fixation acétabulaire sans ciment des prothèses totales de hanche de première intention: Cementless acetabular fixation in primary total hip arthroplasty

La fixation acétabulaire sans ciment des prothèses totales de hanche de première intention


Cementless acetabular fixation in primary total hip arthroplasty



image P. Triclot1, 1 Centre hospitalier privé Saint-Grégoire, Groupe rennais de l’appareil locomoteur, 6, boulevard de la Boutière, 35768 Saint-Grégoire cedex.




Summary


Cementless acetabular fixation in primary total hip arthroplasty has ousted conventional cemented all-polyethylene cups from their exclusive position. The cementless cups used today are high-technology products, yet they entail compromises with regard to design, manufacturing and surgical technique. An increasing press-fit from the pole to the equator is essential for an effective primary stability. Reliable primary fixation paves the way for secondary anchorage through osseointegration thanks to a surface coating; the latter is the main focus of today’s innovations. The surgeon should be perfectly familiar with the cup he utilizes; he should also be aware of the learning curve associated with cementless implantation. The benefits from cementless fixation are indisputable for hard-on-hard pairings; to a certain extent, this is also true for friction pairings which include polyethylene. Thus, cement fixation still has a given field of application; however, dual mobility cementless sockets are actively disputing this niche.



Introduction


En 2009, plus de 80 % des cupules posées en France étaient des cupules sans ciment. C’est dire si les chirurgiens considèrent que ce type d’implant rend service à leurs patients. La cupule sans ciment a progressivement marginalisé la traditionnelle cupule monobloc cimentée en polyéthylène usiné qui fait toujours référence, véritable « gold standard » dans sa version de diamètre intérieur de 22,2 mm [21,38].


Au-delà des balbutiements initiaux responsables d’échecs dont on a rapidement tiré les leçons, l’évolution s’est faite vers des éléments consensuels aujourd’hui validés : la cupule sans ciment posée actuellement est modulaire, le « métal-back » recevant l’insert articulaire, et en alliage de titane, avec un traitement de surface « plasma-spray » de titane, permettant la fixation biologique qui prend le relais de la fixation mécanique initiale.


Mais ces éléments, associés à la mise à disposition des couples dur-dur et à l’évolution vers de plus grands diamètres de tête fémorale, ont conduit au développement des cupules dont nous disposons aujourd’hui et qui réalisent, entre la tête prothétique et l’os, des systèmes de fait très complexes, avec plusieurs pièces et donc différentes interfaces imposées. L’impératif commercial, pour un industriel, de proposer une gamme complète de couples de frottement à partir d’une seule et même cupule majore encore la complexité de ces systèmes.


Par ailleurs, la confrontation des chiffres publiés par la Haute Autorité de santé (HAS) avec ceux plus récents de l’industrie (European Association of Medical Device Manufacturers [EUCOMED] ; www.eucomed.org) répartit les cupules posées en première intention en France de la façon suivante :



C’est dire qu’aujourd’hui, la diffusion des cupules à double mobilité vient encore renforcer l’impact du sans ciment.



Historique


L’histoire de la prothèse totale de hanche commence avec l’implant cimenté en bipolaire mis au point et promu par J. Charnley. Tout ce qui a préexisté n’était pas cimenté, mais c’était la préhistoire !


Certes les limites du ciment, avec sa faible résistance en fatigue, ont orienté la recherche vers le « sans ciment » ; mais cette recherche a également été très motivée par un gigantesque malentendu : la « maladie du ciment », dont on sait qu’elle a été longue à prendre son vrai nom de « maladie des particules » : il s’agissait, à cette époque, des débris de polyéthylène dont on sait le potentiel ostéolytique.


Et ce « retour » vers le sans ciment est indissociable du nom de chirurgiens français : J. et R. Judet, P. Boutin et G. Bousquet.



Dans l’histoire de la fixation sans ciment, bien que les conditions mécaniques soient moins favorables au niveau du cotyle qu’au niveau du fémur, la plus grande facilité à obtenir une congruence os-prothèse satisfaisante et un os capable de coloniser un revêtement explique que l’aboutissement de la cupule ait précédé celui de la tige : la prothèse totale hybride a rapidement été considérée comme une authentique avancée [28] ; la cupule a généré moins de controverses que la tige fémorale et cette configuration hybride reste aujourd’hui une option fréquemment utilisée [3].



Structure d’une cupule sans ciment


Une cupule sans ciment est une succession de structures métalliques (en excluant l’insert) et d’interfaces : « insert/insert-cup/cup/cup-revêtement/revêtement/revêtement-os ».


Chacune de ces structures et chacune de ces interfaces imposent des choix, donc des compromis à l’ingénieur qui les conçoit, à l’industriel qui les fabrique et au chirurgien qui les implante.


De part et d’autre de la cupule, à la limite de notre sujet mais incontournables, car ayant des conséquences très directes sur tout ce qui s’interpose entre les deux, on trouve la tête et le col de la prothèse fémorale et le pelvis.


Nous nous proposons de reprendre chacun de ces éléments et de préciser les problèmes qu’ils génèrent et les choix qu’ils imposent.





Interface insert-cupule


Quel que soit le type d’insert, l’objectif est d’obtenir un insert stable dans la cupule. Or, il semble difficile de pouvoir introduire dans une cupule unique tous les inserts disponibles.


On comprend aisément les multiples raisons qui conduisent les industriels à mettre à la disposition du chirurgien une unique cupule capable de recevoir tous types d’insert ; mais l’étude des contraintes qui s’appliquent à un insert, à une cupule et à un cotyle ne peut que nous conduire à mesurer le compromis que réalise une telle possibilité. En effet, l’insert « mou » sera au mieux stabilisé dans une cupule peu épaisse et déformable alors qu’un insert « dur » sera au mieux stabilisé dans une cupule très rigide, donc plus épaisse. Un insert en polyéthylène sera d’autant plus stable que fixé dans une structure dont il épousera la concavité et où la contre-pression de l’impaction améliorera la tenue de l’insert. Celui-ci, d’épaisseur maximale pour le diamètre considéré, se dilatera, comme le lui impose un coefficient de dilatation qui le fait passer de 22° (stockage) à 37° (implantation) puis à des températures beaucoup plus élevées [4] lors de l’activité physique. Les systèmes d’encliquetage des inserts en polyéthylène sont multiples ; les inserts qui se vissent dans la cupule semblent d’un maniement difficile mais apportent des résultats satisfaisants [69].


Les inserts « durs », quant à eux, seront au mieux stabilisés dans une cupule très rigide. Celle-ci va protéger l’insert en céramique des contraintes en cisaillement et en flexion et l’insert métallique d’une déformation qui irait au-delà des tolérances de sphéricité et ne manquerait pas de conduire aux problèmes du métal-métal de première génération, responsables des échecs de la configuration de McKee quand il proposait son couple face à celui de Charnley.


Quant à la fixation d’un insert céramique ou métallique dans une cupule par l’intermédiaire d’un cône morse, le principe du cône morse reste applicable : plus l’angle du cône est faible, meilleure est la tenue, mais plus le positionnement de l’insert est difficile, avec un risque de libération d’ions métalliques pour le métal ou de malposition à risque fracturaire pour la céramique. Différents systèmes sont actuellement proposés pour pallier cette complication : impaction de l’ensemble cupule-insert préassemblé en usine ou insert céramique dans une pièce intermédiaire métallique : ces systèmes doivent faire la preuve de leur efficacité et de leur absence de complication spécifique. Mais la céramique et le métal ne répondant pas de façon identique lors de leur impaction sur un cône morse, il est impossible d’optimiser pour les deux inserts le traitement de surface interne de la cupule. Le métal, si les microsillons sur les deux surfaces sont identiques, va conduire à une véritable soudure à froid des deux pièces ; il n’est pas possible d’usiner de la même façon des inserts en céramique qui ont un profil plus lisse et ne peuvent aboutir au même type de soudure.



Cupule


Les cupules sont aujourd’hui usinées en alliage de titane pour la majorité d’entre elles. Leur dessin et leur rigidité (mais on verra qu’il faut également prendre en compte leur revêtement) sont les éléments qui assurent leur stabilité primaire, que l’on sait exclusivement mécanique et gage d’une bonne ostéo-intégration secondaire.


On distingue :



La stabilité de la cupule impactée repose sur le principe de la précontrainte, c’est-à-dire sur l’existence au niveau de l’interface os-implant d’une pression supérieure aux forces déstabilisantes, ici en rotation soit autour de l’axe polaire, soit autour de l’axe équatorial. Le travail du cotyle à la fraise conduit à un cotyle hémisphérique. Théoriquement, au cotyle, la cupule elliptique (surdimensionnement équatorial et aplatissement polaire) réalise la forme la plus achevée de la précontrainte, comme l’a démontré E. Morscher [77]. Une cupule hémisphérique, donc théoriquement impactée sans précontrainte, nécessite des moyens complémentaires de fixation car sans ceux-ci, elle n’aurait pas la stabilité primaire nécessaire à l’ostéo-intégration et pour s’opposer aux forces de cisaillement dues aux déformations de l’acétabulum lors de la marche.


En fait, il semble probable que ces théories relèvent plus de l’aide à la compréhension d’une méthode de pose qu’à une réalité.


Si on étudie le dessin des cupules disponibles, il apparaît qu’elles comportent toutes une authentique précontrainte équatoriale et ce, indépendamment de leur désignation hémisphérique ou elliptique. Différents artifices permettent d’obtenir cette précontrainte : le troncage polaire, le rayon variable du dôme, la couronne équatoriale dont le diamètre est supérieur au diamètre nominal de la cupule. Dans tous les cas, l’effet recherché est le même : favoriser la déformation plastique de l’acétabulum au niveau de l’équateur. Ceci permet de s’opposer à la déformation des colonnes antérieure et postérieure et de maintenir une contrainte sur la cupule, de façon d’autant plus efficace que le volume global de l’implant s’inscrira dans un hémisphère osseux complet, avec une face de contact à l’équateur, où la tangente à la cupule est pratiquement orthogonale à cet équateur.


Et il est parfaitement impossible de mettre en avant l’un ou l’autre de ces dessins : impacter une cupule dans le cotyle d’un homme de 50 ans pour nécrose de tête fémorale ne nous place pas dans les mêmes conditions d’adaptabilité de l’os à l’implant que d’impacter la même cupule dans le cotyle d’une femme de 75 ans. Les valeurs de précontrainte acceptables ne sont bien sûr pas les mêmes dans les deux cas, avec probablement une distribution des forces d’impaction entre déformation osseuse plastique et enfoncement osseux. Notons que les industriels mettent à notre disposition des cupules dites elliptiques, avec orifices de vissage optionnels, et des cupules dites hémisphériques, sans possibilité de vissage complémentaire. Enfin, une rapide enquête auprès de chirurgiens confirmés fait apparaître qu’ils sont nombreux à utiliser un vissage complémentaire « de sécurité » sur des cupules qu’ils pensent stables dès l’impaction.




Revêtement


Avant application du revêtement, la face externe des cupules est sablée, par microbillage ou corindonage, ce qui conduit à un effet de précontrainte du métal autorisant un traitement de surface qui ne déformera pas la cupule.


Les revêtements ont longtemps été « ouverts » à la pénétration osseuse : c’est l’ostéo-intégration par « in-growth » des revêtements type microbilles ou treillage (figure 1). Aujourd’hui, le revêtement le plus répandu est le « plasma spray » de titane pur qui conduit à une ostéo-intégration de type « on-growth » (figure 2). C’est le torchage, par un gaz plasma de poudre de titane, à haute température et à haute pression, sur le revêtement d’alliage de titane.




Le titane pur est, en dehors du tantale, le matériau le plus performant pour faciliter l’ostéo-intégration (sa biotolérance et sa vitesse d’ostéo-intégration le placent devant les aciers, le chrome-cobalt et les alliages de titane). De la géométrie du revêtement dépendent sa porosité et sa rugosité, et c’est la combinaison porosité-rugosité maximale qui favorisera l’ostéo-intégration la plus rapide et de meilleure qualité. La taille des cavités doit se situer entre 50–80 et 300–400 μm. L’épaisseur du plasma de titane varie de 30 à 300 μm, avec une porosité inférieure à 20 % et une rugosité moyenne de rapport moyen de rugosité (Ra) de 10 μm ou moyenne des amplitudes (Rz) de 30 μm. La rugosité du revêtement participe également à l’amélioration de la stabilité primaire : là, également, le « plasma spray » de titane pur a une meilleure « accroche » que les revêtements « ouverts » de type microbillage ou treillage dont le Ra est inférieur.


Ce revêtement peut être doublé d’un revêtement d’hydroxyapatite (HAP) le plus souvent par ce même procédé de torche à plasma. On sait qu’il s’agit d’un revêtement bioactif ostéoconducteur qui facilite, dans le temps et dans l’espace, l’ostéo-intégration des implants. L’épaisseur d’HAP varie de 80 à 150 μm ; elle est appliquée de préférence sur un matériau non poreux car elle risque de modifier la porosité d’un matériau poreux (figure 3). Même si, en faisant varier les caractéristiques physicochimiques de la poudre et les paramètres techniques de la projection, on peut adapter le revêtement aux spécificités d’une cupule (précocité de la bioactivité, vitesse de résorption), l’intérêt de l’HAP reste discuté. En effet, la qualité de l’os exposé par la préparation d’un cotyle et la congruence anatomique os-cupule n’impose pas forcément un processus d’ostéo-intégration supplémentaire ; mais l’intérêt de l’HAP réside peut-être plus dans le fait qu’il semble permettre une restriction plus importante de l’« effective joint space » [68].


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Jul 3, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on fixation acétabulaire sans ciment des prothèses totales de hanche de première intention: Cementless acetabular fixation in primary total hip arthroplasty

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