Chapitre 4 Intérêt de la génioplastie fonctionnelle précoce
Introduction (cas clinique 1, figures 4.1 et 4.2)
La génioplastie est proposée dans la majorité des cas chez l’adulte dans le cadre de la chirurgie orthognathique. Elle est alors très souvent couplée à des ostéotomies combinées de la face. La génioplastie apporte un réel bénéfice à la fois esthétique et fonctionnel. Du point de vue esthétique, c’est une chirurgie de contour qui participe à l’harmonie du sens vertical de la face en équilibrant l’étage inférieur. Elle potentialise aussi l’augmentation du sens sagittal mandibulaire (cf. figure 4.2C). Du point de vue fonctionnel, elle normalise les rapports labiaux et permet une détente des muscles compresseurs de la face.
Lorsque la génioplastie est isolée, elle peut être indiquée pour corriger un excès vertical mandibulaire sans divergence excessive de l’étage moyen de la face, la plupart du temps en complément de l’orthodontie, à la fin de celle-ci. Elle permet d’assurer les objectifs esthétiques, fonctionnels et de stabilité du traitement orthodontique. Elle peut être couplée à la germectomie des dents de sagesse si nécessaire (cf. figure 4.3).
Protocole opératoire
La génioplastie est effectuée sous anesthésie générale, proposée dans notre série dans le même temps que la germectomie des dents de sagesse et qu’une éventuelle plastie du frein de la langue. L’ostéotomie linéaire est réalisée avec 5 mm de marge sous les apex dentaires pour préserver la vitalité des dents, et 5 mm de marge sous le trou mentonnier pour préserver l’intégrité neurologique. Une fois le segment osseux individualisé, il est repositionné dans les trois sens de l’espace. Cette nouvelle position est déterminée sur la céphalométrie préopératoire. Elle tend à ce que SNPog soit de 80° et ANS-PNS/MP de 26° (analyse de Bjørk-Steiner). Le segment osseux est fixé par plaques d’ostéosynthèse rigides ou par vis en compression de 15 mm ou de 19 mm selon la nécessité (figure 4.3). Une suture musculaire du muscle mentalis sans tension puis une suture muqueuse sont réalisées. Selon l’hyperdivergence et la rétromandibulie, le repositionnement dit de réduction verticale et d’augmentation antéropostérieure est variable. Sur une population de 30 adolescents, la diminution moyenne de l’angle plan palatin–plan mandibulaire est de 7 ± 3,7°. Quant à l’augmentation de SNPog, elle est en moyenne de 4,6 ± 1,8°.
Une surveillance radiologique est nécessaire après génioplastie (à 1 mois postopératoire et à plus long terme, 6 ou 12 mois selon la croissance résiduelle) (figure 4.4).