46: Méningite purulente et infection à méningocoque

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Méningite purulente et infection à méningocoque




Méningite purulente de l’enfant




Épidémiologie


La méningite aiguë est un événement rare mais potentiellement grave si la cause est bactérienne et la prise en charge retardée. On estime que la cause des méningites aiguës de l’enfant est virale dans 85-90 % des cas et bactérienne dans 10 % des cas. Les méningites tuberculeuses, fongiques ou parasitaires sont exceptionnelles en France. D’après les données des observatoires nationaux, on peut estimer qu’il y a 500 à 600 cas de méningite bactérienne par an en France chez l’enfant. Ce sont ces méningites bactériennes qui nécessitent un diagnostic et une prise en charge précoce. En effet, la mortalité des méningites bactériennes est de l’ordre de 10 % (6,9 % pour les méningites à méningocoque et 10-15 % pour les méningites à pneumocoque) et les séquelles – principalement neurologiques et auditives – surviennent dans 20-30 % des cas, plus souvent en cas de méningite à pneumocoque.



Physiopathologie


Les deux micro-organismes pathogènes, S. pneumoniae et N. meningitidis, responsables de la majorité (90 %) des méningites purulentes de l’enfant (nourrisson et grand enfant) sont des commensaux du rhinopharynx.


L’ensemencement méningé se fait essentiellement par voie hématogène avec franchissement secondaire de la barrière hémato-méningée (micro-organisme le plus souvent identifié en premier lieu dans l’hémoculture), plus exceptionnellement par extension d’un foyer régional de voisinage (thrombophlébite locale). La voie hématogène (sang à LCR) conduit à un franchissement de la bactérie soit directement au niveau des capillaires méningés, soit au niveau des plexus choroïdes (figure e46.1).


Les agents bactériens pathogènes impliqués sont à multiplication extracellulaire et possèdent une résistance aux facteurs non spécifiques de défense (macrophages, anticorps, complément). À l’inverse du sérum, il n’existe aucune bactéricidie naturelle dans le liquide céphalo-rachidien (LCR), ce qui explique la multiplication rapide des bactéries dans le LCR.


L’événement essentiel suivant la pénétration des bactéries dans le LCR est la production locale de cytokines (TNF, IL1, IL6). Cette production précède l’apparition d’un exsudat inflammatoire avec recrutement de polynucléaires et augmente elle-même la perméabilité de la barrière hémato-encéphalique.


Ainsi, l’interaction de l’afflux des polynucléaires, d’une part, et de l’altération de la barrière hémato-encéphalique, d’autre part, conduit à l’inflammation méningée et à l’œdème cérébral expliquant en partie la symptomatologie d’encéphalite associée aux méningites purulentes et le caractère redoutable des séquelles sur un cerveau en voie de développement.


Dans tous les cas, la prise en charge doit donc répondre à deux objectifs :




Micro-organismes et résistances



Les niveaux de résistance actuels sont :



L’incidence des autres bactéries est plus rare ou propre à un terrain particulier :




Diagnostic


Le diagnostic d’une méningite purulente est urgent et repose exclusivement sur l’examen du LCR après ponction lombaire. Il faut donc savoir réunir les signes qui doivent conduire le plus rapidement à cet examen.



Diagnostic clinique


Le diagnostic est difficile chez le nourrisson. Il est évoqué devant :



Le diagnostic est en règle plus facile chez le grand enfant devant :



Il convient de rechercher dans un tel contexte :




Signes de gravité


Ce sont :



Le purpura rapidement extensif ou nécrotique avec signes de choc est habituellement un choc septique à méningocoque et n’est pas associé à une méningite.


Ces signes de gravité doivent conduire à des gestes de réanimation immédiats afin de stabiliser les fonctions vitales, à différer la ponction lombaire (PL) jusqu’à stabilisation, à faire une hémoculture, à débuter en urgence un traitement étiologique (cortico-antibiothérapie) et doivent conduire à l’hospitalisation en réanimation pour la suite de la prise en charge (figure 46.1).




Place du scanner cérébral avant ponction lombaire


La PL et le traitement antibiotique sont une urgence. Il y a peu de place pour le scanner cérébral avant la PL dans la méningite bactérienne (MB). Celui-ci ne change habituellement pas la prise en charge, mais retarde le traitement étiologique. Ce retard est un élément pronostique essentiel. Les seules indications du scanner cérébral avant la PL sont :


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May 14, 2017 | Posted by in PÉDIATRIE | Comments Off on 46: Méningite purulente et infection à méningocoque

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