4: Exploration de l’ovaire

Chapitre 4 Exploration de l’ovaire




Nous voudrions ici effectuer une synthèse des explorations de l’organe qui est en gynécologie le plus complexe : l’ovaire, de façon à mieux faire comprendre la démarche intellectuelle du praticien devant les problèmes quotidiens de gynécologie.


On trouvera, au chapitre du couple stérile, une étude du testicule réalisée dans le même esprit.



Rappel physiologique


Ovogenèse et fonction endocrine de l’ovaire sont intimement liées dans leur fonctionnement avec une unité, le cycle comprenant successivement phases folliculaire et lutéale. C’est l’hypothalamo-hypophyse gonadotrope qui contrôle ces deux fonctions, essentiellement du fait de son fonctionnement pulsatile. Il faut y rajouter le système KiSS1–KISSR1 qui active les neurones sécrétant GnRH (cf. chap. 3).


Les modifications pathologiques de la pulsatilité qui est soit accélérée avec élévation préférentielle de LH, soit ralentie avec élévation de la FSH retentissent sur le fonctionnement ovarien : sécrétion accrue d’androgènes dans le premier cas (syndrome des ovaires micropolykystiques), aromatisation excessive des androgènes en œstrogènes dans le second.


Les modifications des sécrétions d’opiacés endogènes (endorphines) expliquent bon nombre d’aménorrhées secondaires en rapport avec des stress et qualifiées d’idiopathiques. De même, certaines hyperprolactinémies fonctionnelles sont à rapprocher d’une sécrétion excessive d’opiacés qui entraînent une aménorrhée (cas des femmes sportives qui font de la compétition).


Pendant toute la phase folliculaire (de maturation des follicules), c’est l’œstradiol E2 qui est sécrété de façon croissante et, après l’ovulation et la rupture folliculaire, c’est le corps jaune cicatriciel qui assure la sécrétion de progestérone et d’E2, cette double sécrétion étant particulière à certains mammifères.


Le poids (la masse grasse) joue un rôle fondamental dans le fonctionnement de l’ovaire (Bringer, 1999.) Un poids trop faible empêche la survenue de la puberté et le mécanisme du blocage de la fonction de reproduction dans cette situation est longtemps resté un mystère (Sarfati, 2010). La leptine, découverte dans les années 1980, est l’hormone sécrétée par l’adipocyte dont le taux circulant est d’autant plus élevé que la masse grasse est abondante. Des récepteurs hypothalamiques pour la leptine permettent de mieux comprendre l’interaction entre leptine et sécrétion de GnRH, entre poids et reproduction (Bourret, 2008) et il a été mis en évidence des récepteurs de la leptine sur les neurones sécrétant la GnRH (Magni et al., 1999). Un taux trop faible de leptine bloque ou empêche d’apparaître la fonction de reproduction. La sécrétion croissante d’E2 en phase folliculaire s’accompagne d’une accélération de la pulsatilité de GnRH (via le système KiSS1–KISSR1) avec en période ovulatoire le pic de GnRH qui s’accompagne d’une élévation de la leptine (Lin et al., 2005).


À l’inverse, en cas d’excès de poids, la production d’androgènes est augmentée, l’aromatisation des androgènes en œstrogènes est augmentée parallèlement à l’importance de la masse grasse et la fertilité diminue statistiquement (effet «pilule» [Brewer, 2010]).



Comment explorer l’ovaire ? (figure 4.1)



Exploration clinique


La situation intra-abdominale des deux ovaires nécessite une approche indirecte.








Exploration paraclinique



Échographie pelvienne, examen prioritaire


Elle permet par voie vaginale (en cas d’impossibilité, on utilisera la voie abdominale, vessie pleine) l’exploration des ovaires et de l’utérus (Ardaens, 2001).


Elle peut être faite à différents moments du cycle apportant des renseignements précis selon la date choisie.


De J5 à J6 du cycle : étude de la réserve ovarienne, étude du volume de l’ovaire calculé par un logiciel ou selon la formule L × l × e × 0,8. La taille habituelle de l’ovaire est évaluée chez l’adulte à moins de 35 × 25 mm et leur volume doit être inférieur à 10 cm3.


L’échographie précise l’aspect de l’ovaire, régulier ou bosselé, déformé par des kystes, apprécie la taille avec de petits ovaires dysgénétiques ou une absence d’ovaire détectable en cas de petites bandelettes ; c’est l’opposé du syndrome des ovaires micropolykystiques où ils sont par définition de volume supérieur à 12 cc (critères de Rotterdam). On peut visualiser les deux ovaires dans 80 à 90 % des cas en période d’activité génitale (Ardaens, 2001).


En période préovulatoire à partir de J10 : c’est l’étude de la maturation folliculaire, follicule sélectionné de 10 mm puis dominance. Un follicule dominant mesure plus de 14 mm et est arrivé en phase de prérupture s’il mesure 18 à 20 mm voire plus, surtout en cas d’induction de l’ovulation. Le suivi se fait toutes les 48 h à 72 h, la croissance normale d’un follicule étant de 2 mm en 36 h environ. Ce suivi permet de s’apercevoir d’une sélection plus tardive en cas de cycle long ; par exemple, sur un cycle de 35 jours, cette phase de croissance se fait sur les cinq derniers jours de phase folliculaire soit avec une ovulation vers J20 nécessitant une surveillance de J14 à J20 et non comme pour un cycle de 28/30 jours une surveillance de J10 à J14/J16 (Gougeon, 2010).


La rupture folliculaire se traduit par la disparition du follicule mature et l’apparition du liquide folliculaire dans le Douglas si l’échographie est faite dans les 12 h post-rupture. Le corps jaune peut être bien visible 48 h après l’ovulation.


Les kystes ovariens sont à étudier de préférence en fin de règles pour vérifier leur disparition (kystes fonctionnels) ou leur persistance.


Rappelons un point pratique important : un kyste est défini par la taille de la structure liquidienne (> 25 mm). En dessous, il s’agit de follicules un peu gros, comme on l’observe fréquemment en cas d’induction de l’ovulation.


L’utilisation du doppler couleur permet d’apprécier la vascularisation de l’ovaire qui varie au cours du cycle et qui dépend des œstrogènes. L’existence de vaisseaux tissulaires à basse résistance est en faveur de la malignité (cf. chap. 14, p. 194).


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Apr 23, 2017 | Posted by in GYNÉCOLOGIE-OBSTÉTRIQUE | Comments Off on 4: Exploration de l’ovaire

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