mobile vertébral et détection de sa douleur

Chapitre 8 Segment mobile vertébral et détection de sa douleur


La notion de « segment mobile vertébral » invoquée la première fois par l’anatomiste allemand H. Junghanns a constitué un progrès considérable pour comprendre le polymorphisme symptomatique observé en pathologie vertébrale.


Elle impose en effet de ne plus considérer une région vertébrale dans son ensemble et ses répercussions symptomatiques éventuelles, mais bien au contraire de l’étudier étage par étage, c’est-à-dire segmentairement en intégrant dans cet examen tous les éléments situés entre deux vertèbres (disques, articulaires postérieurs, ligaments, muscles et éléments vasculonerveux entrant ou sortant surtout du canal rachidien).


Toutes ces différentes structures sont interdépendantes et solidaires lors des mouvements normaux comme lors de la survenue d’une dysfonction du segment intervertébral. Aucune ne peut donc être considérée isolement.


Envisagés sous cet angle les problèmes d’origine vertébrale influencent considérablement la conduite de l’examen clinique pratiqué en ostéopathie traditionnelle, car il ne faut pas se contenter seulement d’examiner superficiellement la région incriminée, mais au contraire d’être aussi capable de localiser la source réelle de la symptomatologie amenant à consulter pour appliquer ces manœuvres avec précision sur cette dernière.


Cette mise en évidence d’une perturbation segmentaire vertébrale est réalisable soit globalement en analysant simultanément sur le plan de la mobilité et sur celui de la tonicité des muscles voisins les différents étages entre eux, soit au contraire en effectuant cette étude séparément avec d’abord une analyse de la mobilité régionale, puis une recherche des diverses manifestations séméiologiques existantes localement ou à distance.


Il faut toutefois ne jamais perdre de vue que les symptômes découverts par cet examen sont insuffisants pour conclure à la bénignité de la souffrance segmentaire constatée. Seul le recours à des examens complémentaires (radiographies, analyses sanguines…) le permet.



Segment mobile vertébral


En regardant la manière dont les mouvements se déroulent sur une colonne vertébrale sèche, on s’aperçoit qu’en réalité tout se passe comme s’il s’agissait d’une succession d’ensembles articulaires constitués par deux vertèbres adjacentes, reliées entre elles par différents éléments interposés (disque, articulaires postérieures et leurs capsules, ligaments interépineux). Aucun d’entre eux n’est indépendant, tous au contraire sont plus ou moins affectés en même temps.


Considérée sous cet angle, celui d’une succession de « segments mobiles », cette conception défendue et créée par H. Junghanns en 1936 facilite considérablement la compréhension de la physiopathologie vertébrale.




Implications en pathologie vertébrale


La multiplicité des éléments intervertébraux sollicités au cours des mouvements explique pourquoi autant d’informations sont susceptibles d’être recueillies au cours d’un dysfonctionnement segmentaire vertébral.


Ces informations peuvent en effet provenir soit du segment articulaire lui-même, soit des muscles et ligaments, soit encore des éléments vasculonerveux situés à son niveau.


Rien ne s’oppose donc à ce qu’une perturbation discale soit muette initialement, mais ait une répercussion symptomatique musculaire, ligamentaire ou capsulaire localement, voire à distance. Rien n’empêche non plus une souffrance articulaire postérieure de générer des réactions ligamentaires et musculaires, locales ou à distance.


Toutes les écoles de manipulation se réfèrent d’ailleurs de nos jours à ce concept du segment moteur (ou mobile) vertébral pour expliquer l’origine des déboires amenant leurs patients à consulter, mais elles le font sous des dénominations différentes. Depuis 1981, officiellement, les ostéopathes ont abandonné la notion de « lésion ostéopathique » pour lui substituer celle de « dysfonction somatique » afin de désigner un blocage vertébral en malposition.


En France, R. Maigne emploie le terme de « dérangement intervertébral mineur » (DIM) pour caractériser la réversibilité habituelle de la symptomatologie clinique. La Fédération internationale de médecine manuelle recommande d’employer le terme de « dysfonction segmentaire vertébrale », dénomination qui offre l’avantage de se rapprocher de la définition ostéopathique.



Détection de la souffrance segmentaire vertébrale



Mise en évidence


Les signes qui permettent d’identifier une souffrance segmentaire vertébrale sont multiples et variés. Hormis les renseignements recueillis au cours de l’interrogatoire et qui sont essentiellement subjectifs, chacune des étapes de l’examen clinique peut procurer nombre de signes objectifs et attirer ainsi l’attention sur la région mise en cause.


Cela commence dès l’inspection (attitude de défense, trouble statique…), se poursuit au cours de l’étude de la mobilité régionale (raideur, diminution de la mobilité…). Et c’est surtout vrai au moment de l’examen local proprement dit, lorsque l’on cherche à déterminer le siège exact de la dysfonction vertébrale suspectée par la constatation au niveau de l’étage vertébral concerné de signes témoignant de son existence (mobilité défectueuse, douleur locale) ou par la découverte à distance de manifestations consécutives à cette souffrance dans les dermatomes, myotomes ou sclérotomes correspondant à cet étage perturbé.


Dans un cas comme dans l’autre, il faut retenir un point essentiel : ces signes témoignent seulement de l’existence d’une perturbation pathologique. En aucun cas, ils ne permettent d’en préjuger la nature bénigne ou grave. Cela montre qu’à chaque fois, il est essentiel de faire appel aux examens complémentaires (en particulier à la radiologie) pour préciser la nature réelle des symptômes constatés en sachant qu’un retard dans le délai d’apparition des images radiologiques est possible au début de l’affection responsable.


Avant d’entreprendre toute recherche séméiologique, il faut toujours commencer par étudier la texture et la sensibilité cutanée par la méthode du palper-rouler (connue encore sous le nom de palper-pincer-rouler).

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May 16, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on mobile vertébral et détection de sa douleur

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