Cas 72 Lésions du rachis cervical et thoracique entraînant des perturbations biomécaniques et de la douleur

OBJECTIF

On ne doit pas systématiquement dire aux patients présentant une blessure du rachis que leurs symptômes vont disparaître dans les 6 semaines suivant le traumatisme.

PATIENT(E)

Une femme au foyer de 35 ans, mince, fumant approximativement 25 cigarettes par jour et buvant de l’alcool très rarement.

ANTÉCÉDENTS

Il y a 4 ans, elle est tombée de la deuxième marche d’une échelle sur « le plat du dos » et a heurté l’arrière de sa tête sur le tapis, ce qui lui a fait perdre connaissance. Elle se souvient avoir eu de fortes douleurs sous-occipitales et occipitales, et s’être sentie étourdie. Le lendemain matin, elle s’est réveillée avec de violentes douleurs cervicales, des céphalées intenses généralisées qui ont duré 2 jours, et des paresthésies de son avant-bras droit. Elle a demandé un avis médical au décours duquel un antalgique a été prescrit.

DOLÉANCES ET SIGNES FONCTIONNELS (fig. 72.1)

1. Une douleur cervicale constante bilatérale irradiant dans la région occipitale provoquant des céphalées intenses. Il y a quelques irradiations bilatérales dans la mâchoire. La cervicalgie irradie dans les régions cervicoscapulaires, en particulier à gauche. Elle ressent parfois des « engourdissements, une froideur, des sensations de fourmillements dans l’avant-bras droit, et des picotements dans tous les doigts ». L’intensité de ses symptômes dépend de son activité et elle connaît « des hauts et des bas » dans sa symptomatologie. La toux augmente la douleur cervicale et cervicoscapulaire bilatérale.

2. Une douleur du rachis médiothoracique qui irradie vers les deux scapulas ; elle est liée à son activité, et une activité accrue augmente cette douleur.

Figure 72.1

ÉTIOLOGIE

Une chute d’une échelle il y a 4 ans.

EXAMEN CLINIQUE

En position debout, il existait une petite obliquité du bassin mais pas de scoliose importante. La percussion de la colonne vertébrale provoquait une douleur aux niveaux T2 et T7. La palpation des muscles paraspinaux provoquait une douleur bilatérale aux niveaux C2–C3, C5–C6 et T7. Les réflexes ostéotendineux des membres inférieurs et supérieurs étaient normaux. Les réflexes cutanés plantaires étaient normaux. La sensibilité à la piqûre sur les membres supérieurs, inférieurs, le dos et le torse était normale, en dehors de la région cervicoscapulaire gauche, correspondant au dermatome C5. La sensibilité vibratoire aux coudes et aux chevilles était normale. Le test d’étirement du plexus brachial ne provoquait pas de douleur. La manœuvre de Valsalva provoquait une augmentation de la douleur à peu près au niveau de T7, avec une irradiation sur les côtés droit et gauche. La pression artérielle était de 130/84 mmHg au bras droit (en position assise). La force musculaire des membres supérieurs et inférieurs était normale.

La circonférence de l’avant-bras, 10 cm au-dessous du coude, était de 25 cm à gauche et de 25,5 cm à droite, ce qui était dans les limites de la normale.

Les amplitudes de mobilité active du rachis cervical ont été mesurées grâce à un instrument CROM (voir tableau 72.1).

Tableau 72.1 Amplitudes de mobilité active du rachis cervical

La compression et la traction du rachis cervical ne provoquaient pas de douleur cervicale. La compression des épaules ne provoquait pas de douleur vertébrale.

Les amplitudes de mobilité active du rachis thoracique étaient complètes et indolores, en dehors de la rotation gauche qui était diminuée d’environ 10 % en raison d’une douleur sur le côté gauche du rachis médiothoracique. La compression de la cage thoracique ne provoquait pas de douleur articulaire.

En position couchée, la flexion du rachis cervical provoquait une douleur à peu près aux niveaux C4 et C7.

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