traumatismes ostéoarticulaires de la main de l’enfant (carpe exclu): Bone and joint injuries of the hand in children

Les traumatismes ostéoarticulaires de la main de l’enfant (carpe exclu)


Bone and joint injuries of the hand in children



image F. Fitoussi1, 1 Service de chirurgie orthopédique pédiatrique, urgences main enfant, hôpital Robert-Debré, Université Paris VII, 48, boulevard Sérurier, 75019 Paris.



Résumé


Les traumatismes de la main de l’enfant représentent une cause fréquente de consultation aux urgences traumatologiques pédiatriques. Les fractures sont les lésions les plus fréquentes, avec deux localisations préférentielles :



Les luxations et entorses sont plus rares chez l’enfant. L’articulation métacarpophalangienne est la plus fréquemment luxée, avec un risque d’incarcération de la plaque palmaire pouvant nécessiter un abord chirurgical. L’articulation interphalangienne proximale est le plus souvent le siège d’une lésion de la plaque palmaire, au cours d’un mécanisme d’hyperextension.


Le traitement des fractures de la main de l’enfant sera le plus souvent orthopédique et l’évolution favorable. Le clinicien devra néanmoins dépister les traumatismes nécessitant une prise en charge chirurgicale, un défaut de reconnaissance de ces lésions en urgence pouvant mener à des séquelles définitives. Ces lésions sont essentiellement les fractures articulaires, les fractures déplacées des cols des phalanges et les troubles de rotation.


Certains cals vicieux peuvent se corriger sous l’effet de la croissance, sous réserve que celle-ci ait un potentiel suffisant et que le cal vicieux soit extra-articulaire et ne comporte pas de trouble de rotation. Les pseudarthroses et les raideurs digitales sont exceptionnelles et sont l’apanage des traumatismes sévères pluritissulaires.



Summary


The hand is the antomical segment most often injured in children. Fractures are the most frequent injuries, with two specific locations:


– in the young child, the fracture is usually a crush injury, such as occurs when a hand gets caught in a door, with an injury to the distal phalanges. Soft tissue associated injuries are the main problem in this location.


– in the older child, the fracture is usually secondary to recreational sports, with an injury to the proximal phalanx of the second and fifth digits.


Dislocations or sprains are less common. A metacarpophalangeal joint dislocation is likely to be irreducible secondary to volar plate entrapment; open reduction is often necessary. Most interphalangeal joint injuries occur at the proximal interphalangeal joint and are secondary to a hyperextension with, as a result, an injury to the volar plate.


Most hand injuries in children are treated nonoperatively with a favourable outcome. The treating physician should however identify those clinical situations that require surgery, as complications are most commonly due to a failure to identify and treat an injury which requires an operative treatment at the acute stage. These injuries include intra-articular fractures, displaced phalangeal neck fractures and malrotated fractures. Malrotation or intraarticular malunion have no remodeling capacity. Nonunion and stiff digits are uncommon, but a significant trauma or high-energy mechanisms with severe soft tissues injuries appear to be a causative factors.



Généralités, épidémiologie


La main de l’enfant est souvent le siège de traumatismes. La découverte du monde qui l’entoure ainsi que l’ignorance de ses dangers explique cette fréquence chez le jeune enfant. Chez l’enfant plus âgé, les traumatismes seront plus fréquents au cours d’activités sportives ou ludiques.


L’incidence annuelle des fractures de la main et du poignet est de 26,4/10 000 [24], avec un pic de fréquence aux alentours de 13 ans. Les fractures de la main représentent 14,7 % des fractures pédiatriques, et arrivent en deuxième position après les fractures du poignet (35,8 %) [24,20]. Elles représentent 1,7 % de toutes les urgences pédiatriques. Néanmoins, les fractures de la main de l’enfant n’arrivent qu’en 8e position parmi les patients hospitalisés [8], ce qui confirme le caractère ambulatoire de la majorité des prises en charge (66 %). Les enfants hospitalisés pour un traumatisme de la main sont majoritairement des garçons (78,4 %), ont en moyenne 12,7 ans et ont une durée de séjour moyenne de 2,3 j [8].


Les traumatismes du carpe et les pertes de substance cutanée ne seront pas traités dans cet exposé.



Particularités du squelette immature


À la naissance, seules les diaphyses des métacarpiens et des phalanges sont ossifiées, les épiphyses étant cartilagineuses. Les centres d’ossification secondaires (ou noyaux d’ossification épiphysaire) apparaissent (figure 1) :




Le tableau 1 résume l’âge d’apparition et de fusion des centres d’ossification secondaire [18].



Le cartilage de croissance peut avoir deux aspects morphologiques :



La croissance en longueur est liée à la formation de tissu osseux du côté métaphysaire de la physe. Le périoste est responsable de la croissance en épaisseur des diaphyses. Il est d’autant plus épais que l’enfant est plus jeune.


Le type de traumatisme touchant la physe varie selon l’âge :



La résistance des tissus mous est généralement supérieure à celle des zones physaires, expliquant la rareté relative des entorses et avulsions tendineuses par rapport aux fractures touchant le cartilage de croissance.


Le remodelage, c’est-à-dire la réorientation progressive de la physe sous l’effet de la croissance, sera rapide et complet [9] si :







Principes généraux des traitements






Fractures des phalanges



Fractures des phalanges proximales (P1) et moyennes (P2)



Fractures-décollements épiphysaires des bases des phalanges


Les fractures de la physe sont en majorité de type Salter II et sont les plus fréquentes. Les doigts souvent atteints sont les 2e et 5e au cours d’un mécanisme d’écartement. Il s’agit en réalité de fractures dites « juxtaépiphysaires » puisqu’il existe une petite « chips » osseuse (figure 5) sur le versant métaphysaire [1,2].



Le traitement, lorsque la fracture n’est pas déplacée, fait appel à une immobilisation pour une durée de 1 mois avec une radiographie de contrôle à j7. Lorsque la fracture est déplacée, la croissance potentielle va permettre de tolérer certains déplacements. Les déplacements tolérés avant 10–12 ans seront [14,17] :



Au-delà de ces déplacements, il existe une indication de réduction. Les fractures de type Salter I et II se réduisent facilement, parfois avec l’aide d’un stylo mis dans l’espace commissural, MCP en flexion pour mettre en tension les ligaments collatéraux [23]. Cette réduction peut être réalisée aux urgences sous antalgiques et sédation consciente par MEOPA.


En cas d’instabilité, d’irréductibilité, de trouble de rotation persistant ou d’ouverture cutanée, le traitement est chirurgical et fait habituellement appel à un brochage percutané ou à un abord dorsal (figures 6a et 6b). Une incarcération du périoste, de la dossière de l’extenseur ou de l’appareil fléchisseur peut expliquer une irréductibilité. Une forme particulière réalise une véritable « énucléation » de l’épiphyse proximale qui ne tient que par ses attaches ligamentaires : il convient, lors de l’abord du foyer, de respecter la vascularisation qui se fait par les ligaments collatéraux.




Fractures articulaires des bases des phalanges


Les fractures articulaires peuvent réaliser un Salter III (figure 7a). Le mécanisme est une avulsion par le ligament collatéral au cours d’un mouvement forcé. Ces fractures touchent le plus souvent l’articulation MCP au niveau de la base de la 1re phalange.



Les ligaments collatéraux des articulations interphalangiennes proximales (IPP) ont une insertion plus distale sur la métaphyse et sur la plaque palmaire de la 2e phalange, rendant plus difficile la possibilité d’un arrachement physaire à ce niveau. Les rares lésions réalisées à ce niveau seront alors de type Salter IV (figure 8a).



Lorsqu’elles sont déplacées, la réduction doit être la plus anatomique possible. En effet, outre la marche d’escalier articulaire, il existe un risque d’épiphysiodèse en cas de réduction imparfaite. Le traitement est donc chirurgical par abord dorsal du foyer de fracture, réduction et stabilisation par ostéosynthèse (broche ou vis selon la taille du fragment) (figures 7b et 8b). Pour la base de P1, la voie d’abord de la MCP est sinusoïdale dans la vallée intermétacarpienne et se prolonge sur le bord postérolatéral de la phalange. La dossière de l’interosseux devra être incisée à la lame de bistouri 15 le long du tendon extenseur commun, et réparée en fin d’intervention par un surjet de PDS 6-0. Pour la base de P2, la voie d’abord de l’IPP doit être dorsale et sinusoïdale, contournant les plis d’extension. L’abord articulaire peut se faire soit par section partielle du ligament rétinaculaire transverse, soit en passant entre bandelette médiane et latérale de l’appareil extenseur.


Une forme rare réalise une séparation enfoncement de la base de P2. Il s’agit le plus souvent d’adolescents, et le traitement rejoint les techniques décrites chez l’adulte, notamment par mobilisation à l’aide d’un fixateur externe en distraction.

Stay updated, free articles. Join our Telegram channel

Jul 3, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on traumatismes ostéoarticulaires de la main de l’enfant (carpe exclu): Bone and joint injuries of the hand in children

Full access? Get Clinical Tree

Get Clinical Tree app for offline access