Traitement des schizophrénies

43. Traitement des schizophrénies

Pascal Odou


Pharmacien, praticien hospitalier, CH Dunkerque; professeur, biopharmacie et pharmacie clinique, Lille, France

Hugues Robert


Pharmacien, EPSM Lille-Métropole, Armentières; professeur, biopharmacie et pharmacie clinique, Lille, France


PLAN DU CHAPITRE







Physiopathologie884




Définition884


Épidémiologie884


Sémiologie884


Formes cliniques885


Évolution885


Traitements utilisés dans les schizophrénies885




Classification886


Mécanisme d’action886


Mécanisme d’action particulier des antipsychotiques récents886


Pharmacocinétique887


Critères de choix thérapeutique888




Indications des antipsychotiques888




Schizophrénies888


Autres indications en psychiatrie888


Utilisation des antipsychotiques chez le schizophrène adulte888




Face à une forme paranoïde888


Face à une forme accompagnée d’une anxiété majeure889


Face à une forme avec agitation clastique889


Face à une forme déficitaire889


Utilisation des antipsychotiques chez la schizophrène enceinte889


chez le schizophrène enfant889


chez le schizophrène âgé889


chez le schizophrène résistant889


Optimisation thérapeutique890




Posologie890




Formes disponibles en France890


Les posologies890


Prévention de la iatropathologie892




Les contre-indications892


Les effets indésirables892


Interactions médicamenteuses895


Observance au traitement895




Choix d’une voie d’administration895




Les formes orales895


Les formes injectables à libération immédiate896


Les formes injectables à libération prolongée896


Choix des modalités de traitement antipsychotique896




Traitements discontinus ou continus896


Traitements en monothérapie ou polythérapie896


Transition et arrêt de traitement897


Traitements adjuvants897




Traitement de l’anxiété897


Traitement des insomnies898


Traitement de la dépression898


Traitement des troubles de l’humeur898


Traitements correcteurs898




Correction des troubles psychiques898


Corrections des troubles neurologiques898


Corrections des autres troubles899


Dépister les neuroleptiques cachés899


Suivi biologique et des concentrations sériques900




Suivi biologique de la clozapine900


Suivi des concentrations sériques900


CE QU’IL FAUT RETENIR901


ÉTUDE D’UN CAS CLINIQUE902


Références bibliographiques902



GÉNÉRALITÉS



PHYSIOPATHOLOGIE



Définition



Les troubles psychotiques affectent 0,5 à 1% de la population adulte, principalement la schizophrénie (23% de file active de secteur psychiatrique), pathologie mentale survenant à l’adolescence, évoluant de manière chronique, entraînant un handicap important et une baisse de l’espérance de vie, avec un risque suicidaire important. C’est en 1911 qu’Eugène Bleuler créa le terme de schizophrénie, de skhizein: séparer et phren: esprit. Le critère principal de diagnostic était la dissociation sur tous les plans: intellectuels, affectifs et moteurs. Depuis Bleuler, différents travaux, études ou enquêtes visant à obtenir un consensus international sur le diagnostic des psychoses schizophréniques, n’ont cessé de se succéder du fait de nombreuses discordances. Aujourd’hui la Classification internationale des troubles mentaux (CIM-10) et le manuel diagnostic et statistique des troubles mentaux DSM-IV sont deux classifications de référence qui proposent une classification précise et consensuelle des critères symptomatiques des schizophrénies tout en tenant compte des sub-catégories. Le diagnostic repose sur la présence d’un dysfonctionnement social et/ou des activités, sur la durée (> 6 mois) et la présence d’au moins 2 des manifestations caractéristiques suivantes: idées délirantes, hallucinations, discours désorganisé, comportement grossièrement désorganisé ou catatonique, émoussement affectif, alogie ou perte de volonté.


Épidémiologie


La prévalence de la maladie est comprise aujourd’hui entre 0,8 et 1,2% (Grivois et Grosso, 1998). En France, 500 000 patients seraient atteints de cette maladie, mais seulement 60% de ces patients seraient pris en charge. L’incidence serait de 0,24 pour 1 000. La schizophrénie est une pathologie qui touche surtout les sujets jeunes et elle est plus précoce chez les hommes que chez les femmes. L’âge moyen de début de la maladie est de 28,5 ans chez les hommes et de 32,4 chez les femmes. La plupart des schizophrènes sont célibataires, et le mariage tend à retarder le début de la maladie surtout chez les hommes. En relation ou non avec les problèmes scolaires ou professionnels, il faut remarquer que la plupart des études réalisées auprès des sans-abri montre une prévalence excessivement élevée de la schizophrénie (10 fois plus que dans la population générale) (Kovess, 1997). Le risque de décès des schizophrènes est 20 fois plus important que dans la population générale. Les conduites addictives telles que l’alcoolisme, la toxicomanie et le tabagisme font souvent partie du mode de vie de certains schizophrènes; elles accompagnent la maladie (Lancon, 1998). Les facteurs intervenant sur l’évolution des schizophrénies peuvent être classés en 4 niveaux selon Warner (tableau 43.1).



















Tableau 43.1 Les facteurs influençant l’évolution des schizophrénies.
Période Facteur
Anténatale et périnatale Prédisposition génétique
Facteurs intra-utérins
Traumatisme au cours de l’accouchement
Liens parentaux
De développement Théorie neuro-développementale
Traumatismes crâniens
Infections
Troubles de l’apprentissage
Style de communication familiale
Déclenchant la psychose Consommation de médicaments et autres subsances
Événements de vie stressants
Environnements stressants
Psychotique et postpsychotique Consommation de médicaments
Événements de vie stressants
Milieu familial stressant «étiquetage» diagnostique et stigmatisation sociale
Isolement social ou réintégration
Réinsertion dans rôle social
Caractéristiques des soins institutionnels


Sémiologie


La sémiologie de la schizophrénie est très complexe et le lecteur se rapportera pour plus de détails à des ouvrages spécialisés sur ce sujet. Il est possible de la condenser ainsi (Brazo et Dollfus, 1997; Lesturgeon et al., 1997):


► Syndrome de désorganisation


Le cœur de la symptomatologie du schizophrène à la période d’état est le syndrome de désorganisation. Celle-ci peut toucher la sphère intellectuelle. Le patient conserve son intelligence mais elle est perturbée. Deux symptômes sont très fréquents, le barrage (suspension du discours au milieu d’une phrase) et le «fading» (ralentissement de la parole). Des troubles du langage sont retrouvés comme le mutisme, les altérations phonétiques et syntaxiques, les altérations du sens des mots et le paralangage hermétique. Ce syndrome perturbe également l’affectivité des patients qui peut serésumer par l’athymhormie (émoussement voire vide affectif à l’origine d’une indifférence émotionnelle avec perte de l’élan vital), l’ambivalence (antagonisme de deux sentiments, alternance de désirs contradictoires), parathymie (manifestations émotionnelles paradoxales comme les éclats de rire immotivés ou au contraire de colère). Chez le schizophrène, les troubles du comportement se manifestent par une discordance psychomotrice avec des gestes et des rites stéréotypés, par une catalepsie.



► Syndrome délirant (= symptômes positifs)


Il est caractérisé par les idées délirantes et les hallucinations. Le délire du schizophrène peut être polymorphe, paranoïaque, mystique, érotomaniaque, mégalomaniaque ou hypochondriaque. Il est dominé par la pensée magique et le symbolique. Il est vécu comme une expérience d’étrangeté angoissante, composée d’interprétations, d’intuitions, d’hallucinations avec sentiment de dépersonnalisation ou d’influence. Le délire est non systématisé, flou, incohérent, peu compréhensible, volontiers abstrait et variable dans le temps.

À ces symptômes est associée la symptomatologie anxieuse et dépressive, ainsi qu’au long cours des altérations cognitives.


Formes cliniques


Il est possible aujourd’hui de définir plusieurs formes cliniques de la schizophrénie.


► La schizophrénie paranoïde


C’est la forme la plus fréquente et la plus riche en symptômes. L’activité délirante est prépondérante. Cette forme apparaît le plus souvent après un ou plusieurs accès délirants aigus. L’évolution est souvent périodique au début du trouble (avec rechutes à l’arrêt des traitements). C’est la forme qui répond le mieux aux antipsychotiques classiques.


► L’hébéphrénie


Elle représente environ 20% des schizophrénies et débute typiquement de façon insidieuse et progressive avec un appauvrissement et une détérioration intellectuelle. La dissociation, l’indifférence sont au premier plan. Il s’installe un état déficitaire croissant et des possibilités d’adaptation sociale de plus en plus appauvries. Il y a peu de phénomènes délirants. Cette forme est très peu sensible aux antipsychotiques classiques.


► La schizophrénie catatonique


Fréquente au début du siècle, elle est rare de nos jours. Son pronostic est des plus sévères car l’évolution se fait vers l’immobilité et le mutisme quasi total. Cette forme se caractérise par une désorganisation principalement motrice (négativisme, oppositionisme, catalepsie, écholalie, échopraxie). Certains syndromes catatoniques évoluent de façon récurrente et périodique.


► La schizophrénie simple


Elle est très peu fréquente, se caractérise par la survenue insidieuse et progressive de bizarreries du comportement, d’une incapacité à répondre aux exigences de la vie en société et d’une diminution globale des performances. Le trouble conduit habituellement à une désinsertion sociale croissante avec vagabondage, inactivité et absence de projets.


► La schizophrénie indifférenciée


C’est un état répondant aux critères généraux de la schizophrénie, mais ne répondant à aucune des formes cliniques abordées ci-dessus ou répondant simultanément aux critères de plusieurs de ces formes sans prédominance nette d’un groupe déterminé de caractéristiques diagnostiques.


► Autres formes


Les autres formes plus marginales sont:




– Les troubles schizoaffectifs: alternance de phase d’excitation et de dépression. C’est une forme frontière entre la schizophrénie et la maladie maniaco-dépressive.


– La schizophrénie pseudo-névrotique: elle débute par des symptômes d’allure névrotique.


– La schizophrénie hébéïdophrénique: forme mineure d’hébéphrénie se caractérisant par des troubles de conduite antisociale.


Évolution


Les données récentes de 1997 (Brazo et Dollfus, 1997; Rouillon, 1999) montrent qu’en matière de pronostic à long terme, dans 20 à 25% des cas, la guérison ou une stabilisation sans altération massive de la personnalité et de l’insertion est observée. Dans 50 à 60% des cas, la vie communautaire est possible avec des atteintes variables de l’adaptation sociale et des relations interpersonnelles. Une prise en charge thérapeutique soutenue est nécessaire. Dans les 20 à 25% restants, l’évolution est gravement déficitaire avec des symptômes importants, permanents qui entraînent une dégradation sociale et intellectuelle importante avec hospitalisation ou assistance constante. Toutefois, il est à noter que l’évolution de la maladie n’est pas unique et uniforme. Le tableau 43.2 résume les 8 cas possibles décrits. Insérer tableau 43.2 page 826 de la précédente édition

La CIM-10 et le DSM-IV signalent également 8 types d’évolution: continue, épisodique avec déficit progressif, épisodique avec déficit stable, épisodique rémittente, rémission incomplète, rémission complète, autre et évolution imprévisible.


TRAITEMENTS UTILISÉS DANS LES SCHIZOPHRÉNIES


Pendant des décennies, la thérapeutique des troubles psychotiques et de la schizophrénie a été fondée sur l’hypothèse de l’hyperdopaminergie et l’utilisation des neuroleptiques ou antipsychotiques «classiques» à propriétés antidopaminergiques, mais bloquant sans spécificité une large variété de récepteurs, responsables des effets thérapeutiques, mais également de nombreux effets indésirables.


Classification



► Clinique



Ce sont des psycholeptiques qui provoquent:




1. la création d’un état d’indifférence psychomotrice (neutralité émotionnelle, lenteur des mouvements, baisse de l’initiative) sans altération de la conscience et de l’activité intellectuelle;


2. une action inhibitrice des états d’excitation, d’agressivité, d’agitation et réduction des états maniaques;


3. une réduction des symptômes des psychoses aiguës et chroniques;


4. des effets secondaires neurologiques et neurovégétatifs;


5. une action sous-corticale dominante.

Pendant très longtemps, il a été considéré qu’il était impossible de dissocier les effets antipsychotiques des effets indésirables. Aujourd’hui, cette hypothèse est caduque et il a été montré qu’il existait des substances ayant des effets antipsychotiques sans ou avec peu d’effets neurologiques. Ces substances sont appelées neuroleptiques ou antipsychotiques atypiques. Ces substances par rapport à la définition de Delay et Deniker ne répondent pas aux conditions 1, 4 et 5 c’est-à-dire quelles créent un état d’indifférence psychomotrice moindre, présentent une faible incidence des effets indésirables neurologiques et possèdent une action sous-corticale faible (effets extrapyramidaux).

Il est possible de définir les propriétés thérapeutiques des antipsychotiques comme une:




1. action antipsychotique antiproductive: efficacité sur les symptômes psychotiques productifs: délires et hallucinations;


2. action sédative: efficacité sur l’angoisse psychotique; dans les états d’agitation (agitation maniaque), l’excita tion psychomotrice;


3. action antidéficitaire (effets incisifs ou désinhibiteurs): efficacité sur les aspects catatoniques, l’inhibi tion, l’appauvrissement idéo-affectif; mobilisation, reprise de contact dans les psychoses chroniques avec composante autistique, schizophrénie déficitaire;


4. au long cours: rôle préventif sur les récidives délirantes et déficitaires.

Pour tenter de classer les différents principes actifs en fonction de leur profil, de nombreuses classifications ont été développées: Celle de Delay et Deniker permettant de lier les effets thérapeutiques et indésirables, celle de Bobon, Pinchard et Collard, plus connue sous le nom d’«étoile de Liège» classant les antipsychotiques selon 6 items représentés par les 6 bras de l’étoile. Cette classification précise est peu utilisée. D’autres classifications ont été publiées comme celles de Deniker et Ginestet en 1973, celle de Lecrubier et Puech en 1984…


► Chimique


La classification chimique reste la seule classification des antipsychotiques qui soit consensuelle même si cette classification n’a pas d’application directe en clinique. Toutefois, elle permet aujourd’hui de comprendre, avec l’aide de la pharmacologie, les différents profils cliniques.


Mécanisme d’action


La sélectivité sur tel ou tel neurotransmetteur et l’affinité différentielle sur les récepteurs D1, D2, D3 et D4 permettront de discriminer les antipsychotiques.


► Sur le système dopaminergique



Le blocage des récepteurs dopaminergiques centraux post- et présynaptiques entraîne sur:




– les voies méso-limbique et méso-corticale: les effets antipsychotiques;


– la voie nigrostriée: les effets extrapyramidaux;


– la voie tubéro-infundibulaire: les effets neuroendocriniens.

Le blocage des récepteurs périphériques provoque les effets antiémétiques.


► Sur le système sétotoninergique



L’antagonisme sur les récepteurs 5HT2 et éventuellement 5HT1 est responsable des effets antidéficitaires, antiagressifs, de la régulation des troubles de l’humeur, du comportement alimentaire, du sommeil et des effets anxiolytiques.


► Sur le système noradrénergique



Le blocage des récepteurs α centraux et périphériques entraîne les effets sédatifs et effets neurovégétatifs.


► Sur le système cholinergique


Le blocage des voies cholinergiques provoque les effets parasympatholytiques ou anticholinergiques qui sont souvent rencontrés avec cette classe.


► Sur les récepteurs histaminiques


Le blocage des récepteurs H1 est responsable des effets sédatifs des antipsychotiques.


► Sur le système GABAergique



L’effet sur le système GABAergique est également responsable des effets extrapyramidaux.


Mécanisme d’action particulier des antipsychotiques récents



► Clozapine, olanzapine, rispéridone


Elles sont antisérotoninergiques (5HT2- présynaptique contrôlant la libération de dopamine) et antidopaminergiques (D2).

































































Tableau 43.3. Classification chimique des antipsychotiques.

Structure chimique DCI Spécialités Propriétés cliniques
Phénothiazines Aliphatiques chlorpromazine
lévomépromazine
cyamémazine
Largactil
Nozinan
Tercian
Classe antiproductive
Polyvalent
Sédatif
Pipéridiniques pipotiazine
propériciazine
Piportil
Neuleptil
Sédatif
Pipérazinées perphénazine
fluphénazine
Trilifan
Moditen
Modécate
Thioxanthènes Pipérazinées flupentixol
zuclopentixol
Fluanxol
Clopixol
Classe antiproductive, sédative
Butyrophénones Pipéridinées halopéridol
pipampérone
dropéridol
Haldol
Dipipéron
Droleptan
Classe antiproductive
Sédatif

Proche butyrophénone penfluridol
pimozide
Semap
Orap
désinhibiteur
Benzamides
tiapride
sultopride
sulpiride
amisulpride
Tiapridal
Tiapride
Sultopride
Dogmatil
Synédil
Sulpiride
Solian
Amisulpride
Sédatif
Bipolaire
Benzisoxazoles
rispéridone Risperdal
Riperdaloro
Risperdal consta
Classe antiproductive et antidéficitaire
Dibenzooxazépine
loxapine Loxapac Classe polyvalente
Dibenzodiazépines
cloxapine
olanzapine
aripiprazole
Leponex
Clozapine
Zyprexa
Abilify
Classe antiproductive et antidéficitaire
Classe antiproductive et antidéficitaire


► Aripiprazole


Il exerce des effets agonistes partiels sur les récepteurs D2 expliquant la réduction des symptômes productifs ou déficitaires. Les effets antagonistes 5HT2A lèvent l’inhibition dopaminergique, d’où l’efficacité sur le syndrome déficitaire et l’amélioration de tolérance neurologique. C’est aussi un agoniste partiel des récepteurs sérotoninergiques 5HT1A, d’où l’effet sur les symptômes dépressifs associés.


Pharmacocinétique




► Distribution


Les antipsychotiques sont des substances qui se fixent aux protéines plasmatiques, surtout l’albumine. Les sites protéiques plasmatiques ne sont jamais saturés; il n’y a donc pas d’interaction sur la fixation protéique avec cette classe de médicament. La forme liée est comprise entre 60 et 90%.

Les antipsychotiques diffusent dans tous les tissus et se concentrent dans les tissus les plus vascularisés: cœur, rein, poumon, foie… Les plus lipophiles s’accumulent dans le tissu adipeux. Cette liaison tissulaire est très stable et c’est ce qui explique la présence de ceux-ci ou de leurs métabolites plusieurs semaines voire plusieurs mois après l’arrêt du traitement.


► Métabolisation


La métabolisation des antipsychotiques est plus ou moins intense. Toutes les transformations peuvent être rencontrées avec les antipsychotiques: déméthylation, hydroxylation, N-oxydation, désamination, sulfoxydation, etc. Toutes ces réactions sont médiées par des enzymes dont les plus connues sont celles dépendantes du cytochrome P450. Trois isoformes sont fréquemment rencontrées dans la métabolisation des antipsychotiques 1A2, 2D6 et le 3A4. Toutefois, d’autres enzymes de phase I semblent incriminées dans ces métabolisations comme les flavines oxydases.


► Élimination


Tous les antipsychotiques sont éliminés dans les urines et le foie, soit sous forme non métabolisée, soit sous forme biotransformée. La caractéristique de cette élimination est d’être lente, voire très lente.


CRITÈRES DE CHOIX THÉRAPEUTIQUE



INDICATIONS DES ANTIPSYCHOTIQUES



Schizophrénies


Le traitement varie selon traitement d’attaque ou d’entretien, selon forme clinique productive ou déficitaire (voir paragraphe suivant).

Cas particuliers: schizophrénies résistantes.


Autres indications en psychiatrie




► Psychoses aiguës






– accès maniaques;


– psychoses délirantes aiguës.


► Psychoses chroniques






– délires chroniques non schizophréniques;


– psychose hallucinatoire chronique;


– délires paranoïaques;


► Autres






– états d’agitation et d’agressivité;


– mélancolies délirantes;


– insomnies rebelles;


– psychasthénie, anorexie.


UTILISATION DES ANTIPSYCHOTIQUES CHEZ LE SCHIZOPHRÈNE ADULTE






– l’état général du patient;


– sa tolérance aux effets indésirables;


– l’environnement et notamment le stress qui peut nuire à l’observance;


– la clinique;


– la phase de la maladie.

En théorie, la supériorité des neuroleptiques atypiques semble aujourd’hui prouvée dans les études, tout en étant non dénués d’effets indésirables tels que prise de poids, perturbations métaboliques, allongement de l’espace QT, etc. Les neuroleptiques classiques deviennent, peu à peu, des traitements de deuxième intention. Toutefois, en pratique, le choix de l’antipsychotique se fera principalement en fonction des préférences du prescripteur, elles-mêmes formées à partir des connaissances et des expériences antérieures. Il est possible de résumer le choix d’un antipsychotique de la manière suivante (Beraud et Vaury, 1997; Kapsambelis, 1998):


Face à une forme paranoïde


Lorsque les phases d’hallucinations et de délires sont prépondérantes, la prescription s’orientera vers des antipsychotiques polyvalents tels que la chlorpromazine, la trifluopérazine ou la fluphénazine. Toutefois, les butyrophénones comme l’halopéridol à dominante antiproductive ou le pimozide, sont considérées comme les médicaments de référence dans cette indication.

L’arrivée des nouveaux antipsychotiques a modifié quelque peu cette stratégie du fait de leur meilleur profil de tolérance. L’amisulpride à forte dose possède des propriétés antiproductives, de même que la rispéridone, l’olanzapine ou la loxapine aux doses thérapeutiques.




Face à une forme avec agitation clastique


Devant ce type de manifestation, le choix des prescripteurs se porte vers des médicaments très sédatifs (Goutal, 2000; Couchet et al., 1996):




– les butyrophénones comme le dropéridol ou le pipam pérone. Toutefois, pour des problèmes d’allongement de l’espace QT, le dropéridol n’a plus l’AMM dans cette indication;


– les phénothiazines comme la fluphénazine, la propéri ciazine ou lévomépromazine;


– les thioxanthènes avec le zuclopenthixol;


– la loxapine;


– l’olanzapine.

Les deux derniers principes actifs étant aujourd’hui les traitements de référence dans cette indication.


Face à une forme déficitaire


Aujourd’hui, il est possible de distinguer les déficits primaires touchant les sujets jeunes n’ayant pas une longue histoire de neuroleptisation et les déficits secondaires qui surviennent après des années de traitement par des antipsychotiques antiproductifs (Abadie et Dupont, 1996; Vanelle, 1996). Dans cette catégorie, il est possible de classer:




– les butyrophénones comme le penfluridol ou le triflu péridol;


– les phénothiazines pipérazinées telles que pipothiazine;


– les benzamides substitués comme sulpiride et surtout l’amisulpride;


– les antipsychotiques atypiques comme l’olanzapine, la rispéridone, l’aripiprazole ouvrant une nouvelle ère dans le traitement des formes déficitaires de la schizophrénie.


UTILISATION DES ANTIPSYCHOTIQUES CHEZ LA SCHIZOPHRÈNE ENCEINTE


Avant la grossesse, il est indispensable de mettre en place une collaboration avec un gynécologue afin de régulariser le cycle menstruel, le plus souvent perturbé avec les antipsychotiques. Il est généralement de règle, quand cela est possible, d’arrêter le traitement à visée antipsychotique pendant les 3 premiers mois de la grossesse. Durant les 6 derniers mois, le traitement est effectué par des antipsychotiques à faible dose. Les prescripteurs ont tendance à utiliser des médicaments mis sur le marché depuis longtemps car ils connaissent le faible potentiel de toxicité de ces produits pour le fœtus et le futur bébé.


UTILISATION DES ANTIPSYCHOTIQUES CHEZ LE SCHIZOPHRÈNE ENFANT


Chez l’enfant, la prescription des antipsychotiques se fait le plus souvent par analogie avec la prescription chez l’adulte sans tenir compte de certaines spécificités liées à cet âge au niveau pharmacocinétique ou neurobiologique (maturité et sensibilité des neurotransmetteurs). Le médicament qui est le plus employé en première intention est l’halopéridol à faible dose. Souvent, la survenue des effets indésirables de type extrapyramidaux ou une inefficacité au bout de 6 à 8 mois conduit à utiliser des antipsychotiques atypiques, malgré l’absence d’AMM pour cette tranche d’âge (Vantalon, 1999).


UTILISATION DES ANTIPSYCHOTIQUES CHEZ LE SCHIZOPHRÈNE ÂGÉ


Chez les sujets âgés, les antipsychotiques classiques sont dans 50% des cas inefficaces, entraînent des effets indésirables importants de type extrapyramidaux ou une hypotension orthostatique, ce qui provoque une mauvaise observance et des rechutes. Dans ce cadre, en utilisant les nouveaux antipsychotiques ayant moins d’effets indésirables, une pharmacocinétique moins sensible aux modifications dues à l’âge et en prescrivant des doses faibles, il est possible d’améliorer l’efficacité des thérapeutiques chez cette catégorie de patient. Cependant, l’utilisation est déconseillée chez le patient âgé atteint de démence avec troubles psychotiques ou du comportement, en raison du risque de mortalité et d’événements cérébro-vasculaires augmenté.


UTILISATION DES ANTIPSYCHOTIQUES CHEZ LE SCHIZOPHRÈNE RÉSISTANT


La résistance à un traitement antipsychotique est caractérisée par l’impossibilité de réduire de façon satisfaisante tout ou partie des signes cliniques ou sociaux de la pathologie. Elle se différencie de la rechute dans laquelle la phase de détérioration a été précédée par une phase d’amélioration plus ou moins longue de l’état du patient. Afin de cerner ce phénomène, une définition officielle a été fournie: la résistance aux antipsychotiques est l’absence de rémission clinique ou sociale, malgré la prescription d’au moins deux antipsychotiques prescrits, à posologie élevée, pendant au moins six semaines. Avec cette définition, il y aurait en France entre 800 et 37 000 patients présentant cet état soit entre 5 et 25% des schizophrènes (Beaufils, 1994).

Le traitement de la schizophrénie réfractaire est réalisé par la clozapine (Gaussares, 1996). Elle peut être prescrite chez des patients se trouvant dans des structures hospitalières, extrahospitalières ou en ambulatoire mais nécessitant des retours réguliers en consultation à l’hôpital.


OPTIMISATION THÉRAPEUTIQUE



POSOLOGIE


Dans les tableaux 43.4 et 43.5, seules sont présentées les spécialités et les formes galéniques pour lesquels il existe une autorisation de mise sur le marché pour le traitement de la schizophrénie et/ou des troubles psychotiques en 2001.




































































































































Tableau 43.4a Spécialités et les formes galéniques à libération immédiate disponibles sur le marché français.
DCI Spécialité Forme orale sèche(mg) Forme orale liquide (mg/mL) Forme injectable (mg/ampoule)
chlorpromazine Largactil Cp. séc. à 25 et 100 40 25
lévomépromazine Nozinan Cp. séc. à 25 et 100 40 25
cyamémazine Tercian Cp. séc. à 25 et 100 40 50
pipotiazine Piportil Cp. séc. à 10 40 10
propériciazine Neuleptil Cp. à 25 et gél. à 10 10 et 40
fluphénazine Moditen Cp. à 25 et cp. séc. à 100 40 25 et 125
flupentixol Fluanxol
40
zuclopentixol Clopixol Cp. à 10 et 25 20
halopéridol Haldol Cp. à 1, 5 et 20 2 et 20 5
pipampérone Dipipéron Cp. séc. à 40 40
dropéridol Droleptan

2,5 et 5
penfluridol Semap Cp. à 20
pimozide Orap Cp. séc. à 1 et 4
tiapride Tiapridal
Tiapride Panpharma
Cp. séc. à 100
Cp. séc. à 100
137,9 100
sultopride Barnétil
Sultopride panpharma
Cp. séc. à 400
Cp. séc. à 400
244
244
200
sulpiride Dogmatil
Synédil fort Gé
Cp. à 200
Cp. à 200

100
100
amisulpride Solian
Amisulpride
Cp. séc. à 50, 200 et 400
200
rispéridone Risperdal
Risperadoro
Cp. séc. à 1, 2 et 4
Cp. à 0,5, 1, 2, 3 et 4
1
loxapine Loxapac Cp. à 25, 50 et 100 25 50
cloxapine Leponex
Clozapine panpharma
Cp. à 25 et cp. séc. à 100
Cp. à 25 et cp. séc. à 100

olanzapine Zyprexa Cp. à 5, 7,5 et 10
Cp. velotab à 5, 10, 15, et 20

aripiprazole Abilify
Abilify orodispersible
Cp. à 10 et 15
Cp. à 10 et 15

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May 13, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on Traitement des schizophrénies

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