6 Cone beam et orthopédie dentofaciale
L’orthopédie dentofaciale (ODF) et l’imagerie résultent toutes deux du progrès décisif des sciences fondamentales, anatomie et physique, aux xvme et xixe siècles. Dans son Histoire de l’orthodontie, Julien Philippe nous rappelle qu’il a fallu attendre l’ouvrage de Fauchard Le Chirurgien-dentiste ou traité des dents (1728) pour qu’en quelques pages soient établies les bases de l’orthodontie.
ÉVALUATION RADIOCLINIQUE
Il cherchera par les moyens d’imagerie à déterminer :
Il pourra également permettre de :
Moyens d’imagerie
L’arrivée du cone beam devrait modifier le protocole établi d’imagerie en ODF.
Protocole classique d’imagerie en ODF
Il fait appel à des techniques éprouvées et pour certaines dépassées par les nouvelles possibilités d’imagerie cone beam (acquisition volumique, résolution de l’image mais aussi conformité à l’obligation légale de réduction des doses de rayons X délivrées).
Vers un nouveau protocole d’évaluation par limage en ODF
ANOMALIES DENTAIRES
D’expressions diverses, isolées, associées ou encore intégrées à des syndromes complexes, les anomalies morphologiques dentaires résultent très souvent de désordres congénitaux dont l’explication est à l’évidence embryopathique, soit génétique, soit acquise par l’action d’un facteur exogène, souvent traumatique (figures 6.1 à 6.7).
Éléments dentaires surnuméraires
C’est une circonstance relativement fréquente, siégeant volontiers au maxillaire supérieur.
La plupart des auteurs distinguent :
Figure 6.3 Ergot cingulaire (« talon cusp ») de 21.
1 : Clichés RA ; 2 : CB reconstruction verticale ; 3 : axiale ; 4: 3D de surface.
Figure 6.5 Bifi dité apicale de 11.
1 : CB reconstruction axiale ; 2 : verticale ; 3 : coronale ; 4: 3D en rendu de volume.
L’élément surnuméraire pourra être évolué ou inclus, réalisant souvent un obstacle mécanique à la progression des dents voisines. L’évaluation cone beam précise sa forme, son orientation, sa situation par rapport aux structures anatomiques et dentaires de voisinage ainsi que l’état de ces mêmes structures à son contact.
Odontoïde mésiodens
Improprement mais communément appelé « odontome » mésiodens, unique ou double, caniniforme et de petite taille, il doit son nom à sa situation paramédiane maxillaire. Souvent unique, il est volontiers inclus la couronne dirigée vers le haut (figure 6.8).
Figure 6.8 Mésiodens unique, la couronne dirigée vers le haut.
CB : reconstructions panoramique volumique, coronale, verticales et 3D en rendu de volume.
On rencontre quelquefois des mésiodens doubles (figure 6.9), éventuellement « tête-bêche ». Il peut aussi être visible en bouche entre les incisives centrales ou en situation palatinée, la couronne alors orientée vers le bas.
Odontomes
Ce sont des formations malformatives classées dans les tumeurs odontogéniques à caractère bénin. Les odontomes forment des masses souvent volumineuses incluses dans un maxillaire. Ils seront reconnus chez l’enfant par l’examen d’imagerie motivé par un désordre clinique dentaire à type de rétention ou de déplacement (figure 6.10).
Figure 6.10 Odontome simple (←) : obstacle mécanique à l’évolution de 23.
1 : CB reconstruction panoramique ; 2 : verticale ; 3 : 3D en rendu de volume.
On distingue parmi les odontomes deux catégories particulières.
Odontomes composés
De loin les plus nombreux, ils sont constitués de nombreuses dents rudimentaires, de très petite taille, groupées dans un sac unique. Ces éléments sont organisés comme de « vraies dents » comportant émail, dentine, pulpe, cément (figure 6.11). Le volume de l’odontome composé est très variable. Il fait souvent obstacle à la migration des germes normaux et déplace les dents évoluées s’il est de taille suffisante.
Odontomes complexes
Les tissus dentaires constituent une masse dense hétérogène sans laquelle il est impossible de reconnaître l’image d’une dent, ce qui les différencie des odontomes composés (figure 6.12). Il est souvent difficile radiologiquement, quelle que soit la technique, de le distinguer de l’odontome améloblastique ou du fibrome cémentifiant. L’histologie en fait le diagnostic.
ANOMALIES DE SITUATION
Elles sont largement dominées par les inclusions dentaires et plus particulièrement par celles des canines maxillaires et des troisièmes molaires mandibulaires.
Inclusions dentaires
Il revient à l’imagerie sectionnelle cone beam :
Inclusion des canines maxillaires
Leur rétention peut être liée à :
L’édification de la dent pouvant se faire en inclusion et conduire à l’ankylose (figure 6.16) avec destruction du desmodonte, résorption cémentaire et remplacement par du tissu osseux, il convient d’agir avant le stade de maturation.