9. Traitement des dysrythmies cardiaques
Chapitre révisé pour cette édition par:
Voa Ratsimbazafy
Praticien hospitalier, pharmacien, CHU Dupuytren; chargée de cours de pharmacie clinique, Limoges, France
Claude Cassat
Praticien hospitalier, cardiologue, CHU Dupuytren, Limoges, France
Roger Leverge
Praticien hospitalier, pharmacien, hôpital Lariboisière, Paris; professeur, pharmacie clinique, Rennes, France
Nos remerciements à
Bertrand Clerc
interne en pharmacie au département de pharmacie du CHU de Besançon, pour la relecture et la révision de ce chapitre.
PLAN DU CHAPITRE
Critères de choix thérapeutique166
Traitement antiarythmique en phase aiguë de l’infarctus du myocarde171
Rythme idioventriculaire accéléré RIVA171
CE QU’IL FAUT RETENIR181
ÉTUDE DE CAS CLINIQUES182
Références bibliographiques184
GÉNÉRALITÉS
RAPPEL D’ÉLECTROPHYSIOLOGIE
Tissu nodal
Le tissu nodal a pour rôle d’organiser et de synchroniser l’activité contractile du myocarde (figure 9.1). Anatomiquement, il permet d’assurer la jonction d’une structure à l’autre tandis que, sur le plan physiologique, il se comporte comme un système de hiérarchisation et de contrôle de l’influx, avec des structures de conduction rapide et des structures de filtres. L’ensemble assure un automatisme cardiaque normal sous la dépendance du système sympathique excitateur et du système parasympathique freinateur.
Figure 9.1 |
Électrophysiologie cardiaque
► Potentiel d’action (figure 9.2)
Au repos, les cellules cardiaques sont polarisées, plus négatives à l’intérieur qu’à l’extérieur de leur membrane. Le potassium est plus concentré dans la cellule que dans le liquide extracellulaire (× 30mV), contrairement au sodium dont la concentration est plus élevée à l’extérieur (× 10mV) (Aliot, 1987; Brembilla-Perrot, 1987; Duchêne-Marullaz, 1998; Dupuis, 1988; Grolleau, 1995; Roden, 1998).
Figure 9.2 |
Les gradients ioniques sont maintenus par des pompes, mais les échanges se font aussi de façon passive grâce à la perméabilité sélective des membranes. À l’occasion d’un stimulus électrique, des ions pénètrent dans la cellule cardiaque par l’intermédiaire de canaux qui laissent passer un ion spécifique. On distingue ainsi un canal sodique, un canal calcique et plusieurs canaux potassiques.
Phase 0
Lorsque l’excitation provenant d’autres cellules déjà activées arrive au niveau d’une fibre cardiaque et qu’elle est d’une durée et d’une amplitude suffisantes, un flux entrant rapide de Na+ est responsable de la dépolarisation rapide ou phase 0. Durant cette phase, un deuxième courant entrant de Ca2+, est lentement activé. Sa densité étant faible, il n’intervient pratiquement pas dans la phase 0 du potentiel d’action.
Phase 1
Une repolarisation rapide se produit ensuite, phase 1, qui résulte à la fois d’une inactivation progressive du courant précédent et de l’inactivation d’un courant entrant de Cl− de courte durée.
Phase 2
L’inactivation du canal calcique permet, par sa lenteur, le maintien d’un certain état de dépolarisation responsable de la phase 2 ou plateau du potentiel d’action.
Phase 3
L’inactivation des courants entrants sodique et calcique, mais surtout la mise en place d’un courant sortant de K+ produisent la repolarisation terminale ou phase 3 du potentiel d’action.
Phase 4
Bien que les cellules cardiaques soient excitables pendant la phase 4, diastole, une perméabilité sélective au K+ permet le maintien d’un potentiel de repos aux environs du potentiel d’équilibre du potassium. Pendant cette phase, un stimulus externe capable de porter le potentiel de membrane au potentiel seuil, va initier un nouveau cycle.
► Potentiel de repos
La plupart des cellules cardiaques ont un potentiel de repos stable. Toutefois, dans certaines fibres, la diminution du courant potassique sortant se poursuit pendant la phase 4 et permet une dépolarisation spontanée. Cette dernière amène la cellule au seuil de potentiel et occasionne à nouveau un potentiel d’action: c’est la dépolarisation diastolique lente (DDL). Cette exception cardiaque est garante de l’«automatisme».
Physiologiquement, la naissance de l’influx se produit au niveau des cellules du nœud sinusal qui possèdent l’automatisme le plus rapide.
Le rythme propre des cellules automatiques est d’autant plus lent qu’elles se situent vers le ventricule.
► Excitabilité et période réfractaire
L’excitabilité est la possibilité pour une cellule cardiaque de répondre à une stimulation appropriée et d’initier un potentiel d’action. Le seuil de potentiel de membrane auquel la cellule doit être portée pour initier la phase 0 du potentiel d’action est un index de l’excitabilité cardiaque. La capacité de réponse d’une fibre cardiaque dépend de son potentiel de membrane au moment de l’excitation. La vitesse de conduction de l’influx est également fonction du potentiel transmembranaire. Quand une fibre est dépolarisée, la vitesse de conduction y est ralentie.
La période réfractaire est celle qui fait suite au potentiel d’action. Il s’agit d’une période pendant laquelle la cellule est peu ou pas excitable.
► Caractéristiques du potentiel d’action selon le type de fibre
Schématiquement, il existe deux types d’activité électrique dans les cellules cardiaques selon qu’il s’agisse de «fibres à réponse rapide» ou de «fibres à réponse lente» (Aliot, 1987; Duchêne-Marullaz, 1998; Dupuis, 1988; Grolleau, 1995; Roden, 1998) (tableau 9.1).
Fibres à réponse rapide | Fibres à réponse lente | |
---|---|---|
Vitesses de conduction de l’influx | Rapide (0,3 à 3m/s) | Lente (0,01 à 0,10m/s) |
Localisations | Fibres musculaires auriculaires Fibres musculaires ventriculaires Fibres du système His-Purkinje | Nœud sinusal Région centrale du nœud auriculo-ventriculaire Anneaux auriculo-ventriculaires Feuillets tricuspides et mitraux |
Caractéristiques | Polarisation membranaire de repos importante ( − 75 à −90mV) Potentiel seuil −7mV Montée rapide de la phase 0 Vitesse de conduction élevée Grande amplitude de dépolarisation (100 à 130mV) | Polarisation membranaire de repos faible ( − 60 à −70mV) Montée lente de la phase 0 Vitesse de conduction lente Faible amplitude du potentiel d’action (60mV) Absence de phase 1 Faible ou absence de phase 2 (plateau) |
Influences de l’environnement extracellulaire | L’automatisme des fibres de Purkinje est diminué par des concentrations extracellulaires élevées de calcium, voire supprimé par des concentrations extracellulaires basses de sodium ou élevées de potassium. La présence d’acétylcholine dans cet environnement a peu d’effet tandis que les catécholamines augmentent leur automatisme | L’automatisme du nœud sinusal est peu sensible au potassium extracellulaire alors qu’il est accéléré par des concentrations extracellulaires élevées de calcium. Si la présence d’acétylcholine dans cet environnement supprime l’automatisme, les catécholamines l’augmentent. La stimulation rapide entraîne une dépression des pacemakers normaux, plus marquée toutefois dans le système His-Purkinje que dans le nœud sinusal |
TROUBLES DE L’AUTOMATISME CARDIAQUE
Il faut distinguer:
– les troubles du rythme avec accélération de l’automatisme cardiaque, nécessitant une thérapeutique antiarythmique;
– les troubles de la conduction, caractérisés par un ralentissement de cet automatisme et requérant une stimulation (Daubert, 1990).
Physiopathologie
► Les anomalies du rythme cardiaque
• Les troubles du rythme
Parmi les troubles du rythme, on distingue les extrasystoles (systoles prématurées), plus ou moins isolées ou complexes, et les rythmes anormaux, ectopiques. L’hyperexcitabilité cardiaque peut toucher chacune des parties du myocarde, avec des caractéristiques et des conséquences cliniques spécifiques: troubles du rythme auriculaires, jonctionnels, ventriculaires. Les mécanismes de cette hyperexcitabilité sont nombreux, mais schématiquement dominés par deux phénomènes: l’existence de foyers ectopiques et les circuits de réentrée.
Les foyers ectopiques siègent:
– dans le tissu nodal différencié: automaticité normale exagérée due à des anomalies métaboliques, à une ischémie, ou sous influence du système nerveux sympathique;
– dans le myocarde indifférencié: automaticité anormale générée avec acquisition d’un automatisme pathologique dans certaines conditions, là encore métaboliques, ischémiques, nerveuses.
Sur le plan électrophysiologique, on peut distinguer postdépolarisations précoces (syndrome du QT long) et postdépolarisations retardées (cardiomyopathie hypertrophique, hypokaliémie, etc.).
Les circuits de réentrée sont responsables de nombreux troubles du rythme.
Ce phénomène repose sur la coexistence d’une hétérogénéité de conduction au sein d’un même territoire, avec des voies lentes et des voies rapides, chacune ayant une vitesse de conduction, une période réfractaire et des caractéristiques d’excitabilité spécifiques. Dans certaines conditions, une activation autoentretenue peut se créer d’une branche à l’autre pouvant, de plus, être responsable de l’activation des structures nodales et myocardiques adjacentes. Plusieurs types de réentrées sont possibles:
– les macroréentrées: les circuits sont très larges, souvent bien individualisés sur le plan anatomique, et donc facilement accessibles à une radiofréquence (flutter auriculaire, syndrome de Wolff-Parkinson-White, tachycardie ventriculaire post-infarctus, etc.);
– les microréentrées sont des circuits plus limités mais encore individualisables (nœud d’Aschoff-Tawara, maladie de Bouveret par réentrée intranodale, etc.);
– les réentrées microscopiques, non individualisables telles que la fibrillation auriculaire par exemple.
Il faut noter que troubles du rythme et troubles de la conduction peuvent s’associer: tel est le cas dans la parasystolie.
• Les troubles de la conduction
On distingue, selon la voie de conduction ralentie, les blocs sino-auriculaires, les blocs auriculo-ventriculaires ou BAV (Djiane et Deharo, 1999) et, à l’étage ventriculaire (Chapelon-Abric, 2005), les blocs sous-hissiens et les blocs de branche. Le blocage de la conduction est soit partiel, ne donnant pas ou peu (respectivement bloc de type I et bloc de type II) d’anomalie clinique, soit complet (bloc de type III) et responsable d’accidents graves, syncopes et malaises. La seule activité automatique est alors assurée par le pacemaker physiologique sous-jacent toujours plus lent.
► Étiologies des troubles du rythme
– fonctionnelles, nerveuses (influences sympathique et parasympathique);
– métaboliques (hypokaliémie, hypercalcémie), iatrogènes (digitaliques, bêtabloquants, etc.);
– organiques (cardiopathies ischémiques, dysplasie du ventricule gauche droit, etc.).
Un élément essentiel de la prise en charge est de déterminer, dans le bilan d’une arythmie, si le trouble survient sur une cardiopathie existante ou non.
► Les conséquences des arythmies
Elles sont variables selon l’étage et le type d’arythmie, mais les risques les plus importants sont:
– d’ordre hémodynamique, en particulier lorsque le fonctionnement ventriculaire est perturbé, dans le sens d’un ralentissement (BAV complet) ou dans le sens d’une accélération (fibrillation auriculaire à conduction ventriculaire rapide, tachycardie ventriculaire, fibrillation ventriculaire), par une inefficacité voire un arrêt circulatoire. La perte de la systole auriculaire, dans les fibrillations auriculaires par exemple, est péjorative seulement lorsque la fonction ventriculaire est elle-même atteinte.
– d’ordre thrombotique. Tout trouble du rythme, en particulier lorsqu’il est rapide et générateur de stase sanguine, est responsable de la formation de thrombi au potentiel emboligène majeur (accidents vasculaires cérébraux, emboles artériels des membres inférieurs, etc.) et d’autant plus néfaste qu’il menace la circulation artérielle vers les organes vitaux. Ce risque majeur justifie, dans ces cas, l’utilisation systématique d’antithrombotiques, et le plus souvent d’anticoagulants à doses efficaces.
Tableaux cliniques
► Troubles du rythme étage par étage
• L’étage sinusal
Le nœud sinusal génère un rythme cardiaque qui s’adapte en permanence aux besoins hémodynamiques et métaboliques de l’organisme (Medvedowsky, 1990) sous influence des systèmes sympathique et parasympathique. Le plus souvent, il s’agit de troubles de la conduction. La dysfonction sinusale occupe une place importante dans la pathologie rythmique cardiaque à la fois par sa fréquence et ses implications thérapeutiques. Près de la moitié des indications de la stimulation cardiaque définitive concerne la maladie du sinus. Elle peut survenir au cours de l’ischémie myocardique aiguë, de maladies infectieuses ou inflammatoires, au décours de la cardioversion électrique, mais elle peut aussi avoir une origine iatrogène (digitaliques, quinidine, amiodarone, etc.). La dysfonction sinusale chronique paraît le plus souvent idiopathique ou survient dans un contexte pathologique: cardiopathies ischémiques, amyloses, collagénoses, hémochromatose, etc.
Bradycardies sinusales
Elles peuvent être chroniques ou intermittentes, classées en mineures (59 à 50 battements par minute ou bpm), modérées (49 à 40bpm) et majeures (< 40bpm). Elles ne sont rattachées au dysfonctionnement sinusal qu’en l’absence de toute autre cause, notamment iatrogène;
Tachycardies sinusales
Elles sont très fréquentes mais toujours secondaires à un facteur déclenchant qui sera la clé du traitement: neurotonie, hyperthyroïdie, fièvre, insuffisance cardiaque;
Syndrome bradycardie-tachycardie et son tableau clinique principal la maladie de l’oreillette ou maladie rythmique auriculaire.
Elle représente l’association anarchique et aléatoire d’épisodes de bradycardies sinusales et de tachycardies supraventriculaires séparées par des phases de rythme sinusal. La tachycardie la plus fréquente est la fibrillation atriale. L’évolution peut se compliquer d’un passage à la chronicité du trouble du rythme. Elle peut aussi se compliquer de troubles conductifs auriculo-ventriculaires ou d’embolies systémiques. Le traitement associe une prévention des tachycardies supraventriculaires par un traitement médicamenteux antiarythmique et la pose d’un stimulateur cardiaque pour pallier les bradycardies (Chauvin, 1998; Medvedowsky, 1994).
• Troubles du rythme à l’étage auriculaire
Extrasystoles auriculaires: ESA (Babuty et al., 2004)
Ce sont des battements cardiaques prématurés et ectopiques naissant au niveau de l’oreillette, la jonction auriculo-ventriculaire ou le ventricule. Cette arythmie est fréquente, parfois gênante du fait de sensations de palpitation, sans conséquence sur le plan hémodynamique sauf si les extrasystoles sont très nombreuses. Le plus souvent secondaires, sans cardiopathie sous-jacente, elles sont généralement bénignes, généralement sans retentissement hémodynamique, mais peuvent avoir une certaine valeur pronostique d’arythmies plus sévères, surtout quand elles compliquent des cardiopathies. Les extrasystoles auriculaires sont le plus souvent bénignes sauf chez les sujets âgés, avec ou sans cardiopathies (Babuty, 1998).
Flutter auriculaire et tachycardies atriales non fluttériennes
Lié à une macroréentrée dans l’oreillette droite, il s’agit d’un trouble du rythme très fréquent. Le flutter commun se propage dans l’oreillette dans le sens antihoraire. Il est responsable d’une tachycardie atriale rapide de l’ordre de 300 cycles/min avec des ondes p caractéristiques «en toit d’usines». Le flutter inverse tourne dans le sens horaire. Il existe d’autres formes, dites atypiques, de diagnostic ECG plus délicat, et moins accessibles aux techniques de radiofréquence.
Fibrillation auriculaire: FA (Brembilla-Perrot, 2002)
Elle est caractérisée par une activité électrique anarchique consécutive à la propagation de multiples ondes de dépolarisation de durée et d’extension variables au sein des oreillettes. Ce phénomène s’accompagne d’une perte de l’effet mécanique de la systole auriculaire. Le rythme auriculaire de très haute fréquence est irrégulier et filtré dans le nœud auriculo-ventriculaire qui ne laisse passer qu’une partie de l’excitation. Sauf lésions associées des voies de conduction (blocs), la réponse des ventricules est rapide et irrégulière d’où le terme d’arythmie complète par fibrillation auriculaire (ACFA) souvent utilisé en pratique comme synonyme de fibrillation des oreillettes.
La FA se manifeste, soit comme un épisode transitoire contemporain d’une cause déclenchante occasionnelle, soit sous forme paroxystique et récidivante, soit comme une variété permanente d’emblée ou faisant suite à des crises, d’abord spontanément résolutives ou réduites par un traitement (Puech, 1989).
• Troubles du rythme au niveau de la jonction auriculo-ventriculaire
Extrasystoles hissiennes
Plus rares, elles sont généralement sans incidence clinique sauf quand elles simulent un bloc auriculo-ventriculaire.
Tachycardies jonctionnelles (Brembilla-Perrot, 2001)
Elles correspondent aux tachycardies ayant pour origine le tissu spécifique situé entre les oreillettes et la bifurcation du faisceau de His (nœud de Tawara et tronc commun du faisceau de His, dont la division représente la frontière électrique auriculo-ventriculaire), et aux tachycardies avec participation de voies accessoires établissant un court-circuit complet ou partiel des voies de conduction normales.
Les tachycardies jonctionnelles sont le plus souvent paroxystiques et à rechutes. Leur mécanisme implique une réentrée intranodale ou utilisant une voie accessoire et il n’y a en règle générale pas de cardiopathie associée. Les microréentrées intranodales sont communément englobées en France sous le vocable de «maladie de Bouveret».
Les macroréentrées empruntent des faisceaux accessoires, le faisceau de Kent en particulier, faisceau direct entre oreillette et ventricule (Savouré et al., 2004), responsable du syndrome de Wolff-Parkinson-White (WPW). Ce dernier est caractérisé par un aspect électrocardiographique de préexcitation ventriculaire anormale et par des accès de tachycardies supraventriculaires paroxystiques. Il représente une entité rythmologique habituellement bénigne mais souvent gênante, parfois invalidante. Certaines formes, en raison de leurs caractéristiques électrophysiologiques et/ou du terrain, peuvent être très mal tolérées, voire létales (WPW + ACFA). Le risque de mort subite, estimé à 1 ‰ par an chez l’adulte, justifie qu’une évaluation pronostique aussi précise que possible soit effectuée. La thérapeutique peut être médicale ou interventionnelle, par radiofréquence. Le type et la tolérance des troubles d’un WPW symptomatique doivent être analysés car les arythmies sévères ou mal tolérées nécessitent un traitement. Dans les autres cas, WPW asymptomatique compris, le risque est évalué afin de mettre en place une thérapeutique, si besoin. Le bilan systématique comprend: ECG standard (de longue durée et d’effort), échocardiogramme. Il est éventuellement complété par une exploration électrophysiologique.
Les autres variétés de tachycardies jonctionnelles, rares, sont caractérisées par leur évolution (tachycardies chroniques), l’intervention d’un facteur étiologique (tachycardies secondaires) ou leur mécanisme (tachycardies d’origine focale) (Puech, 1993; Guize, 1996).
• Troubles du rythme à l’étage ventriculaire
Extrasystoles ventriculaires: ESV (Babuty et al., 2004)
Elles sont fréquentes. Quand il n’existe pas de cardiopathie sous-jacente, en dehors de certains syndromes électrophysiologiques graves (syndrome du QT long, etc.), elles sont généralement monomorphes, isolées et bénignes, mais peuvent handicaper si elles sont nombreuses et répétitives. Elles peuvent annoncer des arythmies ventriculaires graves, voire fatales en cas d’insuffisance cardiaque, à la phase aiguë ou en période de cicatrisation d’un infarctus, dans l’angor spastique.
Tachycardies ventriculaires (TV)
Une TV est définie par la succession de battements ectopiques ayant pris naissance en aval de la bifurcation du faisceau de His. Le nombre de complexes ectopiques retenu pour séparer une TV d’une extrasystolie ventriculaire répétitive est d’au moins 4. La fréquence ventriculaire en tachycardie est variable. Si les TV communes évoluent entre 160 et 200/min, il existe des TV dites lentes (entre 100 et 130/min) et des TV très rapides, à plus de 250/min. Les frontières chronologiques des TV se situent, pour les fréquences lentes, au voisinage des rythmes idioventriculaires accélérés (60 à 90/min) et, pour les TV rapides, vers le flutter ventriculaire.
Au plan électrocardiographique, la morphologie des complexes QRS permet de distinguer les TV monomorphes des TV polymorphes. Parmi les TV polymorphes s’individualisent les TV bidirectionnelles et les torsades de pointes (Brembilla-Perrot, 1999; Puech, 1990).
Torsades de pointes (Weissenburger et Davy, 2004)
Cette appellation vient de l’aspect électrocardiographique de cette variété de tachycardie ventriculaire polymorphe et non soutenue. Si, en France, ce terme est consacré, les synonymes utilisés dans la littérature anglo-saxonne sont multiples (Puech, 1989): fibrillation ventriculaire transitoire ou paroxystique, pseudo fibrillation ventriculaire, fibrillation ventriculaire récurrente, fibrillo-flutter ventriculaire, tachycardie ventriculaire atypique ou multiforme ou ballet cardiaque.
Fibrillation ventriculaire: FV (Touboul, 2003)
La FV est caractérisée par une désynchronisation de l’onde de dépolarisation myocardique qui fait place à de multiples îlots d’activité électrique indépendants, émergeant en des lieux différents et responsables d’un état de réexcitation permanente de l’ensemble du ventricule sans phase de repos. Les contractions rapides et incessantes des fibres myocardiques qui battent sans aucune synergie avec les formations musculaires voisines entraînent une perte de tout battement cardiaque efficace et un arrêt de la circulation. La traduction clinique est une perte de conscience, un état de mort apparente rapidement irréversible en l’absence d’intervention (Touboul, 1996).
► Troubles de la conduction
Blocs auriculo-ventriculaires: BAV (Djiane et Deharo, 1999)
Il s’agit d’un allongement ou d’une interruption de la conduction entre les oreillettes et les ventricules. Le bloc peut se situer au niveau du nœud auriculo-ventriculaire ou du système His-Purkinje. Les BAV sont classés en premier, deuxième et troisième degrés en fonction du siège des lésions responsables et selon l’importance du trouble conductif. Certaines thérapeutiques (digitaliques, certains antiarythmiques, etc.) et d’éventuelles lésions anatomiques peuvent majorer des BAV purement fonctionnels.
La prise en charge thérapeutique dépend, d’une part de l’origine, iatrogène en particulier et, d’autre part, de leur durée. Si le bloc est transitoire, surveillance et entraînement électrosystolique externe temporaire suffisent; s’il est définitif, la pose d’un pacemaker sera envisagée (Puech, 1988).
Blocs intraventriculaires (Chapelon-Abric, 2005)
Les troubles de la conduction intraventriculaire comprennent les blocs de branche, complets ou incomplets, les blocs fasciculaires et les blocs intraventriculaires non spécifiques.
MÉTHODES D’INVESTIGATION
► Électrocardiogramme (ECG)
Il permet le diagnostic des troubles du rythme ou de la conduction, mais aussi l’évaluation de l’effet des antiarythmiques grâce à la mesure de la période cardiaque (RR), l’intervalle PR, la largeur du ventriculogramme QRS, la durée de repolarisation ventriculaire QT et le QT corrigé en fonction de la fréquence, QTc.
Un enregistrement prolongé «D2 long» est utile pour analyser les troubles du rythme.
► Holter
Il s’agit d’un enregistrement ECG continu en ambulatoire sur 24 heures qui permet le dépistage, le diagnostic et l’évaluation quantitative des troubles s’ils surviennent pendant l’enregistrement, qu’ils soient symptomatiques ou non.
► R Test
Il s’agit d’un appareil portable permettant l’enregistrement de l’activité cardiaque au moment où le patient ressent une arythmie.
► Épreuve d’effort
Elle permet de rechercher les arythmies déclenchées par l’effort et de voir, dans ces conditions, l’évolution d’une arythmie connue. Ainsi les extrasystoles ventriculaires sont bénignes si elles disparaissent à l’effort.
► Potentiels tardifs
Ils consistent à rechercher, sur ECG de base moyenné à haute amplification, à la fin de QRS, des micropotentiels éventuellement responsables d’une stimulation et qui pourraient constituer un foyer arythmogène.
► Dispositifs de diagnostic implantables
Ils sont également proposés actuellement.
► Exploration électrophysiologique
Il s’agit d’une méthode invasive de déclenchement d’arythmies.
ANTIARYTHMIQUES
La prise en charge médicamenteuse des arythmies relève de plusieurs stratégies (Dupuis, 1988):
– neutralisation des facteurs déclenchants ou favorisants par arrêt du médicament causal (antiarythmiques le plus souvent), apport de potassium, pose de stimulateur cardiaque (pacemaker), intervention chirurgicale, etc.;
– action sur le système nerveux végétatif par activation du système cholinergique avec les digitaliques, le disopyramide, l’adénosine triphosphate ou ATP (Striadyne) qui, par un effet puissant, restaure le rythme sinusal en moins d’une minute, etc.;
– blocage du système adrénergique avec l’amiodarone, antagoniste non compétitif des récepteurs α- et β-adrénergiques, les β-bloquants pour les troubles du rythme à prédominance diurne, ceux accompagnant l’hyperthyroïdie, l’intoxication digitalique, etc.;
– interférence directe avec les propriétés électrophysiologiques des cellules cardiaques par les antiarythmiques proprement dits. Il existe deux classifications des antiarythmiques en fonction de leur mécanisme d’action.
Classification et mécanismes d’action
Deux classifications sont communément utilisées (Aliot, 1987; Brembilla-Perrot, 1987; Duchêne-Marullaz, 1998; Dupuis, 1988; Grolleau, 1995; Roden, 1998).
Celle de Vaughan-Williams (tableau 9.2) repose sur l’analyse des potentiels d’action et des courants ioniques transmembranaires de fibres cardiaques isolées saines dans un environnement ionique normal. Celle de Touboul (tableau 9.3) est basée sur l’étude des intervalles de conduction chez l’homme. Si ces classifications sont très pratiques, elles présentent cependant quelques inconvénients:
Classes | Effets sur la conduction | Antiarythmiques | |
---|---|---|---|
I | Dépression de la conduction auriculo-ventriculaire Augmentation de l’espace auriculo-hissien et de la PRE | β-bloquants, vérapamil, digitaliques | |
IIA | Augmentation des PRE du système His-Purkinje Augmentation de l’espace His-ventricule Augmentation des PR de l’oreillette et des voies accessoires | quinidine, disopyramide | |
IIB | Diminution des PR du His-Purkinje Pas d’augmentation de l’espace His-ventricule | phénytoïne, lidocaïne, mexilétine | |
Augmentation des PR du His-Purkinje Pas d’augmentation de l’espace His-ventricule | brétylium | ||
III | Augmentation de la conduction auriculo-hissien Augmentation de la PR du nœud auriculo-ventriculaire | Augmentation de l’espace His-ventricule | aprindine |
Augmentation des PR de l’oreillette et des voies accessoires | Augmentation de la PRE du His-Purkinje | amiodarone |
– tous les médicaments d’un même groupe ne présentent pas des effets entièrement identiques et certains peuvent avoir plusieurs types d’action;
– les effets sur les tissus lésés peuvent être différents de ceux observés sur tissus sains. Ils peuvent changer dans certaines circonstances: acidose, hypokaliémie, hyperactivité adrénergique, etc.
► Classification de Vaughan-Williams (tableau 9.2.)
Classes | Antiarythmiques | Mécanismes électrophysiologiques |
---|---|---|
Ia | disopyramide, hydroquinidine, quinidine | Blocage (++) des canaux sodiques Élargissement de QRS pour des concentrations élevées Blocage des courants potassiques: augmentation de la durée des PA, des PRE et de l’intervalle QT |
Ib | aprindine, lidocaïne, mexilétine, phénytoïne | Blocage (+) des canaux sodiques Pas d’élargissement de QRS en rythme sinusal Diminution de la durée des PA et des PRE |
Ic | cibenzoline (également III et IV), flécaïnide, propafénone | Blocage (+++) des canaux sodiques Élargissement de QRS dès les faibles concentrations Peu ou pas de modification de la durée de PA et des PRE |
II | β-bloquants | Antagonisme β-adrénergique |
III | amiodarone, ibutilide, sotalol (également de classe II) | Blocage des canaux potassiques: augmentation de la durée des PA, des PRE et de l’intervalle QT |
IV | diltiazem, vérapamil, bépridil | Blocage des canaux calciques Effets essentiellement sur le sinus et le nœud auriculo-ventriculaire |
► Classification de Touboul (tableau 9.3.)
NB: la classification de Touboul présente l’avantage de tenir compte de données in vivo, mais celle de Vaughan-Williams reste très utilisée.
Médicaments disponibles (tableau 9.4)
Classes | Principes actifs | Noms de commercialisation | Formes galéniques et dosages |
---|---|---|---|
Classe I | disopyramide | Isorythm | Gélule à 100mg, gélule LP à 125, 250mg |
Groupe Ia | Rythmodan | Gélule à 100mg, comprimé enrobé sécable LP adulte à 250mg, Solution injectable à 50mg/5mL | |
hydroquinidine | Sérécor | Gélule LP à 300mg | |
quinidine | Cardioquine où? | Comprimé sécable à 166mg | |
Longacor où? | Gélule à 165mg | ||
Quinidurule où? | Comprimé enrobé LP à 200mg | ||
Groupe Ib | fosphénytoïne | Dilantin | Solution injectable à 250mg/5mL |
aprindine | Fiboran | Gélule à 50mg | |
lidocaïne | Chlorhydrate de lidocaïne Braun | Solution injectable IV 1% (10mL) | |
Xylocard | Solution injectable IV à 100mg/5mL et pour perfusion à 5% (20mL) | ||
mexilétine | Mexitil | Gélule à 200mg, solution injectable pour perfusion à 250mg/10mL | |
Groupe Ic | encaïnide | Encade | Gélule à 25mg |
cibenzoline | Cipralan | Comprimé sécable à 130mg, solution injectable à 100mg/10mL | |
Exacor | Comprimé enrobé sécable à 130mg | ||
flécaïnide | Flécaïne Flécaïnide (Merck, Qualimed, RPG) | Comprimé sécable à 100mg, gélule LP à 50, 100, 150 et 200mg, solution injectable à 40mg/4mL Comprimé à 100mg | |
propafénone | Rythmol | Comprimé enrobé sécable à 300mg | |
Classe II | aténolol | Aténolol (Arrow, Biogaran, EG, G Gam, Irex, Ivax, Qualimed, Ratiopharm, RPG, Sandoz, Teva, Wintrop, Zydus) Bétatop Gé Ténormine | Comprimé à 50 et 100mg Comprimé à 50 et 100mg Comprimé à 50 et 100mg, solution injectable IV à 5mg/10mL |
acébutolol | Acébutolo (Alte, Arrow, Biogaran, EG, G Gam, Ivax, Merck, Qualimed, Ratiopharm, RPG, Sandoz, Teva, Wintrop, Zydus) | Comprimé enrobé à 200 et 400mg | |
Sectral | Solution injectable à 25mg/5mL, comprimé enrobé à 200 et 400mg, solution buvable à 40mg/mL | ||
esmolol | Brévibloc | Solution injectable à 2,5g/10mL, 100mg/10mL et 2,5g/250mL | |
métoprolol | Lopressor Métoprolol (G Gam, RPG) Séloken | Comprimé enrobé sécable à 100mg, comprimé LP à 200mg Comprimé sécable à 100mg Comprimé à 100mg et LP 200mg | |
nadolol | Corgard | Comprimé sécable à 80mg | |
oxyprénolol | Trasicor, Trasicor retard | Comprimé enrobé sécable à 80mg, comprimé enrobé LP à 160mg | |
pindolol | Visken | Comprimé à 5mg | |
propranolol | Avlocardyl | Comprimé sécable à 40mg, gélule LP à 160mg, solution injectable à 5mg/5mL | |
Propranolol Ratiopharm | Gélule LP à 160mg | ||
Propranolol (EG, Ratiopharm) | Comprimé quadrisécable à 40mg | ||
Hémipralon, Propranolol Ratiopharm | Gélule LP à 80mg | ||
sotalol | Sotalex Sotalol (Arrow, Biogaran, EG, G Gam, GNR, Ivax, Merck, Ratiopharm, RPG, Sandoz, Teva, Wintrop) | Comprimé sécable à 80 et 160mg, solution injectable à 20mg/2mL Comprimé sécable à 80 et 160mg | |
Classe III | amiodarone | Amiodarone (Alter, Arrow, Biogaran, EG, G Gam, Ivax, Merck, Qualimed, Ratiopharm, RPG, Sandoz, Teva, Wintrop) Corbionax, Cordarone, | Comprimé sécable à 200mg |
Corbionax, Cordarone | Solution injectable à 150mg/3mL | ||
ibutilide | Corvert | Solution injectable à 0,87mg/10mL | |
Classe IV | bépridil | Unicordium | Comprimé à 100, 200 et 300mg |
diltiazem | Tildiem | Poudre pour solution injectable à 25mg | |
vérapamil | Isoptine, Vérapamil Ratiopharm | Comprimé enrobé à 40mg | |
Isoptine | Gélule à 120mg | ||
Vérapamil Ratiopharm | Comprimé enrobé à 120mg | ||
Isoptine | Solution injectable à 5mg/2mL |
CRITÈRES DE CHOIX THÉRAPEUTIQUE
(Brembilla-Perrot, 1987; Slama, 1997; Touboul, 2001; Savouré et al., 2003; Deharo et Djane, 2006; Dinanian, 2006; Fuster et al., 2006)
PRINCIPES DE BASE
Le traitement des arythmies se conçoit selon deux modalités:
– le traitement de la crise, à la phase aiguë de l’arythmie: l’objectif est alors la restitution d’un rythme sinusal normal ou, à défaut, le retour à des conditions hémodynamiques stables, en prévenant toutes complications, en particulier thromboemboliques;
– le traitement de fond, d’entretien: le but est alors la prévention des récidives, le maintien d’une situation hémodynamique stable, la prévention si nécessaire des complications.
Dans tous les cas, la cause initiale du trouble du rythme doit être corrigée: insuffisance cardiaque, ischémie myocardique, hypokaliémie, troubles du système neurovégétatif et anxiété. Les médicaments antiarythmiques aggravant l’arythmie dans 10% des cas, la question de la pertinence d’un traitement au long cours doit être posée lorsque le pronostic vital n’est pas menacé.
Abstention médicamenteuse
L’abstention thérapeutique est recommandée en cas de troubles du rythme bénins, rares, rapidement et facilement résolutifs, sans cardiopathie sous-jacente et sans risque de complication en cas de récidive: extrasystole auriculaire, tachycardie de Bouveret, extrasystoles ventriculaires bénignes, par exemple.
Dans ces situations d’abstention pharmacologique, le recours à d’autres moyens thérapeutiques est nécessaire.
Il s’agit du respect de règles hygiénodiététiques: arrêt des prises d’excitants (café, thé, alcool), pratique d’une activité physique régulière (activité d’endurance), de disciplines de relaxation (sophrologie, yoga, psychothérapie).
Les manœuvres vagales permettent l’arrêt de certaines arythmies et doivent être expliquées au patient: absorption d’une gorgée d’eau froide, massage carotidien, manœuvre de Valsalva (expirer par le nez en obturant les narines).
Dans tous les cas, le contrôle et le traitement d’entretien d’une cause déclenchante ou favorisante sont indispensables.
Traitement épisodique
Un traitement épisodique, «à la demande» est parfois préféré devant une arythmie bénigne mais ressentie par le patient comme une gêne, une angoisse: crises d’extrasystole auriculaire, tachycardies de Bouveret récidivantes. Le traitement se fait alors par voie orale.
Une éducation du malade est nécessaire pour qu’il soit capable de se traiter dès le début d’une crise et réitérer la prise médicamenteuse en cas de persistance du trouble.
Le traitement épisodique implique une participation active du malade et présente l’avantage d’éviter les risques inhérents à un traitement chronique. Les tentatives de réduction initiale sont, bien entendu, réalisées sous surveillance médicale et de préférence en milieu hospitalier. L’«automédication» du malade ne sera proposée que lorsque le traitement sera parfaitement mis au point et son efficacité vérifiée. Il importe alors de réduire au maximum le nombre de médicaments. Le malade doit également connaître les effets indésirables du traitement et il doit être revu régulièrement.
Les antiarythmiques éprouvés seront utilisés en première intention. Si un médicament réputé pour être efficace sur une arythmie échoue, un autre produit de la même classe peut être essayé, même si les caractéristiques électrophysiologiques sont similaires.
Parmi les médicaments les plus utilisés, on retrouve les β-bloquants et le disopyramide.
Traitement de fond
Le traitement de fond s’impose:
– chaque fois qu’il y a un risque létal ou que le trouble du rythme est fréquent, invalidant;
– dans certains cas de tachycardies supraventriculaires:
• si les tachycardies de Bouveret sont fréquentes et invalidantes,
• s’il s’agit d’épisodes de fibrillation ou de flutter auriculaires dont la réduction a nécessité une cardioversion,
• si elles surviennent chez un patient qui a un syndrome de WPW, en rapport avec un faisceau de Kent à période réfractaire effective courte, et qui est donc exposé à des tachycardies très rapides, menaçant le pronostic vital; l’exploration électrophysiologique est alors indispensable;
– en l’absence de cardiopathie lorsque l’extrasystolie est très désagréablement ressentie par le patient.
Associations favorables d’antiarythmiques
Dans certains cas, il est possible d’avoir recours à des associations d’antiarythmiques. Il s’agit d’associations.
Antiarythmique de classe I-β-bloquant
Elle est favorable quand le trouble du rythme a une composante catécholaminergique ou une origine ischémique.
Antiarythmiques de classe I et de classe III (amiodarone en particulier)
Les mécanismes d’action électrophysiologique des deux classes sont complémentaires et l’action antiarythmique de cette association est puissante, donc intéressante dans les arythmies rebelles. Il faut alors surveiller l’évolution de l’espace QT car chacun des traitements peut provoquer une torsade de pointe, en particulier en cas d’hypokaliémie.
Digitalique-antiarythmique
Elle est préconisée dans le contrôle d’une arythmie supraventriculaire. La seule indication bénéficiant d’un rapport bénéfice/risque favorable de l’association antiarythmique-digitalique est le contrôle de la fréquence cardiaque d’une arythmie complète par fibrillation auriculaire qui utilise, en particulier, les digitaliques et les β-bloquants, voire les inhibiteurs calciques bradycardisants, molécules dont l’activité attendue est le contrôle de l’accélération de la fréquence cardiaque à l’effort.