Chapitre 5 La contraction utérine
La contraction utérine est la force motrice qui permet au cours de l’accouchement la formation du segment inférieur, la dilatation du col utérin et la progression du mobile fœtal dans la filière pelvigénitale.
Le myomètre
Paroi utérine
La paroi utérine est constituée de trois tuniques :
Les cellules musculaires lisses sont groupées en petits amas de cellules parallèles (300 µm de diamètre), délimités par du conjonctif. Ces ensembles sont à leur tour organisés en longs faisceaux entourés d’une matrice collagène dense. Ces faisceaux, dont le diamètre varie de 1 à 2 mm, peuvent être distingués à l’œil nu. Ils constituent l’unité fonctionnelle du muscle utérin.
Cellules myométriales
Filaments constitutifs du cytosquelette
Il s’agit essentiellement des filaments dits intermédiaires, constitués de cytokératine, et les microtubules, constitués de tubuline. Les filaments intermédiaires s’insèrent à la fois sur les corps denses intracytoplasmiques et sur les plaques denses, qui sont l’équivalent des précédents au niveau de la membrane cellulaire (figure 5.1). L’ensemble forme un réseau maillé qui permet le maintien de la forme de la cellule et sa résistance lors des contractions, sans participer directement au processus contractile.
Filaments contractiles
Ce sont les filaments fins d’actine et les filaments épais de myosine. C’est leur interaction qui permet la contraction de la cellule myométriale. Les filaments d’actine sont arrimés entre eux et à la membrane cellulaire par les plaques denses. Ils forment un réseau orienté en diagonale par rapport au grand axe de la cellule (figure 5.1). Les filaments de myosine glissent le long des filaments d’actine grâce à l’activation de ponts transversaux entre les deux molécules. Sous l’effet de la force contractile ainsi générée, la cellule raccourcit.
Contraction et relaxation de la cellule musculaire lisse
Activation de la myosine par le calcium intracellulaire [1]
L’étape biochimique pivot de la contraction utérine est l’augmentation du taux de calcium dans le cytoplasme de la cellule myométriale (figure 5.2A). Quatre ions calcium se lient alors à une molécule de calmoduline. Le complexe calcium-calmoduline ainsi formé se fixe à la MLCK et l’active. La MLCK activée phosphoryle les chaînes légères de la myosine, qui peuvent dès lors se fixer à l’actine. Les filaments de myosine glissent sur les filaments d’actine. La fibre musculaire raccourcit. Ce phénomène est appelé le cycle des ponts transversaux. La transformation d’énergie chimique en énergie mécanique nécessaire à ce mécanisme est assurée par l’ATPase de l’actomyosine.
Figure 5.2 Calcium et contraction musculaire.
B. Régulations fines. Outre les variations du taux de taux de calcium, MLCK et MLCP sont soumises à de nombreuses régulations. Chacune peut ouvrir la voie à une manipulation pharmacologique, par exemple pour tenter de bloquer un travail prématuré. Le fait qu’un même régulateur puisse agir de façon différente sur la MLCK, la MLCP ou l’actine démontre néanmoins la difficulté de cette approche. En outre, les caveolae, petites évaginations de la membrane cellulaire, permettent de compartimenter certaines régulations (figure 5.3). Les noms sont mentionnés en anglais pour faciliter la lecture des abréviations généralement rencontrées.
La relaxation procède d’un processus symétrique. La baisse du taux de calcium intracytoplasmique active la MLCP. La MLCP activée déphosphoryle la myosine, qui ne peut plus se lier à l’actine (figure 5.2A).
En réalité, l’équilibre MLCK/MLCP s’inscrit dans une régulation complexe (figure 5.2B).
Le calcium provient du liquide extracellulaire et du réticulum sarcoplasmique. Cet organite est une forme particulière du réticulum endoplasmique lisse, et constitue un site de stockage intracellulaire de calcium (figure 5.3).
Phénomènes électriques
Les concentrations ioniques différentes de part et d’autre de la membrane génèrent une différence de potentiel. Au repos, la cellule myométriale est hyperpolarisée, ce qui correspond à un potentiel de membrane négatif (figure 5.4). La valeur moyenne du potentiel de membrane varie au cours de la grossesse. Elle se situe autour de -80 mV vers 28 SA, et de -55 mV à terme (ce qui traduit une baisse de la polarisation cellulaire).
Quand les conditions d’excitabilité sont réunies, la polarisation de la membrane diminue et atteint une valeur seuil, à laquelle se déclenche un potentiel d’action. Le potentiel d’action ouvre les canaux calciques voltage-dépendants et il se produit une entrée massive de calcium dans la cellule (figure 5.5A). En fin de contraction, la membrane se repolarise.
Figure 5.5 Régulation de l’entrée de calcium dans la cellule.
Le calcium intracytoplasmique permet également la libération du calcium séquestré dans le réticulum sarcoplasmique (figure 5.3).