prévention thrombo-embolique en chirurgie orthopédique et traumatologique majeure: Thromboembolism in orthopaedic and trauma surgery

La prévention thrombo-embolique en chirurgie orthopédique et traumatologique majeure


Thromboembolism in orthopaedic and trauma surgery



image A. Sautet1, 1 Service de chirurgie orthopédique et traumatologique, hôpital Saint-Antoine, 184, rue du Faubourg Saint-Antoine, Paris.




Summary


The vast majority of anticoagulants currently on the marketplace inhibit multiple coagulation factors (except for fondaparinux, which specifically inhibits factor Xa).


Low Molecular Weight Heparins (LMWH’s) are most widely used for prophylaxis. With a single injection, they are more efficient than unfractionated heparin (UFH) and VKA’s (Vitamin K Antagonists) and their use entails fewer risks, besides the risks of heparin-induced thrombocytopenia and uneven activity related to lot-to-lot variations. However, their action is non-specific, and for this reason, industry is currently developing new drugs which specifically inhibit coagulation factors Xa or IIa.


These new synthetic anticoagulants can be used the same way as oral VKA’s, but without similar interference from food or medication intake, and they do not require biological monitoring.


Their efficiency is equivalent or superior to that of LMWH’s. However, they are contraindicated in patients with severely impaired kidney function, even at prophylactic dosage, unlike LMWH’s which are only considered “generally inadvisable” under such conditions.



Introduction


Dans la littérature, la chirurgie pour coxarthrose, gonarthrose et fracture de l’extrémité supérieure du fémur est appelée chirurgie orthopédique majeure vis-à-vis du risque de survenue, du traitement et des complications d’événements thrombo-emboliques (ETE).


En 2008 en France, 144 000 prothèses totales de hanche (PTH), 74 000 prothèses totales de genou (PTG), et 60 000 interventions pour fracture de l’extrémité supérieure du fémur ont été réalisées.


Le risque de thrombose de ces interventions est élevé et, en l’absence de prophylaxie, 50 % des patients feraient une thrombose veineuse profonde (TVP) phlébographique et 5 % une embolie pulmonaire (EP) fatale [12]. Ce risque d’ETE après chirurgie orthopédique majeure se prolonge sur une durée postopératoire bien connue de plusieurs semaines et il s’agit d’une complication dont le taux de mortalité n’est pas négligeable. La thromboprophylaxie, en particulier par les héparines de bas poids moléculaire (HBPM) en Europe et par les AVK dans d’autres pays, a fait la preuve de son efficacité en réduisant ce risque de 70 à 80 % [12,21].


Malgré ces bons résultats, les recherches continuent et tendent à développer des inhibiteurs de la coagulation spécifiques d’un facteur de coagulation, par exemple le facteur Xa ou la thrombine (II), dans l’espoir de réduire encore le risque de thrombose, tout en diminuant voire supprimant le risque hémorragique.


Ainsi, plusieurs molécules synthétiques et orales sont déjà sur le marché. Le dabigatran etexilate (Pradaxa®) et le rivaroxaban (Xarelto®) sont commercialisés en Europe. Les études sur l’utilisation de l’apixaban en orthopédie sont en cours de publication. Mais qu’apportent ces molécules ? Peuvent-elles supplanter les HBPM ?



Héparines de bas poids moléculaire (HBPM)




Inconvénients et avantages des HBPM





Les nouveaux anticoagulants


Tous les anticoagulants actuellement sur le marché – HNF, HBPM, AVK – agissent en inhibant plusieurs facteurs de la coagulation à des niveaux différents. Ces anticoagulants n’ont aucune spécificité.


L’intérêt d’une spécificité réside surtout en une activité plus indépendante des protéines circulantes ou du poids qui permet la prescription d’une dose unique entre 50 et 120 kg comme l’ont démontré les études [25]. Cette spécificité permet aussi de prévoir beaucoup mieux l’effet anticoagulant et donc d’éviter ou, au moins, de limiter la surveillance biologique de la coagulation pour une meilleure adaptation. Évidemment, ces règles s’appliquent à la majorité des patients, mais une grande vigilance, à défaut d’une surveillance, sera toujours nécessaire chez les insuffisants rénaux et les personnes âgées. Ces nouveaux anticoagulants sont tous synthétiques, donc sans aucun risque de contamination animale [20].


On peut regrouper en trois grandes catégories les nouveaux anticoagulants commercialisés ou en développement (tableau 1 et figure 1). Ce sont soit :






Inhibiteurs indirects du facteur Xa


Le fondaparinux (Arixtra®) est une héparine de synthèse d’« ultra » bas poids moléculaire ayant une activité anti-Xa exclusive qui diminue plus efficacement l’incidence des thromboses distales asymptomatiques que l’enoxaparine (Lovenox®) quels que soient le type d’anesthésie, de chirurgie, le sexe, y compris dans les sous-groupes des patients à risque thromboembolique élevé (indice de masse corporelle [IMC] > 30 et antécédents thrombo-emboliques) [25].


À condition d’initier le traitement au moins 8 h après la fin de l’intervention, la tolérance hémorragique est comparable à celle de l’enoxaparine [25].


Il est recommandé en France [21] et par l’American College of Clinical Pharmacy (ACCP) (grade 1A) [11] après fracture du col du fémur pendant 35 jours à la dose de 2,5 mg par jour. Une dose de 1,5 mg a été commercialisée en Europe (après autorisation de mise sur le marché [AMM]) chez les patients insuffisants rénaux modérés, et cette dose est beaucoup mieux adaptée aux patients opérés d’une fracture du col, tous âgés et le plus souvent insuffisants rénaux modérés. Ce dosage n’est pour l’instant toujours pas disponible en France. Les avantages de ce type de molécules de synthèse chimique sont leur absence d’interaction avec les plaquettes, les facteurs 4 plaquettaires ou le fibrinogène, et donc l’absence ou le très faible risque de TIH, mais aussi l’uniformisation des lots, non tributaires de l’intestin de porc [1,11].


Une méta-analyse portant sur 144 806 patients a montré non seulement une diminution significative des TVP (1,5 %) versus l’enoxaparine (2,1 %) ou bien les HNF (4,2 %), mais aussi une mortalité significativement plus faible (0,6 %) versus les HBPM (1,1 % ; p < 0,001) et/ou les HNF (2,2 % ; p < 0,001) [24]. Cela pourrait s’expliquer par le fait que la première cause de mortalité après chirurgie orthopédique majeure est l’infarctus du myocarde [19]. L’étude OASIS 5 [27] a en effet démontré l’efficacité et la très bonne tolérance de la dose de 2,5 mg par jour de fondaparinux versus l’enoxaparine à dose thérapeutique dans les syndromes coronariens aigus (en l’absence de stent, conformément à son AMM). Cette dose prophylactique en orthopédie, associée à de l’aspirine (Kardégic® 75 mg/j) que prennent régulièrement ces patients, paraît par conséquent particulièrement indiquée chez les patients coronariens n’ayant pas de stent et chez les diabétiques. Elle permet, en effet, d’éviter une dose thérapeutique d’HBPM en cas d’élévation de la troponine I en postopératoire immédiat et, ainsi, de diminuer le risque de saignement tout en protégeant parfaitement le patient sur le plan coronarien.

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Jul 3, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on prévention thrombo-embolique en chirurgie orthopédique et traumatologique majeure: Thromboembolism in orthopaedic and trauma surgery

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