
– Le soignant : Vous avez été opéré du cœur.
– Le soignant : Mais si, le docteur K vous a opéré il y a 5 ans !
– L’accompagnant : Non, mon père n’a pas été opéré du cœur !
Analyse
Question : Comment la situation aurait-elle évolué sans la présence de l’accompagnant ?
Réponse : Le soignant était en possession du dossier d’un homonyme.
Question : Et si le patient était venu seul ou n’était pas très lucide ?
Réponse : La suite du scénario repose totalement sur la compétence du soignant
2.2.1.1 Pour aller plus loin dans la problématique de l’identito-vigilance1
Une identification fiable est au carrefour de trois logiques auxquelles nos systèmes de santé doivent impérativement répondre, à savoir : être en capacité d’apporter une qualité et une sécurité des soins au patient, assurer une continuité des soins via une coopération interne entre correspondants et exiger une sécurisation des échanges par l’informatisation (figure 1.7).
L’identification fiable du patient repose sur deux paramètres :
– la définition et le respect de procédures organisationnelles concourant à l’harmonisation des pratiques ;
– des composants d’infrastructure permettant de gérer la communication entre applications hétérogènes disposant de leur propre index d’identités patients.
Il convient d’explorer à présent les principales notions relatives à l’identité.
Les traits peuvent être de plusieurs natures : un visage, un comportement, une voix, des habits…
À travers l’exemple de la figure 1.8, on comprend parfaitement qu’il convient de sélectionner les traits porteurs d’une identification fiable partagée.