Chapitre 23 Rupture prématurée des membranes
La rupture prématurée des membranes est un des sujets les plus controversés. Le déclenchement immédiat expose à la césarienne en cours de travail, l’attente de conditions plus favorables expose à l’infection maternofœtale.
Définition
En pratique, il faudra distinguer la RPM avant terme (< 37 SA) de la RPM à terme (> 37 SA).
Physiopathologie
Mécanismes de la rupture (figure 23.1)
Le mécanisme physiopathologique de la RPM est complexe et encore mal connu. Les causes de RPM sont multiples [1] : augmentation des forces physiques de striction ou d’étirement des membranes : contractions utérines, hydramnios, ou traumatisme ; une modification des constituants des membranes avec diminution du collagène des membranes, carences nutritionnelles (cuivre, vitamines C), une infection avec une libération d’enzymes par les bactéries qui ont un effet toxique sur les membranes ou une synthèse accrue des prostaglandines qui peuvent être à l’origine de contractions. Il existe également une réaction inflammatoire locale avec sécrétion de cytokines (IL-6 : interleukine 6) fragilisant les membranes.
Épidémiologie
Trois catégories de facteurs non infectieux sont associées à la rupture avant terme : l’histoire obstétricale des femmes, les complications de la grossesse et les facteurs socio-économiques.
Diagnostic [2]
Diagnostic clinique
La rupture prématurée des membranes occasionne classiquement une perte de liquide amniotique clair qui amène la patiente à consulter. Cet écoulement est le plus souvent abondant, de survenue brutale et peut parfois se répéter dans le temps. L’examen clinique consiste à poser un spéculum et à objectiver la présence de liquide dans le cul-de-sac postérieur du vagin. Cet examen confirme le diagnostic dans plus de 90 % des cas. Il est prudent d’éviter de pratiquer un toucher vaginal qui n’apporte rien de plus au diagnostic et qui devient même délétère puisqu’il diminue le délai d’accouchement chez les patientes examinées. Il doit donc être proscrit chez les patientes qui ne sont pas en travail. Les tests diagnostiques sont à réserver aux patientes pour lesquelles l’examen au spéculum n’a pas été contributif. Il peut s’agir en effet d’un faible écoulement de liquide amniotique mais aussi d’un possible diagnostic différentiel (fuite urinaire à l’effort, hydror- rhée gravidique, poche amniochoriale).