23: Aménorrhées secondaires

Chapitre 23 Aménorrhées secondaires




C’est l’absence de règles depuis plus de 3 mois.


La fréquence de ces aménorrhées secondaires est bien plus grande que celle des aménorrhées primaires mais la démarche diagnostique est la même, centrée sur l’étiologie et le diagnostic du niveau de l’atteinte de l’axe hypothalamo-hypophyso-ovarien.


Nous aborderons cette question du point de vue clinique en signalant toutefois les examens nouveaux qui peuvent éclairer la pathogénie de certaines étiologies.


Face à ce problème fréquent (la prévalence est de 5 % et augmente avec l’âge), le praticien peut faire facilement bon nombre de diagnostics pourvu que sa démarche soit rigoureuse.


Il est utile de connaître les différentes étiologies pour évoquer d’emblée les plus fréquentes.



Examen clinique


Il est identique à celui déjà détaillé au précédent chapitre. Cependant, il faut insister sur certains points de l’examen.





Examens complémentaires








Diagnostic étiologique (ASRM, 2004)


La grossesse doit d’abord être éliminée car elle contre-indique certaines explorations :



On recherchera donc un gros utérus mou, un col violacé, une courbe de température en plateau.


La grossesse ayant été éliminée, il faut distinguer deux sortes d’aménorrhées secondaires :



L’élément essentiel du diagnostic repose sur la mesure des gonadotrophines FSH et LH. Élevées, il s’agit d’une défaillance ovarienne, normales ou basses d’une anomalie du contrôle hypothalamo-hypophysaire.



Aménorrhée survenant dans un contexte évocateur


L’examen et l’interrogatoire retrouvent un signal d’appel important. Cette aménorrhée est survenue dans le post-partum ou le post-abortum, ou bien après l’arrêt de la pilule, lors de la prise d’un neuroleptique, ou enfin il associe à l’aménorrhée une galactorrhée, un amaigrissement, une obésité ou une hyperandrogénie. Toutes ces circonstances orientent d’emblée le diagnostic.



Aménorrhée du post-partum ou du post-abortum


Normalement, les règles réapparaissent 6 semaines à 2 mois après l’accouchement ou l’avortement si la femme n’allaite pas. Ce chiffre est à moduler en fonction de la régularité des cycles antérieurs. Si la femme allaite, il n’y a pas de date fixe pour le retour de couches.


Une nouvelle grossesse est la cause à laquelle on doit d’abord penser. Il faut faire le diagnostic par l’examen clinique ; la courbe de température qui est au-dessus de 36,8°, le dosage de l’HCG qu’il faut savoir répéter.


Retard simple diagnostiqué du fait d’un examen clinique normal, d’une courbe de température basse, d’un dosage d’HCG négatif. On peut prescrire de la progestérone Utrogestan® 200 mg, un comprimé per os pendant 8 à 10 jours ; un saignement apparaîtra 2 ou 3 jours après l’arrêt signant la normalité de l’utérus. Si la femme désire une contraception, elle débutera alors sa première plaquette.


Synéchies traumatiques. Elles sont suspectées devant une aménorrhée avec courbe thermique biphasique, l’absence d’HCG détectable, un test à la progestérone négatif. L’interrogatoire retrouve la notion d’une hémorragie dans les suites de couches traitée par curetage, d’une fausse couche curetée ou d’une IVG.


L’hystéromètre montre parfois l’existence d’un obstacle. Il faut prescrire une échographie complétée par une hystérosonographie qui permettra de visualiser la synéchie. L’hystérosalpingographie de face et de profil peut être faite et objective l’absence d’injection de la cavité ou une ou plusieurs lacunes constantes à bords nets sur tous les clichés, signant la synéchie. Cette aménorrhée liée à une synéchie réalise le syndrome d’Asherman. L’hystéroscopie permet de confirmer le diagnostic et de faire le traitement dans le même temps. Le pronostic dépend de l’ancienneté et de l’étendue de la lésion.


Syndrome de Sheehan. Il survient après un accouchement compliqué de collapsus ou de choc hémorragique sévère qui provoque une nécrose du lobe antérieur de l’hypophyse, plus ou moins totale. Cliniquement, on note l’absence de montée laiteuse et de retour de couches. La frilosité, la sécheresse cutanée, les crampes musculaires, l’asthénie, la fatigabilité importante, l’hypotension associée plus tardivement à une tendance à l’hypoglycémie doivent faire évoquer le tableau d’insuffisance antéhypophysaire. Plus rarement, la nécrose atteint la post-hypophyse avec diabète insipide. Les dosages hormonaux font le diagnostic : TSH basse associée à une FT4 basse, gonadotrophines basses ou normales, non réactivées sous GnRH ; prolactine souvent indétectable, ACTH bas associé à un cortisol plasmatique bas aux différentes heures de prélèvement. Le traitement est substitutif.


Syndrome aménorrhée–galactorrhée. Il peut se voir dans le post-partum de même que les aménorrhées psychogènes des psychoses puerpérales.





Aménorrhée–galactorrhée


Elle est facilement mise en évidence par le médecin lorsqu’au cours de l’examen, il presse sur les mamelons et fait jaillir une goutte de sérosité lactescente ou jaunâtre, au niveau de plusieurs canaux galactophores ; ce signe a d’autant plus de valeur qu’il s’agit d’une nulligeste. La galactorrhée provoquée est en effet fréquente chez la femme ayant eu une grossesse ou un avortement spontané avec dans ce cas une prolactine normale.


Le but des examens est donc de mettre en évidence un adénome antéhypophysaire à prolactine qui peut menacer la fonction oculaire, se nécroser et grossir brusquement sous estroprogestatifs ou lors d’une grossesse. Il faut bien sûr auparavant éliminer une cause iatrogène d’hyperprolactinémie en recherchant les médicaments antagonistes dopaminergiques que nous venons de voir (se méfier des nouveaux neuroleptiques et rechercher systématiquement dans le Vidal).


On demandera donc :



Si la prolactine est élevée (> 50 μg/L ou 1 500 mU/L) deux cas sont possibles :



En cas d’intolérance, un autre dérivé non dérivé de l’ergot de seigle (Norprolac®, 1 prise le soir) peut être utilisé, la monoprise étant un atout supplémentaire.


Le médicament le plus récent et le plus puissant est un autre dérivé de l’ergot, la cabergoline (Dostinex®). La prise d’un comprimé une fois par semaine au coucher avec une petite collation est un gage de son efficacité. Le traitement de l’hyperprolactinémie est toujours nécessaire pour éviter la carence estrogénique source d’ostéoporose ultérieure.


Apr 23, 2017 | Posted by in GYNÉCOLOGIE-OBSTÉTRIQUE | Comments Off on 23: Aménorrhées secondaires

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