46 Méningite purulente de l’enfant L’ensemencement méningé se fait essentiellement par voie hématogène avec franchissement secondaire de la barrière hémato-méningée (micro-organisme le plus souvent identifié en premier lieu dans l’hémoculture), plus exceptionnellement par extension d’un foyer régional de voisinage (thrombophlébite locale). La voie hématogène (sang à LCR) conduit à un franchissement de la bactérie soit directement au niveau des capillaires méningés, soit au niveau des plexus choroïdes (figure e46.1). Dans tous les cas, la prise en charge doit donc répondre à deux objectifs : • Le méningocoque prédomine chez l’enfant de moins de 4 ans mais peut se rencontrer à tout âge, (méningocoque B dans environ 75 % des cas ; méningocoque C dans environ 20 % des cas ; exceptionnellement : méningocoques W, Y et A). • Le pneumocoque, avant tout chez le nourrisson. Il a un haut niveau de résistance à la pénicilline G mais en voie de diminution grâce à la vaccination antipneumococcique conjuguée. Les niveaux de résistance actuels sont : • N. meningitidis (I) : 30 % pénicilline G, 26 % amoxicilline, 0 % céfotaxime en 2006 ; • S. pneumoniae (I ou R) : 32 % pénicilline G, 19 % amoxicilline, 8 % céfotaxime, 2 % ceftriaxone en 2009. L’incidence des autres bactéries est plus rare ou propre à un terrain particulier : • Haemophilus influenzae b (Hib) : il n’existe actuellement quasiment plus de méningites purulentes à Hib en France. • Salmonella : nourrisson malnutri ou drépanocytaire ; • staphylocoque coagulase-négatif ou bacille à Gram négatif : infections nosocomiales, notamment sur valves de dérivation ventriculopéritonéale ; • germes opportunistes : sujets immunodéprimés ; • méningites purulentes du nouveau-né : streptocoque B, E. coli et exceptionnellement Listeria monocytogenes. Le diagnostic est difficile chez le nourrisson. Il est évoqué devant : • un syndrome infectieux (fièvre, frissons) associé à : • un enfant grognon, geignard, hypotonique, obnubilé, ayant des cris (irritable) à la mobilisation (hyperesthésie cutanée) ou un contact altéré avec l’entourage ; • une somnolence inhabituelle entrecoupée de périodes d’agitation insolite, non calmée dans les bras de la mère ; Le diagnostic est en règle plus facile chez le grand enfant devant : • un syndrome infectieux : fièvre, à début le plus souvent brutal ; • un syndrome méningé associant céphalées, vomissements et/ou refus alimentaire, photophobie ; • l’examen met en évidence les deux maîtres symptômes de la contracture d’origine méningée : – la raideur de la nuque (flexion de la nuque douloureuse et limitée alors que les mouvements de latéralité restent possibles) ; – le signe de Kernig (en décubitus dorsal, flexion sur le tronc des membres inférieurs maintenus en extension, entraînant une flexion invincible des jambes sur les cuisses ; idem en position assise). Il convient de rechercher dans un tel contexte : • des troubles hémodynamiques : augmentation de la fréquence cardiaque, du temps de recoloration, extrémités froides, pression artérielle diminuée, voire collapsus ; • des troubles de la conscience avec coma Glasgow ≤ 11, des convulsions ou état de mal convulsif (hypertension intracrânienne) ; • des signes de focalisation neurologique ; • des signes d’atteinte du tronc cérébral (troubles dysautonomiques à types d’accès de bradycardie, bradypnée, hoquet, bâillements ; anisocorie, mouvements d’enroulement). Ces signes de gravité doivent conduire à des gestes de réanimation immédiats afin de stabiliser les fonctions vitales, à différer la ponction lombaire (PL) jusqu’à stabilisation, à faire une hémoculture, à débuter en urgence un traitement étiologique (cortico-antibiothérapie) et doivent conduire à l’hospitalisation en réanimation pour la suite de la prise en charge (figure 46.1).
Méningite purulente et infection à méningocoque
Physiopathologie
Micro-organismes et résistances
Diagnostic
Diagnostic clinique
Signes de gravité
Place du scanner cérébral avant ponction lombaire
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