Chapitre 7 Choix d’une technique de laboratoire à la recherche d’une aneuploïdie
L’obstétricien dispose de différentes techniques de prélèvement : amniocentèse, choriocentèse, ou prélèvement de sang fœtal. Le généticien dispose également de différents outils qui vont de la cytogénétique classique à la cytogénétique moléculaire en passant par des techniques de génétique moléculaire. C’est de leur concertation, s’appuyant sur une bonne connaissance du contexte clinique, voire échographique, que résulte la meilleure option diagnostique. Celle-ci prend principalement en compte d’une part les risques du prélèvement, et d’autre part la rapidité d’obtention du caryotype, la qualité de l’examen chromosomique ainsi que les possibilités du plateau technique moléculaire à disposition.
Caryotype fœtal
Cytogénétique classique ou conventionnelle
Le caryotype consiste à établir la carte chromosomique d’un individu afin d’explorer le nombre et la structure de ses chromosomes. La formule chromosomique normale d’un homme est 46,XY et celle d’une femme est 46,XX.
Pour être visualisés, les chromosomes doivent être étudiés dans un état de condensation important de la chromatine, plus précisément au stade métaphasique de la mitose cellulaire. Il est donc nécessaire que les cellules étudiées puissent entrer en division, ce qui est plus ou moins aisé à obtenir en fonction du type cellulaire utilisé [1].
Principe des techniques
Obtention de cellules en division
Selon le tissu étudié, il existe trois manières d’obtenir des cellules en division :
Obtention de métaphases analysables
Les chromosomes sont visibles pendant la métaphase de la mitose. On utilise un poison du fuseau mitotique, la colchicine, qui permet de bloquer toutes les cellules entrées dans le cycle cellulaire au stade métaphasique. Un choc hypotonique permet ensuite de faire gonfler les cellules et de disperser les chromosomes au sein de cette cellule [2]. Les mitoses sont ensuite fixées et, s’il s’agit d’une culture en suspension (comme la culture de lymphocytes sanguins), elles sont étalées sur lames.
Marquage des chromosomes
Banding
Pour identifier les chromosomes obtenus par cette technique, on utilise un système de marquage ou chromosome banding. Il existe deux systèmes de bandes, les bandes G et les bandes R, qui colorent chacune 50 % de l’euchromatine. Ces deux marquages sont réalisés soit systématiquement, soit pour le diagnostic prénatal, on peut n’utiliser qu’un seul banding. Les bandes G, riches en adénine et thymidine, sont obtenues après dénaturation enzymatique par la trypsine et coloration par le Giemsa. Les bandes R correspondent aux régions du génome riches en cytosine et guanine et sont obtenues après dénaturation thermique et coloration par le Giemsa. Les bandes R ont été appelées ainsi pour reverse banding, c’est-à-dire qu’une bande qui est noire en bandes G est blanche en bandes R, et vice versa. Le banding permet donc d’obtenir une alternance de bandes sombres et de bandes claires dont la séquence est spécifique de chaque paire chromosomique et constante chez l’homme. Le banding d’une paire chromosomique correspond à un véritable code-barres permettant d’identifier cette paire chromosomique.
Résolution
Si l’on compte le nombre de bandes obtenues lors d’une technique cytogénétique, en partant du chromosome 1 jusqu’au chromosome 22 et en comptant les chromosomes X et Y, on obtient un certain nombre de bandes par génome haploïde : cela définit la résolution. Un examen cytogénétique standard permet d’obtenir environ 400 bandes par lot haploïde. Cette résolution peut être améliorée en utilisant des artifices techniques et l’on peut obtenir une haute résolution, c’est-à-dire environ 550 ou 800 bandes par génome haploïde (fig. 7.1).
Le compte rendu d’un résultat de caryotype fœtal doit préciser :
Choix d’une méthode
Amniocentèse
La culture de liquide amniotique a pour avantage une interprétation plus facile des résultats devant une mosaïque ou une pseudo-mosaïque grâce aux techniques de culture in situ et la présence de clones. Elle révèle des mosaïques rares (0,3 %) souvent indétectables sur sang fœtal et, enfin, la résolution obtenue est satisfaisante.
En revanche, le délai d’obtention du caryotype est au minimum de 8 à 10 jours.
Cytogénétique moléculaire ou techniques d’hybridation in situ
Principe
L’hybridation in situ (HIS, ou FISH en anglais) consiste à hybrider des sondes sur des préparations cytologiques, « in situ », en l’occurrence sur des préparations de chromosomes métaphasiques [3]. L’intérêt de cette méthode d’hybridation est qu’elle repose sur l’utilisation de sondes froides, non radioactives ; de plus, elle permet de respecter la morphologie des préparations étudiées.