Chapitre 3 Mécanismes d’action des manœuvres ostéopathiques
De multiples hypothèses ont été envisagées :
• une intervention sur la neurophysiologie de la douleur, une sollicitation du système nerveux autonome sympathique, voire un effet placebo du contact manuel.
Au niveau rachidien
Diverses hypothèses ont été formulées :
• action sur les articulaires postérieures : cette idée a connu au cours des années 1960 une certaine vogue. À la suite des travaux de G. Tondury et de L. Zukschwerdt, on pensait qu’il y avait au niveau de ces articulations un petit ménisque susceptible de se coincer et donc d’être débloqué. En 1970, lors d’une étude portant sur 150 articulaires postérieures lombaires pour déterminer la part de crédit à accorder à cette possibilité, nous avions trouvé une fois seulement une structure susceptible d’être prise pour un ménisque ; en revanche, nous avions été frappés par l’importance du repli de la capsule articulaire qui saillait au fond de l’articulation. La comparaison avec ce qui s’observe en ouvrant une palourde ou une praire nous était même venue à l’esprit. Lors du IIIe congrès de la FIMM (Monaco, 1971), au cours de la journée scientifique consacrée aux articulaires postérieures vertébrales organisée par R. Maigne, ce point de vue allait être confirmé par G. Tondury et L. Zukschwerdt. Ces articulations ne comportent pas de ménisque, mais seulement des replis capsulaires de structure méniscoïde. Il est donc possible que, dans certaines circonstances, ces replis se trouvent traumatisés entre les surfaces articulaires, deviennent le siège d’une réaction inflammatoire, œdémateuse, et soient à l’origine d’un dysfonctionnement du segment mobile auquel ils appartiennent ; cela expliquerait l’efficacité manipulative rencontrée dans ces cas, la manipulation intervenant pour désengager le repli de la capsule articulaire atteinte ;
• action directe sur la dynamique des racines : cette hypothèse ne saurait être écartée en raison de la traction exercée sur le segment rachidien au cours de sa mobilisation, surtout si celle-ci est associée à une impulsion manipulative. La manœuvre agirait dans ce cas en rétablissant la dynamique normale des racines. B. Wyke en 1985 avait évoqué cette possibilité à Zurich au cours du viie congrès de la FIMM. En 1995, avec C. Garreau de Loubresse, en étudiant la dynamique des radicelles lombaires intracanalaires sur cinq cadavres frais après laminectomie, nous avions constaté l’inanité de cette hypothèse. Si au cours des mobilisations en cyphose, on assiste bien à une mise sous tension de ces radicelles qui se rapprochent des parois canalaires, aucun mouvement axial ne se produit au niveau du foramen. En lordose, les radicelles se détendent.