5: Myomes utérins

Chapitre 5 Myomes utérins






Étiologie


On ne connaît rien de précis sur l’étiologie des myomes utérins.


Le fibrome serait l’expression myométriale d’une hyperœstrogénie locale. Les œstrogènes joueraient un rôle par l’intermédiaire des facteurs de croissance EGF, IGF, PDGF. En faveur de cette hypothèse, on retiendra les faits suivants :



Ces faits (en particulier la régression partielle après analogues du GnRH et la réaugmentation de taille à l’arrêt) conduisent à penser que les cellules des fibromes peuvent produire elles-mêmes de l’estrone et de l’estradiol puisque l’enzyme de conversion de l’estrone en estradiol, la 17-β-hydroxystéroïde oxydoréductase est présente dans le myomètre. Une activité aromatase a été mise en évidence dans les fibromes, en témoigne l’efficacité des anti-aromatases sur le volume des myomes. Les cellules des fibromes possèdent des récepteurs de l’estradiol et de la progestérone. La progestérone posséderait aussi un rôle de croissance tumorale soit direct, soit indirect par l’intermédiaire de l’EGF (Christin-Maitre, 1999) ; en témoigne l’efficacité des antiprogestatifs de type mifépristone (Mifégyne®) ou ulipristal (Ellaone®).


L’origine unicellulaire de chaque myome est généralement admise. Le myome proviendrait d’une mutation somatique, ce qui suggère l’implication d’un gène.


La preuve décisive vient d’être apportée par l’identification de l’ARN messager du cytochrome P-450 arom dans les myomes ou dans les cellules myométriales en culture.


Le gène cytochrome P-450 arom, le CPY-19, est activé dans les cellules de la granulosa et les cellules de Sertoli et de nombreux tissus comme le cerveau et le tissu adipeux.


Dans la zone du myomètre entourant le myome, l’expression du gène est plus faible (1,5 à 25 fois), mais dans le myomètre d’un utérus sans myome le gène n’est pas exprimé.


Aucune relation n’a été exprimée entre le niveau de l’ARNm et la taille du myome, le poids de l’utérus, l’histopathologie et l’âge des patientes.


Pourquoi le gène CPY-19 s’active-t-il localement et permet-il le développement du myome ? Par un mécanisme paracrine ou autocrine ? La question est sans réponse. On sait simplement que l’AMP-C active son expression (Simpson, 1994).


Des facteurs de croissance tels que l’EGF, l’IGF-1, l’IGF-2 et le PDGF ont également été mis en évidence au niveau des cellules des myomes (Rein et al., 1992). Les myomes seraient donc des clones cytogénétiquement anormaux de cellules dérivées d’une cellule myométriale ayant subi une mutation somatique et dont les mécanismes, qui contrôlent sa croissance, sont perturbés (Barbieri et al., 1992).



Anatomie pathologique



Anatomie macroscopique


Le myome est une tumeur bénigne du muscle lisse d’où son nom plus adapté que celui de fibrome car il y a peu de tissu fibreux, elle est arrondie, dure, élastique, limitée par une pseudo-capsule qui permet le clivage entre le muscle utérin et le fibrome (c’est la myomectomie). Le myome est rarement seul, son volume varie de celui d’une tête d’enfant à un grain de mil. Ces minuscules myomes « graines de myome » sont souvent laissés en place dans une myomectomie qui ne permet que l’ablation des gros myomes, ce qui explique la fréquence des récidives après ces traitements conservateurs (50 % à 5 ans d’après Fédélé et al., 1995).


Le siège du myome varie en fonction des différentes parties de l’utérus (planche 5.1).



Le siège le plus fréquent est le corps utérin (96 %), alors qu’au niveau de l’isthme il n’est que de 1 %, et 3 % au niveau du col. Dans cette localisation, le myome est le plus souvent sus-vaginal, refoulant les éléments latérocervicaux, il est exceptionnellement intravaginal.


Si l’on envisage sa situation par rapport à la paroi utérine (cf. planche 5.1), le fibrome peut être sous-péritonéal (ou sous-séreux) et, dans ce cas, pédiculé ou sessile ; il peut aussi être interstitiel, ou intramural siégeant dans l’épaisseur du muscle qu’il refoule, ou sous-muqueux, faisant saillie dans la cavité utérine de type 2 (< 50 % intracavitaire) ou de type 1 (> 50 %). Le plus souvent, il a une base d’implantation large mais il peut être pédiculé, réalisant alors un myome sous-muqueux de type 0 de l’utérus qui peut éventuellement être accouché par le col.



Évolution et complications








Clinique




Examen gynécologique


Il sera pratiqué dans de bonnes conditions techniques, sur une table gynécologique, après évacuation vésicale.






Examens complémentaires


Ils sont indispensables pour affirmer un diagnostic douteux et sont utiles dans bien des cas pour préciser l’importance des lésions, les associations éventuelles, l’attitude thérapeutique.


La pratique du frottis cervical est nécessaire, s’il n’y en a pas eu de récents (< 3 ans).



Échographie (figures 5.4a et b et 5.5)


C’est l’examen diagnostique de référence (Np3). Elle doit être réalisée par voie transabdominale et transvaginale (Np1).




Échographiquement, le myome est une formation échogène, mais moins que le myomètre dans lequel la répartition est homogène. Les limites antérieures sont faciles à identifier. Les limites postérieures sont par contre moins bien dessinées.


Les myomes sous-séreux sont les plus faciles à reconnaître, déformant le contour externe de l’utérus. Cependant, un myome à pédicule étroit peut être confondu avec une tumeur de l’ovaire pleine comme un fibrothécome.


Les myomes sous-muqueux sont difficiles à voir en échographie abdominale mais sont bien vus en échographie vaginale ou en sonohystérographie. Ils dévient l’image linéaire de la cavité.


L’échographie permet de mesurer la taille du ou des myomes, de suivre leur croissance, ou leurs modifications histologiques : nécrobiose aseptique, calcification.


L’échographie permet de surveiller l’apparition d’une compression des uretères avec dilatation pyelocalicielle.


Cet examen permet de prévoir les difficultés opératoires : plan de clivage prévisible ou non, position du myome près ou loin de l’endomètre, topographie par rapport aux vaisseaux utérins. Pour les myomes sous-muqueux, la taille sera un facteur important pour choisir entre une résection par voie hystéroscopique (< 3 cm), une cœlioscopie ou une laparotomie.


Le doppler couleur permet d’apprécier la topographie et l’importance des vaisseaux nourriciers qui entourent le myome (figure 5.4c) et permet de différencier un adénomyome d’un myome (Np4). L’étude hémodynamique ne permet pas de prévoir l’évolution du myome (Bernard et al., 1999).


L’hystérosonographie est un bon moyen d’exploration de la cavité utérine lorsqu’un myome sous-muqueux est suspecté (figure 5.4d).


En cas de grossesse, l’œuf pourra être vu au milieu des myomes (cf. figure 5.5).


Il existe cependant des pièges qu’il faut connaître :



Il faut donc toujours interpréter l’échographie en fonction du contexte clinique des données, du toucher vaginal et des résultats des autres examens complémentaires (NFS, HCG).


Une image échographique n’est pas une preuve, l’examen anatomopathologique apporte seul la preuve de la nature histologique de la lésion.


L’échographie permet l’évaluation de l’endomètre qui est souvent hypertrophié en l’absence de traitement et permet de rechercher l’adénomyose associée, source d’échec des traitements conservateurs.






Apr 23, 2017 | Posted by in GYNÉCOLOGIE-OBSTÉTRIQUE | Comments Off on 5: Myomes utérins

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