Chapitre 9 Main et poignet
FRACTURE DE POUTEAU-COLLES – DÉPLACEMENT
1 Fracture de Pouteau-Colles : C’est une fracture du radius à 2,5 cm du poignet (1), avec une déformation caractéristique si déplacée. C’est la plus fréquente de toutes les fractures. Elle se voit principalement chez les femmes entre deux âges et âgées, et l’ostéoporose est fréquemment un facteur favorisant. Elle résulte habituellement d’une chute sur la main paume ouverte (2), et le fragment radial distal demeure généralement intact. (Voir figure 45 et suiv. pour les cas où l’articulation radiocarpienne est impliquée.)
FRACTURE DE POUTEAU-COLLES – DIAGNOSTIC
7 Déplacements (f) : Dans le plan de face, une petite composante latérale dans la force de l’impact cause un déplacement latéral (radial) du fragment distal (4). Le fragment distal est attaché au processus styloïde ulnaire par le disque articulaire, ce qui conduit généralement à la désinsertion du processus styloïde ulnaire. Noter que, dans l’incidence de face d’un poignet normal, la surface articulaire a une inclinaison de 22°.
8 Déplacements (g) : Parfois, le disque articulaire est déchiré ; dans tous les cas, il y a une atteinte de l’articulation radioulnaire inférieure. Le fragment distal bascule latéralement en inclinaison radiale (5) (réduisant l’inclinaison à moins de 22°) et s’impacte. La sixième caractéristique est une déformation en rotation ou torsion (6 dans la figure 2), pas évidente en incidence de face ou de profil.
FRACTURE DE POUTEAU-COLLES – TRAITEMENT
13 Radiographies (c) : Dans la vue de face du poignet, recherchez toute irrégularité dans l’aspect de la face latérale lisse du radius. À la moindre caractéristique radiographique douteuse suggérant une fracture, retournez voir le patient et vérifiez s’il y a une douleur localisée sur la zone suspecte
19 Technique de réduction (b) : Avant toute manipulation, commencez par préparer une bande de plâtre appropriée pour une attelle postérieure. La longueur doit être égale à la distance entre l’olécrâne et la tête des métacarpiens (1). La largeur chez l’adulte doit être de 15 cm, et l’épaisseur doit être d’environ huit couches. Une languette doit être taillée dans l’attelle (2) pour le premier espace, ainsi qu’une grande courbure radiale pour permettre la flexion du coude (3) et une recoupe pour l’inclinaison ulnaire (4).
25 Technique de reduction (h) : Modifiez la prise pour permettre l’application du plâtre (qui suit le principe de Charnley de trois points de fixation). Noter qu’une main tient le pouce en extension complète (1). L’autre tient trois doigts (pour éviter le creusement de la main) en maintenant une légère traction (2). Le membre doit être en pronation complète (3), le poignet en pleine inclinaison ulnaire (4) et avec une légère flexion palmaire.
FRACTURE DE POUTEAU-COLLES – SUIVI
31 Traitement (suite) : Les radiographies de contrôle doivent être étudiées. Une déformation sévère persistante, en particulier sur la projection de face (illus.), ne doit pas être acceptée et nécessite une remanipulation. Si une difficulté est prévisible, des radiographies peuvent être effectuées avant la levée de l’anesthésie. Si la position est acceptable, il est montré au patient des exercices des doigts et les consignes classiques de soins pour un plâtre lui sont données.
36 Suivi (e) : Les fautes de plâtre : Les erreurs dans la technique de plâtrage ne devraient pas se produire, mais sont néanmoins souvent découvertes à ce stade. Les fautes suivantes sont fréquentes. (1) Le bord distal du plâtre ne suit pas la ligne oblique normale des articulations MCP, et les mouvements de l’auriculaire et parfois de l’annulaire sont restreints. Le plâtre doit être taillé sur la ligne pointillée. (2) Toutes les articulations MCP sont limitées par un plâtre qui a été poursuivi au-delà du pli palmaire. Taillez sur la ligne pointillée. (3) Le pouce est limité par plusieurs tours de bande plâtrée. Encore une fois, le plâtre doit être découpé pour donner la liberté de mouvement. (4) Le plâtre est dégagé au niveau de la peau du premier espace et doit être taillé jusqu’à la ligne pointillée. (5) Le plâtre est trop court. Le maintien de la fracture est très affaibli ; le plâtre doit être étendu à l’olécrâne en arrière, et aussi loin que possible en avant, autorisant toujours la flexion du coude.
40 Necessite d’une reeducation (b) : 2. Évaluer la force de préhension du patient en lui demandant tout d’abord de serrer deux de vos doigts aussi hermétiquement que possible pendant que vous essayez de les retirer. Comparer une main avec l’autre. Répéter l’opération avec un seul doigt. Une faiblesse marquée est une indication pour la kinésithérapie.
AUTRES FRACTURES DU RADIUS DISTAL – MÉTHODES DE FIXATION
45 Fractionnement du fragment radial (a) : Il peut y avoir un léger refend vertical dans le fragment radial, vu sur la vue de face (1). Dans d’autres cas, la fracture peut s’ouvrir horizontalement, et le scaphoïde ou le semi-lunaire peuvent séparer les fragments (2). Chez l’adulte jeune, surtout lorsque les fragments principaux sont séparés et qu’il n’y a pas de comminution importante, la fixation interne est indiquée. (La fracture de Barton [voir figure 75] est similaire, mais avec un contrefort radial postérieur intact.)
FRACTURE DE POUTEAU-COLLES – COMPLICATIONS
51 Les complications (a) : Persistance d’une deformation ou mauvaise union (i) : Le déplacement radial du fragment distal dépend de la proéminence de l’extrémité distale du radius (1). L’inclinaison radiale et l’engrènement au point de fracture conduisent à une proéminence relative de l’extrémité distale de l’ulna (2) et à une bascule de la surface articulaire du poignet, comme le montrent les radiographies de face (3). Ces déformations peuvent être asymptomatiques, et la chirurgie pour des raisons purement esthétiques est rarement indiquée.
55 Complications (c) : Atrophie de Sudeck/syndrome douloureux regional complexe : C’est souvent décelé lors de l’ablation du plâtre. Les doigts sont gonflés et leur flexion est limitée. La main et le poignet sont chauds, sensibles et douloureux. Les radiographies montrent une ostéoporose diffuse (illus.). Traitement. (1) La base du traitement est une kinésithérapie intensive et prolongée avec l’ergothérapie, mais (2) si la douleur est très intense, à nouveau 2 à 3 semaines d’immobilisation du poignet sous plâtre peuvent apporter un soulagement suffisant pour permettre de débuter des mouvements efficaces des doigts. (3) Si les articulations métacarpophalangiennes (MCP) sont enraidies en extension et ne progressent pas, la manipulation sous anesthésie générale suivie par une immobilisation sous plâtre (articulations MCP fléchies, articulations interphalangiennes étendues) pendant 3 semaines peut seulement être efficace dans le déclenchement de la récupération (4). Dans les cas graves, un bloc sympathique peut être tenté par l’infiltration du ganglion stellaire. (Voir chap. 5 pour une discussion plus approfondie.)
56 Complications (d) : Syndrome du canal carpien (compression du nerf median) : Des paresthésies dans le territoire du nerf médian représentent le symptôme principal, mais il faut rechercher un déficit sensitif et moteur. S’il est détecté avant réduction : (i) lésion complète : réduire, plâtrer et réévaluer. En l’abscence d’amélioration, explorer et ouvrir non seulement le toit du canal carpien, mais aussi le fascia antébrachial. (ii) Lésion partielle : réduire et appliquer un plâtre ; si les symptômes moteurs restent, ou si les symptômes persistent pendant une semaine, décompresser.
FRACTURE DE POUTEAU-COLLES – FRACTURES APPARENTÉES
62 Fracture apparentee (b) : Fracture en bois vert deplacee du radius : Dans ce type de lésion, il y a à la fois une déformation clinique et radiologique. La manipulation est nécessaire comme pour une fracture de Pouteau-Colles, et le suivi est similaire. La période d’immobilisation sous plâtre peut être réduite à 3 ou 4 semaines, en fonction de l’âge de l’enfant.
FRACTURE DE GOYRAND-SMITH
68 Fractures apparentees (d) : Glissement de l’epiphyse radiale : Cette lésion est fréquente à l’adolescence, et l’épiphyse radiale distale déplacée est généralement associée à une petite fracture de la métaphyse (lésion de Salter-Harris de type 2). À moins que le déplacement ne soit minime, la manipulation suivie d’une immobilisation sous plâtre (comme pour une fracture de Pouteau-Colles) est indiquée. Une perturbation de la croissance est rare, mais la réduction doit être effectuée sans attendre (il est souvent difficile de réduire après 2 jours).
FRACTURES DU SCAPHOÏDE – DIAGNOSTIC
74 Fracture de Goyrand-Smith (v) : La bande antérieure est garnie (5) et positionnée (6), avant l’achèvement de la partie de l’avant-bras du plâtre (7), qui peut être moulée pendant la pose. Le plâtre est ensuite poursuivi au-dessus du coude. Suivi : fendre si nécessaire ; radiographies à une semaine d’intervalle pendant les 3 premières semaines (traiter tout glissement par une remanipulation ou un moulage) ; changer les plâtres desserrés avec soin. Six semaines d’immobilisation sont habituellement nécessaires, suivies d’une kinésithérapie dès le retrait du plâtre.