Chapitre 27 Ménopause
• Exposer à la patiente le mécanisme de l’installation de la ménopause et ses changements physiques, psychologiques et sexuels. (B)
• Expliquer les bases thérapeutiques du traitement substitutif de la ménopause, expliquer les avantages, risques et inconvénients. (A)
• Mettre en route et surveiller un traitement substitutif de la ménopause. (A)
• Expliquer les différentes causes d’hémorragie de la ménopause. (A)
• Mettre en œuvre les explorations qui permettent de préciser l’étiologie d’une hémorragie de la période ménopausique. (B)
• Mettre en œuvre le traitement le plus approprié devant une hémorragie génitale de la période périménopausique. (B)
• Mettre en œuvre le traitement des bouffées de chaleur. (B)
• Expliquer les signes cliniques de l’insuffisance estrogénique. (B)
• Mettre en œuvre le traitement des troubles trophiques vulvovaginaux postménopausiques. (B)
Définition
Cette définition d’un instantané est de plus en plus souvent remplacée par le terme de période ménopausique (ou climatérique), ce qui inclut la périménopause où la femme est encore réglée (les cinq années qui précèdent la ménopause) et la postménopause où la femme ne l’est plus, tout fonctionnement cyclique ayant disparu (figures 27.1 et 27.2).
L’âge de survenue est compris entre 45 et 55 ans en France, en moyenne 52 ans.
Physiologie de la ménopause
Périménopause
Ménopause confirmée (cf. figure 27.2)
Modifications des sécrétions ovariennes à la ménopause (figure 27.3)
Chez la femme en postménopause, l’ovaire ne sécrète plus d’œstrogènes et d’androgènes selon des données récentes (Schaison, 2000). Chez des femmes surrénalectomisées, les taux d’androgènes circulant sont très faibles (testostérone et delta-4-androstènedione), les activités enzymatiques de la stéroïdogenèse sont très faibles au niveau de l’ovaire et il n’a pas été possible de mettre en évidence de récepteurs pour LH/HCG. Le taux d’E1 circulant devient supérieur à E2.
Circonstances du diagnostic de la ménopause
Périménopause
des cycles de durée anormale avec hypoménorrhée (spotting) ou au contraire ménorragie, règles abondantes ;
l’apparition de métrorragies prémenstruelles ;
le raccourcissement du cycle ;
des spanioménorrhées, c’est-à-dire des cycles plus longs suivis de règles tantôt normales, tantôt hémorragiques par hyperplasie secondaire à l’hyperestrogénie.
Clinique
Un examen complet et minutieux s’impose
On palpera soigneusement les seins à la recherche du cancer ou d’une dystrophie.
La mammographie doit être systématique
La mammographie doit être systématique, même si l’examen clinique est normal. La campagne nationale de dépistage organisé commence à 50 ans (cf.chap. 19) et s’arrête à 74 ans. On insistera sur la difficulté de lecture des mammographies en cas de seins denses, ce qui est souvent observé avant 45 ans et sur l’intérêt de l’échographie mammaire ou de l’IRM dans ces cas (Balu-Maestro, 2010).
Dosages hormonaux
La périménopause se caractérise par :
une courbe thermique variable avec un plateau soit inexistant, soit court (figure 27.4) ;
une FSH plasmatique élevée, une LH plasmatique normale ;
l’estradiol est élevé, la progestérone inférieure à 10 ng/mL et l’inhibine B détectable mais basse.
Ostéodensitométrie
Cet examen ne doit pas être systématique. Il peut être demandé s’il existe :
une corticothérapie systémique en cours ;
une affection inductrice d’ostéoporose ;
un antécédent de fracture de fragilité (vertébrale ou périphérique) ;
chez la femme ménopausée : antécédent de corticothérapie plus de 3 mois, IMC < 19, ménopause avant 40 ans, antécédent de fracture du col fémoral sans traumatisme majeur chez un parent au premier degré.
Dans ces indications, l’examen est remboursé à 100 % dans la limite d’un examen au plus tous les 6 ans (Afssap, 2006).
Diagnostic différentiel
À cette période, en pratique, deux problèmes peuvent se poser.
Diagnostic d’une grossesse tardive chez la femme en aménorrhée
L’aménorrhée gravidique s’accompagne :
d’une courbe de température en plateau, d’estrogènes élevés à taux croissants ;
de la visualisation d’un sac ovulaire intra-utérin (dès un taux de 1500 à 3000 UI de β-HCG) à l’échographie endovaginale ;
d’un abaissement des taux de FSH et de LH, la prolactine étant, par contre, élevée.
Dans l’aménorrhée ménopausique :
la courbe de température est plate : 36,5° ;
les estrogènes sont normaux ou bas ;
le taux de β-HCG est négatif ;
L’aménorrhée iatrogénique lors de la prescription de progestatifs s’accompagne :
Devant les irrégularités menstruelles
Par contre, après la ménopause, toute métrorragie après une période d’aménorrhée de quelques mois, doit être explorée complètement (cf.chap. 9 et 21) surtout si les facteurs de risque sont réunis (obésité, diabète, hypertension, cancer familial de l’endomètre). Nous rappelons que l’aromatisation de A en E1 se fait au niveau du tissu graisseux et que cette imprégnation prolongée et ininterrompue de la muqueuse par un estrogène, même faible, peut être responsable d’atypies cellulaires.
Traitement de la ménopause
Traitement de la périménopause
En cas de pathologie (hyperplasie de l’endomètre, myome, mastopathie bénigne), un progestatif de synthèse puissant est prescrit : type promégestone 500 mg (Surgestone®) ou nomégestrol 3,75 mg (Lutényl®) du 5e au 25e jour du cycle à dose de 1 cp/j (tableau 27.1).
Traitement hormonal de la ménopause confirmée (Afssaps, 2006)
Ici, le problème est différent puisqu’il n’y a ni saignement ni possibilité de grossesse.
Deux attitudes sont possibles :
considérer la ménopause comme une étape normale de la vie génitale et ne pas traiter s’il n’y a pas de troubles (Guyot, 2008) ;
donner par principe un traitement substitutif œstroprogestatif avec l’idée d’éviter les complications du déficit en œstrogènes : ostéoporose, troubles vasculaires, atrophie vulvovaginale (Jamin, 2008). En effet, les femmes survivent en moyenne 30 ans après leurs dernières règles. Les problèmes posés par exemple par les fractures du col du fémur, les tassements vertébraux en font une question de société dont l’incidence économique est importante. A fortiori la prévention des affections coronariennes, première cause de mortalité de la femme ménopausée (bien avant le cancer du sein), reste un objectif majeur de santé publique. En faire la prévention serait fort utile.