Chapitre 51 Fractures du calcanéus

Ce que vous savez déjà

• Elles sont relativement fréquentes (2 % des fractures) et le plus souvent graves.

• Leur gravité tient à :

– la complexité habituelle des traits de fracture ;

– l’importance des déplacements, qui vont modifier les appuis dorsaux du pied (varus) et le jeu des articulations de voisinage : sous-talienne essentiellement et plus accessoirement médio-tarsienne ;

– la présence habituelle d’œdème et de troubles trophiques ;

– le terrain sur lequel elles se produisent : 70 % sont liées à des accidents de travail.

• Leur traitement, bien que diversement interprété, est actuellement orienté par deux données essentielles :

– le rétablissement d’une morphologie normale chaque fois que cela est possible, comme prévention des séquelles articulaires secondaires ;

– l’association systématique d’un traitement physique (drainage lymphatique manuel et mobilisation précoce) comme prévention des séquelles trophiques.

Ce que nous pouvons préciser

Leur classification

Celle de Kempf et Touzard paraît la plus rationnelle. Il faut néanmoins l’étudier os sec à la main pour en comprendre les diverses modalités.

Fractures parcellaires

Elles sont simples :

• tubérosité dorsale :

– soit angle dorsocranial au-dessus ou au-dessous de l’insertion du tendon calcanéen ;

– soit du tubercule dorsomédial de la tubérosité plantaire ;

– soit totale ;

• bec de la grande apophyse (grand processus) ;

• tubercule des péroniers (trochlée fibulaire) ;

• sustentaculum tali.

Fractures thalamiques et périthalamiques

Elles sont plus complexes. Elles présentent isolément ou le plus souvent associés une séparation et un enfoncement :

• la séparation est dans la règle sagittale ventromédiale, moyenne ou latérale, plus rarement transversale pré, trans ou rétrothalamique (figures 51.1 à 51.4) ;

• l’enfoncement est dans l’ordre de fréquence d’abord vertical, puis horizontal et souvent mixte (selon Uteza). Selon le siège des traits de séparation, une partie plus ou moins grande du thalamus suivra cet enfoncement. Selon l’importance de l’enfoncement, on considérera qu’il est du 1^er, 2^e ou 3^e degré, en mesurant notamment l’angle de Boehler, et on tiendra compte de la fragmentation du fragment, siège principal de l’enfoncement, pour un bilan fracturaire à 3, 4 ou X fragments (figures 51.5 à 51.7).

Fig. 51.1 Traits de séparation sagittaux en vue craniale (proximale).

1. Trait médial. 2. Trait moyen. 3. Trait latéral.

Fig. 51.2 Traits de séparation sagittaux en vue dorsoplantaire.

1. Trait latéral. 2. Trait médial. 3. Trait moyen. 4. Varus.

Fig. 51.3 Les 3 traits de séparation transversaux en vue latérale.

Fig. 51.4 Les traits de séparation transversaux en vue craniale (proximale).

Fig. 51.5 Angle de Boehler normal.

Fig. 51.6 Les 3 degrés d’enfoncement verticaux.

a. 1^er degré. b. 2^e degré. c. 3^e degré.

Fig. 51.7 Les 3 degrés d’enfoncement horizontal du fragment cortico-thalamique.

a. 1^er degré. b. 2^e degré. c. 3^e degré.

La classification est alors plus facile à comprendre :

• type 1 : fracture-séparation à deux fragments, ventromédiale et surtout dorsolatérale, par trait d’obliquité variable ;

• type 2 : fracture-luxation. Le fragment dorsolatéral bascule en varus et se luxe en latéral ;

• type 3 : fracture-séparation-enfoncement à trois fragments (que l’enfoncement soit vertical ou horizontal). Selon l’angle de Boehler, on aura un 1^er ou un 2^e degré (figure 51.8) ;

• type 4 : fracture-séparation à quatre fragments (que l’enfoncement soit vertical ou horizontal). Selon l’angle de Boehler, on aura en principe exclusivement un 3^e degré.

Fig. 51.8 Fracture-séparation-enfoncement de type 3.

a. Vue latérale. En noir : le fragment ventromédial ; en gris : le fragment corticothalamique ; en blanc : le fragment dorsolatéral. b. Vue craniale. c. Vue axiale.

Au-delà de quatre fragments, la fracture constitue un écrasement calcanéen non systématisable. Il faut en outre, chaque fois, rechercher le déplacement en varus ou valgus de la grosse tubérosité et l’extension possible distale à l’articulation de Chopart (calcanéo-cuboïdienne).

Les lésions associées à rechercher

• Locales :

– ouverture ou contusion cutanée, à évaluer très exactement ;

– lésions préexistantes : dermite ocre, troubles trophiques.

• À distance :

– lésions traumatiques associées : bilatéralité, 8 à 10 %, rachis, 3 à 10 % ;

Only gold members can continue reading. Log In or Register to continue

Related

Related posts:

57: Traumatismes musculaires et tendineux du membre pelvien 42: Luxations traumatiques latérales de la patella 55: Fractures du tarse distal 43: Entorses du genou 35: Fractures de l’acétabulum 27: Lésions traumatiques des tendons fléchisseurs de la main

Stay updated, free articles. Join our Telegram channel

Join

Full access? Get Clinical Tree