Troubles Attentionnels et État Confusionnel

2. Troubles Attentionnels et État Confusionnel




DEFINITION ET REPARTITION


La capacité d’attention nécessite une modulation concertée des structures corticales et sous-corticales et constitue la condition préalable de toute performance cognitive. La capacité attentionnelle n’est pas une fonction circonscrite mais possède diverses composantes anatomo-fonctionnelles, en partie indépendantes [77, 528, 796]. Le tableau 2-I montre une répartition des diverses composantes de l’attention. Celles-ci ont une hiérarchie fonctionnelle: des perturbations survenant à des niveaux fonctionnels inférieurs vont avoir des répercutions sur la performance de tous les niveaux fonctionnels supérieurs.






















Tableau 2-I – Répartition clinique des composantes de l’attention et de leurs troubles. La répartition intègre différentes répartitions cliniques d’après D.F. Benson, M.M. Mesulam et D.T. Stuss [77, 527, 753].
Composante de l’attention Trouble clinique Base anatomique
Alertness



• État d’éveil (vigilance, alertness tonique)


• Activation ( arousal, alertness phasique)


Coma, stupeur, somnolence
État confusionnel aigu


SARA, projections thalamiques, système limbique
Attention dirigée



• Supra-modale


• Modale, par exemple: fonctions spatiales


Sensibilité aux interférences
État confusionnel aigu
Héminégligence spatiale


Lobes frontaux

Cortex d’association
Attention divisée Persévérations Lobes frontaux, cortex associatif
SARA: système d’activation réticulaire ascendant.

Les troubles de l’état d’éveil et de l’ activation caractérisent les différents niveaux des troubles de l’état de conscience. Les composantes qui forment la base de la réactivité sont résumées sous le terme de vigilance. Le niveau le plus sévère d’un trouble de vigilance est représenté par le coma, qui peut être défini comme l’absence totale d’activation [606, 669, 751]. Un patient comateux a les yeux clos, n’exécute aucune action spontanée et ne réagit pas de façon adaptée à la stimulation. La stupeur décrit un état dans lequel le patient ne s’éveille que lors d’une stimulation intense; il se rendort aussitôt que celle-ci n’est plus exercée. Le terme ne définit précisément ni le type de stimulus ni la qualité de la réaction. La somnolence décrit un état dans lequel le patient se réveille déjà lors d’une légère stimulation – le fait de lui parler par exemple – mais avec une tendance à rapidement se rendormir; la distinction entre somnolence et état stuporeux reste assez vague. Il y a cependant des patients éveillés qui n’exécutent aucune action spontanée et qui ne réagissent pas à la stimulation. Le coma vigile («coma éveillé») décrit cet état dans lequel le patient, bien qu’il ait les yeux ouverts et paraisse éveillé, n’exécute aucune action ciblée et ne réagit à aucun ordre. Le syndrome apallique décrit le coma vigile après une lésion corticale diffuse et étendue (par exemple, hypoxie sévère après arrêt circulatoire); en général, ces patients sont également atteints d’une spasticité sévère.


Les patients qui présentent une souffrance cérébrale diffuse passent habituellement par un état confusionnel, caractérisé par une fluctuation de la vigilance avec transition rapide entre l’état d’éveil et de somnolence, une attention fluctuante ainsi qu’un trouble du rythme nycthéméral caractérisé par un temps de sommeil diurne augmenté et une agitation nocturne souvent associée à des hallucinations [606]. Les performances cognitives et motrices peuvent varier d’un instant à l’autre: lorsque le patient est éveillé, il est possible de mener une conversation avec lui, il peut être orienté et coopérant lors de l’examen. Mais déjà quelques minutes plus tard, il peut devenir somnolent et alors ne donner plus que des réponses stéréotypées, confuses ou incompréhensibles. Un tel état est décrit comme un état confusionnel aigu (synonymes: delirium, encéphalopathie toxique métabolique) [51]. Des fonctions cognitives supérieures, telles que l’écriture, le calcul ou le dessin, voire le langage, sont altérées en conséquence du trouble attentionnel; les performances varient et dépendent de l’attention [155]. Les patients sont fréquemment désorientés. Un état confusionnel reflète le déroulement chaotique des fonctions cérébrales supérieures dû à un manque ou à une incoordination de l’activation hémisphérique. Il est étiologiquement non spécifique et a, en plus des différents stades mentionnés, un grand nombre de causes possibles (voir infra: «Étiologies»).


May 13, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on Troubles Attentionnels et État Confusionnel

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