28: Contraception hormonale

Chapitre 28 Contraception hormonale1




La première pilule contraceptive, mise au point en 1951 par G. Pincus et MC. Chang, a été commercialisée en 1960 aux États-Unis.


Véritable bouleversement des idées et des mœurs depuis 1960, la contraception, offrant aux couples d’avoir le nombre d’enfants désirés, a séparé fondamentalement la sexualité et la reproduction et a permis de contrôler celle-ci.


Cependant en France, la limitation volontaire des naissances a commencé à se répandre dès la seconde moitié du XVIIIe siècle, bien avant l’apparition des méthodes médicales de contraception, les couples pratiquant principalement le retrait et l’abstinence. Ces méthodes trop imparfaites généraient un trop grand nombre de grossesses non désirées, situations de moins en moins acceptées notamment après la Seconde Guerre mondiale, conduisant les femmes à revendiquer ouvertement le droit d’avoir « un enfant si je veux, quand je veux » (slogan du Mouvement français pour le planning familial à la fin des années 1970). Mais la loi de 1920 limitait l’accès à la contraception et réprimait l’avortement. Le mouvement d’opinion a conduit à l’adoption en 1967 de la loi Neuwirth, libéralisant l’usage de la contraception. Le taux d’utilisation de la pilule passe alors de 5 % en 1970 à 37 % en 1978 pour atteindre 60 % aujourd’hui.


Au début de ce XXIe siècle, on estime que 560 millions de personnes utilisent les techniques contraceptives avec une baisse du taux moyen d’enfants par femme qui est passé de 6,1, il y a 20 ans, à 3,9 en 1990 et à 2,1 en 2004. La contraception est plus que jamais d’actualité car les 7 milliards d’êtres humains actuels seront 8 milliards en 2025 et, sans doute, 9 milliards à la fin de ce siècle. Les problèmes de pauvreté, malnutrition, mortalités maternelle et infantile, pollution, déficit d’accès aux ressources naturelles, engendrés par cette augmentation, légitiment la recherche de nouvelles méthodes et la diffusion des moyens existant dans les milieux défavorisés.


L’utilisation de cette contraception permet, en espaçant les naissances et en réduisant la fréquence des fausses couches, de diminuer la mortalité maternelle très élevée dans les pays émergeant (10 à 70/10 000 versus 3/10 000 dans les pays développés) et aussi la mortalité infantile (113/1000 en Afrique versus 12/1000 en Europe).


En 2009, dans le monde, 56,1 % des personnes entre 15 et 49 ans utilisaient un moyen de contraception dit moderne (préservatifs, pilule, implant, stérilisation, méthodes de barrières vaginales – diaphragmes, spermicides, gels, crèmes… –, contraceptif intra-utérin) : 21,9 % en Afrique, 61,1 % en Asie, 56,3 % en Europe, 64,3 % en Amérique latine et Caraïbes, 68,5 % en Amérique du nord, 52 % en Océanie.



Situation paradoxale en France


Aujourd’hui en France,13 millions de femmes entre 15 et 49 ans sont en âge de procréer. Si on exclut les femmes sans partenaire, celles qui désirent un enfant ou sont déjà enceintes, ce sont 71 % de femmes actives sexuellement et âgées de 15 à 54 ans qui utilisent comme moyens contraceptifs la pilule (57,4 %), le dispositif intra-utérin (24,8 %) et le préservatif (11,4 %) (Beck, 2005). Cependant si le taux de natalité est l’un des plus élevé d’Europe, (2,01 enfants par femme) et si huit naissances sur dix semblent bien planifiées (le taux des naissances bien planifiées passant de 59 % en 1970 à 83 % en 1995), une grossesse sur trois n’est pas prévue et parmi ces grossesses non prévues, deux sur trois surviennent chez des femmes qui utilisaient une contraception.


Pourtant de nombreuses mesures ont été prises pour informer les couples, favoriser l’accessibilité aux consultations de contraception, faciliter la délivrance des produits contraceptifs. Citons l’éducation sexuelle obligatoire en milieu scolaire, l’autorisation de la stérilisation, la suppression de l’autorisation parentale pour les mineures, la délivrance gratuite de la contraception d’urgence (2001), la délivrance de la contraception hormonale par les sages-femmes dans les suites de couches ou d’IVG (2004), le renouvellement des ordonnances par les pharmaciens, l’examen gynécologique et la pose de stérilets par les sages-femmes (2009) (Aubin, 2009).


Malgré ces modifications législatives et une couverture contraceptive particulièrement étendue (plus de 95 % de femmes ayant une activité sexuelle et ne souhaitant pas avoir d’enfants déclarent utiliser un moyen de contraception), le taux d’IVG reste stable et à un niveau relativement élevé : 200 000 IVG par an, soit 14,7 IVG pour 1000 femmes en 2007 à comparer au 8/1000 des Pays-Bas (Vilain, 2009).


Pourtant dans 80 % des cas, la méthode contraceptive utilisée est une méthode délivrée sur ordonnance donc médicalement prescrite (59 % prennent la pilule, 24 % le dispositif intra-utérin, puis 11 % le préservatif).


Les professionnels de santé doivent donc :



image éviter de suivre une « norme contraceptive » avec prescription : du préservatif, seul ou associé à la pilule, en début de vie sexuelle ; de la pilule seule pour les femmes jeunes ayant une vie sexuelle stable ; du DIU pour les femmes déjà mères et qui ne désirent plus d’enfant ;


image lutter contre les idées fausses comme la pilule rend stérile (34 % des jeunes de 15 à 20 ans le pensent) la pilule fait grossir (24 % des femmes le pensent) le stérilet est contre-indiqué chez les femmes sans enfants (50 % le pensent) ;


image organiser des consultations de contraception selon le mode BERCER (bienvenue–entretien–renseignements–choix–explication–retour) recommandé par l’OMS (HAS, 2004) ;


image prescrire une contraception choisie par la femme ou le couple et non par le médecin ou la sage-femme en réévaluant à chaque consultation si la contraception est toujours la plus adaptée à la vie sexuelle, sentimentale, professionnelle ;


image prescrire en tenant compte des moyens financiers de la femme (les pilules remboursées ne sont pas obsolètes). Il y a des possibilités de prise en charge dans les centres de planification familiale pour les mineures mais aussi dans certaines conditions pour les majeures ;


image profiter des consultations de contraception pour :






Loin d’être une prescription banale, l’établissement d’une contraception est un acte médical demandant du temps et une prescription adaptée à chaque cas.


Par ailleurs, les pouvoirs publics doivent régulièrement informer les couples sur la contraception par des campagnes de communication menées suivant une périodicité régulière et rapprochée, et déclinées localement. Ces actions sont d’autant plus nécessaires qu’une quantité d’informations de qualité ou de fiabilité douteuses circulent sur ces questions, sur les sites Internet ou les forums de discussion. Ainsi l’INPES a diffusé différents messages : « la meilleure contraception, c’est celle que l’on choisit » message axé sur le choix éclairé (2007) ; « vous ne pouvez pas parler de contraception autour de vous ? parlez-en avec nous » message axé sur les adolescents (2008) ; « faut-il que les hommes tombent enceintes pour que la contraception nous concerne tous ? » message axé sur l’implication des hommes (2009).




Différents types de contraceptions hormonales


Historiquement purement progestative, et mal tolérée, la contraception orale s’est vite affirmée comme estroprogestative. Les doses élevées d’estrogènes, améliorant la tolérance endométriale se sont accompagnées de complications métaboliques et thromboemboliques, conduisant à une baisse progressive de la dose d’estrogènes améliorant la tolérance métabolique et vasculaire mais pas la tolérance endométriale. L’emploi de progestatifs plus puissamment antigonadotropes et de doses faibles d’estrogènes est un compromis. De nouvelles voies d’administration autres que la voie orale – percutanées, vaginales, en implant sous-cutané – se sont développées pour faciliter l’observance. On peut dire cependant qu’en 2011, la contraception hormonale idéale n’existe pas. Il s’agit néanmoins de la méthode contraceptive la plus utilisée dans les pays développés.



Estroprogestatifs


Les estroprogestatifs associent un estrogène et un progestatif de synthèse.



Estrogène


Il s’agit le plus souvent d’un estrogène de synthèse, l’éthinylestradiol (EE), dérivé artificiel de l’estradiol, principal estrogène sécrété par l’ovaire auquel un radical éthinyl a été ajouté.


L’éthinylestradiol confère au produit un effet estrogénique puissant permettant au stéroïde d’échapper à la dégradation digestive au prix d’une surcharge hépatique, le foie scindant le radical éthinyl de l’estradiol proprement dit qui est ensuite dégradé par cet organe par hydroxylation, comme l’hormone naturelle. Le point essentiel est l’induction enzymatique importante créée par cette transformation biochimique source d’effets secondaires doses dépendants : synthèse de triglycérides, de facteurs de coagulation, d’angiotensinogène, de protéines de liaison des stéroïdes hépatiques (SHBG : sex-hormone binding globulin, TBG : thyroxine binding globulin, CBG : cortisol binding globulin). Ce dernier point permet de comprendre certaines modifications de dosages hormonaux plasmatiques de femmes sous estroprogestatifs avec augmentation des hormones totales : thyroxine, cortisol, testostérone pouvant conduire à des interprétations erronées. Les doses d’éthinylestradiol utilisées vont de 50 à 15 μg/jour avec des effets secondaires diminués mais non abolis par les doses plus faibles. De nouveaux contraceptifs utilisant des estrogènes naturels, le valérate d’estradiol (EV – Qlaira®), le 17-β-estradiol (Zoely®) ou l’estétrol (E4) sont commercialisés. Le valérate d’estradiol est une forme estérifiée de l’estradiol naturel. L’estétrol (E4) est un estrogène naturel synthétisé par le foie du fœtus pendant la grossesse. Il faut maintenant étudier les effets de ces différentes molécules sur le métabolisme mais aussi sur le risque thromboembolique.



Progestatifs de synthèse


Ils appartiennent à deux grandes familles : les dérivés de la testostérone, norgonane à 19 atomes de carbone (par ex. le lévonorgestrel) et norestrane 18 atomes de carbone (par ex. la noréthistérone), ou les dérivés de la progestérone et de la 17-alpha-hydroxyprogestérone, prégnane (par ex. acétate de chlormadinone). Il s’agit plus récemment de dérivés du norgestrel : désogestrel, norgestimate ou gestodène. Ces derniers stéroïdes sont plus fortement antigonadotropes, pouvant être utilisés à doses plus faibles, ce qui contribue à la diminution de la dose totale de stéroïde et accroît la tolérance métabolique. Enfin, un nouveau progestatif, apparenté à la spironolactone (anti-aldostérone), la drospirénone, est proposé dans trois spécialités non remboursées. La drospirénone est dérivée de la 17-alpha-spironolactone. Elle garde une activité de type progestérone (anti-androgène faible) et a donc un effet anti-aldostérone avec augmentation de l’excrétion urinaire de Na+ entraînant une perte de poids significative avec la première association et un effet anti-acnéique notable (Foidart, 2000).


Il y a de nouveaux progestatifs qui n’en sont pas : la norelgestromine comprise dans le patch contraceptif est un précurseur (comme le norgestimate) du norgestrel et est donc androgénique ; l’étonorgestrel (implant ou anneau contraceptif) est un métabolite dérivé du désogestrel très peu androgénique obtenu à partir du norgestrel (qui, lui, est androgénique). Il est encore moins androgénique que le désogestrel et par là même potentiellement intéressant (Gaspard, 2004).


Il y a un nouveau progestatif très antigonadotrope (le plus puissant actuellement), le diénogest qui permet d’utiliser pour la première fois un sel d’estradiol puisque l’effet contraceptif est obtenu par le progestatif.


Au total, on distingue :





Estroprogestatifs par voie orale (tableau 28.1)


Les estroprogestatifs oraux comportent un estrogène et un progestatif.


Tableau 28.1 Estroprogestatifs utilisés en contraception (2011).





































Spécialité Dénomination commune internationale
Progestatifs dose mg/dose d’estrogènes μg EE
Particularités de l’association
Progestatifs de première génération, androgéniques
Stédiril®
Triella®
Norgestrel : 0,5 mg/50 μg
Noréthistérone : 0,5–0,75–1 mg/35 μg
Normodosée monophasique R
Minidosée triphasique R
Progestatifs de deuxième génération, androgéniques
Adépal®
Pacilia® Gé
Minidril®
Ludéal® Gé
Zikiale® Gé
Leeloo® Gé
Lovavulo® Gé
Trinordiol®
Daily® Gé
Amarance® Gé
Evanécia® Gé
Lévonorgestrel : 0,15–0,2 mg/30/40 μg
Lévonorgestrel : 0,15–0,2 mg/30/40 μg
Lévonorgestrel : 0,15 mg/30 μg
Lévonorgestrel : 0,15 mg/30 μg
Lévonorgestrel : 0,15 mg/30 μg
Lévonorgestrel : 0,100 mg/20 μg
Lévonorgestrel : 0,100 mg/20 μg
Lévonorgestrel : 0,05–0,075–0,125 mg/30/40/30 μg
Lévonorgestrel : 0,05–0,075–0,125 mg/30/40/30 μg
Lévonorgestrel : 0,05–0,075–0,125 mg/30/40/30 μg
Lévonorgestrel : 0,05–0,075–0,125 mg/30/40/30 μg
Minidosée biphasique R/G
Minidosée biphasique R/G
Minidosée monophasique R/G
Minidosée monophasique R/G
Minidosée monophasique R/G
Minidosée monophasique R
Minidosée monophasique R
Minidosée triphasique R/G
Minidosée triphasique R/G
Minidosée triphasique R/G
Minidosée triphasique R/G
Progestatifs de troisième génération, parfois androgéniques
Cycléane 30®
Cycléane 20®
Mercilon®
Désobel® Gé 20
Désobel® Gé 30
Varnoline®
Varnoline continue®
Harmonet®
Carlin® Gé 20
Carlin® Gé 30
Méliane®
Effezial® Gé 20
Effezial® Gé 30
Felixita® Gé 20
Mélodia®
Minesse®
Moneva®
Minulet®
Phaeva®
Tri-Minulet®
Perleane® Gé
Cilest®
Effiprev®
Tricilest®
Triafemi®
Jasmine®
Jaminelle®
Jasminelle continu®
Yaz®
Belara®
Qlaira®
Zoely®
Désogestrel : 0,15 mg/30 μg
Désogestrel : 0,15 mg/20 μg
Désogestrel : 0,15 mg/30 μg
Désogestrel : 0,15 mg/20 μg
Désogestrel : 0,15 mg/30 μg
Désogestrel : 0,15 mg/30 μg
Désogestrel : 0,15 mg/30 μg
Gestodène : 0,020 mg/20 μg
Gestodène : 0,075 mg/20 μg
Gestodène : 0,075 mg/30 μg
Gestodène : 0,020–0,075 mg/20 μg
Gestodène : 0,075 mg/20 μg
Gestodène : 0,075 mg/30 μg
Gestodène : 0,075 mg/20 μg
Gestodène : 0,060 mg/15 μg
Gestodène : 0,060 mg/15 μg
Gestodène : 0,075 mg/30 μg
Gestodène : 0,075 mg/30 μg
Gestodène : 0,05–0,07–0,1 mg/30-40-30 μg
Gestodène : 0,05–0,07–0,1 mg/30-40-30 μg
Norgestimate : 0,250 mg/35 μg
Norgestimate : 0,250 mg/35 μg
Norgestimate : 0,180–0,215–0,250 mg/35 μg
Norgestimate : 0,180–0,215–0,250 mg/35 μg
Drospirénone* : 3 mg/30 μg
Drospirénone : 3 mg/20 μg
Drospirénone : 3 mg/20 μg + 7 cp placebo
Drospirénone : 3 mg/20 μg + 4 cp placebo
Drospirénone : 3 mg/15 μg
Acétate de chlormadinone : 2 mg/30 μg
Diénogest 2 à 3 mg/valérate d’estradiol 1 à 3 mg
Nomégestrol 2,5 mg/17-β-estradiol 1,5 mg
Minidosée monophasique
Minidosée monophasique G
Minidosée monophasique G
Minidosée monophasique R
Minidosée monophasique R
Minidosée monophasique
Minidosée monophasique R
Minidosée monophasique
Minidosée monophasique R
Minidosée monophasique R
Minidosée monophasique
Minidosée monophasique R
Minidosée monophasique R
Minidosée monophasique
Microdosée monophasique
Microdosée monophasique
Minidosée monophasique
Minidosée monophasique
Minidosée triphasique
Minidosée triphasique
Minidosée triphasique
Minidosée monophasique
Minidosée monophasique
Minidosée triphasique**
Minidosée triphasique**
Minidosée monophasique
Minidosée monophasique
Minidosée monophasique
Minidosée monophasique
Minidosée monophasique
Minidosés quadriphasique
Monophasique
Patch contraceptif
Evra® Norelgestromine : 0,150 mg/20 μg
Anneau contraceptif vaginal
NuvaRing® Étonogestrel : 0,120 mg/15 μg

EE : éthinylestradiol ; R = remboursement à 65 % ; G = générique.


* Progestatif anti-androgénique et anti-aldostérone.


** Triphasique pour le progestatif seulement ; existe aussi en prise continue (7Pla) pour diminuer le risque d’oubli.


Le progestatif a varié au cours des années :



Par ailleurs, deux associations estroprogestatives contenant des dérivés prégnanes existent en France : éthinylestradiol–acétate de chlormadinone (Belara®) et éthinylestradiol–acétate de cyprotérone (Diane 35® et ses nombreux génériques). Cette dernière ne dispose pas de l’autorisation de mise sur le marché en AMM pour la contraception.


Le taux d’estrogènes est variable :



L’association d’éthinylestradiol et d’acétate de cyprotérone (Diane 35®, Evépar®, Holgyème®, Minerva®) doit être mise à part car ce produit contient un anti-androgène puissant : l’acétate de cyprotérone qui peut être utilisé comme anti-acnéique. Cependant cette spécialité (pourtant utilisée depuis très longtemps) n’a pas l’AMM pour la contraception. L’HAS recommande d’utiliser pour la contraception et le traitement des acnés légères et modérées l’association norgestimate–éthinylestradiol 35 μg : Tricilest® et Triafemi® qui ont l’AMM pour les deux indications (tableau 28.2). Toutefois, la revue Prescrire (2005) pense que ces deux produits n’apportent pas de progrès démontrés.


Tableau 28.2 Traitement de l’acné/association estro-anti-androgénique.















Spécialité Dénomination commune internationale
Progestatifs dose mg/dose d’estrogènes μg
Type
Diane 35®
Evépar®, Holgyème®
Lumalia®, Minerva®
Acétate de cyprotérone : 2 mg/35 μg EE Minidosée monophasique
Pas d’AMM contraception
Tricilest®
Triafemi®
Norgestimate : 0,180–0,215–0,250 mg/35 μg EE
Norgestimate : 0,180–0,215–0,250 mg/35 μg EE
Minidosée triphasique
AMM acné + contraception

En 2011, a été introduite une pilule comportant 1,5 mg de 17-β-estradiol et 2,5 mg de nomégestrol (Zoely®) ou estradiol valérate 1 à 3 mg et diénogest 2 à 3 mg (Qlaira®). L’idée est d’apporter une contraception avec un estrogène naturel à la place de l’éthinylestradiol.



Estroprogestatifs par voie percutanée


Il s’agit d’un patch (Evra®) qui délivre 20 μg/jour d’éthinylestradiol (600 μg/dispositif) et 0,150 mg de norelgestromine (6 mg/dispositif). Le patch est collé sur l’avant-bras, l’abdomen, la fesse. Il est mis le premier jour des règles ou le jour du saignement après un arrêt de pilule, ou le jour de retrait de l’implant. Il peut aussi être mis au 20e jour après une fausse couche ou une IVG, et 28 jours après un accouchement si la femme n’allaite pas. Il est changé toutes les semaines et après trois patchs consécutifs la patiente a 1 semaine sans traitement, période pendant laquelle elle a une hémorragie de privation. Elle remet un patch de la boîte suivante 7 jours après le retrait de celui de la boîte précédente. L’absorption du produit se fait par voie percutanée évitant le premier passage hépatique mais les indications, contre-indications, effets secondaires sont les mêmes que pour la voie orale. C’est l’observance qui serait meilleure évitant la prise quotidienne et les problèmes de prise défectueuse en raison de vomissements ou de diarrhées (Burkman, 2004). Si l’efficacité contraceptive est bonne, la femme reste tributaire du taux de décollement du patch (2 % environ), ce qui risque d’être cause d’échec si elle ne s’en aperçoit pas. Si la femme s’en rend compte, elle peut le recoller si le décollement date de moins de 24 heures, sinon il faut en mettre un autre et utiliser des préservatifs pendant 8 jours. L’indice de Pearl est de 0,6 à 1 dans les études. L’efficacité serait moindre si la femme pèse plus de 90 kg (Prescrire, 2004). Le prix est d’environ 15 €/mois, non remboursé. Les patchs usagés doivent être remis dans leur boîte et rapportés au pharmacien pour une élimination correcte de ce déchet. Ils ne doivent pas être jetés à la poubelle.



Estroprogestatifs par voie vaginale


NuvaRing® est un anneau souple de diamètre extérieur de 54 mm, dont la section mesure 4 mm qui comprend un copolymère avec en inclusion les stéroïdes (2,7 mg d’éthinylestradiol et 11,7 mg d’étonogestrel) qui vont pouvoir diffuser passivement de façon continue (figures 28.2 à 28.4). Il délivre 30 μg d’éthinylestradiol/jour et 0,120 mg d’étonogestrel, progestatif très peu androgénique. La voie vaginale permet aussi d’éviter le premier passage hépatique de la voie orale, mais les indications, contre-indications, effets secondaires sont les mêmes que pour la voie orale (Johansson, 2004 ; Magnusdottir, 2004 ; Rad, 2006). Il y a en plus des troubles gynécologiques : vaginites, leucorrhées, gêne locale chez environ 20 % des femmes (Prescrire, 2005). L’anneau est placé entre J1 et J5 même si les règles ne sont pas finies ou à l’arrêt d’une contraception orale ou lors du retrait de l’implant. Il peut aussi être mis en place juste après une fausse couche, une IVG ou 4 semaines après un accouchement. Il sera laissé en place pendant 3 semaines. Un autre anneau sera placé après 1 semaine sans traitement, période pendant laquelle surviendra une hémorragie de privation. On peut proposer pour faciliter l’observance de mettre l’anneau le 1er jour du mois et le retirer le 24e jour en remettant celui de la boîte suivante le premier du mois suivant. Il faudra alors conseiller une deuxième contraception par préservatif le premier mois puisque le premier jour du mois du calendrier n’est pas forcément celui du cycle. En cas d’expulsion accidentelle, on peut le rincer à l’eau tiède et le remettre en place s’il a été hors du vagin moins de 3 heures. Passé ce délai, il vaut mieux en mettre un neuf et utiliser les préservatifs les huit premiers jours. Les anneaux usagés sont remis dans leur boîte d’origine et rapportés au pharmacien pour élimination des déchets. Il ne faut pas les jeter dans les toilettes. L’indice de Pearl est de 0,6 à 1,7 (Novak, 2003 ; Oddsson, 2005). Le prix est d’environ 15 €/mois, non remboursé.






Progestatifs purs





Implant progestatif à l’étonogestrel (Nexplanon®)


Le Nexplanon® (figure 28.5) est autorisé en France. Il s’agit d’un bâtonnet radio-opaque de 40 mm de long et 2 mm de diamètre qui contient 68 mg d’étonogestrel, métabolite du désogestrel donc peu androgénique. Il remplace depuis 2011 l’Implanon® auquel on a ajouté un fil de barium – ce qui le rend radio-repérable – facilitant ainsi sa localisation en cas de retrait difficile. Introduit sous la peau du bras non dominant après une anesthésie locale, il inhibe l’ovulation et modifie la glaire cervicale pendant 3 ans. Cependant son l’efficacité contraceptive peut être diminuée dans la troisième année pour les femmes présentant un surpoids (IMC > 25). Il devra donc chez ces femmes être remplacé plus tôt, au bout de 30 mois. Il doit être posé entre le 1er et le 5e jour du cycle, le lendemain de la dernière prise d’un estroprogestatif, immédiatement après une IVG ou 4 semaines après un accouchement ou un avortement tardif. L’étonogestrel passe en dose très faible dans le lait maternel. La pose de cet implant pendant l’allaitement ne se justifie que si une autre contraception est impossible. Le retour de l’ovulation après ablation est de 3 semaines. L’indice de Pearl est de 0,1. Il est remboursé à 65 % et son prix est de 106,76 €.





Pilule d’urgence (tableau 28.4)


Il s’agit d’un comprimé de lévonorgestrel 1,5 mg (soit l’équivalent de 50 comprimés de Microval®) à prendre en une seule prise dans les 72 heures qui suit le rapport non protégé (commercialisé sous le nom de Norlevo®) Il ne s’agit pas d’une contraception régulière mais d’une contraception d’urgence (cf. p. 434). L’efficacité est maintenue avec une prise dans les 3 à 5 jours suivant le rapport mais avec une baisse d’efficacité au fil des heures. Remboursé à 65 % sur prescription médicale, il est à disposition dans les infirmeries des collèges et des lycées et en pharmacie sans ordonnance et gratuitement pour les mineures. L’efficacité est excellente et il n’existe pas de contre-indications.


Tableau 28.4 Contraception orale d’urgence.











Spécialité Dénomination commune internationale Type
Norlevo®
Ellaone®
Lévonorgestrel : 1,5 mg
Ulipristal : 30 mg
Progestatif seul R
SPRM : agoniste-antagoniste du récepteur de la progestérone (sur prescription) R

R = remboursement à 65 %.


Depuis septembre 2009, ulipristal acétate 30 mg (Ellaone®, 24,15 €), modulateur des récepteurs à la progestérone, est commercialisé. Son efficacité est comparable à Norlevo® mais il est possible de l’utiliser de façon ponctuelle plus tardivement (120 h après le rapport). Il est délivré uniquement sur ordonnance ; remboursé à 65 %, il est 4 fois plus cher que le Norlevo®. Dans une étude comparative, l’efficacité de l’Ellaone® est meilleure (OR : 0,5) avec un taux de grossesse de 0,91 avec ce produit et 1,68 avec le lévonorgestrel (Commission de transparence HAS CT-7137).



Mode d’action des estroprogestatifs



Estroprogestatifs combinés


Les estroprogestatifs, qu’ils soient pris par voie orale, percutanée ou vaginale, agissent à trois niveaux (figure 28.6) :




Au total, trois niveaux d’action : un central, l’axe hypothalamo-hypophysaire ; deux locaux, la muqueuse utérine et la glaire cervicale.


L’efficacité des pilules classiques à 50 μg est excellente (indice de Pearl* = 0,15 à 0,45 % année/femmes) mais expose aux effets secondaires des fortes doses d’estrogènes de synthèse.


L’efficacité des minipilules est identique (Pearl = 0,15 à 0,45 %) avec toutefois une marge de sécurité plus faible en début de prise ou en cas d’oubli.


Les patchs ou anneaux vaginaux ont le même mode d’action que les estroprogestatifs per os et leur efficacité est équivalente (indice de Pearl 0,72 pour le patch et 0,6 pour l’anneau vaginal). On peut penser qu’en pratique courante les taux de grossesses seront plus faibles du fait du moindre risque d’oubli, en particulier avec l’anneau qui se change toutes les 3 semaines.



Progestatifs seuls (tableau 28.5)


En traitement continu (micropilule), ils ont surtout une action sur la glaire cervicale qui est épaisse et constitue un obstacle à l’ascension des spermatozoïdes. Le col est fermé, l’endomètre atrophique. Ils ne bloquent pas l’ovulation et ils laissent persister une sécrétion estrogénique endogène (hyperestrogénie relative) responsable de mastopathie. En fait, avec le lévonorgestrel (Microval®) ou la noréthistérone (Milligynon®), 28 % seulement des femmes ont une ovulation. Le désogestrel (Cérazette®) a une action antigonadotrope plus puissante qui bloque l’ovulation dans plus de 98 % des cycles augmentant l’efficacité : indice de Pearl à 0,52. Il peut aussi y avoir un décalage de la prise jusqu’à 12 h, ce qui rend l’observance moins contraignante, contrairement aux microprogestatifs (3 h).



L’implant sous-cutané inhibe l’ovulation, atrophie l’endomètre et épaissit la glaire. Son indice de Pearl est de 0,1 en utilisation optimale ou en pratique courante, puisqu’il dispense de participation de la patiente pendant 3 ans, mais 2 ans et demi seulement en cas d’IMC supérieure à 25. Les effets secondaires (principalement mauvais contrôle du cycle ou prise de poids) en font cependant retirer un sur quatre.


En injection retard (médroxyprogestérone acétate), l’action se fait aux trois niveaux pendant 3 mois et l’efficacité est bonne (indice de Pearl = 0,5 à 1 %) mais les effets secondaires peuvent être gênants : saignements irréguliers, prise de poids.


En traitement discontinu du 5e au 25e jour, certains progestatifs macrodosés inhibent la sécrétion de FSH et de LH avec une bonne efficacité (indice de Pearl = 0,5 %) et peuvent être utilisés dans certains indications.




Inconvénients des estroprogestatifs


Les effets secondaires sont fonction du type d’estroprogestatifs et de leur composition.


Dans les estroprogestatifs, les estrogènes sont responsables de la plupart des effets secondaires, mais les progestatifs aussi peuvent être responsables de certains troubles.


Ces effets secondaires sont multiples, mais peu fréquents (environ 5 %), surtout observés avec les composés fortement dosés.



Troubles métaboliques


Les troubles métaboliques comportent :



Les progestatifs utilisés en contraception ont tous un rôle antigonadotrope permettant de maintenir la sécurité contraceptive. Mais en fonction de la molécule utilisée, leur comportement est différent sur :



Le risque absolu de maladie thromboembolique veineuse est faible chez les femmes à l’âge de la reproduction et est estimé entre 5 et 10 pour 100 000 années-femmes (AF). Aucune étude ne démontre une baisse du risque thromboembolique veineux par l’utilisation des pilules estroprogestatives minidosées les plus récentes. Les progestatifs de troisième génération doublent le risque de thrombose veineuse profonde (Lidegaard, 2011) et ceux de quatrième génération (drospirénone) le multiplient par 1,5 à 2 (Prescrire, 2010). Il faut donc en première prescription proposer les estroprogestatifs minidosés comportant un progestatif de deuxième génération : éthinylestradiol 30 ou 40 mcg + lévonorgestrel ou norethistérone (Hannaford, 2011 ; Prescrire, 2011).


La rétention hydrosodée avec augmentation de l’angiotensinogène (impact hépatique) et de la rénine (d’où l’hyperaldostéronisme) induit un risque d’hypertension artérielle chez des sujets prédisposés et contribue à la prise de poids. C’est l’intérêt du nouveau progestatif, la drospirénone apparentée à un anti-aldostérone, de limiter ces deux effets et de diminuer la prise de poids mais aussi le développement intempestif mais rare de la pilosité. Cependant la drospirénone apparentée à un diurétique expose à un risque d’hyperkaliémie et des interactions médicamenteuses supplémentaires (Prescrire, 2009).


L’augmentation des acides biliaires multiplie le risque de lithiase par deux. La prudence s’impose donc chez les femmes qui ont une lithiase biliaire ou ont eu une cholestase ou un prurit pendant la grossesse.




Accidents graves mais rares


Les accidents graves mais rares doivent être connus :



image les accidents vasculaires cérébraux. RR = 2,75 soit un accident vasculaire cérébral pour 24 000 utilisatrices pendant un an. Ce risque est diminué par l’utilisation des pilules à faible taux d’œstrogènes et augmenté par l’existence d’une HTA. Il est inférieur à celui qu’entraînent les grossesses en l’absence de contraception (Gillum, 2000). Le tabagisme et l’âge se potentialisent pour faire augmenter les accidents vasculaires tout à fait exceptionnels avant 35 ou 40 ans (figure 28.7). La prise de pilule associée à une consommation de 15 cigarettes/jour multiplie le risque par 21. La consommation de tabac sera évaluée avant de prescrire un estroprogestatif. La patiente sera ensuite orientée vers une consultation anti-tabac ;


image le risque d’infarctus du myocarde n’est également augmenté que chez les fumeuses (> 15 cigarettes/jour). Le risque relatif est alors de 4,2 soit un cas sur mille fumeuses (Mant, 1998). C’est ce risque cardiaque et vasculaire qui fait contre-indiquer la prescription ou la poursuite des estroprogestatifs au-delà de 35 ans chez la patiente fumeuse ;


image l’apparition de tumeurs hépatiques (hépatomes, hamartomes, hémangiomes) a été décrite pour les femmes prenant un estroprogestatif notamment séquentiel (retiré du marché). Il ne faut donc pas négliger une douleur hépatique chez une femme sous estroprogestatifs. Il faut rappeler la grande fréquence des hémangiomes rendant l’imputabilité difficile (Hannaford, 2010).




Problèmes carcinologiques


La prise d’une contraception orale est associée à une diminution de 50 % des cancers de l’ovaire, du côlon et de l’endomètre si cette contraception comporte un progestatif. Cet effet protecteur se prolonge après l’arrêt si la contraception a été prise pendant plus de 10 ans.


Le cancer du col n’est pas hormono-dépendant et le renouvellement de la contraception a fait progresser son dépistage et baisser sa fréquence. Cependant des études récentes (Moreno, 2002) font état d’une augmentation du risque (RR = 1,5) pour des femmes qui ont bénéficié d’une utilisation prolongée de la contraception orale et porteuse d’un HPV oncogène. Dans l’étude prospective anglaise de 17 000 femmes suivies de 1968 à 2004, il existe un risque relatif à 4 mais lié aux rapports sexuels plus fréquents et au rôle de l’HPV (Vessey, 2006).


Pour le cancer du sein, il y a controverse. L’analyse des données de la méta-analyse d’Oxford montre une légère augmentation du risque (RR = 1,24) d’autant plus que la pilule a été débutée avant 20 ans (RR = 1,59). Ce risque augmente en fonction de la durée d’utilisation. Aucune modification du risque n’a été observée en fonction du type de pilules ni en fonction de la parité ou des antécédents familiaux. Une autre méta-analyse a trouvé un RR de 1,52 en cas d’utilisation de la pilule au moins 4 ans avant la première grossesse (Kahlenborn, 2008). Ce résultat n’a pas été confirmé par l’étude prospective anglaise déjà citée (Vessey, 2010). Aucune élévation de la mortalité par cancer du sein n’a été mise en évidence pour de longues durées d’utilisation (Colditz, 1994). Cependant, il faut rester prudent car les résultats concernant les pilules les plus récentes ne sont pas connus, faute de recul (Clemons, 2001).


Globalement, l’utilisation de la contraception orale diminue légèrement la mortalités toutes causes confendues (Vessey, 2010).



Effets secondaires des minipilules


Les effets secondaires des minipilules moins dosées en estrogènes sont identiques.


Même si les accidents vasculaires sont divisés par deux, elles reconnaissent les mêmes contre-indications.


Les nouvelles pilules font appel à des progestatifs dits de troisième génération. Il s’agit en fait de dérivés 19-norgonane comme les autres mais soit dépourvu d’effets androgéniques (désogestrel), soit donnés à très faibles doses car il s’agit de molécules très antigonadotropes. Ils autorisent l’emploi de doses très faibles d’éthinylestradiol associé au gestodène, norgestimate ou diénogest. Leurs effets métaboliques semblent négligeables au moins chez les sujets dépourvus de facteurs de risque. La coagulation est peu modifiée (élévation du fibrinogène et du plasminogène) avec diminution minime de l’antithrombine III et augmentation de la fibrinolyse.


Cependant, en octobre 1996, des accidents thromboemboliques ont été signalés, liés peut-être à la prescription chez des femmes à risque. Il faut donc toujours respecter les contre-indications classiques car elles peuvent être l’occasion de décès (6/million d’utilisatrices). Chez les femmes à risque, s’il n’est pas possible de prescrire un autre moyen contraceptif, il vaut mieux prescrire une pilule peu dosée en estrogènes (15 à 30 μg) associée à un progestatif de deuxième génération autre que gestodène, désogestrel norgestimate ou diénogest.


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Apr 23, 2017 | Posted by in GYNÉCOLOGIE-OBSTÉTRIQUE | Comments Off on 28: Contraception hormonale

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