72: Contraception et stérilisation

Chapitre 72 Contraception et stérilisation



Contraception



L’Organisation mondiale de la santé définit la contraception comme « l’utilisation d’agents, de dispositifs, de méthodes ou de procédures pour diminuer la probabilité de conception ou l’éviter ».


En dehors des contraceptions hormonales, les techniques sont nombreuses et pour certaines très anciennes (tableau 72.1).


Tableau 72.1 Techniques non hormonales de contraception.





















Époques et les méthodes contraceptives utilisées Théories sur lesquelles ces méthodes sont reposées
MOYEN-ÂGE :




→ Avant la découverte des spermatozoïdes au XVIIe siècle,on croyait que la totalité de l’éjaculat était nécessairepour concevoir.
ANTIQUITÉ :
Se laver les cuisses et le pubis à l’eau froide ou éponger le vagin, ce qui aboutit, au XVIIIe siècle,à la généralisation des bidets
→ Détruire et éliminer les spermatozoïdes par une bonne hygiène intime.
MÉTHODES NATURELLES :
Méthodes d’auto observation telles :


→ Ces méthodes permettent de repérer les périodes d’ovulation au cours du cycle et, ainsi, de s’abstenir durant les jours les plus à risque de fécondation.
MÉTHODES BARRIÈRES :
→ Rendre l’utérus impropre au maintien d’une grossesse. Au Moyen-Âge, celui-ci n’existait pas encore, mais de nombreux objets ont été placés dans la matrice à cet effet. Sa conception actuelle date de la fin du XIXe siècle.


→ Éviter la remontée des spermatozoïdes dans la cavité utérine.

Selon les recommandations de la Haute autorité de santé [1], les méthodes naturelles « devraient être réservées à des femmes connaissant bien leur cycle, maîtrisant bien l’utilisation de la méthode et acceptant ou pouvant médicalement s’exposer à un risque de grossesse ».


La contraception hormonale apparaît avec la découverte des hormones. Ainsi, dès 1930, un chimisteaméricain, Russel Marker, parvient à extraire 2 kg de progestérone d’une plante naturelle connue pour ses vertus apaisantes, l’igname sauvage. Quelques années plus tard, en 1956, Gregory Pincus et John Rock prouvent l’effet inhibiteur de la progestérone sur l’ovulation. La Food and Drud Administration autorise la commercialisation de la pilule aux États-Unis le 9 mai 1960. Il faudra attendre la loi Neuwirth, en 1967, pour que la pilule puisse être commercialisée en France, où elle sera remboursée en 1974. Si les premières pilules étaient fortement dosées en hormone, la contraception hormonale a évolué tant sur le dosage que sur la composition et la forme : pilule œstroprogestative ou progestative seule, patch contraceptif, implant contraceptif, anneau vaginal.




Les différentes étapes législatives et socioculturelles du XXe siècle


Elles sont recensées dans le tableau 72.3.


Tableau 72.3 Évolution de la législation depuis le XXe siècle.
















































Dates Objet de la loi
Loi du 31 juillet 1920 Interdiction de la vente et de la publicité en faveur des produits anticonceptionnels et condamnation de l’avortement. À ce jour, cette loi n’a pas été abrogée.
1930 Le pape Pie XI condamne l’usage des contraceptifs même dans le cadre du mariage.
Loi du 28 décembre 1967 La « Loi Neuwirth » encadre la fabrication, l’importation, la prescription et la vente des « produits, médicaments et objets » contraceptifs. Elle prévoit la possibilité d’ouvrir des établissements d’information, de consultation ou de conseil familial ainsi que des centres de planification familiale ou d’éducation familiale. Les décrets d’application ne seront publiés qu’en 1972.
1968 Déclaration des droits de l’homme des Nations unies : « Les couples ont le droit fondamental de décider librement et en toute responsabilité du nombre d’enfants qu’ils veulent avoir et du moment de leur naissance ».
25 juillet 1968 Le pape Paul VI condamne la contraception, sous toute forme autre que « naturelle ».
1973 Création du Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC), qui réunit des militants du planning familial, du Mouvement de libération des femmes (MLF), et du Groupe information santé (GIS).
11 juillet 1973 Loi portant création du Conseil supérieur de l’information sexuelle, de la régulation des naissances et de l’éducation familiale (loi n° 73-639).
4 décembre 1974 Loi portant diverses dispositions relatives à la régulation des naissances, qui libéralise la contraception et élargit le dispositif de la loi Neuwirth : remboursement de la contraception par la sécurité sociale et suppression de l’autorisation parentale pour les mineures (loi n° 74-1026).
Loi du 18 janvier 1991 Loi portant dispositions relatives à la santé publique et aux assurances, permettant notamment la publicité pour les préservatifs et la contraception.
6 janvier 2000 Protocole national des soins et urgences dans les écoles (publié au Journal officiel hors série n° 1) comprenant une fiche infirmière autorisant cette profession à délivrer la contraception d’urgence (Norlevo).
30 juin 2000 Arrêt du Conseil d’État annulant la circulaire autorisant les infirmières scolaires à délivrer le Norlevo (« pilule du lendemain ») aux mineures.
4 octobre 2000 Présentation en Conseil des ministres par Martine Aubry du projet de loi sur la contraception et l’interruption volontaire de la grossesse, réformant les lois Neuwirth sur la contraception (1967) et Veil sur l’IVG (1975), allongeant le délai legal de 10 à 12 semaines de grossesse et assouplissant les conditions d’accès aux contraceptifs et à l’IVG pour les mineures.
13 décembre 2000 Promulgation de la loi relative à la contraception d’urgence (loi n° 2000-1209)
Loi du 4 juillet 2001 Promulgation de la loi n° 2001-588 relative à l’interruption volontaire de la grossesse et à la contraception. Cette loi dépénalise l’avortement, légalise la sterilisation contraceptive et modifie les lois sur l’IVG et la contraception.


Législation applicable depuis 2006


La 1oi n° 2001-588 du 4 juillet 2001 reprend les termes de la loi n° 2000-1209 du 13 décembre 2000 relative à la contraception d’urgence, et la complète.


Article L. 5134-1 : « I. La délivrance aux mineures des médicaments ayant pour but la contraception d’urgence et qui ne sont pas soumis à prescription médicale obligatoire s’effectue à titre gratuit dans les pharmacies selon les conditions définies par décret. Dans les établissements d’enseignement du second degré, si un médecin ou un centre de planification ou d’éducation familiale n’est pas immédiatement accessible, les infirmières peuvent, à titre exceptionnel et en application d’un protocole national déterminé par décret, dans les cas d’urgence et de détresse caractérisés, administrer aux élèves mineures et majeures une contraception d’urgence. Elles s’assurent de l’accompagnement psychologique de l’élève et veillent à la mise en œuvre d’un suivi médical. »


« II. Les contraceptifs intra-utérins ainsi que les diaphragmes et les capes ne peuvent être délivrés que sur prescription médicale et uniquement en pharmacie ou dans les centres de planification ou d’éducation familiale mentionnés à l’article L. 2311-4. Les sages-femmes sont habilitées à prescrire les diaphragmes, les capes, ainsi que les contraceptifs locaux. La première pose du diaphragme ou de la cape doit être faite par un médecin ou une sage-femme. »


« L’insertion des contraceptifs intra-utérins ne peut être pratiquée que par un médecin. Elle est faite soit au lieu d’exercice du médecin, soit dans un établissement de santé ou dans un centre de soins agrée. »

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Sep 24, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 72: Contraception et stérilisation

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