2: Les handicaps et inadaptations

Chapitre 2 Les handicaps et inadaptations



I L’approche des handicaps



A Les principaux handicaps



1 Les définitions1


« Constitue un handicap, au sens de la présente loi, toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant. »


On peut distinguer six grandes familles de handicap :






















image Le handicap moteur
Il recouvre l’ensemble des troubles pouvant entraîner une atteinte partielle ou totale de la motricité, notamment des membres supérieurs et/ou inférieurs (difficultés pour se déplacer, conserver ou changer une position, prendre et manipuler, effectuer certains gestes).
image Le handicap visuel
Il concerne les personnes aveugles, mais aussi, dans la majorité des cas, les personnes malvoyantes.
image Le handicap auditif
La perte auditive totale est rare, la plupart des déficients auditifs possèdent « des restes auditifs » pour lesquels les prothèses auditives apportent une réelle amplification. Selon les cas, ce handicap s’accompagne ou non d’une difficulté à oraliser.
image Le handicap psychique
Aucune définition exhaustive n’est possible, d’autant que la terminologie psychiatrique (névrose, psychose…) est seulement maîtrisée par les psychiatres.
image La déficience intellectuelle
C’est une difficulté à comprendre et une limitation dans la rapidité des fonctions mentales sur le plan de la compréhension, des connaissances et de la cognition.
image Les maladies invalidantes
Toutes les maladies respiratoires, digestives, parasitaires, infectieuses (diabète, hémophilie, sida, cancer, hyperthyroïdie…). Elles peuvent être momentanées, permanentes ou évolutives.


Auxquelles on peut ajouter :





2 La loi du 11 février 2005


La loi du 11 février 2005 est l’une des principales lois sur les droits des personnes handicapées, depuis la loi de 1975. Les toutes premières lignes de la loi rappellent les droits fondamentaux des personnes handicapées.


Nous allons donner les principaux axes et avancées de cette loi classés par thèmes.







L’emploi


L’obligation d’emploi est toujours de 6 % (sont apportées quelques modifications dans le calcul des bénéficiaires). Elle impose une sanction plus sévère pour les entreprises qui ne respectent pas cette obligation en augmentant le montant de la contribution à l’Agefiph. Elle modifie le Code du travail sur le plan des aménagements d’horaires.


Le classement des travailleurs handicapés dans les catégories A, B et C est supprimé. Les entreprises qui emploient des personnes lourdement handicapées pourront bénéficier d’une aide à l’emploi ou d’une modulation de leur contribution.


Dans la fonction publique, elle crée le Fonds pour l’insertion des personnes handicapées qui a une mission similaire à l’Agefiph. Les employeurs publics ne respectant pas l’obligation d’emploi devront payer une contribution au Fiphfp.


La loi réforme aussi le travail en milieu protégé :




En matière de retraite, dans le secteur privé est créée une majoration de pension pour les travailleurs handicapés bénéficiant d’un abaissement de l’âge de la retraite. Dans la fonction publique, les fonctionnaires handicapés répondant à certains critères peuvent partir en retraite anticipée.






B Le dépistage et la prévention du handicap




2 La prévention


Prévenir le handicap et s’occuper d’enfants atteints d’un handicap sont des tâches difficiles. Les professionnels de l’enfance doivent recevoir une formation spécifique et se recycler régulièrement, afin de mieux répondre aux besoins des familles et des enfants. Différentes lois ont fixé les grands objectifs de l’action de prévention et de dépistage du handicap.




Les moyens







C Les répercussions et l’approche psychologique du handicap


L’enfant atteint d’un handicap ressent très tôt sa « différence » avec les autres enfants ; ce qui entraîne des réactions psychologiques. L’aide et le soutien précoce à l’enfant, ainsi qu’à sa famille, favorisent la prévention des troubles.




2 Les particularités psychologiques


La nature du handicap, le degré de l’atteinte, les potentialités de l’enfant, ses interactions avec son environnement, vont influencer le développement de l’enfant sur le plan psychoaffectif. Toutefois, certaines particularités sont observées.







3 Les réactions de la société face à la « différence »


L’enfant atteint d’un handicap suscite un malaise chez ceux qui le regardent : la société est « gênée » à la vue d’un être diminué, car il renvoie une image qui n’est pas conforme aux critères de valeurs de la société : beauté, adresse physique, rentabilité. Celui qui regarde se sent « menacé » dans son corps (l’accident n’arrive pas qu’aux autres !). La société a une « appréhension » car elle associe souvent le handicap physique à un dérèglement mental ; de ce fait, elle perçoit la personne comme un être « menaçant » pour elle. Mais la société tend à évoluer et à reconnaître la personne atteinte d’un handicap. Or, plus que tout autre, l’enfant atteint d’un handicap a besoin de la reconnaissance et de l’affection d’autrui. C’est à l’école que se créent souvent les premières relations amicales entre les enfants.





D L’intégration de l’enfant atteint d’un handicap


L’intégration consiste à reconnaître la différence pour « vivre ensemble ». Il ne suffit pas de mettre un enfant atteint d’un handicap au milieu d’autres, pour qu’il y ait intégration. Une intégration véritable est un processus d’adaptation réciproque de l’enfant et des professionnels du lieu d’accueil.



1 L’intégration en structure d’accueil


L’intégration d’un enfant atteint d’un handicap en structure d’accueil (type crèche) a fait l’objet d’un rapport qui met en évidence la réussite de l’opération et montre aussi ses limites.





2 L’intégration en école maternelle


Les apports pédagogiques favorisent chez l’enfant atteint d’un handicap certaines acquisitions intellectuelles et lui permettent d’acquérir une personnalité plus affirmée et un meilleur développement. Toutefois, le rythme de la classe est souvent trop rapide pour lui ; l’enfant atteint d’un handicap se sent « dépassé », ce qui peut le mettre en situation d’échec.





E Les techniques d’éveil (handicap sensoriel)


Le professionnel va, en fonction des difficultés de l’enfant, chercher des canaux de communication et des techniques d’éveil adaptés. Citons, à titre d’exemples, les techniques d’éveil auprès d’enfants atteints de handicaps sensoriels.



1 L’adaptation au handicap





2 Les réponses aux besoins de l’enfant


Au cours des activités proposées à l’enfant, le professionnel veillera à répondre à trois besoins particulièrement importants.





Le besoin de relation


L’enfant a besoin de contacts corporels, verbaux, avec l’adulte et avec ses pairs. Il faut toutefois veiller à maintenir une certaine distance par rapport à une relation qui deviendrait trop fusionnelle avec un adulte référent (pas d’investissement personnel mais professionnel).




F L’annonce du handicap à la famille


La situation est très différente selon que le handicap est perçu à la naissance ou plus tard, dans les premiers mois, voire les premières années de vie.



1 L’annonce à la naissance


Le handicap doit toujours être annoncé par un médecin, aux deux parents ensemble et dans des conditions matérielles correctes. Il est recommandé de :




En cas de révélation précoce, il est nécessaire de revoir vite la famille, si possible en présence d’une personne de l’équipe, afin de faciliter le relais du soutien auprès de la famille.


Avant la sortie de maternité :







2 L’annonce d’un handicap d’apparition tardive


Les parents ont eu le temps, même s’ils étaient inquiets, d’investir leur enfant, de voir leur enfant comme il est, avec sa personnalité, ses côtés positifs. Par contre, cette révélation progressive peut entraîner les professionnels à banaliser, à ne pas dire de manière claire les difficultés de l’enfant d’autant plus si l’enfant est déjà pris en charge par des rééducateurs. Il est pourtant nécessaire que les difficultés soient dites aux parents, à un moment précis. On peut par exemple leur dire :




Le professionnel doit toujours, comme les rééducateurs, renvoyer les parents vers le médecin référent dans ces situations.





G Le handicap et la vie sociale


Le terme « intégration » a pour connotation le principe de rendre complet, entier, total, en pratiquant une véritable ingestion… Remarquons que cette racine est identique à celle du mot signifiant honnête, incorruptible, sans faiblesse (intègre). Ce qui explique, peut-être, pourquoi le droit tend de plus en plus à définir la nécessité de trouver sa place et à limiter les mécanismes ségrégatifs. Ainsi, au terme d’intégration, nous préfèrerons celui d’« accueil » ou d’« adaptation ».



1 L’accompagnement de la famille


Comme les autres enfants, l’enfant atteint d’un handicap a besoin de vivre parmi ses parents et ses pairs. Quelles que soient la nature et la gravité de ses incapacités, comme eux, il a besoin de rencontrer l’autre, pour construire son identité, pour apprendre à se séparer de ses proches et se préparer à vivre avec autrui. La « personnalisation » d’un enfant atteint d’un handicap peut donc s’avérer normale pour peu qu’on le considère d’abord comme un être humain à part entière et qu’on l’aime tel qu’il est.



La prévention des risques


Étrange et douloureuse carte de visite qui dit bien qu’à ne plus reconnaître, derrière le handicap, l’humanité de l’enfant, on en perd même son propre statut de parent.





L’intervention au domicile de la famille


L’activité du professionnel se caractérise donc par un travail d’accompagnement, sur le plan pratique et psychologique, de l’enfant et de sa famille, dans leur cadre de vie, l’objectif premier étant de donner à ces femmes et ces hommes, la possibilité de développer leur capacité à être « mères » et à être « pères ».


Bien que ces interventions au domicile se fassent systématiquement avec l’accord des parents, cette présence est la plupart de temps perçue comme « une intrusion » dans leur vie, une surveillance voire un jugement dans leurs actes.


Savoir écouter, expliquer, respecter constitue l’attitude de départ qui mène peu à peu à un climat de compréhension et de confiance mutuelles, dont l’enfant est le premier bénéficiaire.


L’essentiel du travail concerne souvent des détails, par exemple :






Toutes ces informations très concrètes sont autant d’occasions pour la mère et le père de consolider leurs compétences et d’en prendre conscience. Pour le professionnel, il est aussi essentiel de briser les préjugés, de réduire les peurs, leurs appréhensions vis-à-vis de l’image sociale « du parent d’un enfant atteint d’un handicap ».



Rôle du professionnel


Les professionnels du service de PMI, de CAMSP, d’HAD (ou d’exercice libéral), peuvent être amenés à mettre en place un suivi à domicile d’un enfant atteint d’un handicap. La question de l’accompagnement de la mère et du père prend ici une dimension particulière. Il s’agit avant tout de favoriser la découverte de « leur » enfant, avec ses compétences, ses expressions, les besoins spécifiques à tous les enfants du même âge. Ainsi, progressivement, s’installeront leurs capacités à décoder les manifestations de l’enfant, à communiquer avec lui par le regard et la parole, à prendre des initiatives pour satisfaire sa faim, son besoin de sommeil mais aussi à organiser les courtes périodes d’éveil des premiers mois, etc. L’enfant est là, le handicap et les besoins qui en découlent pourront être envisagés jour après jour, au gré des questions des parents.


Quand les parents ont compris l’utilité et le sens des interventions du professionnel, ils se montrent capables de :






Le temps nécessaire aux parents pour parvenir à un niveau de confiance dans leurs capacités à faire face, seuls à leur domicile, est bien sûr très variable.


Apr 14, 2020 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 2: Les handicaps et inadaptations

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