Chapitre 35 Autres infections virales et grossesse
Hépatite B
L’hépatite aiguë B se complique d’infection chronique dans 10 % des cas chez l’adulte, dont 8 à 20 % évolueront vers la cirrhose 5 ans après le diagnostic, avec une incidence annuelle de carcinome hépatocellulaire évaluée de 2 à 5 % par an [1]. Pendant la grossesse il existe un risque de transmission maternofœtale ou néonatale, le plus souvent lors de l’accouchement, par contact avec le sang et les autres fluides corporels d’une mère porteuse de l’antigène HBs. L’infection virale B chez l’enfant se chronicise dans 80 % des cas.
Rappels de virologie
Le virus de l’hépatite B (VHB) fait partie du groupe des Hepadnaviridae, genre Orthohepadnavirus. Il s’agit d’un virus enveloppé, dont le génome est de type acide désoxyribonucléique (ADN) bicaténaire (particule de Dane).
Il existe trois antigènes structuraux : l’antigène de surface (Ag HBs), l’antigène du noyau (Ag HBc) et l’antigène e (Ag HBe). L’Ag HBs est présent dans l’enveloppe qui entoure le noyau et circule librement dans le sang. L’Ag HBc se trouve dans le noyau, au niveau de la capside virale. Il interagit avec l’ADN ou l’ARN viral. Il n’est présent que dans les hépatocytes de l’hôte infecté. L’Ag HBe est aussi associé au noyau viral ; il est également présent dans la circulation et signe la réplication virale.
Épidémiologie
On estime à 350 millions le nombre de porteurs chroniques de l’Ag HBs dans le monde. En fonction de la prévalence du portage de l’Ag HBs, trois zones, correspondant à des niveaux de prévalence et à des modes de contamination prépondérants, ont été définies. Environ 45 % de la population du globe vit dans un des pays de la zone de haute endémicité avec une prévalence de l’Ag HBs de 8 à 20 % (Afrique sub-saharienne, Asie du Sud-Est, Chine méridionale et bassin amazonien). Dans ces régions, l’hépatite B est une infection de la petite enfance, transmise le plus souvent de la mère à l’enfant lors de l’accouchement ou du maternage ; le risque d’acquérir l’infection au cours d’une vie entière est supérieur à 60 %.
En France, la prévalence de l’antigène HBs est estimée à 0,65 %, et il existe environ 280 800 porteurs chroniques [2, 3] (rapport InVS : « Prévalence des hépatites B et C en France en 2004 » mars 2007, http : //www.invs.sante.fr/publications/2006/prevalence_b_c/vhb_france_2004.pdf). Chez la femme enceinte, la prévalence, qui varie de 0,54 à 1,56 % selon les régions, est plus forte chez les femmes immigrées (2,56 vs 0,15 %) que chez les femmes françaises [4]. Ainsi, une à deux grossesses sur 1 000 sont compliquées par des hépatites B aiguës, et 5 à 15 sur 1 000 par des hépatites B chroniques.
Diagnostic de l’hépatite B
Clinique
La période d’incubation varie de 50 à 150 jours. L’hépatite aiguë B est asymptomatique dans la majorité des cas. Les symptômes pré-ictériques les plus fréquents sont des céphalées, une asthénie, une anorexie, la fièvre, plus rarement des arthralgies, des myalgies, des nausées, une gêne de l’hypocondre droit, un foie sensible à la palpation ou une éruption cutanée. L’ictère, qui dure 2 à 6 semaines, s’accompagne d’un prurit, d’urines foncées et de selles décolorées. Une forme fulminante avec insuffisance hépatocellulaire survient dans 0,1 à 1 % des cas, pouvant nécessiter une transplantation hépatique. Dans 5 à 10 % des cas, l’infection devient chronique, avec un risque de cirrhose d’environ 20 % et de carcinome hépatocellulaire de 2 à 5 % par an. En France, une enquête nationale sur la mortalité réalisée en 2004–2005 a permis d’estimer que 1 507 décès (IC 95 % : 640–2 373) étaient associés au VHB (Ag HBs trouvé positif), soit un taux de mortalité de 2,2 pour 100 000 (IC 95 % : 0,8–3,7) (http : //www.invs.sante.fr/publications/2006/prevalence_b_c/vhb_france_2004.pdf). Le stade de la maladie au moment du décès est au moins une cirrhose dans 93 % des cas et un carcinome hépatocellulaire sur cirrhose dans 35 % des cas.
Biologie
Au stade aigu de l’infection, le premier marqueur détectable dans le sang est l’ADN viral par PCR ultrasensible. L’Ag HBs apparaît 2 à 7 semaines avant les signes cliniques ou biologiques (élévation des transaminases, de la bilirubinémie). L’hépatite est dite chronique si l’Ag HBs est détectable au-delà de 6 mois. Au stade aigu, les anticorps anti-HBc de type IgM sont positifs, remplacés par des anticorps anti-HBc de type IgG à partir du 6e mois. L’Ag HBe, marqueur de réplication virale, est également présent précocement au stade aigu. La séroconversion HBe survient le plus souvent vers le 4e mois en cas de guérison. Cependant les anticorps anti-HBe peuvent également être présents alors que l’Ag HBs persiste. Il s’agit soit d’un portage inactif de l’Ag HBs, soit d’une mutation virale appelée précore. L’apparition d’anticorps anti-HBs signe la guérison.
Les tableaux 35.1 et 35.2 résument les différentes situations sérologiques et leur interprétation.
Hépatite B et grossesse
Influences respectives
L’infection virale B n’est pas une cause connue de malformation fœtale. Cependant, un risque accru de menace d’accouchement prématuré et de diabète gestationnel a été mis en évidence dans une étude cas-témoin chinoise [5].
La grossesse n’augmente pas les risques d’hépatite aiguë sévère, et modifie peu l’évolution naturelle d’une hépatite chronique. Cependant, des phénomènes de réactivation du VHB ont été rarement rapportés, ainsi qu’une augmentation de la charge virale en fin de grossesse ou dans le post-partum [6, 7]. À l’inverse, des séroconversions HBe et HBs ont également été observées dans le post-partum [6]. En pratique, il faut réévaluer la situation après l’accouchement.
Transmission mère-enfant du VHB
Le principal risque en période périnatale est la transmission verticale. Le nouveau-né est contaminé par le sang ou les sécrétions du tractus vaginal de la mère infectée pendant le travail, par le biais d’un traumatisme natal, d’abrasions épidermiques mineures ou de l’ingestion des liquides infectés. La voie de contamination hématogène est nettement plus rare mais bien documentée [8–11]. Le risque de transmission à l’enfant dépend du type d’infection maternelle et du terme. Dans les hépatites aiguës survenant au cours du 1er ou du 2e trimestre de la grossesse, l’enfant sera rarement infecté, alors qu’au cours du 3e trimestre, le risque de transmission est d’environ 70 % [12, 13]. Lors des infections chroniques sans marqueur de réplication (Ag HBs positif, Ag HBe négatif, ADN négatif), le risque de transmission à l’enfant à la naissance est d’environ 10 à 20 %, alors qu’il est de 90 % si la charge virale est élevée (> 1010 copies/mL) [14–16].
La transmission horizontale via l’allaitement maternel est également possible, le virus ayant été mis en évidence dans le lait maternel [17–19].
Prise en charge thérapeutique de l’hépatite B chronique en cours de grossesse
Durant la grossesse
En France, le dépistage sérique de l’Ag HBs est obligatoire au 6e mois de grossesse depuis 1992 (même en cas de vaccination antérieure). En cas de découverte d’un Ag HBs positif, la première étape consiste à le confirmer sur un second prélèvement. En cas de confirmation, des co-infections par VIH, VHC et hépatite Delta doivent être recherchées, et l’enquête sérologique doit être complétée par la recherche des anticorps anti-HBs et anti-HBc chez la femme. L’entourage doit aussi être dépisté. Un bilan biologique complémentaire devra être effectué (NFS, plaquettes, taux de prothrombine et bilan hépatique). Selon le profil sérologique, le statut HBe et la charge virale seront déterminés. Des mesures de précaution devront être mises en œuvre pour le personnel soignant. Il n’existe aucune recommandation particulière de suivi clinique ou échographique de la grossesse en cas d’hépatite aiguë ou chronique B. En revanche, il est indispensable d’orienter la patiente vers un hépatologue avant le terme.
Le traitement antiviral n’est pas toujours indiqué dans l’hépatite B chronique, et presque jamais en cas d’hépatite B aiguë (il peut être discuté en cas d’hépatite fulminante). L’interféron est contre-indiqué pendant la grossesse, et les analogues nucléotidiques ou nucléosidiques ne doivent être employés qu’en cas de nécessité absolue pour la mère, justifiant le risque pour le fœtus [20]. Une étude récente rapportée par le registre APR (Antiretroviral Pregnancy Registry), portant sur 9 948 nouveau-nés de mères infectés par le VIH et/ou le VHB, vivants et exposés in utero à la lamivudine (n = 7 720) ou au ténofovir (n = 942), a montré que le risque de malformations était comparable à celui d’une cohorte témoin [21]. Le choix de première intention est donc la lamivudine. Si une grossesse débute alors que la patiente a déjà un traitement antiviral, le passage à la lamivudine peut être envisagé, mais ne peut être recommandé, et le risque de réactivation virale chez la mère doit être pris en compte. Enfin, plusieurs études suggèrent la possibilité d’une prévention de la transmission mère-enfant par l’usage de la lamivudine dans le dernier trimestre de la grossesse [22–24] chez les patientes avec une charge virale très élevée (> 108 copies/mL). Les gammaglobulines ont également été évaluées dans la prévention de la transmission in utero du VHB avec des résultats discordants selon les études [25, 26].
À l’accouchement
Il convient d’éviter un travail prolongé ainsi que les procédures invasives prénatales (électrodes au scalp, prélèvements de sang fœtal à des fins de détermination du pH ou des lactates). On ne considère pas que la césarienne offre une protection contre la transmission verticale, car une seule étude a montré des arguments en faveur de la césarienne [27]. Les extractions instrumentales doivent être limitées au maximum afin de limiter les altérations du cuir chevelu.
Après l’accouchement
La seule prévention efficace est l’association d’une immunoprophylaxie et d’une sérovaccination des nouveau-nés. L’immunoprophylaxie doit être effectuée même si l’Ag HBs a disparu au moment de l’accouchement. En l’absence de séroprophylaxie, le risque de transmission est de 90 % si l’ADN viral est positif (supérieur à 100 000 copies) et entre 10 et 20 % des cas s’il est négatif (inférieur à 10 000 copies) [28]. L’efficacité de la sérovaccination est d’environ 90 % [29]. Malgré les recommandations, elle ne serait effectuée que dans 60 % des cas. L’injection de gammaglobulines anti-HBs doit être réalisée idéalement avant la 12e heure de vie [30], en intramusculaire, avec une dose au mieux adaptée au statut de la mère vis-à-vis de la réplication virale et de l’Ag HBe (100 UI si ADN négatif et Ag HBe négatif, 200 UI sinon). La première dose de vaccin doit également être injectée en intramusculaire sur un autre site dès le premier jour de vie. Il s’agit d’un schéma à trois injections (J0, M1 et M6). Une dose supplémentaire de vaccin doit être administrée à 2 mois pour les prématurés et les enfants de faible poids (< 2 000 g). Dans tous les cas, le suivi sérologique (dosage de l’Ag HBs et de l’anticorps anti-HBs) de l’enfant devra être prolongé (à 1 an et 1 à 4 mois après la dernière dose de vaccin). En cas de non-réponse à la sérovaccination, l’enfant restera le plus souvent porteur chronique asymptomatique (même si une authentique hépatite néonatale est possible). Ses enfants doivent donc être suivis au long cours sur le plan viral. De la même façon, des cas d’exacerbation virale ayant été rapportés chez la mère dans le post-partum, les femmes doivent être suivies de près après l’accouchement par un hépatologue [31].
Prévention de l’hépatite B
La prévention de l’hépatite B dans la population générale passe par l’identification des personnes à risque élevé d’exposition (partenaires multiples, institutions psychiatriques, toxicomanes, voyageurs en pays d’endémie, résidence en zone d’endémie, activités professionnelles à risque, patients à risque de transfusions massives et/ou itératives, entourage d’un sujet infecté, détenus). Par ailleurs, dans une perspective de contrôle à plus long terme, la vaccination des nourrissons et le rattrapage des enfants et adolescents jusqu’à l’âge de 15 ans révolus sont recommandés [32]. Ces recommandations d’ordre général s’appliquent à la femme enceinte. Ainsi, la découverte d’une hépatite aiguë B chez un membre du foyer familial d’une femme enceinte non immunisée est une indication à la sérovaccination immédiate de la future maman et à la sérovaccination de l’enfant à la naissance.
Le vaccin contre l’hépatite B est composé d’un antigène de surface. Il est dépourvu de pouvoir infectant. Il n’y a donc pas lieu de craindre une infection embryofœtale par le virus de l’hépatite B lors d’une vaccination en cours de grossesse. Les données publiées chez les femmes enceintes exposées au vaccin contre l’hépatite B sont peu nombreuses mais, à ce jour, aucun élément inquiétant n’a été rapporté. En pratique, le CRAT (Centre de référence sur les agents tératogènes) (http://www.lecrat.org/) stipule qu’en prévision d’une grossesse, il n’y a aucun délai à respecter entre une vaccination contre l’hépatite B et le début de la grossesse et que, concernant la vaccination chez une femme enceinte, celle-ci est possible, s’il y a une indication, quel que soit le terme de la grossesse. En ce qui concerne la découverte d’une grossesse après vaccination, la patiente peut être rassurée quant aux risques embryofœtaux du vaccin contre l’hépatite B. La vaccination peut même être poursuivie en cours de grossesse si toutes les doses n’ont pas été administrées. En cas d’allaitement, le vaccin contre l’hépatite B étant dépourvu de pouvoir infectant, il n’y a pas lieu de craindre une infection de l’enfant. Au vu de ces éléments, cette vaccination est possible pendant l’allaitement. La vaccination de la mère n’est pas un motif pour modifier la vaccination de l’enfant lorsqu’elle est prévue.
Hépatite C
L’hépatite aiguë C se complique d’infection chronique dans 70 % des cas chez l’adulte, dont 20 à 30 % évolueront vers la cirrhose en 20 ans, et 20 % d’entre eux développeront un carcinome hépatocellulaire, soit une incidence de 3 à 5 % par an. Pendant la grossesse, la transmission a lieu le plus souvent lors de l’accouchement. Chez l’enfant, l’évolution de l’hépatite virale C après transmission maternofœtale est généralement chronique, mais bénigne pendant plusieurs années.
Rappels de virologie
Le virus de l’hépatite C (VHC) est un virus de la famille des Flaviviridae, genre Hepacivirus. C’est un virus enveloppé à capside icosaédrique, dont le génome est de type ARN simple brin linéaire. Actuellement, il existe six génotypes viraux, numérotés de 1 à 6, qui présentent entre eux moins de 70 % d’homologie de séquence. Au sein de chaque type existent des sous-types, désignés par des lettres minuscules. Actuellement, 80 sous-types ont été décrits. Si les génotypes 1, 2 et 3 sont mondialement répandus, et les plus fréquents en France, les autres génotypes ont des répartitions géographiques variables. Il existe une relation entre le génotype et la réponse au traitement par la bithérapie interféron pégylé + ribavirine. Les génotypes 1 répondent moins bien au traitement que les génotypes 2 et 3.
Épidémiologie
On estime que 180 millions de personnes sont infectées par le virus de l’hépatite C (VHC) dans le monde, soit une prévalence d’environ 3 %. La France se situe dans le groupe des pays d’endémicité moyenne (comme les autres pays d’Europe de l’Ouest et les États-Unis), avec une prévalence de l’infection par le VHC de l’ordre de 1 % [33–36], dont 80 % ont une réplication virale active [37]. Il y aurait en France 500 000 à 600 000 porteurs chroniques du VHC. Cependant, la prévalence peut atteindre 30 % dans certains groupes exposés (VIH+ notamment) [38]. L’incidence estimée en France est de 5 000 à 6 000 nouveaux cas par an. La prévalence chez la femme enceinte est estimée à 1 % en France [39].
L’hépatite C est principalement transmise par voie parentérale. Si la transmission par voie transfusionnelle est maîtrisée, avec un risque résiduel estimé à 1 pour 7 millions de dons depuis la mise en œuvre du dépistage génomique viral, une transmission importante persiste chez les toxicomanes intraveineux. En cas de transmission nosocomiale (centres d’hémodialyse, gestes invasifs, endoscopie, utilisation inappropriée d’autopiqueurs, etc.), il existe toujours un non-respect des règles d’hygiène. La transmission sexuelle existe mais est très faible. La transmission de la mère à l’enfant est d’environ 3 % et concerne principalement les enfants nés de mères co-infectées par le VIH, tout comme celle des professionnels de santé lors des accidents d’exposition au sang. Le dépistage de l’hépatite C est recommandé uniquement dans ces groupes à risque (anticorps anti-VHC) [40, 41].
Diagnostic de l’hépatite C
Clinique
Après 6 à 12 semaines d’incubation, l’hépatite C aiguë est en règle générale asymptomatique. Les symptômes, lorsqu’ils sont présents, sont non spécifiques, tels qu’un syndrome pseudo-grippal et une asthénie. L’ictère, présent dans 20 % des cas, est un facteur prédictif de guérison. Il n’y a pas de risque d’évolution fulminante. L’évolution est chronique dans 70 % des cas, avec une cirrhose dans 20 à 30 % des cas à 20 ans, d’autant plus rapidement qu’il existe une consommation d’alcool associée ou une co-infection avec le VIH ou le VHB. Vingt pour cent des cirrhotiques feront un carcinome hépatocellulaire, soit une incidence de 3 à 5 % par an.
Biologie
La présence d’anticorps anti-VHC signe uniquement un contact avec le virus, sans présumer de l’activité virale. Le premier marqueur de l’infection par le VHC est l’ARN viral détectable en PCR ultrasensible dans le sérum une semaine après l’infection. Les transaminases augmentent entre le 1er et le 2e mois. L’anticorps anti-VHC n’apparaît que 3 à 4 mois après le début de l’infection, et persiste à vie y compris chez les patients guéris.
Hépatite C et grossesse
Influences respectives
Le VHC n’est pas tératogène. L’hépatite aiguë C ne semble pas modifier le déroulement de la grossesse [42], à l’exception d’un taux accru de cholestase gravidique [40].
La grossesse ne modifie pas le profil évolutif de l’infection. La période du post-partum serait cependant marquée par une décroissance de la virémie chez ces patientes VHC+ [41].
Transmission mère-enfant du VHC
Il n’y a pas de transmission d’infection virale C en cas d’anticorps anti-VHC isolés (ARN négatif). La transmission se fait de façon verticale principalement à l’accouchement [42]. Des cas de contamination in utero ont cependant été décrits [43]. Le taux de transmission verticale du VHC se situe entre 3 et 10 % en cas d’infection par le VHC seul [44, 45]. Cependant, ce taux peut être multiplié par deux en cas de co-infection VIH (15–18 %) [46–48], et par trois en cas de co-infection virale B [42, 46, 49, 50] ou lorsque la charge virale est supérieure à 105–106 copies/mL. Le génotype ne semble pas influencer le risque [51]. Malgré la présence possible d’ARN viral dans le liquide amniotique, l’amniocentèse ne semble pas favoriser l’infection du fœtus. Delamare et al. [90] ont étudié la présence de l’ARN du VHC par PCR dans le liquide amniotique chez 22 femmes enceintes, dont 16 avaient une charge virale plasmatique positive. La recherche était positive dans un seul cas, mais l’enfant n’était pas infecté par le VHC à la naissance. Dans ce cas, le placenta était antérieur et la réalisation d’une procédure transplacentaire ne permet pas d’exclure la possibilité d’une contamination du liquide amniotique par du sang maternel lors de la ponction. Dans une série non publiée [52], 51 enfants issus de mères VHC-ARN positives étaient comparés à 110 enfants issus de mères VHC-ARN négatives. Le taux d’amniocentèse était comparable dans les deux groupes (16,6 vs 25,3 % ; p = 0,27). L’amniocentèse n’était pas un facteur de risque de transmission maternofœtale en analyse multivariée. Cependant, en 2001, Minola et al. [53] rapportaient un cas de transmission maternofœtale du VHC dans les suites d’une amniocentèse pour âge maternel à 19 semaines d’aménorrhée. À ce jour, le risque de contamination par le VHC lié à l’amniocentèse ne peut être totalement exclu. Il est donc nécessaire d’évaluer le bénéfice attendu avant de pratiquer ce type d’exploration. Enfin, il est possible que la co-infection VIH-VHC augmente le risque de transmission du VHC au moment de l’amniocentèse.
Le rôle du mode d’accouchement dans la prévention de la transmission du VHC est controversé [42, 47, 51, 54]. La césarienne ne semble pas prévenir la transmission maternofœtale de l’hépatite C [55] contrairement à celle de la co-infection VHC-VIH [56]. L’épisiotomie ne favorise pas la transmission, contrairement aux lacérations vaginales traumatiques [57]. Cependant, dans une étude récente, la césarienne élective, avant la rupture de membranes était associée à un risque moindre de transmission virale par rapport à l’accouchement par voie basse ou à la césarienne en urgence (odds ratio 0 [0–0,87], p = 0,04) [52].