Chapitre 40 Médicaments et grossesse
Le risque embryofœtal potentiel des thérapeutiques maternelles en cours de grossesse vient souvent éclipser le bénéfice qu’elles présentent, et cette position concerne aussi bien les professionnels de santé que les patientes ou leur entourage proche. L’inquiétude générée par la prise de médicaments en cours de grossesse peut être à l’origine d’interruptions de grossesse non justifiées, ou plus souvent d’arrêts ou de modifications intempestifs de traitements, entraînant une mauvaise prise en charge de la pathologie maternelle, avec les risques de complications et de décompensation qui en découlent.
Les différents types de situation
Le recours à un service spécialisé en termes d’évaluation des risques ou du lien de causalité et qui enregistre les observations peut s’avérer utile, voire nécessaire en cas de dépistage d’une malformation (registres de malformations, structures de pharmacovigilance, Centre de référence sur les agents tératogènes).
Méthodes d’évaluation du risque
D’autres paramètres vont intervenir dans l’appréciation du risque d’un médicament en cours de grossesse, comme par exemple son mécanisme d’action et sa pharmacocinétique. En effet, le passage (ou non) dans la circulation systémique maternelle et le passage placentaire sont des paramètres qui conditionnent le degré d’imprégnation pharmacologique fœtal.
Le placenta, qui a longtemps été considéré à tort comme une barrière protectrice pour le fœtus, est en réalité une zone d’échange complexe entre le fœtus et sa mère. Au fur et à mesure de l’évolution de la grossesse, sa surface augmente et son épaisseur diminue, ce qui facilite considérablement le passage des molécules par diffusion passive. Seules quelques rares molécules comme l’insuline, l’héparine et l’interféron ne franchissent pas le placenta du fait de leur poids moléculaire très élevé.
Leur découverte dans les phénomènes de multidrug resistance dus à leur surexpression sur les cellules cancéreuses a permis de mettre en évidence leur rôle dans la limitation de l’exposition médicamenteuse. Depuis, leur présence de manière physiologique sur de nombreuses « barrières » (intestinale, hémato-encéphalique, placentaire) a permis de confirmer leur rôle protecteur. De nombreux médicaments sont substrats de ces transporteurs ; leur prise en charge par ces derniers permet donc de limiter leur passage transplacentaire et ainsi de diminuer l’exposition fœtale [1].