23: Rupture prématurée des membranes

Chapitre 23 Rupture prématurée des membranes



La rupture prématurée des membranes est un des sujets les plus controversés. Le déclenchement immédiat expose à la césarienne en cours de travail, l’attente de conditions plus favorables expose à l’infection maternofœtale.




Physiopathologie


La physiopathologie de la RPM est complexe et encore mal connue. Les causes de RPM sont multiples. Traditionnellement, la rupture des membranes fœtales a été attribuée à une augmentation des forces physiques de striction ou d’étirement des membranes, mais il apparaît que de nombreux phénomènes de dysfonctionnements moléculaires et biochimiques entrent également en jeu.



Structure des membranes fœtales


La cavité amniotique est délimitée de dedans en dehors par deux membranes, l’amnios et le chorion. L’amnios est la membrane la plus interne et est d’origine ectodermique. Elle mesure 0,08 à 0,12 mm. L’amnios humain est composé de 5 couches distinctes, dépourvues de vaisseaux et de nerfs. La couche la plus profonde, près du fœtus, est l’épithélium amniotique, ces cellules sécrètent du collagène de type III et IV et de nombreuses glycoprotéines (laminine, fibronec- tine). Ces constituants forment la couche suivante ou membrane basale. La couche compacte adjacente à la membrane basale forme le principal squelette fibreux de l’amnios grâce à son collagène sécrété par les cellules mésenchymateuses de la couche fibroblastique. La couche spongieuse effectue la transmission entre l’amnios et le chorion : elle contient des protéoglycanes hydratés. Cette couche est essentielle car elle permet à l’amnios de glisser sur le chorion (amarré à la caduque) et d’absorber l’essentiel des contraintes physiques supportées par les membranes ovulaires. Le chorion, plus fin que l’amnios (0,4 mm), ressemble typiquement à une membrane épithéliale. Il est vascularisé et permet d’apporter les nutriments à l’amnios par diffusion. Les membranes fœtales connaissent des variations locales, distinguant les membranes en regard du placenta et les autres. Il n’existe a priori pas de point précis de fragilité où la rupture a lieu, mais un changement local de composition moléculaire des membranes peut entraîner une rupture prématurée.



Mécanismes de la rupture (figure 23.1)


Le mécanisme physiopathologique de la RPM est complexe et encore mal connu. Les causes de RPM sont multiples [1] : augmentation des forces physiques de striction ou d’étirement des membranes : contractions utérines, hydramnios, ou traumatisme ; une modification des constituants des membranes avec diminution du collagène des membranes, carences nutritionnelles (cuivre, vitamines C), une infection avec une libération d’enzymes par les bactéries qui ont un effet toxique sur les membranes ou une synthèse accrue des prostaglandines qui peuvent être à l’origine de contractions. Il existe également une réaction inflammatoire locale avec sécrétion de cytokines (IL-6 : interleukine 6) fragilisant les membranes.




Épidémiologie


Trois catégories de facteurs non infectieux sont associées à la rupture avant terme : l’histoire obstétricale des femmes, les complications de la grossesse et les facteurs socio-économiques.


Dans l’histoire obstétricale des patientes, nous retrouvons essentiellement comme facteurs de risque associés de façon constante à une rupture prématurée les antécédents d’accouchements prématurés et de rupture prématurée des membranes avant terme ou à terme. Les antécédents d’avortements spontanés ne semblent pas être un facteur favorisant de rupture prématurée des membranes, sauf s’ils sont multiples. Le rôle protecteur de l’intégrité cervicale avec fermeture de l’orifice interne et présence de glandes endocervicales sécrétant le mucus est confirmé par une très nette augmentation du risque de rupture prématurée des membranes avant terme en cas de chirurgie cervicale (conisation et sutures de déchirures). On retient également les antécédents de cerclage au cours des grossesses précédentes et l’exposition au Distilbène.


De plus, des associations très significatives ont également été rapportées principalement avec les hémorragies des 2e et 3e trimestres de la grossesse, mais également du 1er trimestre (en association avec une vaginose bactérienne). La fréquence de 1 ’hématome rétroplacentaire est multipliée par cinq lors des ruptures prématurées avant terme, mais il est difficile d’établir une relation de cause à effet, car HRP et rupture prématurée sont souvent contemporains. Le placenta praevia peut également se compliquer d’une rupture prématurée des membranes. Les conséquences des examens invasifs sur le risque de rupture prématurée n’ont fait l’objet que de peu d’études : la rupture est plus fréquente lors d’une amniocentèse précoce (11–que tardive (16–19 SA). Ce risque semble se majorer avec le calibre et l’incidence perpendiculaire de l’aiguille de ponction. D’autres travaux ont permis de mettre en évidence le rôle des grossesses multiples qui, par la surdistension utérine, augmentent le risque de rupture prématurée des membranes.


La situation de femmes seules, le faible niveau d’étude, l’appartenance aux catégories socioprofessionnelles défavorisées ou à la population noire américaine, représentent les principaux déterminants sociaux de la rupture prématurée des membranes. Le rôle du cycle lunaire n’a pas été confirmé, mais il semble que les chutes de pression barométrique augmentent les ruptures prématurées des membranes dans les 3 heures qui suivent. Sur le versant infectieux, une libération directe de protéases a été démontrée in vitro pour le staphylocoque doré, le streptocoque B, le Trichomonas, les germes de la vaginose bactérienne, le Pseudomonas et les entérobactéries. Le rôle prédisposant des rapports sexuels n’a pas été confirmé.



Diagnostic [2]




Tests diagnostiques





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Sep 24, 2017 | Posted by in MÉDECINE INTERNE | Comments Off on 23: Rupture prématurée des membranes

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