59: Épisiotomie

Chapitre 59 Épisiotomie



L’épisiotomie est devenue au cours du XXe siècle l’intervention la plus fréquemment pratiquée sans que ses indications et ses avantages ne soient clairement démontrés.


Il s’agit d’un acte chirurgical individuel qui peut varier dans son orientation, sa longueur, sa profondeur et la qualité de sa réparation en fonction des praticiens et des modes d’exercice.


Dans les années 1970, l’épisiotomie était considérée comme un geste préventif limitant la morbidité maternelle et périnatale, et par conséquent largement diffusée dans les maternités.


L’avènement de la médecine fondée sur des faits prouvés (evidence based medicine) a induit une modification des pratiques obstétricales. Ainsi, le premier essai randomisé comparant l’utilisation libérale à l’utilisation restrictive de l’épisiotomie remonte à 1984. Depuis, d’autres publications ont régulièrement démontré l’absence d’intérêt d’une politique de systématisation de la pratique de l’épisiotomie. Les bénéfices attribués à l’épisiotomie sont donc actuellement remis en question induisant une régression de son usage libéral au profit d’un usage restrictif et sélectif. En France, le taux global d’épisiotomies, comparé aux autres pays occidentaux, reste très élevé.


À travers une analyse objective des données de la littérature, basée sur les recommandations du CNGOF récemment publiées, nous exposons les indications, les avantages et les inconvénients de l’épisiotomie.



Épidémiologie


La pratique de l’épisiotomie est variable entre les pays, les régions, les centres hospitaliers et les praticiens [1]. Le taux global d’épisiotomies en France, rapporté aux accouchements par les voies naturelles, bien que décroissant depuis 1997, était en 2002-2003 de 47 %% (68 % chez la primipare et 31 % chez la multipare). Selon les données de l’AUDIPOG, la différence est faible entre les taux d’épisiotomies des grossesses uniques (71 %) et multiples (75 %) chez les primipares ; chez les multipares, le taux d’épisiotomies est plus élevé en cas de grossesse gémellaire (46 % versus 35 %). Le taux d’épisiotomie augmente avec l’âge maternel (AUDIPOG) [2]. Chez les primipares, le taux d’épisiotomie s’accroît avec l’avancée de l’âge gestationnel au moment de l’accouchement. La présentation du siège majore le recours à l’épisiotomie, notamment chez les multipares. L’analgésie péridurale augmente le recours aux extractions instrumentales et, par conséquent, le risque de pratiquer une épisiotomie.


Les extractions instrumentales favorisent la pratique de l’épisiotomie selon les données de l’AUDIPOG, conformes à celles de la littérature. L’extraction par ventouse semble toutefois moins consommatrice d’épisiotomies que l’extraction par forceps et moins associée à des déchirures périnéales sévères.


Les données françaises ne retrouvent pas de variations significatives du recours à l’épisiotomie selon les caractéristiques des établissements (CHU, CHG [centres hospitaliers universitaire et général], public/privé).


Des variations interprofessionnelles du recours à l’épisiotomie ont été démontrées dans la littérature internationale avec des taux moindres parmi les sages-femmes (obstétriciens, sages-femmes, étudiants).



Indications obstétricales spécifiques : pratique libérale ou restrictive de l’épisiotomie ?


La littérature est peu abondante au sujet des indications obstétricales spécifiques favorisant la pratique systématique de l’épisiotomie.









Techniques chirurgicales de l’épisiotomie





Geste d’épisiotomie


En pratique, seule les épisiotomies médianes (périnéotomie) et médiolatérales sont pratiquées.


L’épisiotomie médiane, très répandue aux États-Unis, est peu hémorragique, plus facile à réparer et occasionne moins de dyspareunies. Cependant, le taux de lésions du système sphinctérien anal est voisin de 20 % en cas d’épisiotomie médiane, d’où les recommandations françaises prônant plutôt l’épisiotomie médiolatérale [4].


L’épisiotomie médiolatérale, généralement réalisée à droite, est pratiquée aux ciseaux droits. La section doit partir de la fourchette vulvaire et être franche sur 6 cm en moyenne et oblique selon un angle de 45° par rapport à la verticale afin d’obtenir une section complète du muscle puborectal.


Une étude récente a montré que les médecins réalisaient des épisiotomies plus grandes, plus profondes et plus obliques comparativement aux sages-femmes. Ceci peut être facilement expliqué par le fait que les obstétriciens réalisent généralement des extractions instrumentales et les sages-femmes des accouchements spontanés [5].


Le moment idéal pour la réalisation de l’épisiotomie n’est pas clairement défini. L’épisiotomie doit être idéalement réalisée au petit couronnement lorsque l’anus est légèrement dilaté (2 cm) lors d’un effort expulsif. Il est donc recommandé de réaliser l’épisiotomie au moment de l’expulsion lorsque le périnée est sur le point de se rompre (amincissement) pour limiter le taux d’épisiotomies et éviter une déchirure périnéale parfois compliquée d’une lésion sphinctérienne (figure 59.1).


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Sep 24, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 59: Épisiotomie

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