3: Physiologie rétinienne

Chapitre 3 Physiologie rétinienne



Pendant l’embryogenèse, le rapprochement de l’épithélium pigmentaire et de la rétine neurosensorielle intervient de façon tardive et incomplète. L’absence de fusion entre ces deux feuillets cellulaires constitue un élément de fragilité.


Le décollement de rétine supprime le rapport étroit entre photorécepteur et épithélium pigmentaire. Or, ce lien privilégié est le premier chaînon nécessaire au bon fonctionnement global de la rétine, dont le rôle est de transformer un signal électromagnétique (la lumière) en un signal électrique (le potentiel d’action) pouvant être transmis et décrypté par le cortex visuel.



Physiologie globale de la rétine


L’objet de cette section est de présenter une vue globale des mécanismes qui paraissent essentiels à la compréhension de la fonction rétinienne :







image RENOUVELLEMENT DE L’ARTICLE EXTERNE DU PHOTORÉCEPTEUR




RÉGÉNÉRATION DU CONTENU : LE CYCLE VISUEL


Le cycle visuel est à l’origine du renouvellement du photopigment : la lumière transforme le 11-cis-rétinal en tout-trans-rétinal et la régénération permet de reproduire du 11-cis-rétinal. Pour la régénération du photopigment, les bâtonnets dépendent de l’épithélium pigmentaire, les cônes dépendent des cellules gliales intrarétiniennes (cellules de Müller) (fig. 3-4) [8].



Le 11-cis-rétinal régénéré est intégré au niveau d’une macromolécule constituée de plusieurs sous-unités d’une protéine nommée l’opsine, l’ensemble réalise la rhodopsine dans les bâtonnets (fig. 3-5a) [6]. Le passage de la forme cis à la forme tout-trans provoque l’activation de l’opsine, ce qui déclenche la cascade de phototransduction.



La sensibilité du photopigment en fonction de la lumière incidente n’est pas la même pour tous les photorécepteurs. Chaque type de photopigment (un pour les bâtonnets, trois pour les cônes) est caractérisé par une courbe de sensibilité en fonction de la longueur d’onde de la lumière (courbe de sensibilité spectrale). Ainsi, selon leur courbe de sensibilité spectrale, il est possible de différencier trois cônes différents : « rouge », « vert » et « bleu » (fig. 3-5b).



image CASCADE DE PHOTOTRANSDUCTION


La cascade de phototransduction (activation de l’opsine, activation de la transducine, puis activation de la phosphodiestérase ; fig. 3-6) aboutit à l’hydrolyse du GMP cyclique (GMPc), ce qui induit la fermeture des canaux cationiques (à Na+ principalement, et à Ca2 + et Mg2 +) entrants GMPc-dépendants. Ceci engendre un déficit relatif de charges positives dans la cellule et donc une prédominance des charges négatives (hyperpolarisation). L’hyperpolarisation du segment externe du photorécepteur engendre une inhibition de la sortie du potassium (épargne des charges positives intracellulaires) au niveau du segment interne (fig. 3-6b), réduisant la concentration du potassium dans le compartiment extracellulaire sous-rétinien, ce qui entraîne une réponse compensatrice par les cellules de Müller et par l’épithélium pigmentaire(cf. infra).



Au niveau de la couche plexiforme externe (connexions synaptiques entre photorécepteurs, cellules bipolaires et cellules horizontales), l’hyperpolarisation du photorécepteur consécutive à la stimulation lumineuse est responsable d’une diminution de la libération de neurotransmetteur (glutamate), ce qui est le fondement de la transmission de l’information aux cellules bipolaires.



image TRANSMISSION DU PHOTORÉCEPTEUR À LA CELLULE GANGLIONNAIRE


Entre les photorécepteurs (cent vingt millions de bâtonnets et sept millions de cônes) et les cellules ganglionnaires (un million de cellules), il existe un circuit de traitement et de compression de l’information visuelle par des interneurones (cellules bipolaires, horizontales, amacrines) avant qu’elle ne soit transmise au cortex visuel primaire via les voies visuelles rétrobulbaires.



COUCHE PLEXIFORME EXTERNE, COUCHE GRANULAIRE INTERNE


Les synapses situées sur le segment interne des photorécepteurs assurent, au sein de la couche plexiforme externe, des connexions avec deux autres types cellulaires, les cellules horizontales et les cellules bipolaires, dont les corps cellulaires constituent la couche nucléaire interne.



Cellules horizontales


Il existe plusieurs classes de cellules horizontales (fig. 3-7). La cellule horizontale de type 1 (H 1) relie des cônes avec un bâtonnet et la cellule horizontale de type 2 (H 2) relie des cônes rouges, verts et bleus avec un autre cône bleu. Les cellules horizontales interviennent dans le traitement du contraste et la vision des couleurs en assurant des connexions entre des cônes de sensibilités spectrales différentes.




Cellules bipolaires


Cellules bipolaires de bâtonnets. — L’hyperpolarisation d’un bâtonnet en réponse à la lumière provoque la dépolarisation d’une cellule bipolaire (cellule bipolaire de type « ON ») (fig. 3-8).


image

Fig. 3-8 Cellules bipolaires. Un signal lumineux hyperpolarise les photorécepteurs, ce qui réduit la sécrétion de glutamate à leur pôle synaptique. En fonction de la nature de ses récepteurs au glutamate, la cellule bipolaire en regard répond différemment à cette diminution de la concentration de glutamate : on distingue ainsi des cellules bipolaires qui répondent par une hyperpolarisation (cellules « OFF ») et des cellules bipolaires qui répondent par une dépolarisation (cellules « ON »). Les cellules bipolaires se différencient également par leur arbre dendritique : des cellules naines sont caractérisées par un champ réduit, les cellules diffuses par un champ large.


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Jun 3, 2017 | Posted by in GÉNÉRAL | Comments Off on 3: Physiologie rétinienne

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