Chapitre 6 La place des familles dans l’action éducative

La représentation de la famille, son implication dans l’accompagnement des enfants ou des jeunes présentant des difficultés, est particulièrement précieuse aux éducateurs.

I Les critères d’implication de la famille dans l’accompagnement

Des critères ont été élaborés par l’équipe d’un IME recevant en semi-internat de jeunes adolescents déficients intellectuels et animant une équipe de Sessad¹. Quels sont-ils ?

A L’implication de la famille dans l’accompagnement

• La famille demande régulièrement des rendez-vous et connaît l’ensemble de l’équipe. Elle s’implique aussi auprès des partenaires et participe au conseil d’établissement.

• La famille demande à être associée à toute décision concernant l’enfant (téléphones réguliers institution/famille et famille/institution). La famille accepte une situation de co-éducation.

• La famille ne vient qu’aux visites de parents (sur convocation) et ne connaît qu’un interlocuteur (le directeur).

• La famille ne donne pas son avis et ne se manifeste au téléphone que pour des problèmes fonctionnels et matériels.

• La famille ne se manifeste pas, ou seulement par intérêt personnel (allocations) ; la famille s’ingère de façon massive, à tout moment, sans repère.

B La représentation par la famille des difficultés de l’enfant

• La famille s’interroge et se questionne sans culpabiliser, le dialogue est libre et constructif. Elle peut témoigner à l’enfant de sa représentation du handicap et parler d’un projet de vie (avenir).

• La famille reconnaît plus facilement les difficultés scolaires que les difficultés psycho-affectives liées au handicap.

• La famille pense que toute évolution de l’enfant est impossible (les projets n’ont pas d’intérêt). Elle entend le handicap, mais ça écrase l’enfant.

• La famille a la capacité de voir mais refuse de se représenter ou d’évaluer les difficultés (ne veut pas en entendre parler !). La négociation est cependant possible.

• La famille n’est pas en mesure de se représenter les difficultés de l’enfant. Ne peut pas en entendre parler.

C Le positionnement de la famille par rapport au projet éducatif

• La famille manifeste une attitude active, elle collabore à leur mise en œuvre d’un projet préparant l’avenir de l’enfant.

• La famille reconnaît le projet éducatif comme élément d’émancipation de l’enfant. Système de valeurs reconnues qui amène à une évaluation des difficultés de l’enfant.

• La famille adhère au projet. Elle souhaite des rendez-vous, une fréquentation régulière de l’IME.

• La famille refuse les convocations et ne souhaite pas adhérer au profil éducatif.

• La famille est indifférente au projet qu’elle ne comprend pas.

D L’exploitation des « critères »

Les élèves moniteurs-éducateurs s’informeront au cours de leurs différents stages sur le terrain, de l’appréciation portée par les équipes au sujet de l’implication des familles dans l’accompagnement.

II La co-éducation avec les familles

Soutenir les parents dans l’exercice de leurs responsabilités éducatives est indissociable de la prise en charge du jeune. Un travail délicat, parfois compliqué, qui nécessite toute l’implication et le savoir-faire des professionnels.

A La relation avec les parents en institution

Les lois du 2 janvier 2002 et celle du 5 mars 2007, réformant l’action sociale et médico-sociale, ont mis l’enfant et sa famille au cœur des dispositifs de protection de l’enfance.

Mais comment travailler avec les parents ? Comment dépasser les peurs, les blocages, s’appuyer sur les compétences parentales, faire évoluer les pratiques inappropriées, instaurer un dialogue vrai et respectueux ? Autant de questions que se posent les professionnels. Révolu le temps où les institutions agissaient sans – ou même contre – les parents. Dans chaque établissement, l’efficacité du travail autour de l’enfant dépend en grande partie de la qualité de la relation nouée avec les parents. Comment, en effet, bâtir un projet avec et pour le jeune sans prendre en compte son milieu familial, sachant que le placement, dans la très grande majorité des cas, est ordonné pour un temps donné et que le but est le retour en famille ?

Souvent, le travail avec les familles se met en place de façon informelle, lors des départs ou des retours de week-ends, de la transmission de l’information concernant le jeune (visite médicale, etc.), ou plus formelle, par exemple, lors des réunions autour du Parcours personnalisé. Dans le cadre du soutien à la parentalité, ce travail recouvre d’autres réalités. Il doit inclure aussi bien la prise en compte des besoins de l’enfant au quotidien (la pratique), que l’expérience (le vécu familial) et l’exercice de l’autorité parentale.

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