Chapitre 48 Fractures de jambe
Ce que vous savez déjà
• Elles sont souvent ouvertes et exposent largement le tibia, os sous-cutané, mal vascularisé et facilement infecté.
• Elles posent donc à la fois très fréquemment un problème de traitement des parties molles et de fixation du foyer de fracture.
Ce que nous pouvons préciser
Leur classification (figures 48.1 à 48.8)
• de la nature du trait : simple, transversal oblique ou spiroïde, ou complexe, comminutif à 3 ou plusieurs fragments, permettant de définir, comme pour toute fracture, la présence et l’importance ou non d’une console de stabilité ;
• du siège métaphysaire ou diaphysaire : métaphysaire proximal ou distal, qui intervient notamment sur la vascularisation du foyer et sur le mode de contention possible ;
• de l’atteinte des parties molles : aux 3 stades classiques d’ouverture du foyer de Cauchoix et Duparc, nous pensons qu’il faut adjoindre les notions de nécrose potentielle liée à la contusion appuyée (référence à la classification de Gustilo) et au décollement sous-cutané. Ne pas en tenir compte en urgence risque de compromettre gravement le pronostic.
Fig. 48.7 Fracture du tibia avec fibula intacte.
Noter le varus du tibia difficilement réductible orthopédiquement.
Classification de Cauchox et Duparc :
– stade 1 : ouverture cutanée peu étendue sans décollement ni contusion dont la suture se fait sans tension.
– stade II : ouverture cutanée plus ou moins souillée avec risque de nécrose cutanée après suture, due à une suture sous tension de la plaie, à une association à décollement ou contusion appuyée et attrition des parties molles modérée.
– stade III : ouverture cutanée large et souillure et attrition importante des parties molles, perte de substance cutanée prétibiale non suturable en regard ou à proximité du foyer de fracture.
Noter qu’en dehors des fractures métaphysaires proximales où le paquet vasculaire est accolé à la face dorsale du tibia, il n’y a que rarement des problèmes vasculonerveux.
Leur traitement
Vous avez à votre disposition :
En urgence sur le terrain [*]
• En cas d’ouverture cutanée, une asepsie locale provisoire par antiseptiques associée à une antibiothérapie immédiate (intervention SAMU), avec un pansement aussi stérile que possible, en évitant la réintégration des os exposés et souillés pour ne pas infecter les parties molles, mais en réaxant suffisamment pour limiter la souffrance des pédicules vasculonerveux.
Au centre de traumatologie
Pour le traitement de la fracture
• La réduction orthopédique et l’immobilisation plâtrée cruro-pédieuse simple ou avec broches de type Boehler, le plâtre de Sarmiento (figure 48.9) [*] [**]. Le montage de type Boehler est efficace et nous l’avons modifié comme suit : réduction sur table orthopédique par traction entre une broche tibiale haute rétrotubérositaire et une broche calcanéenne. Solidarisation des deux broches par deux tiges latérales de fixateur externe et botte plâtrée. Les tiges latérales peuvent être enlevées vers le 8e jour et le plâtre complété en cruropédieux. Une autre possibilité est de les laisser 45 jours (à condition de ne pas distendre excessivement la tibio-talienne et la sous-talienne). Puis plâtre de marche.
• L’extension continue par broche ou clou de Steinmann transcalcanéen, d’attente (exceptionnelle) [*].
• L’enclouage centromédullaire, d’alignement, avec alésage et verrouillage statique ou dynamique (figures 48.10 et 48.11) [*] [**].
• L’ostéosynthèse par vis simples, en compression, par plaque diaphysaire ou épiphyso-diaphysaire de contention ou/et de neutralisation [**].