Chapitre 32 Rédaction des certificats médicaux en gynécologie1
Grands principes de la rédaction des certificats
Écrivez en bon français et lisiblement !
Le médecin « qui a passé un contrat » avec un patient ne peut lui refuser un certificat descriptif.
Certificat et secret professionnel
Il faut conserver l’aspect absolu du secret médical. Le secret est opposable à tout le monde sauf au malade. Cependant comme le Code de déontologie le précise, le médecin doit s’efforcer de faciliter l’obtention par le malade de ses droits. Le médecin est donc autorisé à délivrer au malade (et à lui seul) les documents nécessaires pour l’obtention de ses droits. Un certificat ne peut lui être remis qu’en main propre. Il ne doit jamais être remis à un tiers en dehors de dérogations légales (malades mentaux par exemple).
Agression sexuelle
Le Code pénal définit le viol comme : « Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise… » (Art. 222-23.)
Examen d’une victime présumée d’agression sexuelle
Il comporte deux types d’obligations pour le praticien :
d’une part médicales, avec un bilan des lésions et un avis thérapeutique ;
d’autre part judiciaires, avec établissement d’un certificat médical descriptif et réalisation des divers prélèvements nécessaires à l’enquête, notamment en vue de l’identification génétique. L’examen doit être complet, notamment vis-à-vis de toutes lésions traumatiques témoins de la contrainte.
Outre l’examen général et l’examen gynécologique, le praticien a un rôle fondamental dans :
la prise en charge psychologique ;
la prévention ou le traitement d’une grossesse ou d’une maladie vénérienne.
Interrogatoire
la date des faits et leur nature (pénétration ? douleurs ? saignement ? violences associées ? ) ;
la date des dernières règles ;
la date du dernier rapport sexuel consenti ;
l’existence éventuelle de rapports antérieurs, voire de rapports après celui sous contrainte ;
l’existence éventuelle d’une contraception ;
si une grossesse est en cours ;
s’il existe des antécédents gynécologiques, obstétricaux et médicaux, ainsi que chirurgicaux.
Examen effectué en présence d’une tierce personne
S’il s’agit d’une mineure, il doit rechercher :
des traces traumatiques sur l’ensemble du corps (qui seront consignées et décrites avec précision) ;
des lésions de la sphère génitale : face interne des cuisses, petites et grandes lèvres, hymen (type, déchirure ancienne ou récente, son aspect et son siège).
la vérification du col après pose de spéculum : celui-ci ne doit être posé qu’après l’examen minutieux de l’hymen, des petites lèvres ;
un toucher vaginal (dont les données, jointes à celles de l’examen de l’hymen, pourront permettre un diagnostic de défloration ancienne ou récente, ou d’absence de défloration) ; il teste la « tolérance de l’hymen » à un doigt, à deux doigts ;
un examen de l’anus : aspect des plis radiés (irritation, fissure) ;
L’examen de l’hymen (figures 32.1 et 32.2) peut être effectué :
à l’aide d’un toucher rectal, qui étale la cloison rectovaginale (figure 32.3) ;
à l’aide d’une sonde à ballonnet. On introduit, à travers l’hymen, une sonde molle en caoutchouc. On gonfle le ballonnet et on retire doucement la sonde, jusqu’à ce que le ballonnet (gonflé) vienne étaler l’hymen (figure 32.4) ;
ou par étalement pas à pas par l’extrémité d’un écouvillon. Cette méthode devient la méthode de référence, le ballonnet gonflé pouvant, lors de contractions d’explulsion, rompre l’hymen (Soutoul, 1994).
Prélèvements
Les prélèvements sont de deux ordres.
À caractère médical
la recherche de germes (en particulier Trichomonas, Chlamydia et gonocoques) ;
un dosage des β-HCG plasmatiques ;
une sérologie de la syphilis (TPHA VDRL) ;
Les sérologies β-HCG et TPHA VDRL doivent être répétées 3 semaines après.
Les sérologies VIH et hépatites doivent être répétées 3 mois après, voire à 6 mois.
À caractère médico-légal
les prélèvements en vue de rechercher les empreintes génétiques lorsque l’agression remonte à moins de 72 heures. Si ce délai est passé, on doit prélever aussi même si la probabilité de trouver quelque chose est faible. Si on ne prélève pas, on est sûr de ne rien avoir. On prélèvera donc pour :
un prélèvement sanguin témoin de la victime doit être effectué : 10 à 20 mL sur EDTA ;
les prélèvements toxicologiques en cas de suspicion de soumission chimique pour recherche et dosage des tranquillisants, benzodiazépines, barbituriques, alcool… :
Thérapeutique immédiate et surveillance
un microprogestatif le lévonorgestrel (lévonorgestrel Biogaran®, Norlevo® remboursés à 65 %), 1 comprimé à 1,5 mg dans les 72 heures, le plus tôt possible après le rapport (cf. chap. 28) ;
un estroprogestatif combiné à 50 mcg d’éthinylestradiol (Stédiril® remboursé), 2 comprimés dans les 72 heures et 2 comprimés 12 heures après.