OBJECTIF

Il est bien connu qu’il existe de nombreuses causes de céphalées. Toutes doivent être prises en compte dans le diagnostic différentiel.

PATIENT(E)

Une femme au foyer mariée de 48 ans, mince, ne fumant pas et ne buvant pas d’alcool.

ANTÉCÉDENTS

La patiente avait eu une neurectomie de C2 gauche environ 18 ans auparavant pour des céphalées gauches, sans aucun soulagement, mais à l’origine de paresthésies de toute la région occipitale gauche. La pièce de neurectomie se présentait comme « un segment de tissu macroscopiquement pâle mesurant 50 cm de long avec des coupes microscopiques qui confirmaient la présence de troncs nerveux sans signe de malignité ». Les injections de morphiniques et la prophylaxie de la migraine n’avaient pas soulagé ses céphalées gauches. Elle avait eu une appendicectomie et une cholécystectomie quelques années auparavant.

DOLÉANCES ET SIGNES FONCTIONNELS (fig. 61.1)

Douleurs cervicales chroniques du côté gauche et céphalées survenues ces derniers mois, ayant commencé il y a 18 mois et d’étiologie inconnue. Bien qu’elle ait une histoire de céphalées depuis le début de son adolescence, avec de multiples investigations et traitements au fil des années, les céphalées et les douleurs latérales gauches du cou sont « différentes ». Ces céphalées semblent être des céphalées graves de type vasculaire/de tension en raison d’une douleur cervicogène du côté gauche.

Figure 61.1

Elle ressent des sensations de « chaud » sur le côté gauche du cou ; elles sont suivies d’une douleur irradiant approximativement du côté gauche de la vertèbre C5 jusqu’à la partie supérieure du cou puis derrière l’œil gauche, à l’origine de céphalées sévères. Elle pense que ces symptômes cervicaux sont aggravés par les divers mouvements de son cou qui lui occasionnent des sensations de « chaud » au niveau du côté gauche du rachis approximativement en C5.

Elle a pris des médicaments antalgiques, anti-inflammatoires et un antidépresseur pour son syndrome de douleurs cervicales chroniques, et a récemment arrêté tout médicament car elle trouvait que cela ne l’aidait pas, à l’exception des injections périodiques de morphiniques dans la région sous-occipitale. Elle a aussi essayé les injections de corticoïdes et d’anesthésie locale dans les muscles paravertébraux qui ont procuré un soulagement transitoire. La manipulation rachidienne ne l’a pas aidée.

ÉTIOLOGIE

Inconnue. Des médecins précédents l’ont apparemment soupçonnée d’être « psychosomatique ».

EXAMEN CLINIQUE

Les réflexes ostéotendineux des membres supérieurs et inférieurs étaient normaux, comme la sensibilité au test à la piqûre et la sensibilité vibratoire. La force aux membres supérieurs et inférieurs était normale, en dehors d’une légère diminution (4/5) en flexion (C5–C6) et en extension (C7) des coudes. Les mouvements du rachis cervical étaient limités par la douleur dans tous les plans, en particulier en extension. La patiente était normotendue.

IMAGERIE

Un scanner crânien et une angiographie avaient été réalisés et n’avaient pas mis en évidence d’anévrisme ou d’autre pathologie intracrânienne. Le compte-rendu de ses radiographies était le suivant : « une légère perte de l’espace du disque au niveau C6–C7. Sans autre lésion osseuse ou articulaire vue » (fig. 61.2). Cependant, le nouvel examen des radiographies a montré un grand ostéophyte se projetant de l’articulation uncovertébrale inférieure de C5 vers l’artère vertébrale gauche (fig. 61.2A). Il y avait aussi des ostéophytes au niveau des articulations uncovertébrales C6–C7 des deux côtés (fig. 61.2C et D).

Figure 61.2 (A) Radiographie de face du rachis cervical montrant le clip (flèche noire) dans la région sous-occipitale gauche à l’endroit où la neurectomie C2 a été réalisée et où le nerf C2 a été coupé et divisé. C5 = 5^e vertèbre. La flèche blanche courbe montre l’ostéophyte partant de l’articulation uncovertébrale gauche vers l’artère vertébrale dans le foramen transversaire. R = côté droit de la patiente. (B) Radiographie de profil du rachis cervical montrant l’amincissement du disque au niveau C5–C6 et en particulier au niveau C6–C7. Noter le clip de neurectomie (flèche blanche). 3 = 3^e corps vertébral ; 6 = 6^e corps vertébral. (C, D) Radiographies obliques droite et gauche du rachis cervical. Les flèches blanches montrent la formation ostéophytique des articulations uncovertébrales C5–C6 et C6–C7, bien que l’ostéophyte au niveau de l’articulation uncovertébrale C5–C6 soit mieux visualisé sur la radiographie de face (A). (E) TDM axiale du rachis cervical du corps vertébral de C5 montrant l’empiétement par l’ostéophyte de l’articulation uncovertébrale (flèche noire) sur la face médiale du foramen transversaire gauche qui entraîne une réduction de calibre de l’artère vertébrale (A) adjacente au sein du foramen transversaire. Ce qui ne peut pas être vu c’est, bien sûr, l’effet que l’ostéophyte a sur le plexus sympathique de l’artère vertébrale.

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