Chapitre 8 Acrosyndromes Vasculaires
Le Phénomène de Raynaud
Historique
En 1932, Allen et Brown [1] rédigent les critères diagnostiques cliniques permettant d’individualiser dans le vaste cadre du phénomène de Raynaud, les phénomènes ischémiques liés à un mécanisme vasomoteur directement et exclusivement en rapport avec une hyperréaction vasomotrice au froid, des artériopathies distales oblitérantes. Ces six critères nécessaires et suffisants sont :
Deux ans plus tard, en 1934, Léo Langeron propose le terme de syndrome de Raynaud pour définir les seuls acrosyndromes admettant une étiologie particulière. Depuis cette date, la terminologie est restée inchangée : le terme de phénomène de Raynaud est le symptôme pour tous les acrosyndromes paroxystiques ischémiques digitaux, spontanément réversibles, favorisés par le froid, quel qu’en soit le mécanisme étiopathogénique. Le terme de maladie de Raynaud s’applique aux seuls acrosyndromes primitifs et le terme de syndrome de Raynaud aux acrosyndromes dont le mécanisme étiologique a pu être individualisé (acrosyndromes secondaires). À partir de 1976, la capillaroscopie s’impose comme un outil diagnostique très performant pour individualiser les formes syndromiques [1-2-3]. Afin d’identifier les formes primitives, un septième critère est donc ajouté à ceux d’Allen et Brown : la normalité de la capillaroscopie périunguéale qui confirme l’absence de microangiopathie organique. Il y a maintenant consensus international de grade A : la capillaroscopie détecte les sclérodermies débutantes mieux et avant la clinique seule, la capillaroscopie est donc indispensable au bilan [5].
Épidémiologie
La prévalence du phénomène de Raynaud est très difficile à établir, très variable selon les séries, selon l’origine ethnique, le climat de la région considérée. La prédominance féminine est constatée dans tous les pays. En France, la prévalence est de l’ordre de 5 % environ : 5,7 % chez la femme et 4,3 % chez l’homme [6].
La proportion de formes primitives par rapport aux formes secondaires est très difficile à évaluer en raison des biais de recrutement des différentes études sur le sujet. Selon l’étude de Framingham, seulement 12,6 % des phénomènes de Raynaud auraient une valeur syndromique [7].
Physiopathologie
L’hypothèse d’une hyperréactivité sympathique locale a longtemps été débattue s’appuyant sur la démonstration que le froid augmentait la réponse des récepteurs alpha2 et non pas celle des récepteurs alpha 1 [9]. Inversement, cette hyperréactivité disparaît au réchauffement. Edward a par ailleurs rapporté une augmentation des récepteurs alpha-2 sur les plaquettes de patients atteints de phénomène de Raynaud [10]. Au-delà d’une simple sensibilisation sympathique locale, il a été plus récemment mis en évidence le rôle prépondérant de l’endothélium dans la régulation de la vasomotricité locale C’est de l’équilibre subtil entre l’action vasoconstrictrice de l’endothéline 1 agissant sur les récepteurs ET1 d’une part et celle vasodilatatrice de l’EDRF, à savoir le monoxyde d’azote, et de la prostacycline que dépend l’état hémodynamique distal de vasoconstriction ou de vasodilatation. Cet état vasomoteur s’opère avant tout sur les shunts artérioveineux, éléments cibles de la régulation hémodynamique et vasomotrice. Les études concernant le taux des récepteurs ET1 au cours des phénomènes de Raynaud primitifs et secondaires sont nombreuses et malheureusement souvent contradictoires. Au cours de la maladie de Raynaud, Zamora observe une augmentation du taux sérique de l’endothéline [11]. D’autres auteurs observent a contrario qu’après stimulation au froid, le taux d’ET1 est plutôt plus faible chez les patients atteints de maladie de raynaud que chez des volontaires sains [12].
Le troisième type de dysrégulation vasomotrice possible est d’ordre humoral. L’angiotensine II et la sérotonine sont deux puissants vasoconstricteurs, à condition, pour la sérotonine, qu’elle agisse sur endothélium lésé exposant son récepteur 5HT2. L’adrénaline et l’histamine ont a contrario une action vasodilatatrice de même que la sérotonine, lorsqu’elle a pour cible un endothélium sain, en favorisant la sécrétion de NO. Le rôle local des plaquettes, notamment en cas d’effraction endothéliale, est à prendre en considération par la sécrétion de thromboxane A2 dont les actions vasoconstrictrice et proagrégante plaquettaire s’opposent point par point à celles de la prostacycline et de la sérotonine. L’enquête familiale des phénomènes de Raynaud prouve bien que l’ensemble de cet équilibre très subtil est sous la dépendance de gènes. Ce phénomène héréditaire semble très hétérogène, vraisemblablement transmis selon un mode autosomique dominant. Les études en cours ont permis de focaliser la recherche sur quelques locus potentiels mais jusqu’à présent la recherche de mutation est restée négative [13]. Le concept d’une dysrégulation vasomotrice est encore étayé par la notion de maladie spastique au sens large, incluant l’angor de Prinzmetal et la migraine [14,15]. Par ailleurs, il a été constaté au cours de tests de stimulation au froid chez des patients atteints de phénomène de Raynaud, des réactivités vasomotrices pulmonaires [16] et rétiniennes [17].
Classiquement, cette phase clinique dite « syncopale » de doigt blanc est suivie, lors de la levée du vasospasme, de deux autres phases évolutives souvent douloureuses, d’abord cyanique puis érythermalgique secondaire.
Dans la mesure où la maladie de Raynaud correspond à une hypersensibilité neurovasculaire au froid, génétiquement déterminée, il faut interroger le patient sur ses antécédents familiaux non seulement de phénomène de Raynaud mais aussi de terrain migraineux personnel ou familial souvent associé. Le début précoce dans les trois premières décades de la vie est habituel, encore que certaines formes à révélation plus tardive sont classiques notamment en cas de modification environnementale et d’exposition au froid. Après deux ans d’évolution, l’acrosyndrome est pratiquement toujours bilatéral. L’analyse topographique digitale est essentielle [18]. Les doigts les plus courts, dotés d’une vascularisation musculaire privilégiée, thénarienne et hypothénarienne, sont le plus souvent protégés. C’est dire que l’acrosyndrome touche en priorité les trois doigts médians des deux mains. Un indice de sévérité peut être constitué par la fréquence quotidienne des phases syncopales et leur extension à l’ensemble des doigts de la main, surtout les quatre derniers, plus rarement le pouce (5 % des cas environ). L’atteinte fréquente du pouce doit être considérée comme un facteur écartant a priori le diagnostic de maladie de Raynaud et doit faire rechercher de façon particulièrement minutieuse l’existence d’une maladie sclérodermique débutante sous-jacente. L’amélioration de l’acrosyndrome l’été et l’absence d’aggravation en dehors de facteurs environnementaux évidents (prises médicamenteuses, changement de mode de vie, exposition professionnelle au froid), achèvent de caractériser au plan sémiologique la sémiologie habituelle de maladie de Raynaud.
La recherche d’un facteur étiologique ou sensibilisant sousjacent doit être systématique, même en présence d’un phénomène de Raynaud a priori banal. Les hypothèses étiologiques à évoquer sont multiples (tableau 8-1) mais de diagnostic plus ou moins facile et plus ou moins fréquentes.
PHYSIOPATHOLOGIE | ÉTIOLOGIE | |
---|---|---|
Maladies de système | Spasme et hypodébit | Sclérodermie Dermatomyosite Lupus Connectivite mixte Gougerot Sjögren |
Artériopathies | Hypodébit | Athérome Traumatismes (maladie du marteau hypothénar Emboliques Artérites Inflammatoire |
Causes toxiques | Spasme et hypodébit | Tabac Buerger Cannabis Médicaments ß-bloquants Cyclosporine Ergot de seigle Interféron α Clonidine Bléomycine |
Causes professionnelles | Maladie des vibrations Maladie du marteau hypothénar Exposition à la silice (sclérodermie) | |
Causes endocriniennes | Rarement révélatrices Hypothyroïdie acromégalie | |
Causes générales | Amaigrissement (anorexie mentale, paranéoplasique) |
Une télangiectasie isolée n’a pas de valeur pathologique, leur multiplicité étant un élément clé du diagnostic. Les télangiectasies peuvent également être recherchées en pleine peau ou au niveau de la muqueuse labiale. Dans les formes plus évoluées, le clinicien aura vite repéré une sclérodactylie, une sclérose cutanée, des plis radiés péribuccaux, une sclérose du frein de la langue voire un aspect totalement lissé du visage. Le délai moyen entre le premier phénomène de Raynaud et le diagnostic évident cliniquement de sclérodermie est de 10 ans, d’où l’importance de la recherche précoce de la microangiopathie (capillaroscopie) et d’une anomalie séroimmunologique (autoanticorps). La découverte d’atteintes viscérales associées viendra conforter le diagnostic de maladie sclérodermique systémique, tel un syndrome sec (test de Shirmer), un reflux gastro-œsophagien (radiomanométrie œsophagienne), une dyspnée révélatrice d’une atteinte interstitielle avec des râles fins « Velcro » [épreuves fonctionnelles respiratoires avec étude de la DLCO (diffusion libre du monoxyde de carbone) et scanner en coupes fines].
L’hypothèse d’une maladie sclérodermique étant écartée, l’examen clinique du patient doit rechercher systématiquement toutes les causes classiques de phénomène de Raynaud. La maladie de Raynaud et les syndromes canalaires (syndrome de la traversée thoracobrachiale dans sa forme neurologique et syndrome du canal carpien), sont des pathologies très fréquentes, expliquant des associations fortuites. Toutefois, en cas de maladie de Raynaud, la coexistence d’un syndrome canalaire peut influencer la symptomatologie. En cas d’anomalies anatomiques (anévrisme sous-clavier avec thrombus), il peut exister une authentique artériopathie digitale de mécanisme embolique expliquant un phénomène de Raynaud sévère.
La liste des médicaments habituellement incriminés est rappelée au niveau du tableau 8-1.
Les autres diagnostics étiologiques rapportés sur le tableau 8-1 sont de moindre importance car beaucoup plus rarement observés et très rarement isolés, le phénomène de Raynaud n’apparaissant pratiquement jamais comme l’élément révélateur prédominant, qu’il s’agisse notamment des artériopathies inflammatoires, maladie de Horton, maladie de Takayasu, ou des étiologies hémorrhéologiques exceptionnelles. En effet, les étiologies hémorrhéologiques entraînent plus souvent une acrocyanose qu’un phénomène de Raynaud. La cryoglobulinémie, étiologie classique, s’accompagne plus souvent par sa composante hémorrhéologique d’une acrocyanose que d’un vrai phénomène de Raynaud et se révèle avant tout par un purpura pétéchial des membres inférieurs, d’une glomérulopathie, ou d’un syndrome polyarthralgique.
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Érythermalgies
À l’inverse du phénomène de Raynaud (acrosyndrome paroxystique fréquent avec vasoconstriction cutanée volontiers déclenchée par le froid humide), à l’inverse de l’acrocyanose (acrosyndrome permanent fréquent avec vasoconstriction et cyanose cutanées homogènes), l’érythermalgie est un acrosyndrome paroxystique rare déclenché par le chaud avec vasodilatation cutanée déclenchée par le chaud. L’érythermalgie est une hypersensibilité au chaud, touchant préférentiellement les pieds, liée à une vasodilatation microcirculatoire des extrémités [1]. Cet acrosyndrome est rare. Les seules études épidémiologiques disponibles au plan mondial évaluent son incidence entre 0,25 et 0,33 pour 100 000 habitants en Norvège en 1998, et entre 1 et 2 pour 100 000 aux États-Unis en 2009 [2]. Le registre national des érythermalgies, proposé par la société française de microcirculation en 2001 n’avait colligé que 34 observations en un an [3]. Le diagnostic d’érythermalgie est clinique. La classification des érythermalgies (EM) est l’objet de controverses : soit classification en trois groupes étiologiques, soit classification en deux groupes, française : EM primitive, ou EM secondaire à un syndrome myéloprolifératif, un lupus systémique ou à la prise de médicaments vasodilatateurs [1]. Le traitement est simple en cas d’EM secondaire, difficile dans les EM primitives.
Présentation clinique (illustration)
Durant l’accès, les extrémités sont rouges, chaudes et très douloureuses. Les pieds sont préférentiellement atteints (près de 90 % des cas, fig. 8-1) [4]. Le diagnostic d’une érythermalgie est clinique, basé sur la notion d’accès paroxystiques de douleurs des extrémités, pendant lesquels celles-ci sont rouges et chaudes, déclenchés par l’exposition au chaud ou l’exercice, et calmés par le froid et le repos. La durée de l’accès est variable, de quelques minutes à plusieurs jours. L’intensité des douleurs est forte. Les douleurs sont décrites en premier lieu comme des brûlures, mais aussi des broiements et des élancements. La présentation clinique la plus stéréotypée est celle de brûlures des pieds survenant au coucher, nécessitant de dormir les pieds découverts, ou de rechercher le contact avec un carrelage froid, ou même d’immerger les pieds dans une bassine remplie d’eau glacée selon l’intensité des douleurs.
Il n’y a pas de test de provocation reconnu. Dans l’étude de Davies, chez 67 patients ayant une EM primitive étudiés en laboratoire, une crise n’a pu être déclenchée que chez 13 patients (19 %) [5]. Chez ces patients les mesures microcirculatoires objectivaient la vasodilatation cutanée des orteils : augmentation de la température cutanée de 7,8 °C, multiplication par 10 du flux cutané mesuré en laser-Doppler. Il s’agit donc bien d’épisodes paroxystiques de douleurs et vasodilatation des extrémités.
Des critères diagnostiques ont été proposés par les écoles françaises [1,6] de façon à retenir ce diagnostic exclusivement dans les formes où la douleur s’accompagne d’une vasodilatation cutanée évidente, c’est-à-dire lorsque les douleurs des extrémités s’accompagnent d’une rougeur et d’une augmentation de la température cutanée. Ces critères diagnostiques (tableau 8-2) permettent d’éliminer toutes les pathologies douloureuses des extrémités dont le mécanisme ne s’accompagne pas de vasodilatation.
CRITÈRES MAJEURS | CRITÈRES MINEURS |
---|---|
Évolution par crises | Déclenchement par la chaleur et/ou l’exercice |
rougeur pendant la crise | Calmées par le froid et/ou le repos |
Douleurs très intenses | Chaleur pendant la crise Sensibilité à l’aspirine |
Une des difficultés vient de l’absence de consensus sur les critères diagnostiques proposés dans la littérature anglosaxonne. Ainsi Davies retient 3 critères diagnostiques : rougeur, chaleur et brûlure des extrémités [4], tandis que Mork en 2000, dont l’expérience en Norvège est reconnue [7], propose de retenir le diagnostic d’EM uniquement si les 5 critères suivants sont présents :
Classification et physiopathologie des érythermalgies
Les écoles françaises distinguent deux types d’érythermalgies : les primitives et les secondaires, dont la présentation clinique n’est pas identique [1,6].
FORMES PRIMITIVES
Ce sont les plus fréquentes (60 % dans le registre).
Elles débutent tôt, sont bilatérales, symétriques, volontiers intenses.
Parmi les formes primitives, les formes familiales ont fait l’objet d’avancées spectaculaires tant sur le plan physiopathologique que thérapeutique. Il était connu qu’il existait des formes familiales autosomiques dominantes, sévères, débutant dans l’enfance. Drenth en 2001 a montré que l’anomalie génétique se situait sur le chromosome 2q 31–32, après avoir examiné 47 sujets, dont 28 malades provenant de 5 familles qui avaient fait l’objet de publications internationales (États- Unis, Canada, Pays-Bas, France) [8]. En 2004, Yang, à partir d’une famille chinoise comprenant 3 générations d’érythermalgie, a confirmé l’anomalie sur le chromosome 2q et a identifié une mutation sur un gène des canaux sodiques, précisément sur le gène SCN9A [9]. Ce gène code pour la sous-unité alpha de canaux sodiques (Na1.7) présente dans les nerfs périphériques, les muscles et le cœur. Cette sous-unité alpha est exprimée dans les ganglions sensitifs sympathiques et dans les neurones des fibres nociceptives. Cette donnée a été ultérieurement retrouvée chez 6 familles sur 8 répertoriées, et l’anomalie est également possible même si les parents ne sont pas atteints (pénétrance variable ou mosaïcisme chez les parents). Ce canal sodique muté ne fonctionne pas normalement. Il est hyperpolarisé lorsqu’il est activé, notamment en réponse à des dépolarisations lentes. La stimulation des canaux sodiques présents dans les neurones nocicepteurs se fait ainsi pour de faibles stimulus [10]. Cette hyperactivation explique les douleurs et les troubles vasomoteurs. L’érythermalgie primitive familiale fait donc partie des canalopathies sodiques et son traitement est basé sur les médicaments agissant sur les canaux sodiques.
Les EM primitives non familiales sont plus fréquentes. Les pistes physiopathologies sont diverses. La plus aboutie, et qui rejoindrait la physiopathologie des formes familiales est celle de l’existence d’une neuropathie des petites fibres. Ainsi chez 32 patients, dont 31 formes primitives étudiées à la Mayo Clinic [11], il a été retrouvé une neuropathie des petites fibres chez 69 % des patients et des troubles de la sudation à type d’hypohidrose, voire d’anhidrose chez 88 % des patients. Ces anomalies dysautonomiques étaient constatées essentiellement au niveau de la peau. Une dysautonomie cardiaque était montrée chez seulement 10 % des patients et une neuropathie des grosses fibres, dépistée par l’électromyogramme standard, seulement chez 22 % des malades. L’hypothèse des auteurs est que l’EM est un mécanisme compensateur pour perdre de la chaleur chez des patients ayant une hypohidrose ou une anhidrose secondaire à une maladie des petites fibres. Les mains et les pieds ayant une activité vasomotrice riche seraient principalement concernés par cette réaction excessive.
Cette hypothèse est confortée par les résultats de biopsies cutanées effectuées chez 29 patients souffrant d’EM primitive, dont 16 ont pu avoir une estimation de la densité des fibres nerveuses cutanées. Chez 13 patients (81 %), une diminution des fibres nerveuses épidermiques était constatée [12]. Ainsi, au moins 80 % des EM primitives seraient liées à une neuropathie des petites fibres.
L’hypothèse vasculaire est défendue par l’école norvégienne. Elle s’appuie sur la constatation clinique parfois observée d’une association chez ces malades à une hypersensibilité au froid, soit extrémités froides, soit phénomène de Raynaud. Dans une enquête réalisée auprès des membres de l’association des érythromélalgies, cette association était retrouvée chez 18 patients sur 41 (43 %) [13]. Mork et coll [14] ont montré que chez des patients en crise, le flux microcirculatoire plantaire (zone riche en anastomoses artérioveineuses) était significativement plus important que chez des patients non en crises et des contrôles, lors d’une épreuve de chauffage de l’ensemble du corps. Cette augmentation excessive du flux microcirculatoire n’était pas constatée sur le dos du pied, zone pauvre en anastomoses artérioveineuses. L’EM serait liée à une maldistribution du sang microcirculatoire cutané avec perfusion excessive des shunts artérioveineux, expliquant la chaleur et la rougeur, et hypoxie relative des capillaires nutritifs expliquant les douleurs [14]. L’origine de cette maldistribution est inconnue : soit un mécanisme neurologique, qui pourrait rejoindre l’hypothèse neurologique, soit une anomalie locale, par exemple un vasospasme en aval des shunts responsable d’une ouverture excessive des shunts, ce qui expliquerait les formes associées à une hypersensibilité au froid [14]. Il est probable qu’il y ait plusieurs types d’EM et plusieurs mécanismes physiopathologiques possibles, ce qui explique les difficultés thérapeutiques.
FORMES SECONDAIRES
Les syndromes myéloprolifératifs, polyglobulie ou surtout thrombocytémie essentielle sont l’étiologie la plus fréquente. L’érythermalgie serait particulièrement fréquente dans ces pathologies, lorsqu’elle est systématiquement recherchée (60 % pour Michiels) [15]. L’intensité est moindre que dans les formes primitives (ce qui explique qu’il faille les rechercher par l’interrogatoire), elles peuvent être unilatérales. Elles s’accompagnent volontiers d’autres signes microcirculatoires secondaires au syndrome myéloprolifératif : orteil bleu, livedo du bord externe du pied. Les chiffres de plaquettes ne sont pas forcément très élevés et Michiels conseille de poursuivre les investigations à partir de 350 000 plaquettes/mm3[15]. La physiopathologie fait intervenir des prostaglandines vasodilatatrices libérées par les plaquettes anormales ou une diminution du flux dans les capillaires nutritifs créée par l’hyperviscosité sanguine, ce qui ouvrirait les shunts artérioveineux [14].
L’EM peut précéder le syndrome myéloprolifératif : 1,3 % de syndromes myéloprolifératifs apparus dans le suivi des 168 patients de la Mayo Clinic [4], ce qui justifie une surveillance hématologique de ces patients.
La prise d’un médicament vasodilatateur peut déclencher une EM. Les observations rapportées concernent essentiellement les inhibiteurs calciques et parmi ceux-ci les dihydropyridines (nifédipine et nicardipine) et le vérapamil, ainsi que la bromocriptine (Parlodel). Les inhibiteurs calciques (félodipine et nifédipine) concernaient 2 patients sur 37 EM secondaires de la série de Kalgaard [16]. Enfin, deux observations d’EM survenant rapidement après l’introduction d’un inhibiteur de la recapture de la sérotonine (fluoxétine et sertraline) et disparaissant immédiatement après son arrêt, ont été publiées [17].
Le lupus systémique a été rapporté par Alarcon et par Levesque [6] et chez 2 patients sur 37 EM secondaires dans la série de Kalgaard [16]. L’érythermalgie accompagnait la survenue du lupus systémique. La physiopathologie en est obscure.
DIFFICULTÉS DE CLASSIFICATION
Pour Michiels, il existe trois types d’érythermalgie [15] : les formes primitives, familiales ou non, dénommées érythermalgies primitives, les formes secondaires à un syndrome myéloprolifératif qu’il dénomme érythromélalgies, et les formes secondaire à d’autres pathologies dénommées érythermalgies secondaires. Il classe dans ce dernier groupe des pathologies à l’origine de brûlures des extrémités dans lesquelles il n’existe manifestement pas de vasodilatation, telles l’artériopathie, le diabète, la polyarthrite rhumatoïde. Nous considérons quant à nous qu’il s’agit de diagnostics différentiels.
Enfin des formes aiguës d’EM ont été proposées, notamment après infection virale.
DIAGNOSTICS DIFFÉRENTIELS [18]
PRONOSTIC
Dans les formes primitives, il est difficile à apprécier. La plus grande série qui s’est intéressée au sujet est celle de la Mayo Clinic, comportant 168 patients [4]. Cette série est probablement biaisée, les patients consultant à la Mayo Clinic étant certainement plus graves, et l’enquête est rétrospective. Néanmoins, elle nous apprend que la survie est diminuée par rapport à une population du même âge, avec 26 % de décès au bout de 6 ans en moyenne après le diagnostic, dont 3 suicides liés à l’EM. 31 % des patients s’aggravaient, 26 % étaient stables, 31 % s’amélioraient et 10 % guérissaient. L’acrosyn- drome influait sur la qualité de vie avec une limitation à la marche prolongée chez 50 % des patients, à la station debout prolongée chez 49 % des patients, à la conduite automobile chez 12 % des patients et une cessation de l’activité professionnelle liée à l’EM chez 12,5 % des patients [4].
BILAN ÉTIOLOGIQUE
TRAITEMENT DES ÉRYTHERMALGIES SECONDAIRES
C’est le traitement de la cause qui fait disparaître l’érythermalgie [1]. Dans les syndromes myéloprolifératifs où un délai est habituel entre le début du traitement et le contrôle de la maladie, les antiagrégants plaquettaires à petites doses ont un effet spectaculaire sur l’acrosyndrome : aspirine entre 100 et 300 mg par jour.
TRAITEMENT DES ÉRYTHERMALGIES PRIMITIVES
Dans les formes primitives familiales (canalopathies sodiques)
Il convient d’agir sur les canaux sodiques.
Les inhibiteurs des canaux sodiques comme la lidocaïne par voie parentérale ou en patch, la mexilétine par voie orale, sont souvent efficaces, et cette efficacité avait été rapportée avant l’élucidation du mécanisme physiopathologique [19]. Mais l’efficacité n’est pas obligatoire (seulement 55 % des patients selon Mark et Davies 2005) [20] et ceci s’expliquerait par la multiplicité des mutations possibles, sur des endroits différents du canal sodique 1.7 [21]. Ainsi il a été rapporté une mutation rendant le canal insensible à la lidocaïne [22].
La carbamazépine est inconstamment efficace [13] et pourtant, très récemment a été publiée une observation très élégante, d’une nouvelle mutation où sur lignée cellulaire mutée pour le canal Na1.7, la carbamazépine normalisait le fonctionnement du canal, avec un contrôle rapide de l’EM chez tous les membres de la famille atteinte obtenu par la prescription de ce médicament [23].
Dans les EM primitives non familiales
La diversité des hypothèses physiopathologiques rend compte de la diversité des options thérapeutiques, qui correspondent également à la diversité des réponses thérapeutiques rapportées dans la littérature.
Médicaments freinant la vasodilatation
L’aspirine, en bloquant la cyclo-oxygénase, bloque la voie des prostaglandines vasodilatatrices. À doses variables, son efficacité est variable : 30 à 50 % dans une série française [1], moins de 10 % dans une série américaine [13].
Les bêtabloquants, vasoconstricteurs, s’opposent à la vasodilatation. Le propranolol, à la dose de 120 mg par jour a été rapporté comme efficace [24]. Il n’a pas été testé dans la série américaine.
La cyproheptadine (Périactine) est un antihistaminique et un antisérotoninergique. Utilisé à la dose de 12 mg par jour, il a été rapporté comme très efficace chez deux patientes résistantes à l’aspirine [25]. C’était également le cas du Pizotifène (Sanmigran), antisérotoninergique utilisé classiquement dans les migraines, efficace chez deux patients d’une même famille souffrant d’érythermalgie primitive [26].
Médicaments limitant la vasoconstriction
S’il existe chez certains patients une tendance vasoconstrictrice suivie d’une hyperhémie non adaptée, il est logique, même si cela semble paradoxal, de traiter ces patients par des vasodilatateurs. Ainsi, des améliorations spectaculaires ont été rapportées avec le nitroprussiate de sodium [27]. Dans la série américaine de Cohen, 6 patients sur 8 ayant essayé le diltiazem avaient été améliorés et dans le registre national, une patiente ayant une association phénomène de Raynaud et érythermalgie a été contrôlée par la prise de nifédipine. 15 % de la série de Davies étaient contrôlés par des vasodilatateurs [4].
Enfin, la seule étude randomisée, réalisée en aveugle en cross over sur 6 semaines a porté sur le misoprostol, prostaglandine habituellement utilisée dans la prévention des effets gastrotoxiques des anti-inflammatoires non stéroïdiens [28] Les auteurs ont rapporté une amélioration chez 17 patients sur 22 traités par le misoprostol, versus 5 sur 22 traités par placebo, à la dose de 400 mg x 2 par jour.
Traitements agissant sur la douleur
Ainsi la mexilétine a été décrite comme efficace chez un enfant souffrant d’EM primitive non familiale [29], après échec de tous les traitements habituellement proposés ainsi que la lidocaïne en patch chez une adolescente, en échec thérapeutique (y compris la mexilétine) [30].
Les anticonvulsivants utilisés comme des antalgiques sont certainement intéressants : la gabapentine à la dose de 100 à 300 mg, 3 fois par jour, s’est avérée efficace chez deux patients, dont pour l’une on peut discuter de l’authenticité de l’érythermalgie (contexte de sclérose en plaques) [31]. Dans l’expérience américaine, ce médicament a amélioré tous les patients qui l’ont essayé, sans toutefois faire disparaître l’acrosyndrome [13]. La gabapentine a le mérite d’être bien tolérée, si ce n’est une somnolence le plus souvent transitoire, en début de traitement. Le clonazépam (Rivotril) a été également utilisé avec succès chez une patiente souffrant d’une érythermalgie associée à un lupus systémique et résistante au traitement du lupus [32] et l’oxcarbazépine chez un enfant en échec de traitement [33].
Enfin, signalons l’efficacité d’un gel contenant 1 % d’amitriptyline (inhibiteur de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline, agissant sur les canaux sodiques) et 0,5 % de kétamine (inhibiteur des récepteurs au N-méthyl-D-aspartate) [34].
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